Miossec
Interview de Thierry Jourdain auteur de "Miossec, une bonne carcasse" [lundi 06 janvier 2020] |
Thierry Jourdain a accepté de répondre à nos questions à propos de son livre Miossec, une bonne carcasse, paru en 2019 aux éditions Le Mot Et Le Reste, et chroniqué sur le blog XSilence.
Interview menée par NicoTag
Interview menée par NicoTag
Comment est née l'idée de faire ce livre ? S'agit-il d'une suite logique du numéro de votre revue Equilibre Fragile consacrée à Miossec ?
Il y a un peu de cela, oui. J'ai toujours considéré la revue Equilibre Fragile comme un laboratoire et un champ d'expérimentations pour mes écrits ou mes rencontres. Après avoir écrit sur deux personnalités importantes du paysage musical américain (Bruce Springsteen et Elliott Smith), quand les éditions Le Mot Et Le Reste m'ont proposé, si j'en avais envie et m'en sentais la capacité, de consacrer des ouvrages à des francophones, j'ai tout de suite accepté en me tournant sur ceux à qui j'avais déjà consacré du temps dans Equilibre Fragile, aussi parce que ça me rassurait au début, j'avais déjà de la matière et des portes d'entrées. Tout naturellement, les premiers noms qui me sont venus ont été Dominique A, Miossec et Philippe Katerine. J'avais déjà un travail en cours avec Dominique A pour un autre éditeur et Miossec, sortant un album à l'époque, m'a semblé être le bon choix pour un premier ouvrage au Mot Et Le Reste sur un artiste francophone.
Votre première rencontre avec Miossec ?
J'allais souvent le voir en concert dans les années 90 et du coup on le croisait souvent après les concerts mais il n'y avait jamais eu vraiment de discussions. Pour une interview, la première rencontre s'est faite lors de sa tournée Mammifères à « feu l'Abordage », salle rock mythique à Evreux qui aujourd'hui, malheureusement, n'existe plus. J'aborde toujours les interviews comme une rencontre, une conversation, sans vouloir forcément faire dire des choses que je veux entendre ou avec une idée préconçue. J’essaye surtout de mettre suffisamment à l'aise la personne pour qu'elle ait confiance et me parle comme elle le ferait sans enregistrement ou publication à la clé.
Quelle a été sa réaction quand vous lui annoncez votre projet ?
Il avait été très content du dossier qui lui était consacré pour la revue, il a été plus sceptique quand le projet d'un livre sur lui est arrivé à ses oreilles. Un premier livre à son sujet qu'il n'avait peut-être pas autant contrôlé qu'il aurait voulu au final était sorti une dizaine d'années auparavant. Il voyait je pense l'occasion de rétablir certaines vérités, avec plus de recul, dans un nouveau livre. Mais c’est plus compliqué de figer les choses pour un ouvrage ayant un peu la forme d'un bilan que pour une interview sur une actualité dans une revue. Il m'a beaucoup aidé sur le choix de la forme et du découpage.
De quelle manière ce sont passés les entretiens avec Miossec : visuel, téléphone, mail ?
Un peu tout cela. Nous nous sommes vus plusieurs fois, beaucoup entretenus par téléphone et il revenait par mail sur certains passages que je lui envoyais.
L'idée de croiser votre texte et les extraits d'entretien, c'était prévu ou c'est venu au moment de l'écriture ?
Ça n'était pas prévu non, c'est venu au moment de l'écriture. Il me parlait beaucoup d'un livre important pour lui sur le rock, Please Kill Me , sur le fond et sur la forme... Et à la même période, Yann de My North Eye, un ami musicien très proche qui m'accompagnait pour des rencontres musicales autour d'Elliott Smith m'a offert ce livre. Nous étions dans une magnifique librairie musicale à Lyon, Musicalame. Il faisait son petit marché et est revenu avec ce gros pavé. "Tu ne l'as pas encore, mais ce n'est pas possible, tiens, c'est pour toi". ET ça a été effectivement un choc, ce livre a révolutionné ma manière de concevoir un livre sur la musique. Véritablement sur le fond et la forme. C'est un livre sur l'histoire du punk mais la forme est déclinable à tout esthétisme et artiste, pour peu qu'il soit intéressant. Ce livre est le résultat de centaines d’heures d’interviews avec ceux et celles qui ont fait l’un des mouvements culturels et musicaux les plus détonants de la fin du XXe siècle : le punk-rock américain. Il est écrit sous la forme d'un montage nerveux, de collages de paroles extrêmement vivantes du Velvet Underground, des Stooges, du MC5, des New York Dolls, des Ramones, de Patti Smith et plein d'autres. Un must. Très humblement et très modestement, j'essaye aujourd'hui quand l'artiste s'y prête de servir mon propos par ce genre d'approche mais uniquement quand je rencontre réellement les personnes dont je parle.
