Band Of Horses

Infinite Arms

Infinite Arms

 Label :     Brown / Fat Possum / Columbia 
 Sortie :    mardi 18 mai 2010 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Ce troisième album de Band Of Horses peut en quelque sorte être considéré comme celui de la maturité, de l'accomplissement pour le groupe. En effet, après de multiples changements de membres, la formation s'est enfin stabilisée sous la forme d'un quintet, composé de Ben Bridwell, âme du groupe, Creighton Barrett, Ryan Monroe, tous issus de ses précédentes incarnations, auxquels il faut désormais rajouter Bill Reynolds et Tyler Ramsey (également auteur de trois beaux disques sous son propre nom). De plus, afin de pouvoir contrôler l'ensemble du processus créatif de leur nouvelle œuvre, les cinq protagonistes décidèrent de produire le tout eux-mêmes, toujours assistés du fidèle Phil Ek, et quittèrent Sub Pop, le label des deux premiers disques du groupe, Bridwell réactivant du même coup son propre label, Brown Records, qu'il avait créé du temps où il faisait parti de Carissa's Wierd, à la fin des années 90 et au début des années 2000, et s'associèrent avec Fat Possum Records (et avec Columbia aussi, faut bien vivre, pour une entrée dans le monde des majors).
Des mots-mêmes de Bridwell, Infinite Arms est le premier véritable album de la bande, tous participant à l'écriture des morceaux, Monroe et Ramsey apportant leurs propres compositions, conférant à l'ensemble une vraie cohérence et une unité certaine, l'écriture à plusieurs mains ne nuisant pas au rendu final, bien au contraire. Ce disque se veut également plus ambitieux, avec un élargissement du spectre musical du groupe, l'incorporation de nouveaux instruments dans sa musique et une volonté de viser un public plus large que celui de la sphère indépendante, volonté somme toute légitime et naturelle après le succès critique de leurs deux premiers albums.

Cette volonté d'évolution se retrouve dès le premier titre, "Factory", où une section de cuivres et de cordes fait son apparition, ces instruments donnant un caractère inédit à la musique de Band Of Horses, instaurant une atmosphère quelque peu intimiste, également due au chant délicat de Bridwell. Le son ample et énergique de la formation, propre à ses productions passées, se retrouve sur les deux pistes suivantes, les très réussies et entraînantes "Compliments" et "Laredo", singles en puissance, qui témoignent parfaitement de sa facilité à composer des mélodies et des refrains marquants, la première rappelant l'excellente "Ode to LRC", présente sur Cease To Begin. Les morceaux qui suivent font la part belle aux harmonies vocales, aux rythmiques feutrées, mais néanmoins précises, et aux ambiances suspendues et profondes ("Blue Beard", "On My Way Back Home", "Infinite Arms"), où la douce et coutumière mélancolie du groupe pointe à l'horizon, sans qu'une impression de redite ou d'ennui ne se fasse jour. "Dilly" nous dévoile quant à elle le versant pop de la troupe, le clavier de Monroe et la batterie de Barrett guidant le morceau de bout en bout.
"Evening Kitchen", composition de Tyler Ramsey, qui y assure aussi le chant principal et la partie de guitare, est un très bel exemple de ballade simple et attachante à trois voix entremêlées que la formation est désormais capable de pondre facilement. "Older" (peut-être ma petite préférée de l'album), apport de Ryan Monroe au disque, qui tient à son tour la première voix, assume sans aucun problème le penchant country-rock de la bande, les voix sonnant de nouveau à l'unisson pour un morceau qui coule tout seul. La très belle "For Annabelle", écrite pour la première fille de Bridwell, ce dernier reprenant la main au chant, est de nouveau un morceau tranquille et apaisé, un clavier discret menant la danse, de doux motifs de guitare intervenant à intervalles réguliers. Les guitares sont rebranchées avec l'électrique "NW Apt. ", dernière ruade en règle du disque, qui laisse vite la place à "Neighbor", le morceau final, qui se découpe en deux parties distinctes, une première où un élégant piano et la voix de Bridwell donnent le ton, instaurant une atmosphère toute en suspension, et une seconde où les guitares et la batterie explosent, le clavier prenant le dessus petit à petit dans un long decrescendo pour conclure de bien belle manière un disque sans aucune tâche, cohérent, diversifié et immersif de la première à la dernière piste.

Band Of Horses, avec Infinite Arms, vient indéniablement de produire son meilleur album. Brassant de nombreuses influences et styles différents (Beach Boys, Gram Parsons, Neil Young, americana, folk, rock, soft-rock, country-rock...), Ben Bridwell et son gang mettent ici la barre très haut, avec un disque qui se situe finalement dans la parfaite lignée de ce que le groupe a toujours fait. L'évolution est toutefois bien présente car, en incorporant notamment cordes et cuivres à une de ses compositions, Band Of Horses élargit quelque peu son champ musical, tout en restant fidèle à son esprit, à son essence, où la mélancolie se mêle aux grands espaces américains, où les guitares se confondent avec les plus belles harmonies vocales. Cohérent, riche, varié, puissant, évocateur, tranquille et apaisé en même temps tout au long des douze titres qui le composent, Infinite Arms est le triomphe d'un groupe au sommet de ses capacités et possibilités musicales, un groupe uni, confiant et sûr de sa force, qui vient sans doute de sortir l'œuvre de sa carrière, un disque que l'on ne se lasse pas d'écouter et qui se dévoile et se laisse (re)découvrir à chacune de ses écoutes. Le propre des grands disques.


Excellent !   18/20
par Poukram


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