Dirge
Wings Of Lead Over Dormant Seas |
Label :
Equilibre Music |
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La première fois que j'ai écouté Dirge, groupe parisien actif depuis 1994, c'était sur la compilation "Brutale Génération" (1995), regroupant la crème de la scène extrême française. À l'époque, j'avais été impressionné par leur Metal-Indus empreint de réminiscences Death pour les vocaux et empruntant au Doom ses ambiances pesantes. Dirge développait déjà une très forte personnalité et, après plus de dix ans de carrière, je retrouve le même talent de composition doublé d'une évolution musicale somme toute logique.
Dirge a peu à peu délaissé les machines et ce Wings Of Lead Over Dormant Seas peut honnêtement être estampillé Post-Core. En fait, je recommande cet album à tous les fans de Neurosis, Isis, Kill the Thrill ou encore Cult of Luna. Mais à présent que les bases référentielles sont posées, il me semble de suite primordial d'ajouter que Dirge n'a rien d'un énième épigone de Neurosis et qu'ils font à mon sens partie de l'élite d'un genre initié par ce dernier.
La difficulté majeure du Post-Core réside dans la capacité de composer des morceaux généralement longs permettant de développer des climats obscurs, pesants, sans pour autant être roboratifs et, au final, ennuyeux. En effet, si l'hyper violence permet parfois de masquer un manque évident d'inspiration, un tempo lent révèle immédiatement l'inanité d'une idée musicale. Sur ce point, les Parisiens ont parfaitement su digérer leurs influences multiples au profit d'une personnalité clairvoyante, offrant quatre des meilleurs titres qu'il m'ait été donné d'entendre. Quatre titres, cela peut sembler peu, mais lorsque l'on observe leur durée (entre quinze et vingt minutes pour trois d'entre eux, et moins de trois minutes pour l'interlude "End Infinite"), l'on comprend mieux l'incroyable potentiel créatif de Dirge et le besoin qui anime ce groupe d'exprimer des schémas musicaux complexes tout en faisant voyager l'auditeur en des contrées désertiques.
"Méridian", le morceau d'ouverture, est parfaitement représentatif du style pratiqué par Dirge : Une masse sonore à la Lustmord envahit l'espace alors qu'un arpège minimaliste fait descendre votre rythme cardiaque. S'ensuit un premier riff à deux guitares (une en accords lâchés, l'autre reprenant le thème introductif en distorsion) sur lequel la voix vient se poser. Hurlée mais grave et profonde, charismatique, incantatoire, elle vampirise l'attention et accroît la tension exercée par les premières mesures. À la sixième minute (et quelques) les instruments se délitent peu à peu en de somptueux larsens et se laissent aller à une longue plage atmosphérique instrumentale où le travail sur les sons prime. Fonctionnant comme une courbe sinusoïdale, les six minutes suivantes alternent les montées d'adrénaline et les descentes de speed et c'est au moment où l'on est au plus bas que le second riff, pachydermique, intervient. Celui-là vous cloue au sol, broie le cervelet. Plus saccadé, incroyablement pesant et soutenu par une batterie dont chaque coup est un uppercut, mais néanmoins parfaitement cohérent avec ce qui a précédé, il est admirablement soutenu par des vocaux qui se dédoublent, s'enlacent en une sorte de chorale Hard-Core parfaitement maîtrisée.
Comme je l'ai précisé précédemment, "End Infinite" est un interlude instrumental faisant la jonction entre un "Méridian" cataclysmique et les deux autres compositions que sont "Epicentre" et "Lotus Continent". Je dois admettre que l'écriture de ces deux derniers morceaux est très proche de celle de "Méridian" : Les structures en sont quasiment identiques et les mélodies vocales ne dérogent que peu à la règle du hurlement désincarné. Mais dire cela n'est pas pointer du doigt un quelconque manque d'originalité ou l'incapacité de Dirge à sortir d'un schéma qu'il domine de tout son art. En effet, en dépit de l'incroyable longueur des compositions, la répétition n'est jamais de mise et à aucun moment l'auditeur ne se lasse. Chacun de ces quatre titres fourmille d'idées, d'arrangements, de sonorités fascinantes et hypnotiques qui font de Wings Of Lead Over Dormant Seas un long voyage désolé et solitaire, l'envol halluciné d'un corps décharné au-dessus d'un paysage en ruine.
