XSilence
Vol. IV |
Label :
XSilence |
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Il y a trois ans paraissait la première compile officiellement estampillée "XSilence". Il était temps, après une décennie, que les beaux parleurs du site se retroussent les manches et unissent leur force sur une même galette. Ainsi, au long de trois compiles on a vu les habitués du site y aller de leur tube, les timides se risquer à sortir du placard, les illustres inconnus venir faire une entrée fracassante (ou non). Ils s'appelaient Sons of Frida, Domino & the Ghosts, Lovely Girls Are Blind, Fre(e)d, Wonderflu, Polardbird, Raoul Vigil Experience ou même Emotion Fecale c'est vous dire. Ils ont tout osé, et en plus ils ont mis ça sur le même disque. C'était bien beau tout ça, on en aura parlé à droite à gauche, mais il manquait encore quelque chose. Quand est sorti le Vol.III, Jekyll finissait sa chronique avec ce constat mi-frustré mi-gourmand ; où sont ceux qui ont fait entendre leurs voix sur Xsilence au delà du rock ? Quid de l'électro, du metal, du hip-hop, du chant en français ? Alors qu'on aborde aujourd'hui le Vol.IV, on peut déjà se risquer à dire que les mecs l'ont pris au mot et se sont donnés rendez-vous ici. Pour ce qui est à ce jour probablement le meilleur volume de la collection, et tant pis pour le suspense.
Rendons justice à chacun, c'est parti pour le track-by-track :
Que IIII ouvre le Vol.IV n'est probablement pas innocent, quoi qu'il en soit on n'aurait pas su trouver meilleure introduction ; narration évocatrice, épais brouillard pour ce qui ressemble à un out-take des compiles cold-wave BIPPP ou So Young but So Cold. Mais il s'agirait de ne pas trop se prendre au sérieux, et Social Square débarque en trombe pour nous le rappeler, avec son indie-rock sautillant, pétillant, frétillant, pour 4 minutes qui ne perdent jamais en cool. Comme s'il s'agissait d'un jeu entre ombre et lumière, Bärlin nous ramène du côté obscur de la Force avec son écrasant "Sailor Song". Riff de basse plombant, clarinette fatale, harmonies vocales venus d'ailleurs, un air de vaudou qui s'ignore... à en frissonner de plaisir. Comme pour dissiper l'angoisse, c'est le côté lumineux de la Farce que viennent déployer Les Pistolets avec leur pastiche country hamonicaphile et leur penchant pour l'accord septième. 'tain ces indés je vous jure, ça fait même pas un quart d'heure qu'on a commencé, et c'est déjà la récré. Récréation qui continue avec les petits rigolos de chez Kim Jong 4, qui nous font le coup du faux franglais : "Soirée légèèère with my fwends", essayez pour voir !
Hep mais attends voir, je t'ai reconnu Edam Edam ! Saligaud, tu croyais pouvoir t'en tirer incognito après avoir conçu la pochette de la compile, avec tes synthés 16-bits jouissifs et ton accent à couper au couteau ? Think again mon gaillard.
Mais on me fait savoir à l'instant dans l'oreillette que vient d'apparaître la bête noire de la compile. Celui qui parvient à se faire une place à chaque fois, dont l'héritage se transmet de Père en Fist, celui dont personne ne veut mais qu'on finit tous par retrouver dans nos rêves les plus inavouables ; j'ai nommé Emotion Fécale, le croque-mitaine d'XSilence (depuis que Konsstrukt s'est fait la malle). En plus cette fois il se teame avec un certain M. Pourpre... Ils sont plusieurs. *gasp* Mais force est de constater que le groupe a fait du chemin depuis ses première bafouilles anales ; crépuscule synthétique à la Laibach, assauts électriques trahissant les racines metal, enfer industriel, Emotion Fécale s'élève au dessus de sa condition pour fournir le titre le plus épatant de la compile, haut-la-main – enfin pas trop haut non plus, j'ai déjà la prostate qui me chatouille. C'est à Minh May qu'incombe la tâche d'enchaîner, et diantre! Il se débrouille le bonhomme. Ça commence comme du Yo La Tengo qui se la jouerait romantique, avant de partir en mode rock électro uptempo à fond les ballons, alors que le chant se met à rappeler Billy Corgan. Chapeau bas pour cette belle ambition, et je m'arrête là sinon je vais finir par vous avouer que le refrain me fait penser au " 3ème sexe " d'Indochine. Pour entériner la direction électronique que prend cette compile, voilà que débarque le jeune Emixam, qui crie depuis près d'un an son amour pour la new-wave et tout ce qui est synthétique. Ici, il entre de plein pieds dans un territoire de coucheries électro, avec Kraftwerk qui tromperait Depeche Mode avec John Carpenter. Ça travaille ça se met au point, et si ça ne sait pas encore trop comment se finir on ressort de là avec quelques mélodies en tête et la tête qui se secoue en cadence.
