Christian Death
The Path Of Sorrows |
Label :
Cleopatra |
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Au début des années 90, on ne donnait pas cher de la peau de Rozz Williams. Même si on ne savait pas qu'il se suiciderait quelques années plus tard. Le fondateur de Christian Death en Californie à la fin des années 70, inventeur du deathrock, pendant américain du batcave anglais, se perdait dans des projets expérimentaux, comme Premature Ejaculation, le menant aux portes de la folie. Surtout, le guitariste Valor avait repris les rennes de Christian Death, en était devenu le chanteur et leader, et s'était même approprié le nom du groupe. La guerre sévissait entre Rozz Williams et ce vassal félon qui se voulait roi. Le chanteur crucifié décida alors de sortir à nouveau des albums sous le nom de Christian Death. Il se mit donc à exister deux groupes portant le même nom. Le groupe de Valor était en perte de vitesse et se dirigeait vers un metal indus de mauvais aloi – et de mauvais goût. Rozz reprit alors le flambeau, ce sceptre qui, pour certains, n'aurait dû jamais le quitter, ne jamais faire de lui un spectre. Il sort The Rage Of Angels, très bon, puis The Path Of Sorrows.
Seul à bord, unique chanteur, auteur de textes et compositeur (seul Paris lui vient en aide sur une poignée de titres), empoignant parfois basse ou guitare acoustique, Rozz Williams se fait aider par ses compagnons d'infortune, sa compagne Eva O. (Super Heroines, Shadow Project, autre groupe de Rozz Williams) aux guitares, William Faith (Christian Death, Mephisto Walz, Shadow Project, Faith And The Muse) à la basse (et à la guitare acoustique) et Stevyn Grey (Mephisto Walz, Shadow Project) à la batterie et aux percussions, Paris (Shadow Project) aux claviers et aux samples, Christian Omar Madrigal (Daucus Karota, autre groupe de Rozz Williams) aux crânes humains. Mais aussi d'un autre guitariste, un autre bassiste, un autre batteur, un autre claviériste, un pianiste, un harpiste, chacun sur un morceau.
Malgré cette absence d'unité, de ce groupe qui ne s'est pas reconstitué, le résultat est saisissant, toujours sombre, parfois glauque et malsain, toujours intéressant et touchant. Entre le deathrock du départ et des incursions vers le cabaret, le glam ou l'indus. Bowie, Lou Reed et Roxy Music, monstres sacrés des 70's, revus et corrigés avec tous les apports et les innovations des 80's. Et, surtout, le génie de Rozz Williams et de ses comparses. On atteint souvent des sommets de beauté.
Après un "Psalm (Maggot's Lair)" fantomatique et vénéneux, tout en spoken words et samples moyenâgeux, "The Path Of Sorrows" renoue avec la flamboyance maladive du deathrock, guitare sale, basse puissante, batterie mi-tribale mi-martiale. "Hour Of The Wolf" continue dans le même registre, mais est plus vigoureux, les origines punk et la sauvagerie, symbolisées par le loup, reprennent le dessus. "In Absentia", soutenu par un orgue arabisant, et "Mother", mené par une guitare plaintive, sont plus mélancoliques et plus apaisés. "The Angels (Cruciform)", s'appuyant sur les roulements de la batterie et de la basse, et un piano en fines gouttelettes, est plus étouffant. "Book Of Lies", plus tribal et poignant, accélère le rythme. Tandis que la tristesse s'empare de "A Widow's Dream". "Easter (in The Tombs)" retourne à des ambiances expérimentales avec spoken words et percussions et claviers étranges et inquiétants. Et puis il y a cette reprise hypnotique, emmenée par un violon obsédant sorti de Psychose, de "Venus In Furs" du Velvet, que le groupe fait sienne.
On saisit alors mieux, dans toute son ampleur, sa profondeur et sa diversité, le talent de Rozz Williams. Et sa capacité à mobiliser autour de lui les énergies de musiciens talentueux, qui sont, pour les principaux, des proches. Pas étonnant de la part de cet écorché vif à la sensibilité exacerbée. The Path Of Sorrows voit une grande famille incestueuse réunie dans une orgie païenne.
Seul à bord, unique chanteur, auteur de textes et compositeur (seul Paris lui vient en aide sur une poignée de titres), empoignant parfois basse ou guitare acoustique, Rozz Williams se fait aider par ses compagnons d'infortune, sa compagne Eva O. (Super Heroines, Shadow Project, autre groupe de Rozz Williams) aux guitares, William Faith (Christian Death, Mephisto Walz, Shadow Project, Faith And The Muse) à la basse (et à la guitare acoustique) et Stevyn Grey (Mephisto Walz, Shadow Project) à la batterie et aux percussions, Paris (Shadow Project) aux claviers et aux samples, Christian Omar Madrigal (Daucus Karota, autre groupe de Rozz Williams) aux crânes humains. Mais aussi d'un autre guitariste, un autre bassiste, un autre batteur, un autre claviériste, un pianiste, un harpiste, chacun sur un morceau.
Malgré cette absence d'unité, de ce groupe qui ne s'est pas reconstitué, le résultat est saisissant, toujours sombre, parfois glauque et malsain, toujours intéressant et touchant. Entre le deathrock du départ et des incursions vers le cabaret, le glam ou l'indus. Bowie, Lou Reed et Roxy Music, monstres sacrés des 70's, revus et corrigés avec tous les apports et les innovations des 80's. Et, surtout, le génie de Rozz Williams et de ses comparses. On atteint souvent des sommets de beauté.
Après un "Psalm (Maggot's Lair)" fantomatique et vénéneux, tout en spoken words et samples moyenâgeux, "The Path Of Sorrows" renoue avec la flamboyance maladive du deathrock, guitare sale, basse puissante, batterie mi-tribale mi-martiale. "Hour Of The Wolf" continue dans le même registre, mais est plus vigoureux, les origines punk et la sauvagerie, symbolisées par le loup, reprennent le dessus. "In Absentia", soutenu par un orgue arabisant, et "Mother", mené par une guitare plaintive, sont plus mélancoliques et plus apaisés. "The Angels (Cruciform)", s'appuyant sur les roulements de la batterie et de la basse, et un piano en fines gouttelettes, est plus étouffant. "Book Of Lies", plus tribal et poignant, accélère le rythme. Tandis que la tristesse s'empare de "A Widow's Dream". "Easter (in The Tombs)" retourne à des ambiances expérimentales avec spoken words et percussions et claviers étranges et inquiétants. Et puis il y a cette reprise hypnotique, emmenée par un violon obsédant sorti de Psychose, de "Venus In Furs" du Velvet, que le groupe fait sienne.
On saisit alors mieux, dans toute son ampleur, sa profondeur et sa diversité, le talent de Rozz Williams. Et sa capacité à mobiliser autour de lui les énergies de musiciens talentueux, qui sont, pour les principaux, des proches. Pas étonnant de la part de cet écorché vif à la sensibilité exacerbée. The Path Of Sorrows voit une grande famille incestueuse réunie dans une orgie païenne.
Très bon 16/20 | par Gaylord |
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