Flower Travellin' Band
Yuya Uchida & The Flowers : Challenge ! |
Label :
CBS |
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Je ne sais pas vous, mais moi une chose m'a toujours fasciné chez les Japonais ; cette capacité à absorber d'énormes pans de la culture occidentale, les plus clichés possibles, pour mieux les recracher en en accentuant encore plus les angles. Pour nous occidentaux, cela revient en gros à s'observer dans un miroir déformant, et découvrir soudainement à quel point on a un gros cul, des sourcils aussi épais, un pif nase, j'en passe. Ça peut être dérangeant, mais surtout très rigolo pour peu qu'on soit doté d'un rien d'auto-dérision. Aujourd'hui, pour commencer à comprendre comment tout cela marche, je vous propose de défricher le parcours d'un certain Yuya Utchida depuis sa position de chanteur de rockabilly japonais ringard à celui de manager d'un des tout meilleurs groupes rock du Japon jouant à armes égales – en terme de musique sinon de réputation – avec Black Sabbath, le Zep voire King Crimson. Intriguant non ?
Mais à l'époque de Challenge!, en 1968, on en est encore loin. Yuya Utchida a décidé depuis peu d'arrêter le rockabilly ; bon plan, tout cela se ringardise trop vite. Loin de se décourager, Utchida regarde désormais vers le rock psyché qui a explosé l'année dernière en Angleterre et aux Etats-Unis. Après tout, son ambition est devenir une rock-star adulée, ce n'est pas parce qu'il a une trentaine bien entamée qu'il va se laisser faire après tout. Le summer of love en tête, il met sur pieds une bande de troufions tout droit sortis de la scène GS (Group Sounds, un style de rock made-in Japan qui représentait alors le summum du bon goût dans le pays, mais qui n'allait pas tarder à être récupérés par les médias et les grandes firmes japonaises et devenir une espèce de bouillasse désincarnée, ancêtre du J-Rock ou de la J-Pop d'aujourd'hui). Six musiciens, dont Utchida lui-même à la gratte, avec deux chanteurs : un mec, une nana. Voici la naissance des Flowers, ou plutôt de Yuya Utchida & The Flowers. S'agirait pas d'oublier qui est le patron.
À peine sorti, même pas écouté, Challenge! fait déjà parler de lui. Pour une raison évidente : sa pochette. Grand coup marketing de la part de Utchida : tous les membres (la chanteuse Remi Aso y comprise) posent nus dans un paysage bucolique. De quoi choquer les instances de la morale japonaise, qui supporte déjà à peine que des hurluberlus de leur propre pays se trémoussent sur cette espèce de musique sauvage pour pornographes que l'on nomme " rock'n'roll ". Derrière sa pochette en revanche, Challenge s'avère en somme très classique. Peu de prise de risque ici, il ne s'agit que de reprises des grands succès psychés occidentaux. Big Brother and the Holding Company, Jimi Hendrix, Cream, Jefferson Airplane, le gratin ! Techniquement, ça passe. On reconnaitra aux Japonais une maitrise technique irréfutable, les guitares font le boulot, ça groove pas mal du tout, et si le chanteur est somme toute quelconque, Remi Aso elle fait des merveilles en front-woman. Dotée d'une voix de fumeuse modulable, elle s'avère à l'aise aussi bien en imitant Janis Joplin que Grace Slick. Là-dedans, un morceau original surnage tout de même : " Hidariashi No Otoko ", une jam divertissante qui met en avant les qualités d'instrumentistes du groupe.
Bon, c'est bien sympa tout ça, mais on se demande encore l'intérêt. À quoi bon s'emmerder à aller écouter cet amas de clichés rock-psyché à la sauce jap quand on a les originaux à portée d'oreille ? Aussi bien interprétés soient-ils, ce n'est pas ça qui fera avancer le rock japonais et qui portera Utchida aux nues. Le bonhomme le sait très bien d'ailleurs, Challenge! n'est au fond qu'une belle excuse pour tester les capacités de son groupe tout en donnant au public japonais ce qu'il attend (à savoir de la musique occidentale provenant de leur île adorée), ce afin de fournir aux Flowers l'occasion de tourner dans tout le pays. Et là par contre ça vaut le coup ; le groupe est explosif en live, les musiciens se lâchent pour de bon et assurent le show jusqu'au bout. Le véritable témoignage à s'approprier au fond, c'est ce live des Flowers. Mais bon courage pour le trouver... Alors voilà, les Flowers sont sur la pente ascendante : ses preuves en tant que groupe sont faites, il reste à voir s'ils seront capables de proposer un matériel original et se pérenniser en tant qu'innovateurs nippons. Réponse au prochain épisode !
