Flower Travellin' Band
Anywhere |
Label :
Polydor |
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Nous sommes en 1969. Yuya Utchida, rocker japonais aux ambitions stellaires, surfe sur la vague psychédélique avec son groupe The Flowers, six bêtes de scène allumées qui attirent les foules sans rien néanmoins proposer de neuf. Cependant tout n'est pas voué à stagner ainsi, Utchida a vu l'avenir de son groupe et il est radieux. Revers de fortune ; la chanteuse Remi Aso et le guitariste Katsuhiko Kobayashi se délocalisent aux States et laissent le groupe démembré, aux abois. Miné, Utchida se retire pendant plusieurs mois afin de méditer sur sa triste situation. Lorsqu'il revient, c'est décidé à faire changer les choses pour de bon : il vire tout le monde, y compris lui-même et à l'exception du batteur. Yuya Utchida & The Flowers n'est plus, Utchida lui-même n'y joue plus, il devient manager à plein de ce qui sera une entité entièrement neuve, épurée et vouée à atteindre la Lune pour y rejoindre la princesse Kaguya. Mais je m'égare... Le groupe doit d'abord se constituer de nouveaux membres. Hideki Ishima, guitariste et Jun Kobayashi, bassiste, sont amenés à rejoindre le batteur restant George Wada. Les Flowers sont désormais un trio qui commence à répéter en jam-sessions, à tester leur alchimie de groupe. Celle-ci ne sera atteinte que lorsque Yuya Utchida tombera amoureux (artistiquement parlant) de Joe Yamanaka. Chanteur à la gigantesque coupe afro, Joe est issu de la scène moribonde du Group Sounds ; pseudo-rock dont les stars sont flattées par les compagnies de disques comme de véritables divas. Le chanceux bougre était à deux doigts de finir comme les tristes cadavres maquillés de sa scène avant que Utchida ne mette la main sur lui et ne l'invite à répéter avec son nouveau groupe. Le trio devient quatuor, et pour fêter l'occasion Yuya Utchida renomme son groupe. Le Flower Travellin' Band est enfin né.
Sa formule est simple : une assise rythmique puissante qui tient les murs tandis qu'un guitariste virtuose mène la danse en duo avec un chanteur charismatique qui joue les castrats à la Robert Plant ou Ozzy Osbourne. Le Flower Travellin Band a tout pour marcher, il ne lui manque que de l'inspiration. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Utchida est un consciencieux ; pas question de risquer l'échec, tant que le groupe ne maniera pas sa formule à la perfection, il ne se mouillera pas à proposer des compositions personnelles. C'est donc reparti pour un album de reprises : Anywhere.
Pochette iconique là aussi, même si calquée sur la précédente : les quatre troufions du groupe qui posent à poil sur des motos lancées à pleine vitesse (enfin en théorie, leurs cheveux longs ne flottent pas des masses sur la photo). Cette fois seulement, le groupe a soigné ses reprises. 6 morceaux au compteur, dont une très courte intro/conclusion. Si la tracklist apparait effectivement réduite les morceaux eux ne tombent pas en dessous de la barre des 7 minutes. "Louisiana Blues", la jam du groupe, en compte d'ailleurs 15 ; un quart d'heure qui permet au Flower Travellin Band de montrer toute son alchimie naissante sur fond d'une grille blues de Muddy Waters ressassée à l'envi. Penchons nous plutôt sur les trois autres reprises, car c'est là que tout se passe, et qu'on commence à apercevoir tout le potentiel novateur du groupe. C'est sur "Black Sabbath" que le processus évoqué plus tôt se déroule dans toute sa splendeur : le Flower Travellin Band s'emparent d'un morceau lent et lourd et s'occupent de le rendre encore plus lent, encore plus lourd, et surtout bien plus épuré. Du heavy-metal naissant du Sabbath anglais, les japonais des Flowers font naître une espèce de doom avant l'heure. Peut-être par erreur, toujours est-il que voilà enfin les précurseurs qu'on espérait voir advenir... Après ce déluge pré-doom, le beau temps. "House of the Rising Sun" s'entame avec une longue intro à la guitare sèche, dans une ambiance très bucolique, petits oiseaux qui chantent (non vraiment, des inserts de moineaux prouveront mes dires). Lorsque Joe engage le chant, c'est un blues très particulier qui se met en place. Pas vraiment un blues en fait... Figurez-vous plutôt une guitare déroulant des arpèges folk mélancoliques sur quelques cymbales discrètes tandis que Joe psalmodie le texte plus qu'il ne s'applique à le chanter. "21st Century Schizoid Man", s'il subit a peu ou prou le même traitement que "Black Sabbath", s'avère moins pertinent lorsqu'il s'agit de reproduire les envolées jazz-rock de King Crimson ; la batterie est plus pataude et la basse bien trop monolithique et mise en avant dans le mix.
