XSilence
Vol. V |
Label :
XSilence |
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Ce Vol. 5 était annoncé comme le meilleur sorti à ce jour, chacun pourra penser que ce n'est pas trop difficile compte tenu du niveau des précédents, moi, tout ce que je constate après m'être réécouté l'intégralité des parutions d'Xsilence, c'est que la promesse est largement tenue et ce depuis le début. En effet, cette plongée dans la discographie du site m'a permis de comprendre deux choses : la première, que le niveau des formations en présence s'est très largement amélioré, la seconde, que chaque volume était meilleur que le précédent.
Compilation oblige, il va falloir jouer le jeu du "track by track", même si une analyse plus subtile reposerait sur une étude approfondie des différents styles présentés, pas toujours bien identifiables d'ailleurs. Aussi, en l'absence d'étiquettes satisfaisantes à coller sur les formations qui se sont fendues d'une composition, je me résous à dérouler la chronologie de l'objet.
Avant de parler musique, causons un peu design : du super boulot pile dans l'esprit de la compilation. Selon moi, Xsilence tient son graphiste, Shyle Zalewski, musicien au sein d'Edam Edam, et dont le trait simple, faussement naïf et touchant vaut un Larcenet. Un grand merci donc à l'illustrateur qui n'a pas été avare de son talent.
Wild Things : d'entrée, ça pose les bases puisque "Asthma" est selon moi l'un des meilleurs titres de la compil et j'ai le refrain en tête depuis que je l'ai écouté. Ce mélange des Babes in Toyland, de Made out of Babies voire d'un bon Dolly (comparaison non péjorative) a tout pour plaire : chant excellent, super mélodie, riffs efficaces, variations d'intensité, grosse énergie. Dur de passer derrière.
TrashPépé : j'ai d'abord accroché à la partie instrumentale, appréciant le subtil minimalisme de la composition, le texte passant beaucoup plus difficilement. Mais, au fil des écoutes, j'ai commencé à prendre plaisir à ces paroles du quotidien, déclamées dans un style que je n'avais pas entendu depuis un Eros Nécropsique sans pour autant sombrer dans l'emphase de ce dernier. Je ne dis pas que je m'enverrai un album en entier mais je ne peux qu'apprécier l'originalité du titre, d'autant que j'ai toujours beaucoup d'admiration pour les musiciens qui prennent le risque de chanter en français.
Buddlozer : avec sa production cheap et sa grosse basse, ce n'est a priori pas trop ma came. Cela dit, le côté Butthole Surfers finit par me séduire, le "refrain" ayant de gros points communs avec un titre de l'album Electriclarryland dont le nom m'échappe à l'heure où j'écris. C'est con, je n'ai pas ma cassette sous la main mais ceux qui connaissent le disque ne devraient pas avoir trop de mal à trouver. En tout cas, voilà typiquement le genre de trucs que je m'attendais à trouver sur ce Vol. 5.
Frankreich : ce son, ce rythme, j'ai l'impression d'écouter la B.O. d'un film des années 80, un Carpenter, mais quand ça part en solo de clavier à 3 minutes 37, on change de dimension : je pense au Rock Prog., à Goblin et putain qu'est-ce que c'est bon. Au fond, j'adore les sonorités synthétiques, elles me fascinent... Encore une formation totalement atypique que je ne connaissais pas.
Clément : je ne suis pas un grand connaisseur de Noise Rock mais si je cite Sonic Youth et les Girls Against Boys, je pense que ça ne fera mal au cul de personne. Cela dit, même si le parti pris de la jouer entièrement instrumental est intéressant, l'absence de gros élans dynamiques pourra faire regretter l'absence de chant. Je n'aurais rien contre quelques lignes vocales, aussi succinctes soient-elles. Mais sinon, c'est plutôt plaisant.
Pù : pour ceux qui n'auraient pas suivi le Vol. 4, Pù est en fait la nouvelle mouture de ce que fut M. Pourpre & Emotion Fécale. Je dis ça parce que "Tunguska – Last transmission" est exactement le même titre que "Battlestar Corrida", à savoir la même mélodie sans le texte. Les mecs ont juste muté vers un nouveau son.
Edam Edam : autant je reconnais que ce groupe a une facilité assez déconcertante pour sortir des mélodies qui rentrent directement dans le crâne de l'auditeur, je ne peux en revanche pas vraiment dire que j'aime, d'autant que j'ai du mal avec les paroles qui contiennent des gros mots. C'est con mais en français comme en anglais, ça me gonfle. Sinon : faire aussi sobre, simple, guilleret et efficace, ce n'est déjà pas à la portée du premier venu.
Chasseur : il y a vraisemblablement un revival 80's qui voit le jour, j'avais jamais trop fait gaffe à ça. Chasseur met donc sa petite cartouche à une amante méritante, ce n'est pas la grosse gaule, le morceau manquant un peu de variété et finissant comme il débute mais, encore une fois, le texte en français hisse la chanson à un niveau d'intérêt supérieur.
Yuki Downer : j'aime ce son sale, ce chant distant qui n'en a rien à branler de la musique, j'aime les voix de femme, ces suites d'accords approximatifs, ce tempo qui se cherche en l'absence de batterie. Basique, rustique, un peu de la classe des branleurs du fond de la classe qui balancent des chiques dans la nuque des fayots du premier rang.
Venice Bliss : ça n'a pas l'air d'être des débutants, maîtrise absolue des couplets efficaces et du refrain qui emporte. C'est Pop, c'est beau, ça me donne envie de me sentir heureux mais c'est vendredi soir, je suis déjà pété à la bière et ça me rend juste mélancolique. Mais la mélancolie, c'est superbe, alors merci Venice Bliss pour ces quelques minutes de spleen qui me font le même effet qu'A Second of June sur l'une des compilations antérieures.
Shagrath : je pourrais dire la même chose que pour Frankreich avec un côté Synth-Pop supplémentaire. Je me revois avec mes pantalons à pince et ma chemise rentrée ouverte jusqu'au nombril sur un t-shirt noir en train de commander un verre au bar "Le Zoko" à Bayonne au début des années 90. Je note ce même excellent travail sur les claviers avec cependant un goût de trop peu, la chanson s'achevant sur un acmé que j'aurais aimé voir perdurer. Mais bordel que cette musique est cool !
Beckuto Vongola : un habitué de l'exercice, une productivité d'insomniaque. Moi, ça m'émeut toujours un peu d'entendre un homme seul avec sa voix et guitare, se dépouiller ainsi et balancer un titre d'apparence simple mais qui, en quelques notes, pose une atmosphère de dépeuplement, pour peu que vous compreniez ce que je cherche à dire. Dans un style risqué, le mec se pointe avec son culot et ça passe tout seul. La classe.
