Jenny Hval
Innocence Is Kinky |
Label :
Rune Grammofon |
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"That night I watch people fucking on my computer. Nobody can see me looking anyway". D'entrée de jeu le tableau est posé. Jenny Hval, artiste norvégienne protéiforme, est une provocatrice qui compte bien bouleverser quelques uns de nos repères sur les 42 minutes que dure son nouvel album - deuxième sous son nom, Innocence Is Kinky.
L'innocence est perverse... Et cela, la chanteuse l'a bien compris et le met en scène sans jamais cesser de jouer avec nos fantasmes, se faisant tour à tour vestale et allumeuse tandis que pèse derrière une menace sourde exprimée par un accompagnement instrumental instable. La norvégienne base essentiellement ses compositions sur l'improvisation vocale, se servant des instruments comme d'une glue pour en fixer les nombreuses fragrances. Car elles sont légions, les parties de chants improvisées ; semblant venir d'un autre monde, le chant de Jenny Hval semble bien souvent se séparer du morceau lui-même pour l'entourer de nouvelles mélodies inattendues. On se retrouve à baigner dans la soupe primitive de l'artiste, tandis que les chatoiements vocaux de la chanteuse s'amusent à nous titiller tels des sirènes facétieuses (splendide dans "Mephisto In The Water", notamment). Cette improvisation, au delà des échappées vocales sus-citées, tend à donner aux morceaux une inconstance bienvenue. A peine commence-t-on à se sentir en sécurité que Hval nous prend à revers par une pirouette, un pont sorti de nulle part, un changement de rythme voire de tempo qui nous déstabilise... La surprise est souvent bonne, malgré quelques purs coq-à-l'âne par-ci par-là qui cassent le rythme du morceau au lieu de le revitaliser. Ces transitions impromptues, tantôt calmes et fluides, tantôt brusques, font tout le charme d'un album qui semble flotter entre deux eaux et qui prend un malin plaisir à nous faire tanguer sur nos bases.
Marqué par le sceau des disques ambitieux basés sur un principe de création impromptue et spontanée, Innocence Is Kinky propose un large panel d'ambiances et de textures originales, mais ne peut se targuer en revanche d'être un chef-d'oeuvre. La faute en revient à quelques idées qui tombent un peu à l'eau, à des phases où la voix de Jenny Hval se fait un peu plate, à des renversements de situations trop dépourvus de sens. En dépit de cet bémol, le disque regorge de trouvailles sublimes, d'atmosphères travaillées, d'enchaînement astucieux qui font effet d'électrochocs pour un tout bien plus cohérent que ce à quoi on pourrait s'attendre. Un OVNI qui prend du temps à apprivoiser, mais qui récompense les écoutes.
L'innocence est perverse... Et cela, la chanteuse l'a bien compris et le met en scène sans jamais cesser de jouer avec nos fantasmes, se faisant tour à tour vestale et allumeuse tandis que pèse derrière une menace sourde exprimée par un accompagnement instrumental instable. La norvégienne base essentiellement ses compositions sur l'improvisation vocale, se servant des instruments comme d'une glue pour en fixer les nombreuses fragrances. Car elles sont légions, les parties de chants improvisées ; semblant venir d'un autre monde, le chant de Jenny Hval semble bien souvent se séparer du morceau lui-même pour l'entourer de nouvelles mélodies inattendues. On se retrouve à baigner dans la soupe primitive de l'artiste, tandis que les chatoiements vocaux de la chanteuse s'amusent à nous titiller tels des sirènes facétieuses (splendide dans "Mephisto In The Water", notamment). Cette improvisation, au delà des échappées vocales sus-citées, tend à donner aux morceaux une inconstance bienvenue. A peine commence-t-on à se sentir en sécurité que Hval nous prend à revers par une pirouette, un pont sorti de nulle part, un changement de rythme voire de tempo qui nous déstabilise... La surprise est souvent bonne, malgré quelques purs coq-à-l'âne par-ci par-là qui cassent le rythme du morceau au lieu de le revitaliser. Ces transitions impromptues, tantôt calmes et fluides, tantôt brusques, font tout le charme d'un album qui semble flotter entre deux eaux et qui prend un malin plaisir à nous faire tanguer sur nos bases.
Marqué par le sceau des disques ambitieux basés sur un principe de création impromptue et spontanée, Innocence Is Kinky propose un large panel d'ambiances et de textures originales, mais ne peut se targuer en revanche d'être un chef-d'oeuvre. La faute en revient à quelques idées qui tombent un peu à l'eau, à des phases où la voix de Jenny Hval se fait un peu plate, à des renversements de situations trop dépourvus de sens. En dépit de cet bémol, le disque regorge de trouvailles sublimes, d'atmosphères travaillées, d'enchaînement astucieux qui font effet d'électrochocs pour un tout bien plus cohérent que ce à quoi on pourrait s'attendre. Un OVNI qui prend du temps à apprivoiser, mais qui récompense les écoutes.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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