Foudre!
"Il y a un sixième membre, c'est le silence." [mercredi 05 avril 2017] |
Foudre! en concert, c'est trop rare pour être raté. Ce collectif français regroupant à la fois Mondkopf, Oiseaux-Tempête, Saåad et Christine Ott jouait le 5 avril au Petit Bain, pour une gigantesque impro de pas loin d'une heure. L'occasion d'aller leur poser quelques questions pour tenter d'appréhender quelque peu l'aura de mystère qui entoure la musique si abstraite - et pourtant si émotionnelle - du groupe. Et ce ne serait pas exagérer de décrire l'interview elle-même comme épique. Regroupés sur la terrasse bondée de la péniche du Petit Bain, la session s'effectua dans le brouhaha le plus absolu, ponctuée d'interruptions toutes plus diverses les unes que les autres (chacune d'entre elles est minutieusement répertoriée dans le texte ci-dessous). Dans le bar, à côté, la fiesta bat son plein.
La retranscription fut un parcourt du combattant en soi mais on y cause de choses intéressantes, évoquant la logique d'improvisation musicale, la complexité de travailler sur une bande originale, le calvaire pour concilier les agendas de chacun, la géométrie variable de la formation incestueuse, la guerre aux supergroupes ou la vertu du silence et des temps faibles.
Interview réalisée par X_Wazoo
La retranscription fut un parcourt du combattant en soi mais on y cause de choses intéressantes, évoquant la logique d'improvisation musicale, la complexité de travailler sur une bande originale, le calvaire pour concilier les agendas de chacun, la géométrie variable de la formation incestueuse, la guerre aux supergroupes ou la vertu du silence et des temps faibles.
Interview réalisée par X_Wazoo
Bravo pour le concert, incroyable performance. C'était donc, comme Romain vient de me l'apprendre, complètement improvisé ; vous l'avez vécu comment ?
Romain Barbot : On va sans doute tous te répondre quelque chose d'un peu différent, moi en tout cas je l'ai très bien vécu...
Paul Régimbeau : Je pense qu'on va tous répondre ça en fait !
Romain : Non mais ce projet c'est quelque chose qui est toujours un peu en roue libre ; même si on a un schéma on le suit jamais vraiment en live. Ce soir on avait quand même des conditions niveau sono, façade, etc, qui nous permettaient d'avoir un spectre sonore large et respecté. C'est assez agréable !
Paul : On a eu l'habitude de jouer dans des galeries d'art, dans une boutique de disque, dans une église... là c'est la première fois qu'on a vraiment une salle de concert.
Ah ouais c'est votre premier concert dans des conditions pareilles.
Romain : Avec ce projet là ouais.
Oui j'imagine que dans l'absolu c'est pas la première fois !
Romain : Donc voilà c'était bon, moi j'avais mes subs j'étais content.
Paul : Pareil !
Gregory Buffier : C'est un peu dur de dire à chaud comme ça !
Paul : On prévoit toujours un jour avant pour trouver des idées, et après pendant le concert...
Greg : … ça se fait au feeling. On est très à l'écoute et c'est le plus important pour ce genre de musique. Sinon ça marche pas. Savoir redescendre pour mieux repartir, tout ça.
A quel moment vous décidez des instruments que vous utilisez ? C'est toujours les mêmes à chaque concert ?
Greg : Non pas du tout ! Moi par exemple c'était la première fois que j'apportais mon horloge.
Romain : Moi c'est vrai que sur les derniers set-ups j'ai pas trop varié ; en général j'utilise un synthé, que je contrôle après via l'ordinateur en MIDI etc, qui était présent sur la BO de Earth notamment. Fred et moi on a un peu mixé le setup qu'on avait utilisé pour Earth et notre setup actuel. Le set up est de toute façon en mouvement constant, et comme on est 4 on est pas obligés d'utiliser tout à chaque fois. Chacun décide de ce qu'il va prendre.
Et vous envisagez comm...
[Intermède service d'assiettes de frites poulet + on appelle Christine Ott pour lui dire de venir manger/discuter avec nous]
Comment vous envisagez vos dates de concert ? J'imagine que ça va être surtout des shows uniques comme celui de ce soir ou celui pour enregistrer Earth... Vous avez la capacité de tourner, sachant que vous avez chacun des projets différents et des actualités à défendre ?
Romain : Au niveau calendrier c'est compliqué d'avoir des disponibilités avec ce projet là. Après c'est clair que malgré tout nos autres projets restent prioritaires ; là Oiseaux Tempête a un album à défendre, Paul vient de sortir un disque et tourne avec Oiseaux Tempête – il joue sur l'album...
[Intermède on fait de la place à Christine qui vient nous rejoindre.]
Christine : Merci beaucoup excusez moi !
Romain : Donc pour répondre à ta question, oui c'est compliqué niveau agenda, mais après on a vraiment vertu de tourner avec ce projet ; on aimerait rendre ça possible même si on sait pas vraiment quand. Ce qui reste sûr c'est qu'on compte garder cette forme là : tout improvisé, avec chaque concert complètement différent du précédent, selon les ambiances, les publics...
Paul : Ce qui est bien c'est qu'on est assez autonomes logistiquement. On peut ramener nos amplis et jouer dans un appartement, une galerie, on peut adapter le set. On peut faire ce qu'on veut, où on veut.
À propos de faire ce qu'on veut ; puisque chaque concert est différent, en théorie vous pourriez faire de chaque concert un album ; qu'est-ce qui vous empêcherait de faire ça ?
Frédéric D. Oberland : C'est ce qu'on a fait pour l'instant...
Romain : Ouais c'est ce qu'on a fait jusqu'à présent, et... [rires dans l'assemblée]
Fred : Interview exclusive, Romain Barbot ! T'inquiète vas-y, continue !
Romain : Après on a pas forcément vocation à faire ça chaque fois, tout ne doit pas nécessairement être sur disque. Peut-être que dans le futur on pourra avoir la démarche inverse de ce qu'on a fait jusqu'à présent ; aller en studio et enregistrer. On sait pas trop encore.
Fred : Faut qu'on fasse un vote et c'est compliqué !
On va maintenant faire votre origin-story. Comment en êtes-vous venus à créer Foudre!, dans un premier temps tous les 4 puis en ramenant Christine ?
Fred : En fait le point de départ s'est fait à 3. Grégory, Romain et moi. Je me suis retrouvé à venir régulièrement à Toulouse, et comme on avait l'envie de jouer ensemble depuis quelques années on a commencé à jammer chez eux, puis un peu à la maison – dans mon studio, qui est aussi celui de Oiseaux Tempête. Et de ces premiers enregistrements sauvages est née la première K7 Magnum Chaos.
Romain : C'était vraiment histoire d'enregistrer la rencontre.
Fred : Au début y avait pas forcément d'idée de faire des concerts, on savait pas trop quoi. On s'amusait bien, c'était un peu en dehors de nos champs, c'était un truc un peu léger, un peu free. Et puis on a eu la possibilité de faire notre deuxième concert, qui s'est retrouvé être Earth, à l'église Saint Merri ; c'était une commande et sur cette commande là on avait envie de jouer avec Paul, qui avait déjà travaillé avec Grégory et qui maintenant travaille pour Oiseaux Tempête, qui est un bon pote de Saåad, donc on l'a recruté comme ça. Et puis avec Christine que je connaissais depuis un moment, on s'est dit qu'il y avait un truc à trouver entre les ondes Martenot et des synthés analogiques, du bruit fait de manière empirique (comme ce qu'a fait Grégory ce soir)... On est partis un peu là dessus, on a fait quelques répétitions sur la BO de Earth, pour Christine c'était un saut dans le vide complet...