Kai Reznik : bon les gars, qu'est-ce que vous avez avec la musique des années 80 ? C'est une espèce de fantasme ? C'est pas que cela me déplaise hein, vous l'aurez compris, et moi, cette chanson, elle me colle un putain de bourdon tellement épais que je pourrais le foutre sur ma planche à découper et le servir en tapas à des invités imaginaires. Bordel, cette ambiance, ce travail sur les sons, cette mélodie de cordes aux alentours des trois minutes... Y en a encore pour dire que Xsilence est moribond quand tu entends ce genre de perles Electroniques ? Avec Wild Things, le deuxième gros coup de cœur du disque.
Fre(e)d, in solo : lui aussi ce n'est pas un petit nouveau et même si jusqu'à présent mes préférences vont vers les sonorités les moins Rock, j'apprécie l'effort mélodique apporté à la composition, un exercice jamais facile lorsqu'on opte pour un format purement instrumental qui ne joue pas la carte de la dextérité à outrance.
Lascar K Pac : le poil à gratter. Il faut dire que l'attaque purement Electro Hip-Hop qui pourrait ressembler à un remix des Svinkels et du Cercle Macabre détonne singulièrement avec les autres participants. Au niveau de l'instru, je n'ai rien à dire, j'adore : c'est bien épais, bien lourd, bien rythmé. En revanche, passé l'effet de surprise, le texte me semble en revanche bien moins construit qu'un ThrashPépé par exemple. Les sonorités comptent bien plus que le sens et, pour peu qu'on écoute un peu de Rap français, c'est difficile d'apprécier les lyrics sur plusieurs écoutes. Je retiens surtout l'énergie folle qui se dégage du titre et qui fait du bien.
Pfau : vous l'aurez sans doute remarqué, je ne dis du mal de personne. Mais bon, Pfau, dès que le chant est venu, j'ai baissé le son. Sans compter que le refrain, j'ai cru à une reprise de U2, impossible que je sois le seul à avoir fait le rapprochement. Heureusement, cela ne dure pas longtemps. Désolé les gars, je n'ai vraiment pas aimé.
Polly Poney : je pourrais dire la même chose que pour Beckuto mais le titre me semble bien trop morose même si les interférences radios apportent un plus. Mais bon, j'ai clairement le sentiment que le morceau n'est pas fini. Minimaliste ok mais la posture ne fait pas le compositeur.
Big Bang Humain : les sons propres aux vieux jeux vidéos continuent à faire des émules, cependant le texte rachète une musique un peu trop guillerette à mon goût, établissant un contraste intéressant entre l'aspect désabusé de la voix et la joie paisible qui se dégage de cette mélodie discrète. Intéressant, pas trop pour moi cela dit.
Deaflovers : ça sonne comme un vieux Sonic Youth du Confusion is Sex ce qui, en soit, est plutôt une bonne chose même s'il est aussi bon de savoir s'affranchir de ses idoles. Cependant, sur une compilation de Rock Indépendant, Deaflovers a parfaitement sa place, sa composition faisant la part belle aux riffs tordus et aux harmoniques dissonants.
Émotion Fécale : c'est sûr que si l'on réécoute les interventions de ce groupe sur les trois premières sorties du Webzine, on ne peut que se dire qu'il s'est foutu de notre gueule. Là, il a l'air de se prendre un peu plus au sérieux, il y a même du texte mais bon, s'il a quelque chose à nous dire il ferait mieux d'aller jusqu'au bout. C'est encore un peu constipé tout ça, un peu contraint.
Horst : autre grosse baffe de cette compilation, Horst m'a carrément séduit avec son Post Rock instrumental. Il y a tout ce qu'il faut : l'ambiance, les montées, les descentes, la tension constante. Une vraie putain de bonne inspiration. Le seul bémol c'est la récurrence des collages de voix qui, à mon sens, alourdissent de trop le propos alors que la musique se suffit à elle-même. Le seul que j'aurais gardé, c'est le dialogue entre l'Américain et le Mexicain qui arrive parfaitement à point avec la montée finale. Sans doute le groupe qui m'a le plus marqué pour une chanson dont je ne me lasse pas.
Polarbird : c'est Pop, c'est Rock, c'est un peu Noise, ça tient la route mais ce n'est pas trop mon genre. Désolé, c'est pas de la critique gratuite, je n'ai juste pas le bagage musical ou la sensibilité nécessaire pour évoquer un titre qui, au mieux, me fait penser à ce que je connais de Dinosaur Jr. Pas mal.
The Last Embrace : ceux qui suivent savent que j'ai tendance à faire un peu de promotion pour ce groupe de Métal Rock Progressif. Ici, j'ai choisi ce titre acoustique car je trouve la mélodie sublime, comme un bon Anathema / Antimatter, en me disant qu'il pourrait davantage plaire ici qu'une composition plus typiquement Prog. À vous de voir.
Oak Coma : voilà ce Vol. 5 qui s'achève avec du lourd, bon comme un Fuck Buttons, pas vraiment Drone, pas vraiment Ambient, mais avec cette mélodie sublime portée par une rythmique frôlant l'hypnose, le tout étant dopé par une espèce de final grandiose en forme d'épopée intersidérale sidérante et qui me laisse comme un con, tout surpris d'avoir tant ressenti cette progression vers la Lumière.
Un grand cru. Merci Xsilence, merci aux participants.
Note de fin : texte écrit sans tenir de mes accointances ou absence d'accointances avec des membres du site. D'ailleurs, pour la majorité des groupes, je suis encore incapable de dire qui joue dans quoi. Objectivité absolue.
Compilation oblige, il va falloir jouer le jeu du "track by track", même si une analyse plus subtile reposerait sur une étude approfondie des différents styles présentés, pas toujours bien identifiables d'ailleurs. Aussi, en l'absence d'étiquettes satisfaisantes à coller sur les formations qui se sont fendues d'une composition, je me résous à dérouler la chronologie de l'objet.
Avant de parler musique, causons un peu design : du super boulot pile dans l'esprit de la compilation. Selon moi, Xsilence tient son graphiste, Shyle Zalewski, musicien au sein d'Edam Edam, et dont le trait simple, faussement naïf et touchant vaut un Larcenet. Un grand merci donc à l'illustrateur qui n'a pas été avare de son talent.
Wild Things : d'entrée, ça pose les bases puisque "Asthma" est selon moi l'un des meilleurs titres de la compil et j'ai le refrain en tête depuis que je l'ai écouté. Ce mélange des Babes in Toyland, de Made out of Babies voire d'un bon Dolly (comparaison non péjorative) a tout pour plaire : chant excellent, super mélodie, riffs efficaces, variations d'intensité, grosse énergie. Dur de passer derrière.
