Gong
You |
Label :
Caroline |
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Zéro le héros, pour le dernier volume de ses aventures, avait les chevilles un peu gonflées...
Le temps a passé depuis la nonchalance joyeuse de Camembert Électrique. La trilogie Radio Gnome, projet à la fois ambitieux et décomplexé dans son délire, se clôt avec ce You, plus "space" que jamais. Mais les enjeux sont autrement plus complexes que la simple réalisation d'un album ; c'est le dernier de Gong sur lequel apparaîtront David Allen et sa femme Gilli Smyth.
Et la tension au sein du groupe atteint son climax. Le Peace & Love utopique qui permit au groupe pendant un temps de produire des petits miracles de tribulations musicales défoncées (dont l'apogée est atteinte dans le deuxième volume Angel's Egg) est moribond, remplacé par une volonté toujours plus pressante des - excellents - musiciens d'exprimer tout leur potentiel technique. Alors que se dissipent les vapeurs acides, les égos enflés reviennent à la charge ; en témoignent les quatre pistes de plus de 6 minutes, qui se transforment en jams dantesques dans lesquelles chaque instrument a droit à sa minute de gloire. Les guitares de Allen et Hillage se taillent la part du lion avec leurs cascades cosmiques de magma bouillonnant, le saxophone de Malherbe se fait plus séducteur et retors que jamais, Blake inonde de synthés aériens des morceaux de bravoure tels que "A Sprinkling Of Clouds" tandis que la basse de Howlett anime entre autre "The Isle Of Everywhere" d'un méchant groove. La partie la plus impressionnante revenant peut-être à Pierre Moerlen, le batteur qui parvient, tel un Keith Moon catalysé, à être omniprésent avec un jeu luxuriant exempt de bavardage...
6 minutes, 8 minutes, 10 puis 11 minutes... Gong sur You fait toujours plus fort, va toujours plus haut. Plus qu'aucun autre skeud de leur discographie antérieure celui-ci mérite l'adjectif de "cosmique". Space-rock dit-on ? Le qualificatif ne semble plus si ridicule que cela, tout d'un coup. Pour autant le bon vieux burlesque à deux balles de la bande n'est pas encore tout à fait englouti par les prouesses instrumentales des (ex)hippies virtuoses. Ainsi Gilli Smyth adoucit le sérieux technique de "The Isle Of Everywhere" de ses traditionnels space-whispers (ceux-là même qui firent de "Prostitute Poem" sur le disque précédent un des morceaux les plus sexy qui soient), et David Allen n'oublie pas de poser régulièrement sa chaleureuse voix nasillarde de lutin allumé... "A P.H.P.'s Advice", et surtout "Perfect Mystery", courtes bluettes à la mode Gong sont pour le coup des respirations bienvenue dans un paysage chargé.
Le résultat final aurait pu être épuisant de vaines acrobaties, mais il n'en est rien ! Bien que comptant ses derniers jours, le Gong de 1974 est en bonne forme, et la formule bien qu'alourdie reste sacrément bien rodée. Les délires instrumentaux frisant la douzaine de minutes ne sont après tout que cela : des délires. La fluidité du plus décomplexé des groupes estampillés prog ne fait pas défaut. Ma préférence ira certes au Gong éparse, aux private-jokes burlesques, de Angel's Egg plutôt qu'à celui, plus homogène, de You, mais ce dernier restera malgré tout un sommet de leur discographie. Allen, saoulé par l'attitude et le jeu trop démonstratif des ses comparses s'en ira après l'enregistrement, chipant au passage sa compagne Gilli et ses soupirs cosmiques. C'est la fin d'une ère pour Gong, qui par la suite composera un jazz fusion de qualité, mais sensiblement moins inspiré et second degré qu'auparavant.
Zéro le héros, pour le dernier volume de ses aventures, avait les chevilles un peu gonflées. Mais coup de bol, l'Hélium le fit basculer dans les airs cul-par-dessus-tête, jusqu'à la Planète Gong, nous faisant bien rire une ultime fois...
