Foudre!
Paris [Petit Bain] - mercredi 05 avril 2017 |
J'ai pu dire qu'écouter le dernier album de Foudre! s'apparentait à un voyage, et quel ne fut pas le mien pour parvenir à voir une des trop rares dates du collectif d'improvisation français au Petit Bain à Paris, en pleine semaine alors que je suis Lillois. Il faut ce qu'il faut, le groupe ne se retrouve qu'occasionnellement étant donné la difficulté de rassembler au même endroit un Oiseaux-Tempête (Frédéric D. Oberland), Mondkopf (Paul Régimbeau) et deux Saåad (Romain Barbot et Grégory Buffier), sans compter Christine Ott qui jouait sur Earth et s'occupera de la première partie ce soir.
Pas mécontent d'être arrivé, avec ma moitié curieuse à qui j'ai promis de la douceur et de l'intensité (pas de remarques svp), j'attends docilement l'ouverture de la compositrice aux doigts de fée qui, pieds nus et crinière rouge en bataille, s'installe à son étrange instrument, entre piano et machine analogique : les ondes Martenot. Baladant son doigt le long du fil et du clavier, pour en sortir des sons étranges et pénétrants, d'une infinie douceur, Christine est une habituée des ciné-concerts. Et ce n'est pas étonnant tant sa musique est cinématographique, s'accompagnant de samples vocaux pour donner un contexte fictif à l'abstraction des ondes. Sa mise en scène, à l'image de son art, est simple et élégante : une guirlande blanche parcourt le bois de son instrument et les lumières de scène créent une atmosphère unique à chaque chanson avec deux fois rien. Un éclairage rouge sur l'épais rideau de fond suffit à nous transporter dans la Black Lodge de Twin Peaks, et un projecteur blanc sur fond de lumière bleu-nuit pose un clair de lune... Sur les deux derniers morceaux, "Tempête" et "Disaster", les membres de Foudre! viendront deux par deux assister Chrstine, improvisant paisiblement.
L'entracte sera l'occasion d'aller discuter un brin avec Paul et Romain qui tiennent le merch'. Mais le répit sera de courte durée, quelques dizaines de minutes plus tard, rebelote. Après tout Foudre! a déjà commencé à s'échauffer sur la fin de set de Christine, alors pourquoi laisser s'étirer inutilement le suspense ?
Quant à aller vous raconter précisément ce qui s'est joué durant le show, votre serviteur étant un fin flemmard procrastinateur, il a tant repoussé la rédaction de ce rapport qu'il en serait bien incapable. Et c'est sans doute mieux ainsi ; de par son abstraction, ses mouvements instinctifs et improvisés, la musique de Foudre! ne gagnerait pas à être décortiquée, sous peine de lui retirer une partie de sa magie. Ce qui se joua ce soir là était tissé de l'étoffe dont on fait les rêves. Frédéric derrière son étrange manivelle rappelant une vielle à roue ou empoignant son bouzouki lors du climax, Christine (qui débarque en plein milieu du set) aux hululements Martenot, Paul et Romain dissimulés derrière leurs machines, à fomenter un complot analogique... et Grégory, juste en face de moi, qui se sera révélé comme l'OVNI de la soirée (pourtant la concurrence était rude ce soir). En véritable chercheur empirique, Grégory installe son laboratoire sonore, usant de microphones et de son laptop pour enregistrer des sons provoqués de manière toujours plus inventive - frappes de récipients en métal, sonneries d'horloge, bruits de machine à écrire, agitation de tubes à essai remplis d'eau - pour en faire des samples qu'il réutilise à son gré pour agrémenter la pâte sonique créée par le reste du groupe.
Un concert comme celui-ci, qui requiert une écoute investie et une patience confiante de la part de son public, fait un bien fou dans l'époque des troubles de l'attention, de l'hyperactivité et des buzz qui vont à toute vitesse. Un autre groupe succèdera à Foudre!, NLF3, une bande de math-rockeux dont c'était auss la release party ce soir, mais je n'aura pas l'occasion d'aller y jeter une oreille car le devoir m'appelle en terrasse pour une interview pour le moins mouvementée !
Pas mécontent d'être arrivé, avec ma moitié curieuse à qui j'ai promis de la douceur et de l'intensité (pas de remarques svp), j'attends docilement l'ouverture de la compositrice aux doigts de fée qui, pieds nus et crinière rouge en bataille, s'installe à son étrange instrument, entre piano et machine analogique : les ondes Martenot. Baladant son doigt le long du fil et du clavier, pour en sortir des sons étranges et pénétrants, d'une infinie douceur, Christine est une habituée des ciné-concerts. Et ce n'est pas étonnant tant sa musique est cinématographique, s'accompagnant de samples vocaux pour donner un contexte fictif à l'abstraction des ondes. Sa mise en scène, à l'image de son art, est simple et élégante : une guirlande blanche parcourt le bois de son instrument et les lumières de scène créent une atmosphère unique à chaque chanson avec deux fois rien. Un éclairage rouge sur l'épais rideau de fond suffit à nous transporter dans la Black Lodge de Twin Peaks, et un projecteur blanc sur fond de lumière bleu-nuit pose un clair de lune... Sur les deux derniers morceaux, "Tempête" et "Disaster", les membres de Foudre! viendront deux par deux assister Chrstine, improvisant paisiblement.
L'entracte sera l'occasion d'aller discuter un brin avec Paul et Romain qui tiennent le merch'. Mais le répit sera de courte durée, quelques dizaines de minutes plus tard, rebelote. Après tout Foudre! a déjà commencé à s'échauffer sur la fin de set de Christine, alors pourquoi laisser s'étirer inutilement le suspense ?
Quant à aller vous raconter précisément ce qui s'est joué durant le show, votre serviteur étant un fin flemmard procrastinateur, il a tant repoussé la rédaction de ce rapport qu'il en serait bien incapable. Et c'est sans doute mieux ainsi ; de par son abstraction, ses mouvements instinctifs et improvisés, la musique de Foudre! ne gagnerait pas à être décortiquée, sous peine de lui retirer une partie de sa magie. Ce qui se joua ce soir là était tissé de l'étoffe dont on fait les rêves. Frédéric derrière son étrange manivelle rappelant une vielle à roue ou empoignant son bouzouki lors du climax, Christine (qui débarque en plein milieu du set) aux hululements Martenot, Paul et Romain dissimulés derrière leurs machines, à fomenter un complot analogique... et Grégory, juste en face de moi, qui se sera révélé comme l'OVNI de la soirée (pourtant la concurrence était rude ce soir). En véritable chercheur empirique, Grégory installe son laboratoire sonore, usant de microphones et de son laptop pour enregistrer des sons provoqués de manière toujours plus inventive - frappes de récipients en métal, sonneries d'horloge, bruits de machine à écrire, agitation de tubes à essai remplis d'eau - pour en faire des samples qu'il réutilise à son gré pour agrémenter la pâte sonique créée par le reste du groupe.
Un concert comme celui-ci, qui requiert une écoute investie et une patience confiante de la part de son public, fait un bien fou dans l'époque des troubles de l'attention, de l'hyperactivité et des buzz qui vont à toute vitesse. Un autre groupe succèdera à Foudre!, NLF3, une bande de math-rockeux dont c'était auss la release party ce soir, mais je n'aura pas l'occasion d'aller y jeter une oreille car le devoir m'appelle en terrasse pour une interview pour le moins mouvementée !
Excellent ! 18/20 | par X_Wazoo |
Photo : Jean-Marc Ferré
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