TrashPépé : j'ai d'abord accroché à la partie instrumentale, appréciant le subtil minimalisme de la composition, le texte passant beaucoup plus difficilement. Mais, au fil des écoutes, j'ai commencé à prendre plaisir à ces paroles du quotidien, déclamées dans un style que je n'avais pas entendu depuis un Eros Nécropsique sans pour autant sombrer dans l'emphase de ce dernier. Je ne dis pas que je m'enverrai un album en entier mais je ne peux qu'apprécier l'originalité du titre, d'autant que j'ai toujours beaucoup d'admiration pour les musiciens qui prennent le risque de chanter en français.
Buddlozer : avec sa production cheap et sa grosse basse, ce n'est a priori pas trop ma came. Cela dit, le côté Butthole Surfers finit par me séduire, le "refrain" ayant de gros points communs avec un titre de l'album Electriclarryland dont le nom m'échappe à l'heure où j'écris. C'est con, je n'ai pas ma cassette sous la main mais ceux qui connaissent le disque ne devraient pas avoir trop de mal à trouver. En tout cas, voilà typiquement le genre de trucs que je m'attendais à trouver sur ce Vol. 5.
Frankreich : ce son, ce rythme, j'ai l'impression d'écouter la B.O. d'un film des années 80, un Carpenter, mais quand ça part en solo de clavier à 3 minutes 37, on change de dimension : je pense au Rock Prog., à Goblin et putain qu'est-ce que c'est bon. Au fond, j'adore les sonorités synthétiques, elles me fascinent... Encore une formation totalement atypique que je ne connaissais pas.
Clément : je ne suis pas un grand connaisseur de Noise Rock mais si je cite Sonic Youth et les Girls Against Boys, je pense que ça ne fera mal au cul de personne. Cela dit, même si le parti pris de la jouer entièrement instrumental est intéressant, l'absence de gros élans dynamiques pourra faire regretter l'absence de chant. Je n'aurais rien contre quelques lignes vocales, aussi succinctes soient-elles. Mais sinon, c'est plutôt plaisant.
Pù : pour ceux qui n'auraient pas suivi le Vol. 4, Pù est en fait la nouvelle mouture de ce que fut M. Pourpre & Emotion Fécale. Je dis ça parce que "Tunguska – Last transmission" est exactement le même titre que "Battlestar Corrida", à savoir la même mélodie sans le texte. Les mecs ont juste muté vers un nouveau son.
Edam Edam : autant je reconnais que ce groupe a une facilité assez déconcertante pour sortir des mélodies qui rentrent directement dans le crâne de l'auditeur, je ne peux en revanche pas vraiment dire que j'aime, d'autant que j'ai du mal avec les paroles qui contiennent des gros mots. C'est con mais en français comme en anglais, ça me gonfle. Sinon : faire aussi sobre, simple, guilleret et efficace, ce n'est déjà pas à la portée du premier venu.
Chasseur : il y a vraisemblablement un revival 80's qui voit le jour, j'avais jamais trop fait gaffe à ça. Chasseur met donc sa petite cartouche à une amante méritante, ce n'est pas la grosse gaule, le morceau manquant un peu de variété et finissant comme il débute mais, encore une fois, le texte en français hisse la chanson à un niveau d'intérêt supérieur.
Yuki Downer : j'aime ce son sale, ce chant distant qui n'en a rien à branler de la musique, j'aime les voix de femme, ces suites d'accords approximatifs, ce tempo qui se cherche en l'absence de batterie. Basique, rustique, un peu de la classe des branleurs du fond de la classe qui balancent des chiques dans la nuque des fayots du premier rang.
Venice Bliss : ça n'a pas l'air d'être des débutants, maîtrise absolue des couplets efficaces et du refrain qui emporte. C'est Pop, c'est beau, ça me donne envie de me sentir heureux mais c'est vendredi soir, je suis déjà pété à la bière et ça me rend juste mélancolique. Mais la mélancolie, c'est superbe, alors merci Venice Bliss pour ces quelques minutes de spleen qui me font le même effet qu'A Second of June sur l'une des compilations antérieures.
Shagrath : je pourrais dire la même chose que pour Frankreich avec un côté Synth-Pop supplémentaire. Je me revois avec mes pantalons à pince et ma chemise rentrée ouverte jusqu'au nombril sur un t-shirt noir en train de commander un verre au bar "Le Zoko" à Bayonne au début des années 90. Je note ce même excellent travail sur les claviers avec cependant un goût de trop peu, la chanson s'achevant sur un acmé que j'aurais aimé voir perdurer. Mais bordel que cette musique est cool !
Beckuto Vongola : un habitué de l'exercice, une productivité d'insomniaque. Moi, ça m'émeut toujours un peu d'entendre un homme seul avec sa voix et guitare, se dépouiller ainsi et balancer un titre d'apparence simple mais qui, en quelques notes, pose une atmosphère de dépeuplement, pour peu que vous compreniez ce que je cherche à dire. Dans un style risqué, le mec se pointe avec son culot et ça passe tout seul. La classe.
Kai Reznik : bon les gars, qu'est-ce que vous avez avec la musique des années 80 ? C'est une espèce de fantasme ? C'est pas que cela me déplaise hein, vous l'aurez compris, et moi, cette chanson, elle me colle un putain de bourdon tellement épais que je pourrais le foutre sur ma planche à découper et le servir en tapas à des invités imaginaires. Bordel, cette ambiance, ce travail sur les sons, cette mélodie de cordes aux alentours des trois minutes... Y en a encore pour dire que Xsilence est moribond quand tu entends ce genre de perles Electroniques ? Avec Wild Things, le deuxième gros coup de cœur du disque.
Fre(e)d, in solo : lui aussi ce n'est pas un petit nouveau et même si jusqu'à présent mes préférences vont vers les sonorités les moins Rock, j'apprécie l'effort mélodique apporté à la composition, un exercice jamais facile lorsqu'on opte pour un format purement instrumental qui ne joue pas la carte de la dextérité à outrance.
Lascar K Pac : le poil à gratter. Il faut dire que l'attaque purement Electro Hip-Hop qui pourrait ressembler à un remix des Svinkels et du Cercle Macabre détonne singulièrement avec les autres participants. Au niveau de l'instru, je n'ai rien à dire, j'adore : c'est bien épais, bien lourd, bien rythmé. En revanche, passé l'effet de surprise, le texte me semble en revanche bien moins construit qu'un ThrashPépé par exemple. Les sonorités comptent bien plus que le sens et, pour peu qu'on écoute un peu de Rap français, c'est difficile d'apprécier les lyrics sur plusieurs écoutes. Je retiens surtout l'énergie folle qui se dégage du titre et qui fait du bien.