Il se dégage de la musique de Dirge quelque chose de poétique, un minimalisme lucide où des notes faméliques contiennent le savoir d'une vie dédiée à la musique et aux arts sombres. Avec cet album, les Parisiens s'imposent définitivement comme un grand groupe, talentueux et inspiré. Alors si les derniers albums de Neurosis en ont laissé quelques-uns sceptiques, ils savent désormais vers où ils peuvent se tourner car rarement le Post-Core a été élevé à un tel niveau d'intensité, de sensibilité et d'inspiration. Définitivement jouissif...
Dirge a peu à peu délaissé les machines et ce Wings Of Lead Over Dormant Seas peut honnêtement être estampillé Post-Core. En fait, je recommande cet album à tous les fans de Neurosis, Isis, Kill the Thrill ou encore Cult of Luna. Mais à présent que les bases référentielles sont posées, il me semble de suite primordial d'ajouter que Dirge n'a rien d'un énième épigone de Neurosis et qu'ils font à mon sens partie de l'élite d'un genre initié par ce dernier.
La difficulté majeure du Post-Core réside dans la capacité de composer des morceaux généralement longs permettant de développer des climats obscurs, pesants, sans pour autant être roboratifs et, au final, ennuyeux. En effet, si l'hyper violence permet parfois de masquer un manque évident d'inspiration, un tempo lent révèle immédiatement l'inanité d'une idée musicale. Sur ce point, les Parisiens ont parfaitement su digérer leurs influences multiples au profit d'une personnalité clairvoyante, offrant quatre des meilleurs titres qu'il m'ait été donné d'entendre. Quatre titres, cela peut sembler peu, mais lorsque l'on observe leur durée (entre quinze et vingt minutes pour trois d'entre eux, et moins de trois minutes pour l'interlude "End Infinite"), l'on comprend mieux l'incroyable potentiel créatif de Dirge et le besoin qui anime ce groupe d'exprimer des schémas musicaux complexes tout en faisant voyager l'auditeur en des contrées désertiques.
"Méridian", le morceau d'ouverture, est parfaitement représentatif du style pratiqué par Dirge : Une masse sonore à la Lustmord envahit l'espace alors qu'un arpège minimaliste fait descendre votre rythme cardiaque. S'ensuit un premier riff à deux guitares (une en accords lâchés, l'autre reprenant le thème introductif en distorsion) sur lequel la voix vient se poser. Hurlée mais grave et profonde, charismatique, incantatoire, elle vampirise l'attention et accroît la tension exercée par les premières mesures. À la sixième minute (et quelques) les instruments se délitent peu à peu en de somptueux larsens et se laissent aller à une longue plage atmosphérique instrumentale où le travail sur les sons prime. Fonctionnant comme une courbe sinusoïdale, les six minutes suivantes alternent les montées d'adrénaline et les descentes de speed et c'est au moment où l'on est au plus bas que le second riff, pachydermique, intervient. Celui-là vous cloue au sol, broie le cervelet. Plus saccadé, incroyablement pesant et soutenu par une batterie dont chaque coup est un uppercut, mais néanmoins parfaitement cohérent avec ce qui a précédé, il est admirablement soutenu par des vocaux qui se dédoublent, s'enlacent en une sorte de chorale Hard-Core parfaitement maîtrisée.
Comme je l'ai précisé précédemment, "End Infinite" est un interlude instrumental faisant la jonction entre un "Méridian" cataclysmique et les deux autres compositions que sont "Epicentre" et "Lotus Continent". Je dois admettre que l'écriture de ces deux derniers morceaux est très proche de celle de "Méridian" : Les structures en sont quasiment identiques et les mélodies vocales ne dérogent que peu à la règle du hurlement désincarné. Mais dire cela n'est pas pointer du doigt un quelconque manque d'originalité ou l'incapacité de Dirge à sortir d'un schéma qu'il domine de tout son art. En effet, en dépit de l'incroyable longueur des compositions, la répétition n'est jamais de mise et à aucun moment l'auditeur ne se lasse. Chacun de ces quatre titres fourmille d'idées, d'arrangements, de sonorités fascinantes et hypnotiques qui font de Wings Of Lead Over Dormant Seas un long voyage désolé et solitaire, l'envol halluciné d'un corps décharné au-dessus d'un paysage en ruine.
Il se dégage de la musique de Dirge quelque chose de poétique, un minimalisme lucide où des notes faméliques contiennent le savoir d'une vie dédiée à la musique et aux arts sombres. Avec cet album, les Parisiens s'imposent définitivement comme un grand groupe, talentueux et inspiré. Alors si les derniers albums de Neurosis en ont laissé quelques-uns sceptiques, ils savent désormais vers où ils peuvent se tourner car rarement le Post-Core a été élevé à un tel niveau d'intensité, de sensibilité et d'inspiration. Définitivement jouissif...
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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