Bon les rockeurs, il s'agirait de se remettre à l'électrique non ? Polarbud semble vouloir se la jouer stoner discret et on se prend à se laisser emporter par la construction hypnotique du truc, la répétition dans le bon sens du terme, même l'accent franchouillard est charmant. Mais alors qu'on croyait la balance renversée, la synth-pop revient nous frapper de plein fouet avec Johnny Tchekova qui balance une oddity qu'aurait pu écrire Mylène Farmer, avec en sus quelques expérimentations bienvenues. En parlant de bizarrerie, le créateur de Carton Sonore (que j'aime beaucoup) se présente ici sous les traits de Monster Surprise pour un morceau ambiant creepy, avec toujours ce sentiment de fait-main très agréable et intime. On dirait un peu du Xela avec un beat, j'approuve.
Dès lors, on repart pour de bon sur des sentiers saturés. Et pour introduire cette nouvelle partie, un court instrumental de It's Just Noise ; pas le titre le plus marquant, mais de bonnes intentions soutenues par un feeling électrique indéniable, qui prend tout son sens dans la tracklist en tant qu'interlude. Manque peut-être d'une voix pour animer le tout ? Etrange est le titre de Beckuto Vongola ; des sonorités à la fois électro voire techno et en même temps à fond sur la disto. Le tout est dépaysant, mais manque de nuances. Après ces essais sortis du garage, The Last Embrace fout une petite claque d'emblée, tant le tout sonne pro, avec une production léchée, une profondeur dans le son, et de façon générale une ambition lyrique (des violons et un orgue Hammond sur une compile Xsilence, qu'est-ce à dire?). Terrain certes casse-gueule, on en a vu sombrer dans le pompeux-chiant pour moins que ça, mais le groupe évite ces écueils en gardant une belle rigueur dans la composition. Comment ne pas se pâmer devant la maîtrise instrumentale du groupe la richesse des arrangements, et la simple beauté de la voix ? Heureusement, le groupe suivant sait enchainer et connait bien son affaire ; il commence d'ailleurs à se tailler une sacrée répétition au sein du site : Wonderflu, avec "I'm Just Fine". Comme dans : "Qu'est-ce que ça vous fait si on vous dit que votre morceau on dirait à fond les Pixies en mode 'Where Is My Mind' ?" ; "Oh, I'm just fine with it." Gros gros morceau qui arrive juste après, avec sans doute un des sommets de la compile, en termes d'exploration sonore. Le "Train-Hopping" de The Seasons Reverse présente de fait un son vertigineux, rappelant le meilleur des envolées post-rock en moins de 4 minutes... seul reproche : pourquoi est-ce si court merde ?
Même pas le temps de s'en remettre, de reprendre son souffle car Fre(e)d in Solo embraye sur les chapeaux de roues avec "Over the Age(s)". Titre e(n)têtant, énergie au rendez-vous, pas le temps de s'emmerder, dommage que tout soit délivré d'un même bloc, sans vrai début ni fin, mais au milieu d'autres morceaux du même genre ça doit rendre du tonnerre. Polly Poney enchaîne, avec un "Gauche" pas maladroit pour un sou, une compo bien troussée, un refrain qui décolle, un bon moment en somme malgré un solo final dont je peine à voir l'intérêt. Une des perles finales de la compile arrive avec le morceau de Hey Hey Shoxx!, qui démontre d'emblée une belle personnalité, un gimmick d'entrée accrocheur, une prod à tomber, une suite d'accords qui nous met d'accord. Sacrée bonne surprise, je m'écouterais bien un album entier de ce truc là. En revanche, Voyage Naufrage me partage ; autant le début me gonfle profondément, autant dès que les mecs se posent pour développer leur machin je me laisse volontiers emporter jusqu'au bout. Etonnant et insoupçonné. Pour conclure la compile, faut pas déconner, il s'agit de revenir au genre qui habite Xsilence jusqu'à la moelle, du son énervé, distordu, un chant féminin enragé, pour un tout entre le punk et le Sonic Youth dans les envolées noisy : No.on. Peut-être un peu trop référencé pour son propre bien, et presque trop sage par moment (c'est un comble!) mais une très bonne conclusion officielle pour cette compile.