Pfau : vous l'aurez sans doute remarqué, je ne dis du mal de personne. Mais bon, Pfau, dès que le chant est venu, j'ai baissé le son. Sans compter que le refrain, j'ai cru à une reprise de U2, impossible que je sois le seul à avoir fait le rapprochement. Heureusement, cela ne dure pas longtemps. Désolé les gars, je n'ai vraiment pas aimé.
Polly Poney : je pourrais dire la même chose que pour Beckuto mais le titre me semble bien trop morose même si les interférences radios apportent un plus. Mais bon, j'ai clairement le sentiment que le morceau n'est pas fini. Minimaliste ok mais la posture ne fait pas le compositeur.
Big Bang Humain : les sons propres aux vieux jeux vidéos continuent à faire des émules, cependant le texte rachète une musique un peu trop guillerette à mon goût, établissant un contraste intéressant entre l'aspect désabusé de la voix et la joie paisible qui se dégage de cette mélodie discrète. Intéressant, pas trop pour moi cela dit.
Deaflovers : ça sonne comme un vieux Sonic Youth du Confusion is Sex ce qui, en soit, est plutôt une bonne chose même s'il est aussi bon de savoir s'affranchir de ses idoles. Cependant, sur une compilation de Rock Indépendant, Deaflovers a parfaitement sa place, sa composition faisant la part belle aux riffs tordus et aux harmoniques dissonants.
Émotion Fécale : c'est sûr que si l'on réécoute les interventions de ce groupe sur les trois premières sorties du Webzine, on ne peut que se dire qu'il s'est foutu de notre gueule. Là, il a l'air de se prendre un peu plus au sérieux, il y a même du texte mais bon, s'il a quelque chose à nous dire il ferait mieux d'aller jusqu'au bout. C'est encore un peu constipé tout ça, un peu contraint.
Horst : autre grosse baffe de cette compilation, Horst m'a carrément séduit avec son Post Rock instrumental. Il y a tout ce qu'il faut : l'ambiance, les montées, les descentes, la tension constante. Une vraie putain de bonne inspiration. Le seul bémol c'est la récurrence des collages de voix qui, à mon sens, alourdissent de trop le propos alors que la musique se suffit à elle-même. Le seul que j'aurais gardé, c'est le dialogue entre l'Américain et le Mexicain qui arrive parfaitement à point avec la montée finale. Sans doute le groupe qui m'a le plus marqué pour une chanson dont je ne me lasse pas.
Polarbird : c'est Pop, c'est Rock, c'est un peu Noise, ça tient la route mais ce n'est pas trop mon genre. Désolé, c'est pas de la critique gratuite, je n'ai juste pas le bagage musical ou la sensibilité nécessaire pour évoquer un titre qui, au mieux, me fait penser à ce que je connais de Dinosaur Jr. Pas mal.
The Last Embrace : ceux qui suivent savent que j'ai tendance à faire un peu de promotion pour ce groupe de Métal Rock Progressif. Ici, j'ai choisi ce titre acoustique car je trouve la mélodie sublime, comme un bon Anathema / Antimatter, en me disant qu'il pourrait davantage plaire ici qu'une composition plus typiquement Prog. À vous de voir.
Oak Coma : voilà ce Vol. 5 qui s'achève avec du lourd, bon comme un Fuck Buttons, pas vraiment Drone, pas vraiment Ambient, mais avec cette mélodie sublime portée par une rythmique frôlant l'hypnose, le tout étant dopé par une espèce de final grandiose en forme d'épopée intersidérale sidérante et qui me laisse comme un con, tout surpris d'avoir tant ressenti cette progression vers la Lumière.
Un grand cru. Merci Xsilence, merci aux participants.
Note de fin : texte écrit sans tenir de mes accointances ou absence d'accointances avec des membres du site. D'ailleurs, pour la majorité des groupes, je suis encore incapable de dire qui joue dans quoi. Objectivité absolue.
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
Posté le 11 novembre 2016 à 13 h 21 |
- Bonjour. Détective Jimmy McNulty. J'espère que c'est important, je n'ai pas l'habitude de me déplacer pour rien.
- Merci d'avoir fait aussi vite détective. Nous sommes face à un cas très complexe.
- Faites-moi le topo rapido, mon petit.
- Alors voilà Il y a ce truc là qui traîne depuis peu sur internet, sous le nom de Xsilence. Ces types-là on les a à l'oeil depuis un moment, ils se revendiquent "webzine communautaire du rock indépendant". Le rock indépendant franchement si vous voulez mon avis, tout le monde s'en cogne, ils feraient mieux de se mettre au rnb. M'enfin ce n'est pas pour ça que je vous ai fait venir.
- Venez-en au fait, Junior.
- Le souci c'est que cette "communauté" vient de balancer à la face du monde une compilation et qu'on ne connaît rien dessus, on ne sait pas qui se cache derrière ces noms. C'est pas la première fois qu'ils nous font le coup, en plus.
- Des récidivistes donc. Mais pardonnez-moi je vois pas trop où est le problème.
- Le problème c'est qu'il y a des trucs vraiment excellents dessus et les gens veulent savoir, bon sang !
- Écoutez je vais faire ma petite enquête et je reviens vers vous dès que j'en sais plus...
(Un coup de fil à Lok plus tard, le détective McNulty se pointe au rapport)
- Alors, des résultats probants ?
- Écoutez, après une enquête de terrain très approfondie je pense pouvoir mettre un nom sur la plupart des protagonistes. Alors, déjà les fameux Wild Things m'ont tout l'air d'être des copycats du gang des riot grrrl qui sévissait dans les années 90 et je dois avouer que le résultat est troublant, j'y ai vraiment cru. Malheureusement pour ce qui est de leur identité, c'est toujours assez trouble.
- J'espère que vous en savez plus sur Trashpépé parce que ce type-là m'a l'air d'avoir une case en moins, je lui confierais pas ma fille...
- Alors TrashPépé, il s'agit d'un dénommé Jekyll. Il dévoile un peu sa facette Mr Hyde pour le coup. Mais vous noterez qu'il a une base musicale intéressante, je vous avouerais que s'il n'y avait pas ce chant perturbant je me serai pris au jeu.
- Et ce Buddlozer, là ? Très inquiétant ce garçon, vous avez vu les dégâts qu'il arrive à faire avec des moyens ridicules. Imaginez un peu ce qu'il pourrait accomplir s'il était bien équipé.
- Ben oui, mon vieux. Mais ça on le sait déjà puisque c'est le type de Kim Jong 4, on les connait ils sont redoutables. Le type en question se fait appeler Blackcondorguy, un drôle d'oiseau mais pas très difficile à appréhender, il suffit de lui faire écouter des synthés et il pète littéralement les plombs.
- Et Frankreich là. De drôles de loustics non ?