Romain : Ouais elle nous a rejoint en concert.
Carrément, sur place ? En impro complète !
Greg : Comme aujourd'hui.
C'est ça dire que c'était pas prévu que vous jouiez ensemble ?
Greg : C'était prévu mais on a pas eu l'occasion de répéter avant.
Christine : C'est toujours très épique avec eux, j'adore ! Y a du piment !
Ils t'ont également rejoint sur tes deux derniers morceaux, ça aussi c'était prévu, répété à l'avance ?
Tout le monde : Ah non pas du tout, pas du tout !
Avec Foudre! Il faut le savoir : RIEN n'est répété à l'avance !
Paul : On savait même pas dans quel ordre on devait y aller...
Christine : J'ai eu Frédéric au téléphone et je lui ai dit "J'en ai marre des solos, j'en ai marre d'être seule", et on s'est dit que ça serait cool qu'on puisse euh...
[Intermède arrivée d'assiettes végétariennes pour Christine et son copain]
Du coup t'en avais marre d'être toute seule.
Christine : Oui, enfin je dis ça mais [inaudible à cause du bruit ambiant] … ma musique peut être orchestrée. Ce qui est génial c'est qu'il y a toujours un son qui peut sortir de chez Frédéric, de chez Paul, de chez Grégory, enfin voilà, des sons que je peux m'imaginer avoir envie de jouer. Donc c'est assez génial, y a une espèce de lien très fort, c'est extraordinaire qu'ils puissent me rejoindre. En plus, avoir un Oiseaux Tempête sur "Tempête" et un Foudre! sur "Disaster" c'est quand même approprié !
Bien vu !
Fred : Tu pourrais presque avoir un Mondkopf sur "Sexy Moon" !
Tu penses essayer de participer à leurs prochains concerts ou bien c'était juste sur ce temps là ?
Christine : Et bien on s'est dit avec plaisir, après c'est toujours un problème de possibilités.
Romain : Quand l'occasion le permet c'est avec plaisir, après c'est pas toujours facile, et là quand ils nous ont proposé de faire la release party sur Earth, pour nous c'était logique que Christine soit là. En solo comme avec nous. Dans le milieu de l'ambient ou du drone, c'est souvent des projets solitaires, et de pouvoir avoir ce collectif où on joue tous ensemble c'est quelque chose auquel on est pas habitués mais qui est une grosse joie. Quand c'est possible on le fait, mais il n'y a pas vraiment de règles établies.
Même vos disponibilités c'est de l'impro en fait ! [franches esclaffades]
Christine : On est un groupe à géométrie variable quelque part. Et comme moi parfois je suis très très chiante, ils peuvent jouer sans moi !
Puisque Foudre! Est la rencontre de plusieurs personnalités différentes, on vous catégorise parfois de "Supergroupe", …
[Intermède arrivée du ravitaillement boissons]
… et donc moi généralement j'aime pas ce que j'entends des supergroupes, parce que ça vire trop souvent dans une guerre d'égo, ou bien dans une espèce de patchwork volatile qui fonctionne pas ; et pour vous je n'ai absolument pas cette impression là, personne ne piétine le voisin, chacun a une place...
Greg : Ça c'est la presse qui dit qu'on est un supergroupe, nous on a jamais dit ça hein !
Romain : Je déteste ce terme ! "Supergroupe"...
Fred : Vas-y Romain, mords ! Non c'est vrai, on a jamais dit ça et en plus on le vit pas comme ça.
Justement oui, comment vous expliquez, ou plutôt ressentez le fait que chacun trouve sa place de manière apparemment instinctive ?
Fred : Parce que c'est le désir tout simplement, parce qu'on a envie de jouer ensemble, parce que ça nous amuse... Tu vois pour répondre à ta question de tout à l'heure sur les timbres ou les textures, que ce soit du registre du changement d'instrument, ou au sein du même instrument comme pour Christine, l'enjeu il est au niveau de cette question : comment tu trouves ton langage ? Qu'est-ce que tu vas décider d'utiliser pour mettre en valeur l'idée qu'a ton pote ? C'est pas un truc que tu tires à toi pour essayer de construire quelque chose dans ton camp. Tu fais ça avec les autres. L'idée c'est que tu essaies de mettre en valeur ton voisin, c'est quelque chose dans lequel tu perles et qui va bien au delà de nos histoires personnelles, de nos envies. Si on commençait à faire ça alors ça fonctionnerait pas ! Ça n'aurait aucun sens.
Christine : Y a un truc que je trouve extraordinaire avec eux tous ; y a des sacrés personnalités. Moi par exemple dans la vie de tous les jours je suis super timide ; avec un instrument tu te révèles autrement. En fait chacun de nous est un catalyseur pour l'autre, et ce qu'il y a de plus remarquable dans ce projet c'est l'écoute, qui est hyper belle. Parce que j'ai bossé avec des gens – même sur la tournée de [Yann] Tiersen – je leur disais "Ah vous avez entendu ce truc ?" et ils répondent "Ah non nous on t'écoute pas, on joue à donf". J'étais vachement étonnée. Et là y a une espèce de flux, sans forcément le regarde on sent ce qu'il se passe autour, et ça c'est top.
Romain : Et puis au delà de l'écoute je pense que pour nous derrière nos synthétiseurs... moi par exemple j'ai joué dans des groupes où j'étais à la guitare, parfois au chant, et tu sens que le public regardait la dextérité du musicien, la virtuosité. Là on est pas du tout dans ça, dans faire le maximum de notes, de solos, etc. Déjà ça annule beaucoup de l'égo du musicien. Et après on est 4, 5 avec Christine, et c'est ce qui est agréable avec ce groupe ; on sera peut-être parfois 6 ou 7, peu importe, ou même 3...
Fred : Ah bon ? [on se gausse bien]
Des têtes vont tomber.
Romain : On s'empêche pas que ça arrive ! L'idée c'est que quand on joue ensemble on s'écoute ; sinon c'est la cacophonie. Même nous en tant que duo chez Saåad on est habitués à ça, mais là en étant 4, y a beaucoup de moments où on peut s'arrêter de jouer, écouter les autres, sans qu'il y ait de vide, et ça c'est très agréable.
Fred : Je dirais même qu'il y a un 6ème membre : c'est le silence.
[des « Ooooh », des « Aaaah » et des applaudissement s'élèvent]
Ce sera le titre !
Greg : Je valide !
Fred : Ça peut être une tarte à la crème de le dire, mais dans un projet comme le nôtre les temps faibles sont très importants. C'est ce moment qui dicte le jeu. Si t'as pas un ou des moments où tu redescends, tu peux pas savoir si t'es connecté avec les autres.
Ouais tu peux pas relancer l'impro.
Greg : Moi par exemple avec le set up que j'avais ce soir... Habituellement je fais des thèmes mélodiques, très mineurs, influencés baroque tu vois, et là j'ai mis ça de côté et j'ai utilisé que des instruments acoustiques, des textures frottées, l'acoustic laptop, l'horloge, bref tout ce que t'as pu voir. Et si y a pas de temps faibles ou de silences, je peux pas rivaliser avec les grosses basses des autres. Donc c'est hyper important d'être à l'écoute pour qu'on puisse redescendre et que je puisse intervenir à ces moments là.
