Sun Kil Moon
Benji |
Label :
Caldo Verde |
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C'est une tâche assez complexe que de tenir un journal intime. Au début, pour le plaisir d'écrire, on est tenté de s'inventer de belles tournures de phrases, une métaphore par-ci par-là, comme pour le rendre agréable à lire alors qu'à moins d'une traitrise on sera le seul à en parcourir les pages. Puis à mesure du temps qui passe l'écriture devient plus spontanée, plus directe, moins déformée par un style trop travaillé qui allègerait trop le poids des états d'âme à trop vouloir les enjoliver. Le journal de fait devient de plus en plus intime... Les sentiments bruts se projettent sur papier en une catharsis salutaire. De toute évidence Mark Kozelek, le nom qui se cache derrière l'étrange alias Sun Kil Moon, a de l'expérience dans ce domaine. Au clair avec lui-même, il sait rendre compte du moindre de ses sentiments, de la plus insignifiante de ses pensées et n'hésite pas à rendre cette transparence publique en la couchant sur bandes audios.
A ce titre, son petit dernier Benji apparait assez vite comme un monument d'impudeur. Qu'il nous parle de son amour pour ses parents, qu'il s'en aille rendre hommage sa petite cousine au second degré morte dans un accident, qu'il trace la frise chronologique de ses ébats amoureux ou même qu'il se raconte étant enfant, regardant un concert filmé de Led Zep, à aucun moment Kozelek ne semble s'autocensurer. Si bien que chaque auditeur potentiel se retrouve dans le rôle de l'analyste silencieux tâchant de mettre un sens sur les déblatérations d'un patient passant du coq à l'âne. Cette démarche semble au premier abord desservir la musique plus qu'autre chose car, en plus de nous foutre dans l'inconfortable position du voyeur désigné volontaire, le phrasé de Kozelek n'est franchement pas musical. Pris dans ce qui ressemble à une logorrhée narrative, le folkman a l'air de vouloir faire rentrer un maximum de mots dans une même mesure sans aucun soucis du rythme ou de la rime. Comme s'il se contentait de lire à voix haute des pages de son journal avec une guitare en fond sonore.
Mais la vie est bien faite, et ce qui apparaissait aux premières écoutes comme le principal défaut de Benji s'avèrera être sa plus grande qualité. Comme par magie, l'impudique devient intime, le verbiage devient richesse, l'étouffant devient intense. Dès lors que l'on accepte d'entrer dans l'esprit sensible ordinaire de Mark Kozelek on apprend à s'émouvoir de tout ce qu'on peut y trouver. On se surprend à apprécier le doux paradoxe des textes dont la forme si brute parait à la fois décalée par rapport à nos habitudes mais pourtant si familière dans leur contenu. En fin de compte Mark Kozelek n'est pas un artiste maudit au génie incompris, ni un poète se faisant porte-parole de l'essence de l'existence et encore moins une rock-star dominant la masse de ses auditeurs. Non, Mark Kozelek c'est le fiston qui ne peut pas vivre sans l'amour de sa mère, qui rend hommage à son redneck de père, qui sera toujours là pour aider sa cousine éloignée qu'il ne connait quasiment pas. C'est celui qui s'en est toujours voulu pour avoir frappé un pauvre garçon en primaire pour frimer devant ses potes, c'est celui qui ne se lasse pas de regarder John Bonham battre la mesure avec John Paul Jones, qui brisa des cœurs et qui eut son cœur brisé en retour. Celui qui ne prie pas, mais qui chante.
En fait Mark ça pourrait bien être vous, ou moi.
A ce titre, son petit dernier Benji apparait assez vite comme un monument d'impudeur. Qu'il nous parle de son amour pour ses parents, qu'il s'en aille rendre hommage sa petite cousine au second degré morte dans un accident, qu'il trace la frise chronologique de ses ébats amoureux ou même qu'il se raconte étant enfant, regardant un concert filmé de Led Zep, à aucun moment Kozelek ne semble s'autocensurer. Si bien que chaque auditeur potentiel se retrouve dans le rôle de l'analyste silencieux tâchant de mettre un sens sur les déblatérations d'un patient passant du coq à l'âne. Cette démarche semble au premier abord desservir la musique plus qu'autre chose car, en plus de nous foutre dans l'inconfortable position du voyeur désigné volontaire, le phrasé de Kozelek n'est franchement pas musical. Pris dans ce qui ressemble à une logorrhée narrative, le folkman a l'air de vouloir faire rentrer un maximum de mots dans une même mesure sans aucun soucis du rythme ou de la rime. Comme s'il se contentait de lire à voix haute des pages de son journal avec une guitare en fond sonore.
Mais la vie est bien faite, et ce qui apparaissait aux premières écoutes comme le principal défaut de Benji s'avèrera être sa plus grande qualité. Comme par magie, l'impudique devient intime, le verbiage devient richesse, l'étouffant devient intense. Dès lors que l'on accepte d'entrer dans l'esprit sensible ordinaire de Mark Kozelek on apprend à s'émouvoir de tout ce qu'on peut y trouver. On se surprend à apprécier le doux paradoxe des textes dont la forme si brute parait à la fois décalée par rapport à nos habitudes mais pourtant si familière dans leur contenu. En fin de compte Mark Kozelek n'est pas un artiste maudit au génie incompris, ni un poète se faisant porte-parole de l'essence de l'existence et encore moins une rock-star dominant la masse de ses auditeurs. Non, Mark Kozelek c'est le fiston qui ne peut pas vivre sans l'amour de sa mère, qui rend hommage à son redneck de père, qui sera toujours là pour aider sa cousine éloignée qu'il ne connait quasiment pas. C'est celui qui s'en est toujours voulu pour avoir frappé un pauvre garçon en primaire pour frimer devant ses potes, c'est celui qui ne se lasse pas de regarder John Bonham battre la mesure avec John Paul Jones, qui brisa des cœurs et qui eut son cœur brisé en retour. Celui qui ne prie pas, mais qui chante.
En fait Mark ça pourrait bien être vous, ou moi.
Excellent ! 18/20 | par X_Wazoo |
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