- Alors eux... Ils m'ont pas l'air bien méchants et leur petit numéro est assez convaincant pour peu qu'on se montre réceptif. Il s'agit d'un certain EmixaM, un cas tout de même assez inquiétant. On raconte qu'il vit entouré de claviers et de boite à rythmes. Pas un environnement très sain, donc. Il est aussi capable de saillies mémorables, un jour il a affirmé que New Order est un meilleur groupe que Joy Division...
- Ce que vous me racontez là ne me parait pas très rassurant. On en vient à un cas qui m'intéresse particulièrement... Pouvez-vous m'en dire plus sur Clément ? Je dois vous avouer que j'ai été complètement enchanté par ce qu'ils ont mis en boite.
- Oui alors eux, pour le coup, je vois très bien qui c'est. Des types pas très recommandables qui se cachent sous le nom de Poplaboubou et Chaos accompagnés d'un troisième larron qui se fait plus discret. J'ai déjà eu affaire à eux ce sont de véritables ordures mais ils sont doués, rien à dire.
- J'ai également été bluffé par le mode opératoire de cet énigmatique Pù.
- Oui Pù, c'est un type un peu schizo. Sa véritable identité c'est Arno Vice, il est clairement dérangé. Pour tout vous dire, il est même allé jusqu'à évoquer cette compil en prenant bien soin de ne pas s'étaler sur ses prouesses, tel un criminel qui revient sur le lien de ses méfaits au nez et à la barbe des inspecteurs. Pourtant, il y aurait bien des choses à dire, c'est du travail de pro, il voudrait qu'on l'adore qu'il s'y prendrait pas autrement. Il officie également sous d'autres identités dont Emotion Fécale, vous voyez le tableau ?
- Ce type est fascinant, j'ai trouvé ça à la fois très beau et dérangeant. Venons-en à cet Edam Edam, son langage fleuri ne me dit rien qui vaille...
- Celui-ci est très connu dans le milieu. Il se nomme S. Son talent artistique est indéniable, ce qui lui vaut d'avoir de nombreux admirateurs, et je dois bien admettre que j'en fais partie.
- Mais son discours est quand même très limite. Vous ne pensez pas qu'il faudrait le mettre hors d'état de nuire ?
- Ne vous tracassez pas, il est un peu dans son monde mais il ferait pas de mal à une mouche. Juste un peu obsédé sur les bords. Et franchement vu la facilité avec laquelle il peut procurer du bonheur aux gens, ce serait bien dommage de l'empêcher de s'exprimer. On a besoin de types comme lui, une véritable bouffée d'air frais.
- Bon je n'insiste pas. Et ce Chasseur, vous pouvez m'en dire plus ?
- J'ai cerné son profil : un séducteur assurément, il manie bien les mots et y met les formes. De quoi emporter l'adhésion le cigare aux lèvres. Impossible de mettre un nom sur ce braconnier toutefois.
- On en vient à Yuki Downer, ce n'est quand même pas Kim Gordon incognito, si ?
- J'y ai cru aussi, mais non. Pour elle, son cas m'intéressait tant que j'ai creusé pas mal de pistes. Après moult analyses des échantillons audios, j'ai pu détecter un relent d'accent belge finement dissimulé. Et évidemment sur ce fameux webzine, qui est LA belge ?
- Happy Friday !
- Exactement. Un jeu d'enfant.
- Vient une espèce d'incongruité. Venice Bliss, une piste ?
- Je dois poursuivre mes recherches mais visiblement ils ne fréquentent pas le dangereux repaire indépendant, comment ils sont entrés en contact avec eux, ça reste un mystère. C'est assez troublant d'ailleurs car on pourrait croire à quelque chose de très sophistiqué (un peu trop d'ailleurs), ce qui n'est pas vraiment le genre de la maison.
- Bon on ne va pas y passer la nuit non plus, vous pouvez me résumer la suite de vos investigations ?
- Le dénommé Shagrath demeure une énigme. Je vous avoue que son univers ne me fait pas rêver, je n'ai donc pas poussé outre mesure mes recherches. En revanche, Beckuto Vongola est un vieux de la vieille, multi récidiviste. Il ne cherche même plus à se cacher d'ailleurs, c'est tout simplement Beckuto. Ce type-là compose comme il respire et touche souvent dans le mille. C'est encore le cas, on ne va pas le perdre de vue. Kai Reznik a, quand à lui, longuement traîné ses guêtres dans les quartiers chauds des années 80. Il a été très marqué par cette période et les séquelles semblent profondes. Fre(e)d In Solo est un certain RIP Awkward. Il pourrait fréquenter S. que ça ne me surprendrait pas, tant, lui aussi, semble dédié à 100% à l'art. Il réalise de merveilleuses peintures et sa musique est assez ambitieuse.
- On en vient à un des cas les plus inquiétants de cette compil : Lascar K Pac...
- Oui, alors ces types-là viennent très probablement de la banlieue et se la jouent rien à perdre. Très provocateurs, au fond ils sont pas bien méchants. Xsilence a sans doute voulu miser sur l'aspect provoc de ces sales gosses pour faire parler de lui. Ce site ne cherche qu'à faire le buzz après tout...
- Et ce Pfau alors ?
- Alors là mon vieux, je suis sidéré. Vous êtes une buse ou quoi ?! Pfau ! Il s'agit évidemment du leader des Wonderflu. Vous, dès qu'on s'inspire de "I Still Haven't Found What I'm Looking For" de U2 vous n'y voyez que du feu ! Mais il a beau essayer de se faire passer pour un vendu, personne n'est dupe, il est bien trop doué...
Polly Poney je ne pense pas qu'il faille s'en méfier, ils sont plutôt d'humeur pacifique, leur musique est de nature à apaiser. Mais je n'en sais guère plus...
- Et Big Bang Humain ? Vous n'allez pas me faire croire qu'ils ont des intentions nobles avec un nom pareil ?
- Je ne connais pas vraiment leurs intentions mais ça m'a tout l'air d'une organisation bien au point... Il faut leur reconnaître un talent certain. Franchement ce chant en français, c'était pas gagné d'avance.
Deaflovers avec ce parti pris instrumental parvient à brouiller les pistes, et rester incognito. Le titre "White Light" aurait pu faire référence au Velvet Underground mais c'est plutôt à Jesus & Mary Chain que j'ai pensé et j'admets que l'un comme l'autre ne me dérangent absolument pas.
Avec ce Horst, je me suis définitivement dit que j'étais ravi que vous m'ayez confié cette mission. À défaut de démasquer tout le monde j'ai au moins fait de très belles découvertes. La tension de ce titre me renvoie aux plus belles heures de Godspeed You! Black Emperor quand ils avaient oublié d'être chiants. Avec une pointe de Sonic Youth. Non, je ne m'emballe pas, je vous le dis tout net : j'ai pris mon pied.