Christine : J'aime bien ce que Greg vient de dire, parce que moi venant du conservatoire, quand je donne mes cours je vois comme les élèves sont formatés, à force de faire de la technique ils oublient parfois la musique. C'est d'une tristesse... Je trouve ça bien d'aller vers le son, la structure sonore, prendre le temps de sculpter. Souvent je leur fais la remarque d'un pianiste russe, Richter, qui parlait du niveau monstrueux des pianistes en conservatoire et qui disait : "Un vrai pianiste, on le reconnaît dans les mouvements lents." C'est dans ces moments là que la virtuosité ne le cache plus. S'il n'y a pas d'intériorité ça se voit tout de suite. À la limite j'ai envie de dire : la virtuosité, quelqu'un qui travaille 5h par jour il y parvient. La musicalité c'est autre chose.
Fred : Et même au delà de ça, la virtuosité c'est un outil. Tout est une histoire de langage, de ce qui s'exprime dans le silence, la fragilité... Le seul truc qui reste c'est le sentiment. La démonstration on s'en fout.
Christine : Malheureusement on vit dans un monde où c'est toujours présent.
Fred : Bien sûr, mais tu n'empêchera jamais un mec de dire : "mais attends là tu fais n'importe quoi" parce que le gars comprend pas, il sait pas ce que t'essayes de faire. Alors que tu peux trouver ta musicalité même en laissant trainer ta main sur le clavier, ou n'importe quel instrument. C'est peut-être à ce moment là que tu vas trouver un truc !
Christine : J'ai arrêté de travailler avec des musiciens, ils me disent toujours : "Ouais mais ta musique, on se fait chier, y a trop de silences, y a des ralentis, des accelerando, y a pas assez de notes..."
Y a pas assez de notes ?
Christine : Je te jure on me l'a dit !
Faut un quota hein !
Christine : J'avais eu une discussion avec Jean Marc Butty le batteur de PJ Harvey, qui m'a dit "Mais Christine, laisse tomber ces gens là, y a plein de gens qui rêvent de travailler avec toi, arrête..."
Alors que Foudre! n'attend que toi.
Christine : J'espère !
Est-ce que vous pourriez nous raconter l'histoire de Earth ? C'est une commande c'est bien ça ? Comment ça s'est orchestré ?
Fred : C'est les gars de Lowave, qui sont à la fois éditeurs de cinéma expérimental et producteurs de cinéma, que je connais depuis longtemps, qui dans le cadre du festival Singapour Mon Amour avait l'envie de tester une performance autour du film Earth de Ho Tzu Nyen, un film qui a été présenté en 2009 je crois, toujours sous forme de performance avec des musiciens qui créent la bande son en live. Y a eu Black to Comm qui s'y sont collés, Oren Ambarchi, quelques autres. Et c'était la dernière fois que Ho Tzu Nyen voulait le faire.
C'est lui qui vous a choisi ?
Fred : Non c'est les gars de Lowave qui lui ont fait écouter nos projets divers, suite à quoi il a donné carte blanche. On a ensuite échangé quelques mails avec lui, il nous a dit qu'il ne voulait pas entendre de maquettes ou de répétitions, juste découvrir tout sur le moment. Ce qui est un vrai challenge puisque non seulement tu te retrouves avec un truc très ouvert, mais en plus le réal est là, c'est la dernière fois qu'il le montre, t'as peu d'échanges avec lui et t'as aucun moyen de savoir si ça va lui plaire. En plus on est dans l'église Merri qui a une acoustique très belle mais qui peut être problématique, difficile à contrôler. Le point de départ est là.
Vous avez répété ?
Fred : On a fait deux répétitions à la maison, à 4. Comme le challenge était vraiment gros fallait qu'on réfléchisse aux textures à employer, veiller à respecter la narration du film – qui est présenté comme un long plan séquence. On voulait non seulement tenter d'épouser cette narration – tenter de jouer avec certains personnages qui reviennent, peints comme des tableaux de Jéricho, du Caravage – et prendre les libertés d'impro propres au projet. Donc on a chacun regardé le film de notre côté avant de confronter ça ensemble. Ce qui est beau c'est que chacun de nous 4, de nous 5 avec l'apparition de Christine, a amené une pierre angulaire assez forte.
Romain : On avait fait des répétitions ensemble mais on avait jamais joué avec Christine, qui nous a rejoint le soir même ; et dans Earth...
[Intermède la porte de la terrasse s'ouvre, et la fête bat son plein dans la cantine, au doux son de "C'est Noël"]
Romain : Dans l'album y a tout un passage où on passe en majeur, qu'était pas du tout prévu, et qui arrive justement parce qu'il y a cette écoute dont on parlait juste avant ; y en a un ou deux qui sont partis sur certaines notes et les autres ont suivi. Même quand on fait des plans, des cartes de ce qu'on va jouer on se retrouve à aller dans des directions différentes.
Greg : Par exemple hier on a répété, et le concert de ce soir était complètement différent de la répétition.
Vous avez eu des retours du réalisateur ?
Paul : Il a adoré !
Christine : Il était super heureux...
Fred : Il nous a fait un très beau compliment, qu'on avait "trouvé la pulsation du film". Et c'est précisément ce qu'on cherchait, avec certains passages un peu rythmés...
[La porte s'ouvre, intermède fiesta rebelote]
Rythmé un peu comme ça ?
Fred : Exactement comme ça ! Mais du coup c'était émouvant pour lui de le voir comme ça je pense...
Romain : Et puis le cadre du concert était impressionnant aussi, c'était dans une église qui a quand même un décor très fort. Il y avait un ensemble de choses qui ont fait que c'était puissant ce soir là. On est très contents de l'enregistrement !
Oui, sans avoir vu le film – j'ai juste lu le synopsis, vu quelques images et...
Fred : Tu peux le voir, ça se trouve...
J'ai essayé de me le procurer absolument pas légalement, j'ai pas réussi.
Fred (feignant l'air scandalisé) : Quoi ?!
Trahison ! Ce sera supprimé de l'interview sinon je vais me faire virer. On ne fait pas ces choses là...
Fred : Le MI5 va débarquer chez toi fais gaffe.
Du coup j'avais juste lu le synopsis, [Grégory fait tinter le cendrier, déformation professionnelle sans doute] c'est donc un plan séquence qui va s'attarder successivement sur chaque personnage... et j'ai ce même sentiment en écoutant Earth, qu'il y a cette matière commune, indifférenciée, un mouvement d'ensemble d'où se détachent un son à la fois, chacun comme si vous faisiez un focus sur un musicien différent chaque fois.
Paul : Merci ! Tu peux voir le film mais ce sera avec la BO de Black to Comm, qui est le groupe électronique de Max Richter.
De votre discographie à cette heure je n'ai écouté que Earth, est-ce vraiment différent de travailler pour une BO plutôt que sans contrainte ? [Grégory a la lumineuse idée d'éclairer ma fiche de question chiffonnée dans la pénombre rouge de la terrasse]
Paul : C'était pareil mais avec un cadre plus précis. Pour les impros on essaie de toute façon de se faire un scénario un peu à l'avance ; là pour le coup le scénario était forcément plus précis d'emblée. Mais le processus est le même.
