Shearwater

Cette histoire pourrait commencer comme une mauvaise blague. Deux musiciens mèneraient en parallèle deux projets géniaux mais seraient totalement ignorés. Ce n'est pas vraiment drôle mais c'est malheureusement la vérité. Ces musiciens s'appellent Will Sheff et Jonathan Meiburg et leurs groupes sont Okkervill River et donc Shearwater.

Après m'avoir époustouflé avec leur album Winged Life , je découvre donc ce recueil d'inédit. A l'occasion de l'enregistrement de l'album il avait enregistré une vingtaine de chansons dont seulement 12 ont été publiés. C'est donc avec plaisir qu'on découvre une nouvelle partie de leur travail.

Si certains groupes livrent des inédits un peu bâclés, Thieves est tout ce qu'il y a de plus abouti. Cinq plages en 17 minutes, 17 minutes de rêverie mélancolique qui tournent vers encore plus de maîtrise et de maturité que leur album qui était pourtant déjà d'une profondeur rare.
Jonathan Meiburg est un étudiant en ornithologie et utilise son centre d'intérêt pour décorer la pochette du disque (ainsi que pour donner le nom au groupe Shearwater est le nom anglais d'un oiseau océanique).
Cette pochette illustre bien l'album, un corps d'oiseau tendre mais une tête de rapace au regard observateur, a l'image de la transformation de Shearwater: en douceur mais bien réelle.

Toujours délicat et chargé d'émotions, des mélodies toujours pures, une voix jamais plaintive mais toujours bouleversante, des chansons impressionnantes de sincérité, le talent d'écriture de Will Sheff: tout ça fait des deux compères un des duos les plus impressionnants des dernières années.
L'explosion mélodique de "I Can't Wait" , ou la voix qui rappelle parfois Jeff Buckley ou ces arrangements somptueux, voilà comment le disque s'installe dans notre tête pour ne plus le quitter.

Ces 17 minutes sont sans doute trop courtes mais sont très utiles, pour ceux qui attendent plus que jamais le second album ; mais il pourrait bien apporter un nouveau public vers le groupe qui mériterait vraiment plus de reconnaissance.