Bon, Polarbird c'est assez évident, non ? Ils sont dans tous les bons coups. Ils font partie du gang des grippés comme on les appelle dans le jargon. Et comme tout bon grippé, ils ont des accès de fièvre, des bouffées de chaleur et des coups de mou. Un état très fluctuant. Ce titre les résume bien, j'aurais pu rendre mon badge si je ne les avais pas reconnu. De chics types, au passage. L'un, Olivier est assez discret, il s'enferme des heures dans sa piaule à faire de la musique. L'autre, MyFriendGoo, est souvent présent aux grands rassemblements indie rock. On va quand même le surveiller parce qu'il a développé ces derniers mois une véritable obsession pour Car Seat Headrest. Semble-t-il atteint d'une Beckutoïte aiguë il n'a cessé de clamer que ce type était un génie méritant la note maximale à chaque évaluation. Si vous voulez mon avis ce Car Seat Headrest n'est autre qu'un brave type qui s'est pris pour Stephen Malkmus. Gardons l'oeil ouvert donc, c'est louche.
Bon je commence à croire que ce rapport est beaucoup plus long que mon temps d'investigation...
- Si j'avais su que ce serait aussi long je ne vous aurais pas confié cette enquête. Ce n'est pas non plus l'affaire du siècle, il va falloir conclure.
- Oui alors, très vite, The Last Embrace, jolie petite ritournelle avec une dame dotée d'un bel organe. Ce n'est pas forcément ma tasse de thé mais j'aimerais bien en savoir plus sur eux. Je suis, là, face à mes limites d'enquêteurs... Il semblerait tout de même que ces gens-là aient des accointances avec Arno le vicieux...
Quand à Oak Coma, cette dernière piste ambient m'a totalement hypnotisée. Avouez tout de même que c'est très beau et abouti. En conséquence, je me suis un peu endormi sur mes lauriers...
- Et vous n'avez pas trouvé qui c'était, vous avez un peu rien branlé sur la fin dites moi ! Heureusement on a presque fait le tour de la question. Je ne comprends pas bien les deux reprises de David Bowie...
- Pour le premier c'est simple, il s'agit tout simplement de Zebulon. Sous prétexte d'être l'animateur radio le plus connu de France et de Navarre, le bonhomme y est allé de sa chanson.
- Oui mais quand même, c'est affreux !
- Je sais bien mais le type a un réseau monstrueux il peut faire fermer Xsilence du jour au lendemain, donc il a réussi à s'imposer et Xsilence s'est écrasé, évidemment.
- Jemaa 6 Project, en revanche, est absolument magique. Vous savez qui a cette voix incroyable qui filerait des complexes à David Bowie ?
- Je le sais, oui. Et je ne suis pas peu fier de pouvoir vous le révéler. Il s'agit de... Wazoo ! Un personnage très complexe, je crois même qu'il n'est pas majeur, mais quel talent ! Il traine dans des affaires louches, écoute des trucs franchement pas recommandables, mais il a un truc le gamin...
- Incroyable ! Et ce nom, Jemaa 6 Project, vous avez une explication ?
- Oui, alors...
Mais l'inspecteur est ailleurs et n'écoute pas les palabres de McNulty, il reçoit au même moment un fax qui lui fait perdre toute concentration. Sur le fax, un portrait robot... celui de McNulty ! Avec écrit " Wanted, membre de Jemaa 6 Project "
- Oh mon dieu !
- Qu'y a-t-il ?
- Je sais tout mon vieux inutile de nier. Crachez le morceau !
Le visage de McNulty se décompose alors, il sait qu'il ne peut plus s'en tirer indemne et passe aux aveux.
- C'était un soir d'été. Il y avait Chaos, Wazoo évidemment le jeune surdoué. Et Lok, oui le fameux dictateur de la bien-pensance de gauche, grand gourou de la secte. Ça se passait chez Poplaboubou. C'est lui qui a tout manigancé. Il faut savoir que quand Poplaboubou lance une idée, on est obligés de s'exécuter, sinon il vous torture des heures durant avec du Phil Collins à fond les ballons. C'est son truc, ça, Phil Collins...
- Mon dieu, c'est horrible !
- À qui le dites-vous, bref je n'ai pas eu le choix, il nous a eu par les sentiments, l'alcool coulait à flots, une télé a même explosé dans l'euphorie du moment. Mais l'infâme Poplaboubou n'en avait cure, tout ce qu'il voulait c'était qu'on participe. Wazoo faisait sa reprise tranquillement et... et Poplaboubou nous a forcé à y prendre part.
- Ces affreux choeurs de l'armée rouge c'était vous ?
(McNulty tout penaud) - et oui. J'ai fait partie de cette mascarade avec Lok et Poplaboubou, deux dictateurs, chacun à leur manière.
- Et Chaos dans tout ça ?
- Chaos est arrivé à l'improviste, on lui a mis une guitare dans les mains, et forcé à exécuter un solo. Je dois dire qu'il s'en est plutôt bien sorti sous la pression... mais désormais il s'est exilé à Hong Kong.
- On y voit plus clair désormais, veuillez nous suivre McNulty...
Et on n'entendit plus jamais parler de McNulty, le site Xsilence fut fermé pour association de malfaiteurs et Wazoo devint plus célèbre que David Bowie.
- Merci d'avoir fait aussi vite détective. Nous sommes face à un cas très complexe.
- Faites-moi le topo rapido, mon petit.
- Alors voilà Il y a ce truc là qui traîne depuis peu sur internet, sous le nom de Xsilence. Ces types-là on les a à l'oeil depuis un moment, ils se revendiquent "webzine communautaire du rock indépendant". Le rock indépendant franchement si vous voulez mon avis, tout le monde s'en cogne, ils feraient mieux de se mettre au rnb. M'enfin ce n'est pas pour ça que je vous ai fait venir.
- Venez-en au fait, Junior.
- Le souci c'est que cette "communauté" vient de balancer à la face du monde une compilation et qu'on ne connaît rien dessus, on ne sait pas qui se cache derrière ces noms. C'est pas la première fois qu'ils nous font le coup, en plus.
- Des récidivistes donc. Mais pardonnez-moi je vois pas trop où est le problème.
- Le problème c'est qu'il y a des trucs vraiment excellents dessus et les gens veulent savoir, bon sang !
- Écoutez je vais faire ma petite enquête et je reviens vers vous dès que j'en sais plus...
(Un coup de fil à Lok plus tard, le détective McNulty se pointe au rapport)
- Alors, des résultats probants ?