Romain : Après faut te dire que la première K7 on l'a faite comme ça, on avait même pas l'intention de la sortir à la base. Le son est lo-fi, enregistré à la maison pour le souvenir, et finalement on s'est dit allons-y. Et le Amor Mundi qu'on a fait aux balades sonores était un showcase pour une expo de Fred qui est aussi photographe ; on avait un set up prévu et précis parce que c'était un lieu très petit. L'enregistrement reste assez sauvage. Earth pour moi c'est le premier vrai album, avec un son de qualité.
Fred : Ce qui est bien aussi avec ce projet c'est sa rareté, on joue peu mais à chaque fois le plaisir est d'autant plus grand. Tout prétexte est bon pour jouer, si quelqu'un a un nouvel instrument qu'il a envie de tester on peut en faire une impro, ce sera inclus dedans.
Greg : Moi mon horloge par exemple...
Fred : Ouais tout ton bordel !
Greg : La machine à écrire...
Tiens, comment tu as appris à jouer de l'horloge ?
Greg : Comment j'ai appris ? Ben je sais pas, on m'a refilé ça dans un bar où j'ai l'habitude d'aller ; elle était pas fonctionnelle, je l'ai démontée, remontée... et voilà, je sais pas quoi dire de plus. Ça peut se jouer tout seul !
Abordons rapidement les projets de chacun, vous voulez dire un mot de vos actus respectives ?
Paul : Ouais donc pour Mondkopf je viens de sortir un album, en mars ou février je sais plus – où Fred apparaît d'ailleurs ! Et puis je vais partir en tournée avec Oiseaux-Tempête. Pour parler un peu de l'album c'est une musique beaucoup plus ambient que ce que j'ai l'habitude de faire, et ça a été beaucoup influencé par le fait de jouer avec Foudre!, le fait de faire une musique sans forcément beaucoup de rythmique, ni de structure très composée, de se laisser aller à l'improvisation...
Alors maintenant tu fais partie de Oiseaux-Tempête ?
Paul : Oiseaux-Tempête c'est surtout deux cerveaux, mais je les accompagne, ils ont bien voulu de moi, j'essaie d'apporter des touches électroniques...
T'as vu de la lumière t'es rentré.
Paul : Une belle lumière ouais.
Fred : Il est bien rentré, il brille !
Et toi alors Frédéric ?
Fred : Alors il y a un disque de Oiseaux-Tempête qui sort mi-avril, sur lequel apparaît Paul, G.W. Sok le chanteur de The Ex avec qui on avait déjà collaboré sur les deux sorties d'avant. C'est un disque qu'on a enregistré au Liban, moitié là-bas moitié ici, avec une dizaine de musiciens. Voilà, c'était une belle histoire, on est contents et on a hâte que ça sorte ! On va essayer de défendre ça courant mai.
Vous passez à Lille ?
Fred : On passe à Lille avec le festival PZZLE le 28 avril, avec Beak> et peut-être dälek. Saåad vos actualités ?
Romain : Nous on a sorti un album récemment [Verdaillon, en 2016], mais qui était le fruit d'une résidence, fait sur un orgue. Donc forcément c'est difficile de tourner avec un orgue d'église... Là on est en train de travailler sur la suite, on a fait beaucoup de bandes originales, de commandes ces deux dernières années, et maintenant on essaie de se remettre au travail pour nous-mêmes. On a un album à venir mais on est encore dans l'entre-deux. Après on a des concerts de prévus, on va sûrement rejouer sur un orgue pour fournir une suite à ça, mais on travaille aussi sur notre disque – le vrai prochain disque qui sera sans contraintes. Mais voilà on a pas d'actu précise, quelques dates par-ci par-là à l'étranger.
[Intermède le serveur doit se frayer un chemin, et tel Moïse sépare la table en deux.]
Paul : C'est bien ça rajoute de la dynamique à l'interview !
Voilà il faut des temps faibles pour relancer les temps forts.
Greg : C'est la base !
Alors Christine, t'avais un album l'année dernière...
Christine : Y a eu en décembre la sortie de Tabu, la BO d'un de mes cinés-concerts, j'avais envie de le faire depuis très longtemps. Là je travaille sur le prochain album, qui sera peut-être plus "artistique" - mais globalement j'ai toujours des projets de ciné-concerts qui tournent ; là il y avait Tabu, y a un concert en juin avec une amie [le bruit m'empêche de saisir le nom] [globalement je comprends pas trop... quelques ciné concerts à venir quoi!], et un album avec Matthieu [Gabry, son copain], on cherche un label. Comment décrire ça... j'essaie de trouver des influences pour t'en parler un peu mais c'est pas évident ! On était invité à un festival jazz... curieusement on est souvent contacté par des festivals jazz ! Je reviens de plus en plus au piano en ce moment, c'est quand même la base des compositions.
Tu as une formation classique à la base ? Et tu donnes des cours de piano ?
Christine : Oui ma formation est classique, mais les cours que je donne au conservatoire ce sont des cours d'ondes. J'adore faire des ateliers avec des étudiants, d'improvisation...
Aujourd'hui c'est la première fois que je voyais des ondes Martenot, je veux dire l'instrument de visu...
Christine : C'est une adaptation, ce dont je joue ; avec des pédales, y a pas de diffuseurs, parce que c'est trop compliqué.
Est-ce que tu as l'impression qu'il y a une nouvelle génération prête à jouer des ondes Martenot, à faire perdurer l'instrument ? Comme c'est un instrument très particulier, assez rare il me semble.
Christine : Le problème principal qu'on peut rencontrer c'est un problème de facture, dont on subit les conséquences d'années en années ; c'est très délicat... Ça se refabrique, y a différentes sources de fabrication, ça se fait en 3 pôles. Mais dès qu'il y a des transports c'est pas évident. Alors que j'ai régulièrement des demandes de partout ! De Finlande notamment, des gens qui s'intéressent à l'instrument, …
[Intermède Moïse 2, le retour]
Pour finir, puisque j'ai la BO De Earth présentement entre mes mains, est-ce que vous pourriez me donner chacun un film qui vous vient dont la BO vous marque, pour continuer l'expérience Foudre!.
Romain : Récemment je conseille la BO de It Follows.
Je suis bien d'accord !
Romain : Une BO que j'aurais voulu faire typiquement. Avoir un réalisateur qui t'autorise ce genre de textures, c'est quelque chose qui m'intéresserait.
Paul : Moi je citerais la bande originale du film The Feet, qui est vraiment très belle, très minimaliste avec un petit côté free jazz. Ça donne un côté très étrange au film, auquel je m'attendais pas.
Grégory un film ?
Greg : Hmm... je pense au live de ce soir là, donc j'ai pas un film à citer en particulier, mais le premier qui me vient ce serait Tous les matins du monde. Même si c'était pas très baroque ce soir, y a quelque chose par rapport à l'écoute, aux vibrations, aux temps faibles, aux temps forts, lié aux pleurs et aux regrets [ça fait sourire les autres]... Voilà ! C'est le premier film qui me vient à l'esprit, mais y a toute une histoire d'esthétique, je trouve des liaisons entre ça et le live.
Christine : J'ai beaucoup de films qui me viennent, mais il faut en choisir une c'est pas évident !
Je sais même pas ce que répondrais à cette question...