... sauf que c'est pas fini. Et c'est là qu'on verra ceux qui se seront fendu d'un denier ou deux pour se procurer la compile, car pour ceux-là vient un titre bonus d'un artiste qu'on commence à bien connaître sur cette compile : le prolifique et dézingué Edam Edam, qui a droit à son Post-Scriptum d'honneur : "The Comet", petite balade agréable et enjouée à l'image de celles qui concluent les disques de Eels, de quoi se dire au revoir avec le sourire. Et vous pouvez sourire les gars, parce qu'il y a de quoi être fier ; du garage amateur enregistré avec un trois-pistes-et-demi à la production de studio léchée, il y a vraiment un peu de tout et de quoi contenter tout le monde sur ce disque, qui parvient à être à la fois varié et cohérent malgré les horizons parfois très différents de ses participants. En somme, chapeau bas aux artistes pour leur perf, chapeau bas au Lok national pour s'être arraché les cheveux sur la tracklist, et vivement le volume V ; je veux mon morceau de hip-hop Xsilencieux moi bordel !
Rendons justice à chacun, c'est parti pour le track-by-track :
Que IIII ouvre le Vol.IV n'est probablement pas innocent, quoi qu'il en soit on n'aurait pas su trouver meilleure introduction ; narration évocatrice, épais brouillard pour ce qui ressemble à un out-take des compiles cold-wave BIPPP ou So Young but So Cold. Mais il s'agirait de ne pas trop se prendre au sérieux, et Social Square débarque en trombe pour nous le rappeler, avec son indie-rock sautillant, pétillant, frétillant, pour 4 minutes qui ne perdent jamais en cool. Comme s'il s'agissait d'un jeu entre ombre et lumière, Bärlin nous ramène du côté obscur de la Force avec son écrasant "Sailor Song". Riff de basse plombant, clarinette fatale, harmonies vocales venus d'ailleurs, un air de vaudou qui s'ignore... à en frissonner de plaisir. Comme pour dissiper l'angoisse, c'est le côté lumineux de la Farce que viennent déployer Les Pistolets avec leur pastiche country hamonicaphile et leur penchant pour l'accord septième. 'tain ces indés je vous jure, ça fait même pas un quart d'heure qu'on a commencé, et c'est déjà la récré. Récréation qui continue avec les petits rigolos de chez Kim Jong 4, qui nous font le coup du faux franglais : "Soirée légèèère with my fwends", essayez pour voir !
Hep mais attends voir, je t'ai reconnu Edam Edam ! Saligaud, tu croyais pouvoir t'en tirer incognito après avoir conçu la pochette de la compile, avec tes synthés 16-bits jouissifs et ton accent à couper au couteau ? Think again mon gaillard.
Mais on me fait savoir à l'instant dans l'oreillette que vient d'apparaître la bête noire de la compile. Celui qui parvient à se faire une place à chaque fois, dont l'héritage se transmet de Père en Fist, celui dont personne ne veut mais qu'on finit tous par retrouver dans nos rêves les plus inavouables ; j'ai nommé Emotion Fécale, le croque-mitaine d'XSilence (depuis que Konsstrukt s'est fait la malle). En plus cette fois il se teame avec un certain M. Pourpre... Ils sont plusieurs. *gasp* Mais force est de constater que le groupe a fait du chemin depuis ses première bafouilles anales ; crépuscule synthétique à la Laibach, assauts électriques trahissant les racines metal, enfer industriel, Emotion Fécale s'élève au dessus de sa condition pour fournir le titre le plus épatant de la compile, haut-la-main – enfin pas trop haut non plus, j'ai déjà la prostate qui me chatouille. C'est à Minh May qu'incombe la tâche d'enchaîner, et diantre! Il se débrouille le bonhomme. Ça commence comme du Yo La Tengo qui se la jouerait romantique, avant de partir en mode rock électro uptempo à fond les ballons, alors que le chant se met à rappeler Billy Corgan. Chapeau bas pour cette belle ambition, et je m'arrête là sinon je vais finir par vous avouer que le refrain me fait penser au " 3ème sexe " d'Indochine. Pour entériner la direction électronique que prend cette compile, voilà que débarque le jeune Emixam, qui crie depuis près d'un an son amour pour la new-wave et tout ce qui est synthétique. Ici, il entre de plein pieds dans un territoire de coucheries électro, avec Kraftwerk qui tromperait Depeche Mode avec John Carpenter. Ça travaille ça se met au point, et si ça ne sait pas encore trop comment se finir on ressort de là avec quelques mélodies en tête et la tête qui se secoue en cadence.
Bon les rockeurs, il s'agirait de se remettre à l'électrique non ? Polarbud semble vouloir se la jouer stoner discret et on se prend à se laisser emporter par la construction hypnotique du truc, la répétition dans le bon sens du terme, même l'accent franchouillard est charmant. Mais alors qu'on croyait la balance renversée, la synth-pop revient nous frapper de plein fouet avec Johnny Tchekova qui balance une oddity qu'aurait pu écrire Mylène Farmer, avec en sus quelques expérimentations bienvenues. En parlant de bizarrerie, le créateur de Carton Sonore (que j'aime beaucoup) se présente ici sous les traits de Monster Surprise pour un morceau ambiant creepy, avec toujours ce sentiment de fait-main très agréable et intime. On dirait un peu du Xela avec un beat, j'approuve.