D'où vient ce titre : Miossec, une bonne carcasse ?
On a eu l'idée avec l'éditeur d'utiliser une chanson de Miossec pour titrer le livre. J'ai proposé 3, 4 chansons et c'est celle-ci, figurant sur son deuxième album Baiser qui a fait l'unanimité. Elle résumait bien le personnage principal du livre et la photo de Jérôme Sevrette qui illustre la couverture en était le parfait prolongement.
D'autre personnes sont interviewées dans votre Miossec, une bonne carcasse. Parlent-ils aisément de Miossec ?
A partir du moment où quelqu'un fait confiance, il a plaisir à parler, d'autant plus quand c'est au sujet de quelqu’un pour qui il a eu plaisir à collaborer. Et puis, ma particularité, peut-être, par rapport à certains intervieweurs, c'est que je m'intéresse vraiment, sincèrement, à la personne que je rencontre. Il n'y a pas que la personne centrale du livre pour moi d'intéressante mais toutes les personnes qui l'entourent ou l'ont entouré. Je m’intéresse donc aux univers de chacune des personnes que je rencontre et pas uniquement au moment où elle a croisé l'artiste dont je parle. Quand je fais parler quelqu'un sur Miossec, je parle aussi de cette personne, d'où elle vient, ce qu'elle a fait avant, pourquoi son chemin a rencontré celui de Miossec. C'est aussi ça, je pense qui donne confiance et envie de se confier à tous les artistes que j'ai pu rencontrer pour ce livre et ceux que je rencontre pour les autres en cours.
Au delà de ce livre, comment vous est venue l'idée d'écrire sur la musique ?
Avant d'écrire sur la musique, j'écris surtout sur des personnes qui m'interpellent, m’intriguent et / ou me bouleversent, sur la complexité d'une personnalité à la fois humaine et artistique. Ce pourrait être les artistes issus du cinéma, d'ailleurs j'aimerais beaucoup écrire sur Jim Carrey, issus du monde la comédie, j'aimerais beaucoup écrire sur Andy Kauffman... en ce moment c'est la musique. Mon ami Yann de My North Eye, encore lui, avait dit un jour lors de nos rencontres que j'écrivais sur moi à travers les artistes dont je parle. Il me connait bien pour avoir dit ça. J'écris également des fictions et des poèmes qu'il serait, d'ailleurs, important pour moi de voir un jour publié. J'ai toujours écrit et dessiné. C'est comme un besoin naturel pour moi.
Vous êtes un auteur prolifique ces derniers temps, Slowdive, Miossec, Chokebore, Elliott Smith. C'est un rythme qui va se poursuivre ?
Je n'espère pas ! A une certaine période de ma vie, j'ai eu besoin comme de rattraper un retard, j'ai commencé à m'investir de manière compulsive dans toutes sortes de projets et d'écrits parce que ça n'allait pas. Maintenant que ça va beaucoup mieux, j'ai envie de rétablir un rythme de croisière moins soutenu et que cela reste un plaisir. Toutefois, il y a plusieurs livres déjà écrit ou commencé pour plusieurs années !
Un livre est en préparation avec les excellentes Editions Densité. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Vos autres projets ?
C'est un livre que j'ai écrit avec mon camarade Pierre Lemarchand, l'auteur de deux admirables livres sur Karen Dalton et Alain Bashung. J'aime beaucoup les collectifs et les associations, que ce soient d'idées ou humaines. Tous les deux avons beaucoup d'affection et d’admiration pour Dominique, écrire ensemble sur cet artiste s'est fait naturellement. C'était le premier artiste à nous faire confiance pour notre revue Equilibre Fragile. Nous venions de (presque) nulle part et il a accepté de nous offrir deux heures de son temps pour une interview. Sans lui, pas de numéro un d’Équilibre fragile et donc pas non plus tous les autres numéros et probablement non plus toutes les autres rencontres que j'ai pu faire ensuite pour cette revue, il m'a donné le courage et l'envie nécessaire pour continuer. Il s'agira d'un livre uniquement consacré à son album La fossette. Son écriture est quasiment achevée, nous avons encore quelques petits ajustements à apporter. A court terme, parmi les autres projets quasiment achevés, il y en a deux cette année pour Le Mot Et Le Reste. Un sur Philippe Katerine qui aura la même forme que celui sur Miossec à paraître en mai et un à la forme plus classique sur le groupe R.E.M., pour septembre, qui fête ses 40 ans en 2020, même si les activités du groupe se sont arrêtées en 2011. Il y a également un livre sur les relations qui ont unis David Bowie et Iggy Pop aux éditions Le Boulon et un sur Ken Stringfellow (R.E.M., Big Star, The Posies) pour Camion Blanc. ça ce n'est que pour le court terme ! Le rythme soutenu va, en fait, se poursuivre !!