Greg : Tu peux dire la BO du nouveau Power Rangers.
Christine : "Disaster", le dernier morceau de mon album, dans la conception je me suis parfois projeté dans Blade Runner. Des films comme ça pourraient me parler. Je suis très éclectique... j'ai vu récemment un film, L'Arbre, j'ai un trou sur le réalisateur. Y a un film que j'adore sinon, ça va te faire rigoler, mais c'est King Kong, celui de Peter Jackson. J'aimerais bien le contacter pour travailler avec lui, j'adore sa façon de filmer...
J'inventerai un film à Frédéric [qui est parti juste avant la fin. J'ai quand même le temps de le croiser pour lui poser vite fait la question. Réponse : Under the Skin de Jonathan Glazer, avec sa glaçante BO signée Mica Levi.] Merci à tous et bon courage pour vos dates à suivre !
Crédits photos live : Jean-Marc Ferré
Romain Barbot : On va sans doute tous te répondre quelque chose d'un peu différent, moi en tout cas je l'ai très bien vécu...
Paul Régimbeau : Je pense qu'on va tous répondre ça en fait !
Romain : Non mais ce projet c'est quelque chose qui est toujours un peu en roue libre ; même si on a un schéma on le suit jamais vraiment en live. Ce soir on avait quand même des conditions niveau sono, façade, etc, qui nous permettaient d'avoir un spectre sonore large et respecté. C'est assez agréable !
Paul : On a eu l'habitude de jouer dans des galeries d'art, dans une boutique de disque, dans une église... là c'est la première fois qu'on a vraiment une salle de concert.
Ah ouais c'est votre premier concert dans des conditions pareilles.
Romain : Avec ce projet là ouais.
Oui j'imagine que dans l'absolu c'est pas la première fois !
Romain : Donc voilà c'était bon, moi j'avais mes subs j'étais content.
Paul : Pareil !
Gregory Buffier : C'est un peu dur de dire à chaud comme ça !
Paul : On prévoit toujours un jour avant pour trouver des idées, et après pendant le concert...
Greg : … ça se fait au feeling. On est très à l'écoute et c'est le plus important pour ce genre de musique. Sinon ça marche pas. Savoir redescendre pour mieux repartir, tout ça.
A quel moment vous décidez des instruments que vous utilisez ? C'est toujours les mêmes à chaque concert ?
Greg : Non pas du tout ! Moi par exemple c'était la première fois que j'apportais mon horloge.
Romain : Moi c'est vrai que sur les derniers set-ups j'ai pas trop varié ; en général j'utilise un synthé, que je contrôle après via l'ordinateur en MIDI etc, qui était présent sur la BO de Earth notamment. Fred et moi on a un peu mixé le setup qu'on avait utilisé pour Earth et notre setup actuel. Le set up est de toute façon en mouvement constant, et comme on est 4 on est pas obligés d'utiliser tout à chaque fois. Chacun décide de ce qu'il va prendre.
Et vous envisagez comm...
[Intermède service d'assiettes de frites poulet + on appelle Christine Ott pour lui dire de venir manger/discuter avec nous]
Comment vous envisagez vos dates de concert ? J'imagine que ça va être surtout des shows uniques comme celui de ce soir ou celui pour enregistrer Earth... Vous avez la capacité de tourner, sachant que vous avez chacun des projets différents et des actualités à défendre ?
Romain : Au niveau calendrier c'est compliqué d'avoir des disponibilités avec ce projet là. Après c'est clair que malgré tout nos autres projets restent prioritaires ; là Oiseaux Tempête a un album à défendre, Paul vient de sortir un disque et tourne avec Oiseaux Tempête – il joue sur l'album...
[Intermède on fait de la place à Christine qui vient nous rejoindre.]
Christine : Merci beaucoup excusez moi !
Romain : Donc pour répondre à ta question, oui c'est compliqué niveau agenda, mais après on a vraiment vertu de tourner avec ce projet ; on aimerait rendre ça possible même si on sait pas vraiment quand. Ce qui reste sûr c'est qu'on compte garder cette forme là : tout improvisé, avec chaque concert complètement différent du précédent, selon les ambiances, les publics...
Paul : Ce qui est bien c'est qu'on est assez autonomes logistiquement. On peut ramener nos amplis et jouer dans un appartement, une galerie, on peut adapter le set. On peut faire ce qu'on veut, où on veut.
À propos de faire ce qu'on veut ; puisque chaque concert est différent, en théorie vous pourriez faire de chaque concert un album ; qu'est-ce qui vous empêcherait de faire ça ?
Frédéric D. Oberland : C'est ce qu'on a fait pour l'instant...
Romain : Ouais c'est ce qu'on a fait jusqu'à présent, et... [rires dans l'assemblée]
Fred : Interview exclusive, Romain Barbot ! T'inquiète vas-y, continue !
Romain : Après on a pas forcément vocation à faire ça chaque fois, tout ne doit pas nécessairement être sur disque. Peut-être que dans le futur on pourra avoir la démarche inverse de ce qu'on a fait jusqu'à présent ; aller en studio et enregistrer. On sait pas trop encore.
Fred : Faut qu'on fasse un vote et c'est compliqué !
On va maintenant faire votre origin-story. Comment en êtes-vous venus à créer Foudre!, dans un premier temps tous les 4 puis en ramenant Christine ?
Fred : En fait le point de départ s'est fait à 3. Grégory, Romain et moi. Je me suis retrouvé à venir régulièrement à Toulouse, et comme on avait l'envie de jouer ensemble depuis quelques années on a commencé à jammer chez eux, puis un peu à la maison – dans mon studio, qui est aussi celui de Oiseaux Tempête. Et de ces premiers enregistrements sauvages est née la première K7 Magnum Chaos.
Romain : C'était vraiment histoire d'enregistrer la rencontre.
Fred : Au début y avait pas forcément d'idée de faire des concerts, on savait pas trop quoi. On s'amusait bien, c'était un peu en dehors de nos champs, c'était un truc un peu léger, un peu free. Et puis on a eu la possibilité de faire notre deuxième concert, qui s'est retrouvé être Earth, à l'église Saint Merri ; c'était une commande et sur cette commande là on avait envie de jouer avec Paul, qui avait déjà travaillé avec Grégory et qui maintenant travaille pour Oiseaux Tempête, qui est un bon pote de Saåad, donc on l'a recruté comme ça. Et puis avec Christine que je connaissais depuis un moment, on s'est dit qu'il y avait un truc à trouver entre les ondes Martenot et des synthés analogiques, du bruit fait de manière empirique (comme ce qu'a fait Grégory ce soir)... On est partis un peu là dessus, on a fait quelques répétitions sur la BO de Earth, pour Christine c'était un saut dans le vide complet...
Romain : Ouais elle nous a rejoint en concert.
Carrément, sur place ? En impro complète !
Greg : Comme aujourd'hui.
C'est ça dire que c'était pas prévu que vous jouiez ensemble ?
Greg : C'était prévu mais on a pas eu l'occasion de répéter avant.
Christine : C'est toujours très épique avec eux, j'adore ! Y a du piment !
Ils t'ont également rejoint sur tes deux derniers morceaux, ça aussi c'était prévu, répété à l'avance ?
Tout le monde : Ah non pas du tout, pas du tout !
Avec Foudre! Il faut le savoir : RIEN n'est répété à l'avance !
Paul : On savait même pas dans quel ordre on devait y aller...