Dès lors, on repart pour de bon sur des sentiers saturés. Et pour introduire cette nouvelle partie, un court instrumental de It's Just Noise ; pas le titre le plus marquant, mais de bonnes intentions soutenues par un feeling électrique indéniable, qui prend tout son sens dans la tracklist en tant qu'interlude. Manque peut-être d'une voix pour animer le tout ? Etrange est le titre de Beckuto Vongola ; des sonorités à la fois électro voire techno et en même temps à fond sur la disto. Le tout est dépaysant, mais manque de nuances. Après ces essais sortis du garage, The Last Embrace fout une petite claque d'emblée, tant le tout sonne pro, avec une production léchée, une profondeur dans le son, et de façon générale une ambition lyrique (des violons et un orgue Hammond sur une compile Xsilence, qu'est-ce à dire?). Terrain certes casse-gueule, on en a vu sombrer dans le pompeux-chiant pour moins que ça, mais le groupe évite ces écueils en gardant une belle rigueur dans la composition. Comment ne pas se pâmer devant la maîtrise instrumentale du groupe la richesse des arrangements, et la simple beauté de la voix ? Heureusement, le groupe suivant sait enchainer et connait bien son affaire ; il commence d'ailleurs à se tailler une sacrée répétition au sein du site : Wonderflu, avec "I'm Just Fine". Comme dans : "Qu'est-ce que ça vous fait si on vous dit que votre morceau on dirait à fond les Pixies en mode 'Where Is My Mind' ?" ; "Oh, I'm just fine with it." Gros gros morceau qui arrive juste après, avec sans doute un des sommets de la compile, en termes d'exploration sonore. Le "Train-Hopping" de The Seasons Reverse présente de fait un son vertigineux, rappelant le meilleur des envolées post-rock en moins de 4 minutes... seul reproche : pourquoi est-ce si court merde ?
Même pas le temps de s'en remettre, de reprendre son souffle car Fre(e)d in Solo embraye sur les chapeaux de roues avec "Over the Age(s)". Titre e(n)têtant, énergie au rendez-vous, pas le temps de s'emmerder, dommage que tout soit délivré d'un même bloc, sans vrai début ni fin, mais au milieu d'autres morceaux du même genre ça doit rendre du tonnerre. Polly Poney enchaîne, avec un "Gauche" pas maladroit pour un sou, une compo bien troussée, un refrain qui décolle, un bon moment en somme malgré un solo final dont je peine à voir l'intérêt. Une des perles finales de la compile arrive avec le morceau de Hey Hey Shoxx!, qui démontre d'emblée une belle personnalité, un gimmick d'entrée accrocheur, une prod à tomber, une suite d'accords qui nous met d'accord. Sacrée bonne surprise, je m'écouterais bien un album entier de ce truc là. En revanche, Voyage Naufrage me partage ; autant le début me gonfle profondément, autant dès que les mecs se posent pour développer leur machin je me laisse volontiers emporter jusqu'au bout. Etonnant et insoupçonné. Pour conclure la compile, faut pas déconner, il s'agit de revenir au genre qui habite Xsilence jusqu'à la moelle, du son énervé, distordu, un chant féminin enragé, pour un tout entre le punk et le Sonic Youth dans les envolées noisy : No.on. Peut-être un peu trop référencé pour son propre bien, et presque trop sage par moment (c'est un comble!) mais une très bonne conclusion officielle pour cette compile.
... sauf que c'est pas fini. Et c'est là qu'on verra ceux qui se seront fendu d'un denier ou deux pour se procurer la compile, car pour ceux-là vient un titre bonus d'un artiste qu'on commence à bien connaître sur cette compile : le prolifique et dézingué Edam Edam, qui a droit à son Post-Scriptum d'honneur : "The Comet", petite balade agréable et enjouée à l'image de celles qui concluent les disques de Eels, de quoi se dire au revoir avec le sourire. Et vous pouvez sourire les gars, parce qu'il y a de quoi être fier ; du garage amateur enregistré avec un trois-pistes-et-demi à la production de studio léchée, il y a vraiment un peu de tout et de quoi contenter tout le monde sur ce disque, qui parvient à être à la fois varié et cohérent malgré les horizons parfois très différents de ses participants. En somme, chapeau bas aux artistes pour leur perf, chapeau bas au Lok national pour s'être arraché les cheveux sur la tracklist, et vivement le volume V ; je veux mon morceau de hip-hop Xsilencieux moi bordel !
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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