Modest Mouse

Strangers To Ourselves

Strangers To Ourselves

 Label :     Epic 
 Sortie :    vendredi 13 mars 2015 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Le nouveau Modest Mouse est arrivé, grosse pression. Cela fait quelques temps déjà que The Moon & The Antarctica s'est hissé parmi mes disques préférés. Ces derniers temps, avec la découverte de Good News for People Who Love Bad News, This is a Long Drive for Someone with Nothing to Think About et surtout The Lonesome Crowded West, le groupe est devenu un de mes favoris toutes périodes confondues. Alors vous vous doutez bien que lorsque tombe la nouvelle d'un nouveau disque des humbles rongeurs, mon radar à hype s'est mis à s'affoler. Dès lors l'échéancier s'est égrainé méthodiquement. Quelques pistes sortent, au compte-goutte, pour teaser un peu. J'essaie de ne pas les écouter avant d'avoir le reste. Je craque. Je refoule aussitôt, pour ne pas me faire de fausses idées. Puis vient le jour du leak. Argh ! Au même moment que le nouveau Sufjan Stevens, de quoi perdre son calme. L'échéance arrivée, je pose religieusement mon casque sur mes oreilles fébriles.

Le premier contact est bon, très bon même. Pour un groupe à ce stade de sa carrière, c'est à dire dont l'âge d'or remonte à presque 15 ans, Modest Mouse semble s'éclater. D'où un premier constat : ce disque respire la joie de vivre. Enfin tout du moins la joie de jouer et de composer. "Lampshades On Fire", premier single du disque, nous laisse même entrevoir un retour au temps de Good News..., comme si We Were Dead Before The Ship Even Sank n'avait jamais existé. Un petit "pa pa palala" en gimmick, une rythmique implacable, des effets de guitare aux petits oignons, le phrasé inimitable de Isaac Brock et paf, un tube, un vrai, témoin qu'avec les années Modest Mouse est passé du stade rock indie crasseux gueulard aux longs morceaux contemplatifs à celui d'incorrigibles indie-popeux. On est marqué par le burlesque inquiétant de "Sugar Boats" qui se la joue indie-circus, le lent et tranquille "Coyotes", qui rappelle certaines douceurs passées de la carrière du groupe. Et puis il y a "Pistol"... Putain, "Pistol". Sans doute le plus gros concentré de 'portnawak de ce premier semestre. Vous êtes vous déjà demandé à quoi pouvait bien ressembler un Modest Mouse gang$ta ? Moi non plus. Et bien voilà, "Pistol", c'est un beat grossier et un Isaac qui prend son masque le plus vulgaire et entame un pastiche de rappeur débilos "I got mah pistol in mah car, han han". On pourrait crier à l'outrage votre Honneur, au scandale, à l'hérésie et au bûcher. Certains n'auront pas manqué de le faire. Mais on pourra aussi considérer "Pistol" comme la simple récréation hilarante qu'il est. La preuve que Modest Mouse n'est pas si vieux que ça, qu'il est capable de prendre à contre-pied nos attentes pour faire dans l'exercice de style fendard.

En somme, Strangers to Ourselves est un bon album, tout simplement, présentant un groupe encore inventif à l'âge où d'autres se content de capitaliser leur héritage. Ce n'est pas non plus l'album de l'année, le groupe demeure loin de sa grâce d'antan, les mélodies font moins mouche, les images d'Isaac paraissent moins porteuses de vérités universelles ; mais il a le mérite de tenter des choses, notamment des inclusions électroniques (plus ou moins réussies il faut l'admettre), tout en gardant sa patte. J'ai juste un petit problème à ce stade ; plus j'écoute le disque, plus j'apprécie d'en explorer les contours (chaque disque de Modest Mouse fait cet effet là, tant il y a à découvrir), mais moins "Pistol" me fait sourire... Avec le recul, le disque aurait peut-être gagné en cohérence sans ce petit plaisir coupable. M'enfin, je serais bien ingrat de faire la fine bouche à cause de cela, si ça se trouve grâce à ça plein de petits rappeurs en herbe vont se tourner vers la discographie de Modest Mouse, on peut rêver ! Car n'est-ce pas la plus grande force du groupe, faire rêver...?


Bon   15/20
par X_Wazoo


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