Christine : J'ai eu Frédéric au téléphone et je lui ai dit "J'en ai marre des solos, j'en ai marre d'être seule", et on s'est dit que ça serait cool qu'on puisse euh...
[Intermède arrivée d'assiettes végétariennes pour Christine et son copain]
Du coup t'en avais marre d'être toute seule.
Christine : Oui, enfin je dis ça mais [inaudible à cause du bruit ambiant] … ma musique peut être orchestrée. Ce qui est génial c'est qu'il y a toujours un son qui peut sortir de chez Frédéric, de chez Paul, de chez Grégory, enfin voilà, des sons que je peux m'imaginer avoir envie de jouer. Donc c'est assez génial, y a une espèce de lien très fort, c'est extraordinaire qu'ils puissent me rejoindre. En plus, avoir un Oiseaux Tempête sur "Tempête" et un Foudre! sur "Disaster" c'est quand même approprié !
Bien vu !
Fred : Tu pourrais presque avoir un Mondkopf sur "Sexy Moon" !
Tu penses essayer de participer à leurs prochains concerts ou bien c'était juste sur ce temps là ?
Christine : Et bien on s'est dit avec plaisir, après c'est toujours un problème de possibilités.
Romain : Quand l'occasion le permet c'est avec plaisir, après c'est pas toujours facile, et là quand ils nous ont proposé de faire la release party sur Earth, pour nous c'était logique que Christine soit là. En solo comme avec nous. Dans le milieu de l'ambient ou du drone, c'est souvent des projets solitaires, et de pouvoir avoir ce collectif où on joue tous ensemble c'est quelque chose auquel on est pas habitués mais qui est une grosse joie. Quand c'est possible on le fait, mais il n'y a pas vraiment de règles établies.
Même vos disponibilités c'est de l'impro en fait ! [franches esclaffades]
Christine : On est un groupe à géométrie variable quelque part. Et comme moi parfois je suis très très chiante, ils peuvent jouer sans moi !
Puisque Foudre! Est la rencontre de plusieurs personnalités différentes, on vous catégorise parfois de "Supergroupe", …
[Intermède arrivée du ravitaillement boissons]
… et donc moi généralement j'aime pas ce que j'entends des supergroupes, parce que ça vire trop souvent dans une guerre d'égo, ou bien dans une espèce de patchwork volatile qui fonctionne pas ; et pour vous je n'ai absolument pas cette impression là, personne ne piétine le voisin, chacun a une place...
Greg : Ça c'est la presse qui dit qu'on est un supergroupe, nous on a jamais dit ça hein !
Romain : Je déteste ce terme ! "Supergroupe"...
Fred : Vas-y Romain, mords ! Non c'est vrai, on a jamais dit ça et en plus on le vit pas comme ça.
Justement oui, comment vous expliquez, ou plutôt ressentez le fait que chacun trouve sa place de manière apparemment instinctive ?
Fred : Parce que c'est le désir tout simplement, parce qu'on a envie de jouer ensemble, parce que ça nous amuse... Tu vois pour répondre à ta question de tout à l'heure sur les timbres ou les textures, que ce soit du registre du changement d'instrument, ou au sein du même instrument comme pour Christine, l'enjeu il est au niveau de cette question : comment tu trouves ton langage ? Qu'est-ce que tu vas décider d'utiliser pour mettre en valeur l'idée qu'a ton pote ? C'est pas un truc que tu tires à toi pour essayer de construire quelque chose dans ton camp. Tu fais ça avec les autres. L'idée c'est que tu essaies de mettre en valeur ton voisin, c'est quelque chose dans lequel tu perles et qui va bien au delà de nos histoires personnelles, de nos envies. Si on commençait à faire ça alors ça fonctionnerait pas ! Ça n'aurait aucun sens.
Christine : Y a un truc que je trouve extraordinaire avec eux tous ; y a des sacrés personnalités. Moi par exemple dans la vie de tous les jours je suis super timide ; avec un instrument tu te révèles autrement. En fait chacun de nous est un catalyseur pour l'autre, et ce qu'il y a de plus remarquable dans ce projet c'est l'écoute, qui est hyper belle. Parce que j'ai bossé avec des gens – même sur la tournée de [Yann] Tiersen – je leur disais "Ah vous avez entendu ce truc ?" et ils répondent "Ah non nous on t'écoute pas, on joue à donf". J'étais vachement étonnée. Et là y a une espèce de flux, sans forcément le regarde on sent ce qu'il se passe autour, et ça c'est top.
Romain : Et puis au delà de l'écoute je pense que pour nous derrière nos synthétiseurs... moi par exemple j'ai joué dans des groupes où j'étais à la guitare, parfois au chant, et tu sens que le public regardait la dextérité du musicien, la virtuosité. Là on est pas du tout dans ça, dans faire le maximum de notes, de solos, etc. Déjà ça annule beaucoup de l'égo du musicien. Et après on est 4, 5 avec Christine, et c'est ce qui est agréable avec ce groupe ; on sera peut-être parfois 6 ou 7, peu importe, ou même 3...
Fred : Ah bon ? [on se gausse bien]
Des têtes vont tomber.
Romain : On s'empêche pas que ça arrive ! L'idée c'est que quand on joue ensemble on s'écoute ; sinon c'est la cacophonie. Même nous en tant que duo chez Saåad on est habitués à ça, mais là en étant 4, y a beaucoup de moments où on peut s'arrêter de jouer, écouter les autres, sans qu'il y ait de vide, et ça c'est très agréable.
Fred : Je dirais même qu'il y a un 6ème membre : c'est le silence.
[des « Ooooh », des « Aaaah » et des applaudissement s'élèvent]
Ce sera le titre !
Greg : Je valide !
Fred : Ça peut être une tarte à la crème de le dire, mais dans un projet comme le nôtre les temps faibles sont très importants. C'est ce moment qui dicte le jeu. Si t'as pas un ou des moments où tu redescends, tu peux pas savoir si t'es connecté avec les autres.
Ouais tu peux pas relancer l'impro.
Greg : Moi par exemple avec le set up que j'avais ce soir... Habituellement je fais des thèmes mélodiques, très mineurs, influencés baroque tu vois, et là j'ai mis ça de côté et j'ai utilisé que des instruments acoustiques, des textures frottées, l'acoustic laptop, l'horloge, bref tout ce que t'as pu voir. Et si y a pas de temps faibles ou de silences, je peux pas rivaliser avec les grosses basses des autres. Donc c'est hyper important d'être à l'écoute pour qu'on puisse redescendre et que je puisse intervenir à ces moments là.
Christine : J'aime bien ce que Greg vient de dire, parce que moi venant du conservatoire, quand je donne mes cours je vois comme les élèves sont formatés, à force de faire de la technique ils oublient parfois la musique. C'est d'une tristesse... Je trouve ça bien d'aller vers le son, la structure sonore, prendre le temps de sculpter. Souvent je leur fais la remarque d'un pianiste russe, Richter, qui parlait du niveau monstrueux des pianistes en conservatoire et qui disait : "Un vrai pianiste, on le reconnaît dans les mouvements lents." C'est dans ces moments là que la virtuosité ne le cache plus. S'il n'y a pas d'intériorité ça se voit tout de suite. À la limite j'ai envie de dire : la virtuosité, quelqu'un qui travaille 5h par jour il y parvient. La musicalité c'est autre chose.