- Écoutez, après une enquête de terrain très approfondie je pense pouvoir mettre un nom sur la plupart des protagonistes. Alors, déjà les fameux Wild Things m'ont tout l'air d'être des copycats du gang des riot grrrl qui sévissait dans les années 90 et je dois avouer que le résultat est troublant, j'y ai vraiment cru. Malheureusement pour ce qui est de leur identité, c'est toujours assez trouble.
- J'espère que vous en savez plus sur Trashpépé parce que ce type-là m'a l'air d'avoir une case en moins, je lui confierais pas ma fille...
- Alors TrashPépé, il s'agit d'un dénommé Jekyll. Il dévoile un peu sa facette Mr Hyde pour le coup. Mais vous noterez qu'il a une base musicale intéressante, je vous avouerais que s'il n'y avait pas ce chant perturbant je me serai pris au jeu.
- Et ce Buddlozer, là ? Très inquiétant ce garçon, vous avez vu les dégâts qu'il arrive à faire avec des moyens ridicules. Imaginez un peu ce qu'il pourrait accomplir s'il était bien équipé.
- Ben oui, mon vieux. Mais ça on le sait déjà puisque c'est le type de Kim Jong 4, on les connait ils sont redoutables. Le type en question se fait appeler Blackcondorguy, un drôle d'oiseau mais pas très difficile à appréhender, il suffit de lui faire écouter des synthés et il pète littéralement les plombs.
- Et Frankreich là. De drôles de loustics non ?
- Alors eux... Ils m'ont pas l'air bien méchants et leur petit numéro est assez convaincant pour peu qu'on se montre réceptif. Il s'agit d'un certain EmixaM, un cas tout de même assez inquiétant. On raconte qu'il vit entouré de claviers et de boite à rythmes. Pas un environnement très sain, donc. Il est aussi capable de saillies mémorables, un jour il a affirmé que New Order est un meilleur groupe que Joy Division...
- Ce que vous me racontez là ne me parait pas très rassurant. On en vient à un cas qui m'intéresse particulièrement... Pouvez-vous m'en dire plus sur Clément ? Je dois vous avouer que j'ai été complètement enchanté par ce qu'ils ont mis en boite.
- Oui alors eux, pour le coup, je vois très bien qui c'est. Des types pas très recommandables qui se cachent sous le nom de Poplaboubou et Chaos accompagnés d'un troisième larron qui se fait plus discret. J'ai déjà eu affaire à eux ce sont de véritables ordures mais ils sont doués, rien à dire.
- J'ai également été bluffé par le mode opératoire de cet énigmatique Pù.
- Oui Pù, c'est un type un peu schizo. Sa véritable identité c'est Arno Vice, il est clairement dérangé. Pour tout vous dire, il est même allé jusqu'à évoquer cette compil en prenant bien soin de ne pas s'étaler sur ses prouesses, tel un criminel qui revient sur le lien de ses méfaits au nez et à la barbe des inspecteurs. Pourtant, il y aurait bien des choses à dire, c'est du travail de pro, il voudrait qu'on l'adore qu'il s'y prendrait pas autrement. Il officie également sous d'autres identités dont Emotion Fécale, vous voyez le tableau ?
- Ce type est fascinant, j'ai trouvé ça à la fois très beau et dérangeant. Venons-en à cet Edam Edam, son langage fleuri ne me dit rien qui vaille...
- Celui-ci est très connu dans le milieu. Il se nomme S. Son talent artistique est indéniable, ce qui lui vaut d'avoir de nombreux admirateurs, et je dois bien admettre que j'en fais partie.
- Mais son discours est quand même très limite. Vous ne pensez pas qu'il faudrait le mettre hors d'état de nuire ?
- Ne vous tracassez pas, il est un peu dans son monde mais il ferait pas de mal à une mouche. Juste un peu obsédé sur les bords. Et franchement vu la facilité avec laquelle il peut procurer du bonheur aux gens, ce serait bien dommage de l'empêcher de s'exprimer. On a besoin de types comme lui, une véritable bouffée d'air frais.
- Bon je n'insiste pas. Et ce Chasseur, vous pouvez m'en dire plus ?
- J'ai cerné son profil : un séducteur assurément, il manie bien les mots et y met les formes. De quoi emporter l'adhésion le cigare aux lèvres. Impossible de mettre un nom sur ce braconnier toutefois.
- On en vient à Yuki Downer, ce n'est quand même pas Kim Gordon incognito, si ?
- J'y ai cru aussi, mais non. Pour elle, son cas m'intéressait tant que j'ai creusé pas mal de pistes. Après moult analyses des échantillons audios, j'ai pu détecter un relent d'accent belge finement dissimulé. Et évidemment sur ce fameux webzine, qui est LA belge ?
- Happy Friday !
- Exactement. Un jeu d'enfant.
- Vient une espèce d'incongruité. Venice Bliss, une piste ?
- Je dois poursuivre mes recherches mais visiblement ils ne fréquentent pas le dangereux repaire indépendant, comment ils sont entrés en contact avec eux, ça reste un mystère. C'est assez troublant d'ailleurs car on pourrait croire à quelque chose de très sophistiqué (un peu trop d'ailleurs), ce qui n'est pas vraiment le genre de la maison.
- Bon on ne va pas y passer la nuit non plus, vous pouvez me résumer la suite de vos investigations ?
- Le dénommé Shagrath demeure une énigme. Je vous avoue que son univers ne me fait pas rêver, je n'ai donc pas poussé outre mesure mes recherches. En revanche, Beckuto Vongola est un vieux de la vieille, multi récidiviste. Il ne cherche même plus à se cacher d'ailleurs, c'est tout simplement Beckuto. Ce type-là compose comme il respire et touche souvent dans le mille. C'est encore le cas, on ne va pas le perdre de vue. Kai Reznik a, quand à lui, longuement traîné ses guêtres dans les quartiers chauds des années 80. Il a été très marqué par cette période et les séquelles semblent profondes. Fre(e)d In Solo est un certain RIP Awkward. Il pourrait fréquenter S. que ça ne me surprendrait pas, tant, lui aussi, semble dédié à 100% à l'art. Il réalise de merveilleuses peintures et sa musique est assez ambitieuse.
- On en vient à un des cas les plus inquiétants de cette compil : Lascar K Pac...
- Oui, alors ces types-là viennent très probablement de la banlieue et se la jouent rien à perdre. Très provocateurs, au fond ils sont pas bien méchants. Xsilence a sans doute voulu miser sur l'aspect provoc de ces sales gosses pour faire parler de lui. Ce site ne cherche qu'à faire le buzz après tout...
- Et ce Pfau alors ?