Le temps a passé depuis la nonchalance joyeuse de Camembert Électrique. La trilogie Radio Gnome, projet à la fois ambitieux et décomplexé dans son délire, se clôt avec ce You, plus "space" que jamais. Mais les enjeux sont autrement plus complexes que la simple réalisation d'un album ; c'est le dernier de Gong sur lequel apparaîtront David Allen et sa femme Gilli Smyth.
Et la tension au sein du groupe atteint son climax. Le Peace & Love utopique qui permit au groupe pendant un temps de produire des petits miracles de tribulations musicales défoncées (dont l'apogée est atteinte dans le deuxième volume Angel's Egg) est moribond, remplacé par une volonté toujours plus pressante des - excellents - musiciens d'exprimer tout leur potentiel technique. Alors que se dissipent les vapeurs acides, les égos enflés reviennent à la charge ; en témoignent les quatre pistes de plus de 6 minutes, qui se transforment en jams dantesques dans lesquelles chaque instrument a droit à sa minute de gloire. Les guitares de Allen et Hillage se taillent la part du lion avec leurs cascades cosmiques de magma bouillonnant, le saxophone de Malherbe se fait plus séducteur et retors que jamais, Blake inonde de synthés aériens des morceaux de bravoure tels que "A Sprinkling Of Clouds" tandis que la basse de Howlett anime entre autre "The Isle Of Everywhere" d'un méchant groove. La partie la plus impressionnante revenant peut-être à Pierre Moerlen, le batteur qui parvient, tel un Keith Moon catalysé, à être omniprésent avec un jeu luxuriant exempt de bavardage...
6 minutes, 8 minutes, 10 puis 11 minutes... Gong sur You fait toujours plus fort, va toujours plus haut. Plus qu'aucun autre skeud de leur discographie antérieure celui-ci mérite l'adjectif de "cosmique". Space-rock dit-on ? Le qualificatif ne semble plus si ridicule que cela, tout d'un coup. Pour autant le bon vieux burlesque à deux balles de la bande n'est pas encore tout à fait englouti par les prouesses instrumentales des (ex)hippies virtuoses. Ainsi Gilli Smyth adoucit le sérieux technique de "The Isle Of Everywhere" de ses traditionnels space-whispers (ceux-là même qui firent de "Prostitute Poem" sur le disque précédent un des morceaux les plus sexy qui soient), et David Allen n'oublie pas de poser régulièrement sa chaleureuse voix nasillarde de lutin allumé... "A P.H.P.'s Advice", et surtout "Perfect Mystery", courtes bluettes à la mode Gong sont pour le coup des respirations bienvenue dans un paysage chargé.
Le résultat final aurait pu être épuisant de vaines acrobaties, mais il n'en est rien ! Bien que comptant ses derniers jours, le Gong de 1974 est en bonne forme, et la formule bien qu'alourdie reste sacrément bien rodée. Les délires instrumentaux frisant la douzaine de minutes ne sont après tout que cela : des délires. La fluidité du plus décomplexé des groupes estampillés prog ne fait pas défaut. Ma préférence ira certes au Gong éparse, aux private-jokes burlesques, de Angel's Egg plutôt qu'à celui, plus homogène, de You, mais ce dernier restera malgré tout un sommet de leur discographie. Allen, saoulé par l'attitude et le jeu trop démonstratif des ses comparses s'en ira après l'enregistrement, chipant au passage sa compagne Gilli et ses soupirs cosmiques. C'est la fin d'une ère pour Gong, qui par la suite composera un jazz fusion de qualité, mais sensiblement moins inspiré et second degré qu'auparavant.
Zéro le héros, pour le dernier volume de ses aventures, avait les chevilles un peu gonflées. Mais coup de bol, l'Hélium le fit basculer dans les airs cul-par-dessus-tête, jusqu'à la Planète Gong, nous faisant bien rire une ultime fois...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_Wazoo |
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