Shearwater
Animal Joy |
Label :
Sub Pop |
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Shearwater, avec sa (superbe) pochette, annonce la couleur. Animal Joy sera bestial, ou ne sera pas. Jonathan Meiburg et sa bande ont certes toujours été très concernés par la nature, voire carrément écolos (écoutez à l'occasion "Century Eyes" sortie sur Rook), mais c'est ici autre chose que le groupe nous propose ; surprenant son monde, Shearwater passe chez Sub Pop et nous compose un album de rock. Le folk baroque aux structures osées des débuts est relégué au second plan, pour laisser place à une batterie lourde et souvent binaire et à des guitares puissantes. La fameuse trilogie Palo Santo/Rook/The Golden Archipego est bien bouclée, place à de nouveaux terrains. Si les fans de la première période du groupe renieront peut-être le côté brut de décoffrage, le grand public, en revanche, n'a plus qu'à se jeter dessus ! Bien plus accessible que ses prédécesseurs, Animal Joy est bourré d'hymnes adolescents à jeter en pâture aux indie-djeunz.
Dès "Breaking The Yardlings", single de l'album, impossible de louper la volonté du groupe de balancer toute sa bestialité, retenue depuis des années. Jonathan Meiburg, dont le timbre particulier oscille entre Mark Hollis et Antony Hegarty, se fait plus que jamais grondant et menaçant. Mais ce déferlement d'instinct primaire, prend le risque de sonner faux de la part d'un groupe dont la sensibilité exacerbée a été pendant longtemps la signature. "Immaculate", par exemple, paraît un peu hors de propos ; trop binaire pour être honnête. De même, "Dread Sovereign" est trop propre pour émouvoir. À l'inverse, le groupe s'égare aussi sur "Open Your Houses (Basilik)" lorsqu'il mise sur des arrangements fouillés pour faire tourner une chanson qui peine à nous flanquer le moindre frisson. Au fond, à bien considérer cet album, c'est bel et bien lorsque Shearwater se montre simple (pas binaire, hein, juste simple) et spontané qu'il est le meilleur. À l'image des deux pistes "Animal Life" et "You As You Were", toutes deux basées sur de simples crescendos qui se déroulent de manière parfaitement épiques... en un mot jouissives. "Insolence" également, en six minutes contemplatives, s'achève dans une emphase pas dérangeante pour un sou, menée par le chant pénétré de l'omniprésent Meiburg. Simplicité encore avec "Run The Banner Down" et "Believing Makes It Easy", tout en fluidité avec leurs arpèges et leurs mélodies vocales aériennes.
Alors, ce retour à un classicisme rock : mal ou bien ? Disons un mal pour un bien. L'expérience est nouvelle, et il est probable que le groupe maîtrisera mieux son prochain opus s'ils persévèrent sur cette voie rock. Reste que Shearwater parvient à garder l'inspiration qui a jadis fait ses grands jours et son succès critique. Les mélodies entêtantes sont légions ("Animal Life", qui ouvre l'album, m'est restée dans le crâne pendant plus de deux mois, et j'étais parvenu à l'évacuer... jusqu'à la nécessité de réécouter le disque pour cette chronique) et la voix théâtrale de Jonathan Meiburg anime toujours aussi merveilleusement ses compositions. Les faiblesses, elles aussi, sont présentes, ainsi que les fausses pistes et les voix sans issue. Mais on peut que louer le courage d'un groupe qui tente de se renouveler et d'explorer de nouveaux horizons. En même temps, de la part d'admirateurs de Talk Talk c'est bien le minimum... Affaire à suivre pour le prochain opus, peut-être le futur 'album de la maturité' de leur nouvelle voie artistique !
Dès "Breaking The Yardlings", single de l'album, impossible de louper la volonté du groupe de balancer toute sa bestialité, retenue depuis des années. Jonathan Meiburg, dont le timbre particulier oscille entre Mark Hollis et Antony Hegarty, se fait plus que jamais grondant et menaçant. Mais ce déferlement d'instinct primaire, prend le risque de sonner faux de la part d'un groupe dont la sensibilité exacerbée a été pendant longtemps la signature. "Immaculate", par exemple, paraît un peu hors de propos ; trop binaire pour être honnête. De même, "Dread Sovereign" est trop propre pour émouvoir. À l'inverse, le groupe s'égare aussi sur "Open Your Houses (Basilik)" lorsqu'il mise sur des arrangements fouillés pour faire tourner une chanson qui peine à nous flanquer le moindre frisson. Au fond, à bien considérer cet album, c'est bel et bien lorsque Shearwater se montre simple (pas binaire, hein, juste simple) et spontané qu'il est le meilleur. À l'image des deux pistes "Animal Life" et "You As You Were", toutes deux basées sur de simples crescendos qui se déroulent de manière parfaitement épiques... en un mot jouissives. "Insolence" également, en six minutes contemplatives, s'achève dans une emphase pas dérangeante pour un sou, menée par le chant pénétré de l'omniprésent Meiburg. Simplicité encore avec "Run The Banner Down" et "Believing Makes It Easy", tout en fluidité avec leurs arpèges et leurs mélodies vocales aériennes.
Alors, ce retour à un classicisme rock : mal ou bien ? Disons un mal pour un bien. L'expérience est nouvelle, et il est probable que le groupe maîtrisera mieux son prochain opus s'ils persévèrent sur cette voie rock. Reste que Shearwater parvient à garder l'inspiration qui a jadis fait ses grands jours et son succès critique. Les mélodies entêtantes sont légions ("Animal Life", qui ouvre l'album, m'est restée dans le crâne pendant plus de deux mois, et j'étais parvenu à l'évacuer... jusqu'à la nécessité de réécouter le disque pour cette chronique) et la voix théâtrale de Jonathan Meiburg anime toujours aussi merveilleusement ses compositions. Les faiblesses, elles aussi, sont présentes, ainsi que les fausses pistes et les voix sans issue. Mais on peut que louer le courage d'un groupe qui tente de se renouveler et d'explorer de nouveaux horizons. En même temps, de la part d'admirateurs de Talk Talk c'est bien le minimum... Affaire à suivre pour le prochain opus, peut-être le futur 'album de la maturité' de leur nouvelle voie artistique !
Sympa 14/20 | par X_Wazoo |
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