Anywhere n'est certes pas la meilleure production du Flower Travellin Band, loin de là, mais ce disque représente l'étape la plus déterminante de leur parcours. Celle qui a montré qu'ils étaient capable d'être plus que de simples copycat dans le vent. La consécration n'est pas loin ; après avoir initié le pays au rock psychédélique avec Challenge, Yuya Utchida n'allait pas tarder à faire naître un rock nippon éminemment heavy. Mais une dernière étape est nécessaire avant d'entrer au panthéon ; une escapade annexe au pays du prog.
Sa formule est simple : une assise rythmique puissante qui tient les murs tandis qu'un guitariste virtuose mène la danse en duo avec un chanteur charismatique qui joue les castrats à la Robert Plant ou Ozzy Osbourne. Le Flower Travellin Band a tout pour marcher, il ne lui manque que de l'inspiration. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Utchida est un consciencieux ; pas question de risquer l'échec, tant que le groupe ne maniera pas sa formule à la perfection, il ne se mouillera pas à proposer des compositions personnelles. C'est donc reparti pour un album de reprises : Anywhere.
Pochette iconique là aussi, même si calquée sur la précédente : les quatre troufions du groupe qui posent à poil sur des motos lancées à pleine vitesse (enfin en théorie, leurs cheveux longs ne flottent pas des masses sur la photo). Cette fois seulement, le groupe a soigné ses reprises. 6 morceaux au compteur, dont une très courte intro/conclusion. Si la tracklist apparait effectivement réduite les morceaux eux ne tombent pas en dessous de la barre des 7 minutes. "Louisiana Blues", la jam du groupe, en compte d'ailleurs 15 ; un quart d'heure qui permet au Flower Travellin Band de montrer toute son alchimie naissante sur fond d'une grille blues de Muddy Waters ressassée à l'envi. Penchons nous plutôt sur les trois autres reprises, car c'est là que tout se passe, et qu'on commence à apercevoir tout le potentiel novateur du groupe. C'est sur "Black Sabbath" que le processus évoqué plus tôt se déroule dans toute sa splendeur : le Flower Travellin Band s'emparent d'un morceau lent et lourd et s'occupent de le rendre encore plus lent, encore plus lourd, et surtout bien plus épuré. Du heavy-metal naissant du Sabbath anglais, les japonais des Flowers font naître une espèce de doom avant l'heure. Peut-être par erreur, toujours est-il que voilà enfin les précurseurs qu'on espérait voir advenir... Après ce déluge pré-doom, le beau temps. "House of the Rising Sun" s'entame avec une longue intro à la guitare sèche, dans une ambiance très bucolique, petits oiseaux qui chantent (non vraiment, des inserts de moineaux prouveront mes dires). Lorsque Joe engage le chant, c'est un blues très particulier qui se met en place. Pas vraiment un blues en fait... Figurez-vous plutôt une guitare déroulant des arpèges folk mélancoliques sur quelques cymbales discrètes tandis que Joe psalmodie le texte plus qu'il ne s'applique à le chanter. "21st Century Schizoid Man", s'il subit a peu ou prou le même traitement que "Black Sabbath", s'avère moins pertinent lorsqu'il s'agit de reproduire les envolées jazz-rock de King Crimson ; la batterie est plus pataude et la basse bien trop monolithique et mise en avant dans le mix.
Anywhere n'est certes pas la meilleure production du Flower Travellin Band, loin de là, mais ce disque représente l'étape la plus déterminante de leur parcours. Celle qui a montré qu'ils étaient capable d'être plus que de simples copycat dans le vent. La consécration n'est pas loin ; après avoir initié le pays au rock psychédélique avec Challenge, Yuya Utchida n'allait pas tarder à faire naître un rock nippon éminemment heavy. Mais une dernière étape est nécessaire avant d'entrer au panthéon ; une escapade annexe au pays du prog.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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