Shack

Farniente et crachin d'été. Here's Tom With The Weather. L'album thalasso de Shack, pour somnoler nanti, se vider l'esprit. Même quand ça s'excite, que la guitare du petit frère part en rodéo électrique ("Chinatown"), on a aucune envie de bouger son cul, on reste là étendu.
Après le britpopeux bourlé H.M.S. Fable, c'en était presque nécessité. Un retour aux sources bienheureux situées au pied du monde magique des Strands éphémères. Pas loin du sommet à nirvana, là où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté affirme le poète. Avec ces cordes d'un baume apaisant qui souffle le chaud, ces arrangements, du piano à la trompette mariachi, qui passent par là comme un ange, ces chansons en moufle qui ouvrent des tiroirs à peine croyable (certains auraient fait un album entier avec "On The Terrace"), on est tout proche de goûter aux neiges éternelles.
Et tandis qu'on se remet difficilement de cette ascension pour les braves, une certitude perce notre intellect ébloui. On s'en doutait depuis quelques albums, depuis quelques chansons déjà, mais là c'est un verdict de cour suprême : John, le petit frère, n'est pas seulement guitar-hero finaud, c'est aussi un songwriter fichtrement surdoué. Autant que son frère Michael oui. Trois chansons, trois joyaux à lui sur cet album.
En ultime ce "Caroussel". On pourrait en écrire des tonnes et des tonnes à son sujet, jouer les métaphoreux en rut, se perdre en superlatifs héroïques, et conclure par l'énième variante d'une formule type : "la meilleure chanson que Nick Drake a oublié d'écrire" (ce qui n'est pas faux en somme), que ça ne pourrait qu'effleurer la vérité d'un moment indicible.