Fred : Et même au delà de ça, la virtuosité c'est un outil. Tout est une histoire de langage, de ce qui s'exprime dans le silence, la fragilité... Le seul truc qui reste c'est le sentiment. La démonstration on s'en fout.
Christine : Malheureusement on vit dans un monde où c'est toujours présent.
Fred : Bien sûr, mais tu n'empêchera jamais un mec de dire : "mais attends là tu fais n'importe quoi" parce que le gars comprend pas, il sait pas ce que t'essayes de faire. Alors que tu peux trouver ta musicalité même en laissant trainer ta main sur le clavier, ou n'importe quel instrument. C'est peut-être à ce moment là que tu vas trouver un truc !
Christine : J'ai arrêté de travailler avec des musiciens, ils me disent toujours : "Ouais mais ta musique, on se fait chier, y a trop de silences, y a des ralentis, des accelerando, y a pas assez de notes..."
Y a pas assez de notes ?
Christine : Je te jure on me l'a dit !
Faut un quota hein !
Christine : J'avais eu une discussion avec Jean Marc Butty le batteur de PJ Harvey, qui m'a dit "Mais Christine, laisse tomber ces gens là, y a plein de gens qui rêvent de travailler avec toi, arrête..."
Alors que Foudre! n'attend que toi.
Christine : J'espère !
Est-ce que vous pourriez nous raconter l'histoire de Earth ? C'est une commande c'est bien ça ? Comment ça s'est orchestré ?
Fred : C'est les gars de Lowave, qui sont à la fois éditeurs de cinéma expérimental et producteurs de cinéma, que je connais depuis longtemps, qui dans le cadre du festival Singapour Mon Amour avait l'envie de tester une performance autour du film Earth de Ho Tzu Nyen, un film qui a été présenté en 2009 je crois, toujours sous forme de performance avec des musiciens qui créent la bande son en live. Y a eu Black to Comm qui s'y sont collés, Oren Ambarchi, quelques autres. Et c'était la dernière fois que Ho Tzu Nyen voulait le faire.
C'est lui qui vous a choisi ?
Fred : Non c'est les gars de Lowave qui lui ont fait écouter nos projets divers, suite à quoi il a donné carte blanche. On a ensuite échangé quelques mails avec lui, il nous a dit qu'il ne voulait pas entendre de maquettes ou de répétitions, juste découvrir tout sur le moment. Ce qui est un vrai challenge puisque non seulement tu te retrouves avec un truc très ouvert, mais en plus le réal est là, c'est la dernière fois qu'il le montre, t'as peu d'échanges avec lui et t'as aucun moyen de savoir si ça va lui plaire. En plus on est dans l'église Merri qui a une acoustique très belle mais qui peut être problématique, difficile à contrôler. Le point de départ est là.
Vous avez répété ?
Fred : On a fait deux répétitions à la maison, à 4. Comme le challenge était vraiment gros fallait qu'on réfléchisse aux textures à employer, veiller à respecter la narration du film – qui est présenté comme un long plan séquence. On voulait non seulement tenter d'épouser cette narration – tenter de jouer avec certains personnages qui reviennent, peints comme des tableaux de Jéricho, du Caravage – et prendre les libertés d'impro propres au projet. Donc on a chacun regardé le film de notre côté avant de confronter ça ensemble. Ce qui est beau c'est que chacun de nous 4, de nous 5 avec l'apparition de Christine, a amené une pierre angulaire assez forte.
Romain : On avait fait des répétitions ensemble mais on avait jamais joué avec Christine, qui nous a rejoint le soir même ; et dans Earth...
[Intermède la porte de la terrasse s'ouvre, et la fête bat son plein dans la cantine, au doux son de "C'est Noël"]
Romain : Dans l'album y a tout un passage où on passe en majeur, qu'était pas du tout prévu, et qui arrive justement parce qu'il y a cette écoute dont on parlait juste avant ; y en a un ou deux qui sont partis sur certaines notes et les autres ont suivi. Même quand on fait des plans, des cartes de ce qu'on va jouer on se retrouve à aller dans des directions différentes.
Greg : Par exemple hier on a répété, et le concert de ce soir était complètement différent de la répétition.
Vous avez eu des retours du réalisateur ?
Paul : Il a adoré !
Christine : Il était super heureux...
Fred : Il nous a fait un très beau compliment, qu'on avait "trouvé la pulsation du film". Et c'est précisément ce qu'on cherchait, avec certains passages un peu rythmés...
[La porte s'ouvre, intermède fiesta rebelote]
Rythmé un peu comme ça ?
Fred : Exactement comme ça ! Mais du coup c'était émouvant pour lui de le voir comme ça je pense...
Romain : Et puis le cadre du concert était impressionnant aussi, c'était dans une église qui a quand même un décor très fort. Il y avait un ensemble de choses qui ont fait que c'était puissant ce soir là. On est très contents de l'enregistrement !
FOUDRE! "Goliath" - EARTH (OST) - Gizeh Records 2017 from AS HUMAN PATTERN on Vimeo.
Oui, sans avoir vu le film – j'ai juste lu le synopsis, vu quelques images et...
Fred : Tu peux le voir, ça se trouve...
J'ai essayé de me le procurer absolument pas légalement, j'ai pas réussi.
Fred (feignant l'air scandalisé) : Quoi ?!
Trahison ! Ce sera supprimé de l'interview sinon je vais me faire virer. On ne fait pas ces choses là...
Fred : Le MI5 va débarquer chez toi fais gaffe.
Du coup j'avais juste lu le synopsis, [Grégory fait tinter le cendrier, déformation professionnelle sans doute] c'est donc un plan séquence qui va s'attarder successivement sur chaque personnage... et j'ai ce même sentiment en écoutant Earth, qu'il y a cette matière commune, indifférenciée, un mouvement d'ensemble d'où se détachent un son à la fois, chacun comme si vous faisiez un focus sur un musicien différent chaque fois.
Paul : Merci ! Tu peux voir le film mais ce sera avec la BO de Black to Comm, qui est le groupe électronique de Max Richter.
De votre discographie à cette heure je n'ai écouté que Earth, est-ce vraiment différent de travailler pour une BO plutôt que sans contrainte ? [Grégory a la lumineuse idée d'éclairer ma fiche de question chiffonnée dans la pénombre rouge de la terrasse]
Paul : C'était pareil mais avec un cadre plus précis. Pour les impros on essaie de toute façon de se faire un scénario un peu à l'avance ; là pour le coup le scénario était forcément plus précis d'emblée. Mais le processus est le même.
Romain : Après faut te dire que la première K7 on l'a faite comme ça, on avait même pas l'intention de la sortir à la base. Le son est lo-fi, enregistré à la maison pour le souvenir, et finalement on s'est dit allons-y. Et le Amor Mundi qu'on a fait aux balades sonores était un showcase pour une expo de Fred qui est aussi photographe ; on avait un set up prévu et précis parce que c'était un lieu très petit. L'enregistrement reste assez sauvage. Earth pour moi c'est le premier vrai album, avec un son de qualité.
Fred : Ce qui est bien aussi avec ce projet c'est sa rareté, on joue peu mais à chaque fois le plaisir est d'autant plus grand. Tout prétexte est bon pour jouer, si quelqu'un a un nouvel instrument qu'il a envie de tester on peut en faire une impro, ce sera inclus dedans.