Il y a un peu de cela, oui. J'ai toujours considéré la revue Equilibre Fragile comme un laboratoire et un champ d'expérimentations pour mes écrits ou mes rencontres. Après avoir écrit sur deux personnalités importantes du paysage musical américain (Bruce Springsteen et Elliott Smith), quand les éditions Le Mot Et Le Reste m'ont proposé, si j'en avais envie et m'en sentais la capacité, de consacrer des ouvrages à des francophones, j'ai tout de suite accepté en me tournant sur ceux à qui j'avais déjà consacré du temps dans Equilibre Fragile, aussi parce que ça me rassurait au début, j'avais déjà de la matière et des portes d'entrées. Tout naturellement, les premiers noms qui me sont venus ont été Dominique A, Miossec et Philippe Katerine. J'avais déjà un travail en cours avec Dominique A pour un autre éditeur et Miossec, sortant un album à l'époque, m'a semblé être le bon choix pour un premier ouvrage au Mot Et Le Reste sur un artiste francophone.
Votre première rencontre avec Miossec ?
J'allais souvent le voir en concert dans les années 90 et du coup on le croisait souvent après les concerts mais il n'y avait jamais eu vraiment de discussions. Pour une interview, la première rencontre s'est faite lors de sa tournée Mammifères à « feu l'Abordage », salle rock mythique à Evreux qui aujourd'hui, malheureusement, n'existe plus. J'aborde toujours les interviews comme une rencontre, une conversation, sans vouloir forcément faire dire des choses que je veux entendre ou avec une idée préconçue. J’essaye surtout de mettre suffisamment à l'aise la personne pour qu'elle ait confiance et me parle comme elle le ferait sans enregistrement ou publication à la clé.
Quelle a été sa réaction quand vous lui annoncez votre projet ?
Il avait été très content du dossier qui lui était consacré pour la revue, il a été plus sceptique quand le projet d'un livre sur lui est arrivé à ses oreilles. Un premier livre à son sujet qu'il n'avait peut-être pas autant contrôlé qu'il aurait voulu au final était sorti une dizaine d'années auparavant. Il voyait je pense l'occasion de rétablir certaines vérités, avec plus de recul, dans un nouveau livre. Mais c’est plus compliqué de figer les choses pour un ouvrage ayant un peu la forme d'un bilan que pour une interview sur une actualité dans une revue. Il m'a beaucoup aidé sur le choix de la forme et du découpage.
De quelle manière ce sont passés les entretiens avec Miossec : visuel, téléphone, mail ?
Un peu tout cela. Nous nous sommes vus plusieurs fois, beaucoup entretenus par téléphone et il revenait par mail sur certains passages que je lui envoyais.
L'idée de croiser votre texte et les extraits d'entretien, c'était prévu ou c'est venu au moment de l'écriture ?
Ça n'était pas prévu non, c'est venu au moment de l'écriture. Il me parlait beaucoup d'un livre important pour lui sur le rock, Please Kill Me , sur le fond et sur la forme... Et à la même période, Yann de My North Eye, un ami musicien très proche qui m'accompagnait pour des rencontres musicales autour d'Elliott Smith m'a offert ce livre. Nous étions dans une magnifique librairie musicale à Lyon, Musicalame. Il faisait son petit marché et est revenu avec ce gros pavé. "Tu ne l'as pas encore, mais ce n'est pas possible, tiens, c'est pour toi". ET ça a été effectivement un choc, ce livre a révolutionné ma manière de concevoir un livre sur la musique. Véritablement sur le fond et la forme. C'est un livre sur l'histoire du punk mais la forme est déclinable à tout esthétisme et artiste, pour peu qu'il soit intéressant. Ce livre est le résultat de centaines d’heures d’interviews avec ceux et celles qui ont fait l’un des mouvements culturels et musicaux les plus détonants de la fin du XXe siècle : le punk-rock américain. Il est écrit sous la forme d'un montage nerveux, de collages de paroles extrêmement vivantes du Velvet Underground, des Stooges, du MC5, des New York Dolls, des Ramones, de Patti Smith et plein d'autres. Un must. Très humblement et très modestement, j'essaye aujourd'hui quand l'artiste s'y prête de servir mon propos par ce genre d'approche mais uniquement quand je rencontre réellement les personnes dont je parle.
D'où vient ce titre : Miossec, une bonne carcasse ?