- Alors là mon vieux, je suis sidéré. Vous êtes une buse ou quoi ?! Pfau ! Il s'agit évidemment du leader des Wonderflu. Vous, dès qu'on s'inspire de "I Still Haven't Found What I'm Looking For" de U2 vous n'y voyez que du feu ! Mais il a beau essayer de se faire passer pour un vendu, personne n'est dupe, il est bien trop doué...
Polly Poney je ne pense pas qu'il faille s'en méfier, ils sont plutôt d'humeur pacifique, leur musique est de nature à apaiser. Mais je n'en sais guère plus...
- Et Big Bang Humain ? Vous n'allez pas me faire croire qu'ils ont des intentions nobles avec un nom pareil ?
- Je ne connais pas vraiment leurs intentions mais ça m'a tout l'air d'une organisation bien au point... Il faut leur reconnaître un talent certain. Franchement ce chant en français, c'était pas gagné d'avance.
Deaflovers avec ce parti pris instrumental parvient à brouiller les pistes, et rester incognito. Le titre "White Light" aurait pu faire référence au Velvet Underground mais c'est plutôt à Jesus & Mary Chain que j'ai pensé et j'admets que l'un comme l'autre ne me dérangent absolument pas.
Avec ce Horst, je me suis définitivement dit que j'étais ravi que vous m'ayez confié cette mission. À défaut de démasquer tout le monde j'ai au moins fait de très belles découvertes. La tension de ce titre me renvoie aux plus belles heures de Godspeed You! Black Emperor quand ils avaient oublié d'être chiants. Avec une pointe de Sonic Youth. Non, je ne m'emballe pas, je vous le dis tout net : j'ai pris mon pied.
Bon, Polarbird c'est assez évident, non ? Ils sont dans tous les bons coups. Ils font partie du gang des grippés comme on les appelle dans le jargon. Et comme tout bon grippé, ils ont des accès de fièvre, des bouffées de chaleur et des coups de mou. Un état très fluctuant. Ce titre les résume bien, j'aurais pu rendre mon badge si je ne les avais pas reconnu. De chics types, au passage. L'un, Olivier est assez discret, il s'enferme des heures dans sa piaule à faire de la musique. L'autre, MyFriendGoo, est souvent présent aux grands rassemblements indie rock. On va quand même le surveiller parce qu'il a développé ces derniers mois une véritable obsession pour Car Seat Headrest. Semble-t-il atteint d'une Beckutoïte aiguë il n'a cessé de clamer que ce type était un génie méritant la note maximale à chaque évaluation. Si vous voulez mon avis ce Car Seat Headrest n'est autre qu'un brave type qui s'est pris pour Stephen Malkmus. Gardons l'oeil ouvert donc, c'est louche.
Bon je commence à croire que ce rapport est beaucoup plus long que mon temps d'investigation...
- Si j'avais su que ce serait aussi long je ne vous aurais pas confié cette enquête. Ce n'est pas non plus l'affaire du siècle, il va falloir conclure.
- Oui alors, très vite, The Last Embrace, jolie petite ritournelle avec une dame dotée d'un bel organe. Ce n'est pas forcément ma tasse de thé mais j'aimerais bien en savoir plus sur eux. Je suis, là, face à mes limites d'enquêteurs... Il semblerait tout de même que ces gens-là aient des accointances avec Arno le vicieux...
Quand à Oak Coma, cette dernière piste ambient m'a totalement hypnotisée. Avouez tout de même que c'est très beau et abouti. En conséquence, je me suis un peu endormi sur mes lauriers...
- Et vous n'avez pas trouvé qui c'était, vous avez un peu rien branlé sur la fin dites moi ! Heureusement on a presque fait le tour de la question. Je ne comprends pas bien les deux reprises de David Bowie...
- Pour le premier c'est simple, il s'agit tout simplement de Zebulon. Sous prétexte d'être l'animateur radio le plus connu de France et de Navarre, le bonhomme y est allé de sa chanson.
- Oui mais quand même, c'est affreux !
- Je sais bien mais le type a un réseau monstrueux il peut faire fermer Xsilence du jour au lendemain, donc il a réussi à s'imposer et Xsilence s'est écrasé, évidemment.
- Jemaa 6 Project, en revanche, est absolument magique. Vous savez qui a cette voix incroyable qui filerait des complexes à David Bowie ?
- Je le sais, oui. Et je ne suis pas peu fier de pouvoir vous le révéler. Il s'agit de... Wazoo ! Un personnage très complexe, je crois même qu'il n'est pas majeur, mais quel talent ! Il traine dans des affaires louches, écoute des trucs franchement pas recommandables, mais il a un truc le gamin...
- Incroyable ! Et ce nom, Jemaa 6 Project, vous avez une explication ?
- Oui, alors...
Mais l'inspecteur est ailleurs et n'écoute pas les palabres de McNulty, il reçoit au même moment un fax qui lui fait perdre toute concentration. Sur le fax, un portrait robot... celui de McNulty ! Avec écrit " Wanted, membre de Jemaa 6 Project "
- Oh mon dieu !
- Qu'y a-t-il ?
- Je sais tout mon vieux inutile de nier. Crachez le morceau !
Le visage de McNulty se décompose alors, il sait qu'il ne peut plus s'en tirer indemne et passe aux aveux.
- C'était un soir d'été. Il y avait Chaos, Wazoo évidemment le jeune surdoué. Et Lok, oui le fameux dictateur de la bien-pensance de gauche, grand gourou de la secte. Ça se passait chez Poplaboubou. C'est lui qui a tout manigancé. Il faut savoir que quand Poplaboubou lance une idée, on est obligés de s'exécuter, sinon il vous torture des heures durant avec du Phil Collins à fond les ballons. C'est son truc, ça, Phil Collins...
- Mon dieu, c'est horrible !
- À qui le dites-vous, bref je n'ai pas eu le choix, il nous a eu par les sentiments, l'alcool coulait à flots, une télé a même explosé dans l'euphorie du moment. Mais l'infâme Poplaboubou n'en avait cure, tout ce qu'il voulait c'était qu'on participe. Wazoo faisait sa reprise tranquillement et... et Poplaboubou nous a forcé à y prendre part.
- Ces affreux choeurs de l'armée rouge c'était vous ?
(McNulty tout penaud) - et oui. J'ai fait partie de cette mascarade avec Lok et Poplaboubou, deux dictateurs, chacun à leur manière.
- Et Chaos dans tout ça ?
- Chaos est arrivé à l'improviste, on lui a mis une guitare dans les mains, et forcé à exécuter un solo. Je dois dire qu'il s'en est plutôt bien sorti sous la pression... mais désormais il s'est exilé à Hong Kong.
- On y voit plus clair désormais, veuillez nous suivre McNulty...
Et on n'entendit plus jamais parler de McNulty, le site Xsilence fut fermé pour association de malfaiteurs et Wazoo devint plus célèbre que David Bowie.
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