Devics
Buxom |
Label :
Autoproduit |
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Si Devics se voit parfois approché par le qualificatif dream pop, ils le doivent essentiellement à cet opus. Buxom est un symbole puisque Sara Lov y livre ses premiers émois, ses premiers cris de cœur. Difficile donc de canaliser tout cela surtout lorsque l'on découvre le contenu de son enfance. Elevée par sa mère jusqu'à ce que son père la kidnappe à quatre ans, la fillette est destinée à vivre dix ans sous cette tutelle en exil en Israël avant de revenir aux Etats Unis. La jeune femme a grandi depuis, cette expérience a eu son épilogue mais on comprend que ce genre d'histoire forge une femme (on a en tête celle de Fiona Apple). Dur donc de calmer ces sens, cette palpitation de pouvoir enfin révéler ces pensées durement ancrées au travers de récits aux épreuves similaires. Les souvenirs qui ont été jusqu'alors niés pour la préserver refont surface en bloc, l'émotion est à chaque fin de phrase. Le besoin d'extérioriser était urgent et ne pouvait pas mieux tomber que dans cette configuration. En effet, de ces motivations légitimes naît l'album le plus rock du groupe avec pour les besoins Ed Maxwell (basse) et Evan Schnabel (batterie). Un rock pris entre le chant ardent et éclatant de Lov et l'amplitude oscillante ensorcelante du trio qui l'accompagne. Dustin O'Halloran, chargé des partitions, délie le jeu en un embrun clair, affable mais suffisamment menaçant pour maintenir une tension qui éclate par instants. Car sur Buxom tout n'est que dualité entre tension et intensité. La tension est sous jacente à chaque mélopée, intelligemment dissimulée dans des complaintes dont l'empreinte jazz n'est jamais bien loin. C'est le fil conducteur de cette autoproduction dans lequel est stockée la moindre parcelle d'ombre de la belle où souvenir est synonyme de secret. Et lorsque que l‘un de ces secrets choisit la voie de la délivrance, il vient une force et une vigueur remarquables. Sans casser le rythme, Devics brandit ses plaies dans des houles glaciales, inquiétantes construites de toute pièce où les sentiments se mélangent. La guitare hurlante de "Leave Undone" se fait chevalier d'une vengeance tardive, "The Bed" plane tel un corbeau en mal de tragédie, "Frail" porte aux nues le déchirement de Sara Lov (suivi d'une accalmie par O'Halloran en paix, bouleversant), avant une ultime déferlante "Peresoso". Des beautés froides et sèches qui s'animent ainsi par ressacs, reflets d'une liberté gagnée à l'arrachée. Ils se sont déchargés. On a vibré.
Très bon 16/20 | par TiComo La Fuera |
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