Mike Patton

Cela fait déjà longtemps que Mike Patton a intégré la très petite liste des compositeurs contemporains qui font réellement la différence, je ne vais pas revenir là-dessus. Rien d'étonnant à ce qu'il enchaîne les B.O. et le revoilà donc, après The Solitude Of Prime Numbers en 2011, à la tête du projet The Place Beyond The Pines, film policier américain sorti en 2013.
Le truc avec les B.O. c'est qu'il ne faut pas oublier que la musique est systématiquement au service des images, qu'elle doit les transcender sans les dépasser. Alors peut-être que des fans inconditionnels de Mike sont allés au cinéma uniquement pour passer la séance les yeux fermés afin d'entendre le maestro parce qu'ils se foutaient de l'histoire mais il ne faut pas s'attendre ici à des débordements vocaux ou à des attaques frontales de machines furieuses. Longues plages sonores, notes sans rivages, ce n'est pas un recueil de chansons façon Pulp Fiction. Du coup, même si l'on reconnaît la patte du génie ainsi que des pointes de l'incontournable Angelo Badalamenti ou des vieux Ennio Morriccone, The Place Beyond The Pines ne s'écoute pas forcément séparé des images qu'il illustre.
Néanmoins, les dix-sept tableaux qui forment ce disque sont suffisamment tendus, voire angoissants pour être intéressants et les inconditionnels du bonhomme y trouveront sans doute de quoi se rassasier en attendant le prochain Faith No More. Pour ma part, je suis quand même impressionné de voir le panache avec lequel Patton se sort d'un exercice difficile en mettant son ego de côté : musique sobre et élégante.