Monarch!

Omens

Omens

 Label :     MusicFearSatan 
 Sortie :    mardi 28 février 2012 
 Format :  Album / CD   

Je sais bien que je répète cela à chaque fois mais pourquoi continuer à systématiquement se tourner vers l'étranger quand, en France, nous possédons déjà ce qu'il se fait musicalement de mieux dans tous les styles (du moins qui m'intéressent), avec en fier représentant du drone-sludge-doom-core les Bayonnais de Monarch! dont Omens est déjà leur sixième LP. Nos régions ont du talent. Avec seulement trois titres au compteur, on sait d'emblée où l'on met les pieds : dans une chambre des tortures poisseuses de sang où résonnent encore les cris des victimes mises au supplice. On pense à Eyehategod, à Khanate, aux charniers, à l'immondice.
"Blood Seeress" ouvre la séance à grands coups de marteaux. Chaque impact brise des os, fait imploser un organe mais le cœur continue de battre. C'est dans le vice et la saleté que s'aiguisent les couteaux, que la peur grimpe jusqu'au paroxysme sans jamais s'épancher. La tension nerveuse est permanente à cause de cette foutue basse vrombissante qui vrille les dents, la boîte crânienne, tout. Et ça raisonne, remue la merde jusqu'au souffle de fin qui s'échappe tel un remerciement.
L'interlude "Transylvanian Incantations" est une belle plage d'ambiant, sourde et angoissante comme seuls les meilleurs créateurs d'atmosphères lugubres savent en faire. À mi-chemin entre la messe des morts, l'Odyssée de l'espace et un snuff, on met un peu de vomi sur sa chiasse et on enchaîne avec les vingt très éprouvantes minutes de "Black Becomes The Sun" qui, à fort volume, annihile toute forme de vie autour de vous. Pesant comme le pire des funeral doom, il y fait aussi noir que dans le cul d'un pottok et ce même si Emilie nous gratifie de quelques vocalises très heavenly voices. C'est un exercice assez périlleux dont elle se sort parfaitement, bien que je préfère lorsqu'elle grogne tel un goret que l'on castre, et qui a surtout le mérite d'amener de la variété dans ce disque qui, sans cela, pourrait être taxé de la linéarité inhérente au genre. Ce n'était pourtant qu'un bref instant enchanteur avant que la tourmente ne reprenne, encore plus pesante, encore plus oppressante, déchirant la lumière et se vautrant dans la fange, hurlant comme une légion de damnées. "Black Becomes The Sun" vire à l'épreuve d'endurance, on regarde défiler les secondes, les minutes, encore 6, encore 5, encore 4 et la douleur n'en finit pas de monter, de se répande, de s'étendre à chaque centimètre de peau. Même l'air que l'on respire a mal, se tord de souffrance, geint.
Monarch! a pour seul but de tout écraser sur son passage et écouter Omens est une expérience dont on sort meurtri et fragilisé, au bord de la crise de nerfs.


Très bon   16/20
par Arno Vice


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