On a eu l'idée avec l'éditeur d'utiliser une chanson de Miossec pour titrer le livre. J'ai proposé 3, 4 chansons et c'est celle-ci, figurant sur son deuxième album Baiser qui a fait l'unanimité. Elle résumait bien le personnage principal du livre et la photo de Jérôme Sevrette qui illustre la couverture en était le parfait prolongement.
D'autre personnes sont interviewées dans votre Miossec, une bonne carcasse. Parlent-ils aisément de Miossec ?
A partir du moment où quelqu'un fait confiance, il a plaisir à parler, d'autant plus quand c'est au sujet de quelqu’un pour qui il a eu plaisir à collaborer. Et puis, ma particularité, peut-être, par rapport à certains intervieweurs, c'est que je m'intéresse vraiment, sincèrement, à la personne que je rencontre. Il n'y a pas que la personne centrale du livre pour moi d'intéressante mais toutes les personnes qui l'entourent ou l'ont entouré. Je m’intéresse donc aux univers de chacune des personnes que je rencontre et pas uniquement au moment où elle a croisé l'artiste dont je parle. Quand je fais parler quelqu'un sur Miossec, je parle aussi de cette personne, d'où elle vient, ce qu'elle a fait avant, pourquoi son chemin a rencontré celui de Miossec. C'est aussi ça, je pense qui donne confiance et envie de se confier à tous les artistes que j'ai pu rencontrer pour ce livre et ceux que je rencontre pour les autres en cours.
Au delà de ce livre, comment vous est venue l'idée d'écrire sur la musique ?
Avant d'écrire sur la musique, j'écris surtout sur des personnes qui m'interpellent, m’intriguent et / ou me bouleversent, sur la complexité d'une personnalité à la fois humaine et artistique. Ce pourrait être les artistes issus du cinéma, d'ailleurs j'aimerais beaucoup écrire sur Jim Carrey, issus du monde la comédie, j'aimerais beaucoup écrire sur Andy Kauffman... en ce moment c'est la musique. Mon ami Yann de My North Eye, encore lui, avait dit un jour lors de nos rencontres que j'écrivais sur moi à travers les artistes dont je parle. Il me connait bien pour avoir dit ça. J'écris également des fictions et des poèmes qu'il serait, d'ailleurs, important pour moi de voir un jour publié. J'ai toujours écrit et dessiné. C'est comme un besoin naturel pour moi.
Vous êtes un auteur prolifique ces derniers temps, Slowdive, Miossec, Chokebore, Elliott Smith. C'est un rythme qui va se poursuivre ?
Je n'espère pas ! A une certaine période de ma vie, j'ai eu besoin comme de rattraper un retard, j'ai commencé à m'investir de manière compulsive dans toutes sortes de projets et d'écrits parce que ça n'allait pas. Maintenant que ça va beaucoup mieux, j'ai envie de rétablir un rythme de croisière moins soutenu et que cela reste un plaisir. Toutefois, il y a plusieurs livres déjà écrit ou commencé pour plusieurs années !
Un livre est en préparation avec les excellentes Editions Densité. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Vos autres projets ?
C'est un livre que j'ai écrit avec mon camarade Pierre Lemarchand, l'auteur de deux admirables livres sur Karen Dalton et Alain Bashung. J'aime beaucoup les collectifs et les associations, que ce soient d'idées ou humaines. Tous les deux avons beaucoup d'affection et d’admiration pour Dominique, écrire ensemble sur cet artiste s'est fait naturellement. C'était le premier artiste à nous faire confiance pour notre revue Equilibre Fragile. Nous venions de (presque) nulle part et il a accepté de nous offrir deux heures de son temps pour une interview. Sans lui, pas de numéro un d’Équilibre fragile et donc pas non plus tous les autres numéros et probablement non plus toutes les autres rencontres que j'ai pu faire ensuite pour cette revue, il m'a donné le courage et l'envie nécessaire pour continuer. Il s'agira d'un livre uniquement consacré à son album La fossette. Son écriture est quasiment achevée, nous avons encore quelques petits ajustements à apporter. A court terme, parmi les autres projets quasiment achevés, il y en a deux cette année pour Le Mot Et Le Reste. Un sur Philippe Katerine qui aura la même forme que celui sur Miossec à paraître en mai et un à la forme plus classique sur le groupe R.E.M., pour septembre, qui fête ses 40 ans en 2020, même si les activités du groupe se sont arrêtées en 2011. Il y a également un livre sur les relations qui ont unis David Bowie et Iggy Pop aux éditions Le Boulon et un sur Ken Stringfellow (R.E.M., Big Star, The Posies) pour Camion Blanc. ça ce n'est que pour le court terme ! Le rythme soutenu va, en fait, se poursuivre !!
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