Rappeur atypique venu du Canada, Le style de Buck 65 se rapproche malgré tout plus du folk (on le compare souvent à Tom Waits, ce qui n'est pas rien !) que du hip-hop habituel (abstract ou non).
Et après l'excellent Square, où notre homme démontrait sa capacité à garder son âme malgré sa venue sur une major, le voici qui nous offre, peu de temps après, une nouvelle perle. Fortement inspiré par le folk, donc, mais surtout formidablement mis en sons, Buck 65 ne délaisse rien sur cet album, que ce soit au niveau des mélodies, accrocheuses ou des sonorités, qui parviennent à instaurer des ambiances avec une facilité déconcertante. Qu'il s'agisse des entrainants "Wicked And Weird" et "463" ou de morceaux plus doux dont le très émouvant "Tired Out", Buck 65 montre l'étendue de son talent et, surtout, s'éloigne de plus en plus du style hip-hop, dont il ne garde ici que la scansion (impressionant flow) et les beats (quoique ces derniers s'aventurent également dans des contrées plus ou moins lointaines). On notera aussi les paroles (bah oui, c'est quand même du rap, on aurait presque fini par l'oublier), qui naviguent entre histoires fantaisistes ("Riverbed 6") et constats désabusés ("Tired Out", "463", "Craftsmanship").
Bref, Buck 65 nous offre encore un chef d'oeuvre, un de plus, que l'on prendra plaisir à écouter le soir, au coin du feu, le chien allongé sur la peau de grizzli, et la winchester sur les genous (où plus, simplement, chez soi, ce n'est pas mal non plus !)....