Mais à l'époque de Challenge!, en 1968, on en est encore loin. Yuya Utchida a décidé depuis peu d'arrêter le rockabilly ; bon plan, tout cela se ringardise trop vite. Loin de se décourager, Utchida regarde désormais vers le rock psyché qui a explosé l'année dernière en Angleterre et aux Etats-Unis. Après tout, son ambition est devenir une rock-star adulée, ce n'est pas parce qu'il a une trentaine bien entamée qu'il va se laisser faire après tout. Le summer of love en tête, il met sur pieds une bande de troufions tout droit sortis de la scène GS (Group Sounds, un style de rock made-in Japan qui représentait alors le summum du bon goût dans le pays, mais qui n'allait pas tarder à être récupérés par les médias et les grandes firmes japonaises et devenir une espèce de bouillasse désincarnée, ancêtre du J-Rock ou de la J-Pop d'aujourd'hui). Six musiciens, dont Utchida lui-même à la gratte, avec deux chanteurs : un mec, une nana. Voici la naissance des Flowers, ou plutôt de Yuya Utchida & The Flowers. S'agirait pas d'oublier qui est le patron.
À peine sorti, même pas écouté, Challenge! fait déjà parler de lui. Pour une raison évidente : sa pochette. Grand coup marketing de la part de Utchida : tous les membres (la chanteuse Remi Aso y comprise) posent nus dans un paysage bucolique. De quoi choquer les instances de la morale japonaise, qui supporte déjà à peine que des hurluberlus de leur propre pays se trémoussent sur cette espèce de musique sauvage pour pornographes que l'on nomme " rock'n'roll ". Derrière sa pochette en revanche, Challenge s'avère en somme très classique. Peu de prise de risque ici, il ne s'agit que de reprises des grands succès psychés occidentaux. Big Brother and the Holding Company, Jimi Hendrix, Cream, Jefferson Airplane, le gratin ! Techniquement, ça passe. On reconnaitra aux Japonais une maitrise technique irréfutable, les guitares font le boulot, ça groove pas mal du tout, et si le chanteur est somme toute quelconque, Remi Aso elle fait des merveilles en front-woman. Dotée d'une voix de fumeuse modulable, elle s'avère à l'aise aussi bien en imitant Janis Joplin que Grace Slick. Là-dedans, un morceau original surnage tout de même : " Hidariashi No Otoko ", une jam divertissante qui met en avant les qualités d'instrumentistes du groupe.
Bon, c'est bien sympa tout ça, mais on se demande encore l'intérêt. À quoi bon s'emmerder à aller écouter cet amas de clichés rock-psyché à la sauce jap quand on a les originaux à portée d'oreille ? Aussi bien interprétés soient-ils, ce n'est pas ça qui fera avancer le rock japonais et qui portera Utchida aux nues. Le bonhomme le sait très bien d'ailleurs, Challenge! n'est au fond qu'une belle excuse pour tester les capacités de son groupe tout en donnant au public japonais ce qu'il attend (à savoir de la musique occidentale provenant de leur île adorée), ce afin de fournir aux Flowers l'occasion de tourner dans tout le pays. Et là par contre ça vaut le coup ; le groupe est explosif en live, les musiciens se lâchent pour de bon et assurent le show jusqu'au bout. Le véritable témoignage à s'approprier au fond, c'est ce live des Flowers. Mais bon courage pour le trouver... Alors voilà, les Flowers sont sur la pente ascendante : ses preuves en tant que groupe sont faites, il reste à voir s'ils seront capables de proposer un matériel original et se pérenniser en tant qu'innovateurs nippons. Réponse au prochain épisode !
Pas mal 13/20 | par X_Wazoo |
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