Eyehategod

Take As Needed For Pain

Take As Needed For Pain

 Label :     Century Media 
 Sortie :    lundi 22 novembre 1993 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

L'épreuve du Temps est parfois (voire souvent) cruelle mais toujours étrange. Nombreux sont les groupes et les disques, qui, s'ils connaissent leur heure de gloire presque instantanément, finissent au fil des ans à sombrer dans l'oubli ou même la ringardise, ne parvenant pas au final à concrétiser tous les espoirs mis en eux. A contrario, certains groupes obscurs gagnent avec le temps une influence et une reconnaissance indéniables et deviennent incontournables.
Eyehategod fait partie de la seconde catégorie. Du groupe peu fréquentable à l'univers glauque Eyehategod est maintenant devenu LE groupe pionnier dans son style (celui du sludge gras, dégoulinant aux ambiances malsaines) et dont il est désormais de bon ton de citer en guise d'influence ou de s'évertuer à vanter les mérites. Et oui, cette chronique ne va pas aller à contre-courant : voilà donc une énième chronique faisant l'éloge du quintette américain. Après tout comment pourrais-je dire du mal d'un groupe qui a donc été (et est toujours d'ailleurs) une influence majeure d'une grande partie de la production doom et sludge actuelle (et notamment d'un nombre incalculable de groupes que j'admire) ? Cela n'aurait évidemment aucun sens.

Ici c'est donc de Take As Needed For Pain qu'il est question, le deuxième album du groupe. Le premier effort avait servi de présentation à ce groupe issu du fin fond de la Nouvelle Orléans ("rock'n'roll", hein!, comme dirait l'autre) et adepte d'un univers glauque, crade et malsain. Si le malaise était donc de mise avec In The Name Of Suffering, c'est toujours le cas avec Take As Needed For Pain, et les choses vont même de mal en pis, la légende voulant que le chanteur Mike Williams était à l'époque clodo et vivait à deux pas du studio d'enregistrement menant une vie de complète déchéance. C'est dire si l'heure est à la fête ici...
L'univers de Eyehategod est donc toujours aussi noir et abyssal, toujours mené par un Mike Williams qui braille autant qu'il peut, dégueulant toute sa haine et sa rage à qui veut bien l'entendre. Tous les ingrédients qui feront les caractéristiques du sludge sont donc déjà présents : un rythme lent aussi lourd que gras, une basse énorme et vrombissante, et un brailleur à la voix tout autant éraillée qu'usée par l'alcool, les clopes, les spliffs et n'importe quoi d'autre susceptible d'être ingurgité. Légèrement moins long que le premier album, Take As Needed For Pain n'en est pas moins maladif et angoissé, bien au contraire. Mike Williams et sa bande donnent le ton dès le titre d'ouverture "Blank", qui sera d'ailleurs le morceau le plus long de l'album : une véritable plaie ouverture de laquelle s'écoulent toute la douleur et la hargne du combo de Lousianne. L'ambiance sera malsaine jusqu'au bout, les plaintes de Williams nous hanteront durant les trois quarts d'heure de ce disque, et bien plus encore...

Ici, Eyehategod augmente son niveau de jeu et confirme tout le talent haineux déjà découvert avec In The Name Of Suffering. Rarement le rock ne s'est alors fait aussi crade, aussi plaintif, aussi lourd, aussi gras. Et ces gars-là venaient de l'etat boueux de Louisiane. Il n'en fallait pas plus, le sludge était né !...


Excellent !   18/20
par X_Jpbowersock


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Laura
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