Greg : Moi mon horloge par exemple...
Fred : Ouais tout ton bordel !
Greg : La machine à écrire...
Tiens, comment tu as appris à jouer de l'horloge ?
Greg : Comment j'ai appris ? Ben je sais pas, on m'a refilé ça dans un bar où j'ai l'habitude d'aller ; elle était pas fonctionnelle, je l'ai démontée, remontée... et voilà, je sais pas quoi dire de plus. Ça peut se jouer tout seul !
Abordons rapidement les projets de chacun, vous voulez dire un mot de vos actus respectives ?
Paul : Ouais donc pour Mondkopf je viens de sortir un album, en mars ou février je sais plus – où Fred apparaît d'ailleurs ! Et puis je vais partir en tournée avec Oiseaux-Tempête. Pour parler un peu de l'album c'est une musique beaucoup plus ambient que ce que j'ai l'habitude de faire, et ça a été beaucoup influencé par le fait de jouer avec Foudre!, le fait de faire une musique sans forcément beaucoup de rythmique, ni de structure très composée, de se laisser aller à l'improvisation...
Alors maintenant tu fais partie de Oiseaux-Tempête ?
Paul : Oiseaux-Tempête c'est surtout deux cerveaux, mais je les accompagne, ils ont bien voulu de moi, j'essaie d'apporter des touches électroniques...
T'as vu de la lumière t'es rentré.
Paul : Une belle lumière ouais.
Fred : Il est bien rentré, il brille !
Et toi alors Frédéric ?
Fred : Alors il y a un disque de Oiseaux-Tempête qui sort mi-avril, sur lequel apparaît Paul, G.W. Sok le chanteur de The Ex avec qui on avait déjà collaboré sur les deux sorties d'avant. C'est un disque qu'on a enregistré au Liban, moitié là-bas moitié ici, avec une dizaine de musiciens. Voilà, c'était une belle histoire, on est contents et on a hâte que ça sorte ! On va essayer de défendre ça courant mai.
Vous passez à Lille ?
Fred : On passe à Lille avec le festival PZZLE le 28 avril, avec Beak> et peut-être dälek. Saåad vos actualités ?
Romain : Nous on a sorti un album récemment [Verdaillon, en 2016], mais qui était le fruit d'une résidence, fait sur un orgue. Donc forcément c'est difficile de tourner avec un orgue d'église... Là on est en train de travailler sur la suite, on a fait beaucoup de bandes originales, de commandes ces deux dernières années, et maintenant on essaie de se remettre au travail pour nous-mêmes. On a un album à venir mais on est encore dans l'entre-deux. Après on a des concerts de prévus, on va sûrement rejouer sur un orgue pour fournir une suite à ça, mais on travaille aussi sur notre disque – le vrai prochain disque qui sera sans contraintes. Mais voilà on a pas d'actu précise, quelques dates par-ci par-là à l'étranger.
[Intermède le serveur doit se frayer un chemin, et tel Moïse sépare la table en deux.]
Paul : C'est bien ça rajoute de la dynamique à l'interview !
Voilà il faut des temps faibles pour relancer les temps forts.
Greg : C'est la base !
Alors Christine, t'avais un album l'année dernière...
Christine : Y a eu en décembre la sortie de Tabu, la BO d'un de mes cinés-concerts, j'avais envie de le faire depuis très longtemps. Là je travaille sur le prochain album, qui sera peut-être plus "artistique" - mais globalement j'ai toujours des projets de ciné-concerts qui tournent ; là il y avait Tabu, y a un concert en juin avec une amie [le bruit m'empêche de saisir le nom] [globalement je comprends pas trop... quelques ciné concerts à venir quoi!], et un album avec Matthieu [Gabry, son copain], on cherche un label. Comment décrire ça... j'essaie de trouver des influences pour t'en parler un peu mais c'est pas évident ! On était invité à un festival jazz... curieusement on est souvent contacté par des festivals jazz ! Je reviens de plus en plus au piano en ce moment, c'est quand même la base des compositions.
Tu as une formation classique à la base ? Et tu donnes des cours de piano ?
Christine : Oui ma formation est classique, mais les cours que je donne au conservatoire ce sont des cours d'ondes. J'adore faire des ateliers avec des étudiants, d'improvisation...
Aujourd'hui c'est la première fois que je voyais des ondes Martenot, je veux dire l'instrument de visu...
Christine : C'est une adaptation, ce dont je joue ; avec des pédales, y a pas de diffuseurs, parce que c'est trop compliqué.
Est-ce que tu as l'impression qu'il y a une nouvelle génération prête à jouer des ondes Martenot, à faire perdurer l'instrument ? Comme c'est un instrument très particulier, assez rare il me semble.
Christine : Le problème principal qu'on peut rencontrer c'est un problème de facture, dont on subit les conséquences d'années en années ; c'est très délicat... Ça se refabrique, y a différentes sources de fabrication, ça se fait en 3 pôles. Mais dès qu'il y a des transports c'est pas évident. Alors que j'ai régulièrement des demandes de partout ! De Finlande notamment, des gens qui s'intéressent à l'instrument, …
[Intermède Moïse 2, le retour]
Pour finir, puisque j'ai la BO De Earth présentement entre mes mains, est-ce que vous pourriez me donner chacun un film qui vous vient dont la BO vous marque, pour continuer l'expérience Foudre!.
Romain : Récemment je conseille la BO de It Follows.
Je suis bien d'accord !
Romain : Une BO que j'aurais voulu faire typiquement. Avoir un réalisateur qui t'autorise ce genre de textures, c'est quelque chose qui m'intéresserait.
Paul : Moi je citerais la bande originale du film The Feet, qui est vraiment très belle, très minimaliste avec un petit côté free jazz. Ça donne un côté très étrange au film, auquel je m'attendais pas.
Grégory un film ?
Greg : Hmm... je pense au live de ce soir là, donc j'ai pas un film à citer en particulier, mais le premier qui me vient ce serait Tous les matins du monde. Même si c'était pas très baroque ce soir, y a quelque chose par rapport à l'écoute, aux vibrations, aux temps faibles, aux temps forts, lié aux pleurs et aux regrets [ça fait sourire les autres]... Voilà ! C'est le premier film qui me vient à l'esprit, mais y a toute une histoire d'esthétique, je trouve des liaisons entre ça et le live.
Christine : J'ai beaucoup de films qui me viennent, mais il faut en choisir une c'est pas évident !
Je sais même pas ce que répondrais à cette question...
Greg : Tu peux dire la BO du nouveau Power Rangers.
Christine : "Disaster", le dernier morceau de mon album, dans la conception je me suis parfois projeté dans Blade Runner. Des films comme ça pourraient me parler. Je suis très éclectique... j'ai vu récemment un film, L'Arbre, j'ai un trou sur le réalisateur. Y a un film que j'adore sinon, ça va te faire rigoler, mais c'est King Kong, celui de Peter Jackson. J'aimerais bien le contacter pour travailler avec lui, j'adore sa façon de filmer...
J'inventerai un film à Frédéric [qui est parti juste avant la fin. J'ai quand même le temps de le croiser pour lui poser vite fait la question. Réponse : Under the Skin de Jonathan Glazer, avec sa glaçante BO signée Mica Levi.] Merci à tous et bon courage pour vos dates à suivre !
Crédits photos live : Jean-Marc Ferré
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