The Portobello Bones

Horma

Horma

 Label :     Crash Disques 
 Sortie :    mercredi 04 mars 1998 
 Format :  Mini Album / CD   

Après un premier album réalisé avec peu de moyens, suivi d'une tournée en Europe et d'un disque de collaborations avec leur amis des Burning Heads, Hint ou Ouled El Rai ("Portobello Amigos"), les Portobello Bones, avec ce 5 titres, se recentrent sur leur musique pour la propulser dans une dimension supérieure. Tout d'abord, la production de David Weber apporte une ampleur aux compositions encore jamais atteinte par le groupe, et les compositions en elles-mêmes sont d'une force impressionnante. Ici, les Portobello Bones vont droit à l'essentiel, peu de longs passages instrumentaux, mais des voix puissantes, d'un lyrisme froid ou carrément agressives, souvent menacées d'étouffement par une section rythmique raide et menaçante explosant souvent dans des mouvement hardcore ultra dynamiques, tour à tour chaotiques et urgents, tour à tour violemment désespérés. Il est important à mon avis de souligner l'extrême aisance mélodique du trio, qui se garde bien de tomber dans tous les clichés possibles propres à la rencontre hardcore et mélodies.

Prélude au magnifique et encore plus claustrophobique Refuse To Keep Silent, Horma rend hommage aux femmes oppressées et torturées par la connerie humaine qui écrit de sa main bornée l'Histoire. Que ceci survienne en Afghanistan, en Turquie, ou en Angleterre la connerie est la même.
Ces femmes prises dans des conflits intimes ou collectifs (la reconnaissance de leur homosexualité sur "The Way God Made Her", l'oppression masculine sur "Everytime", les arrestations lors de conflits armés sur "Fear"), sont évoquées à travers des articles, des extraits de livres (le Coran entre autres), qui constituent le corps des textes chantés, hurlés ou parlés. Un parti pris audacieux s'il en est car, comment faire sonner un texte destiné à être lu en le chantant dans un groupe de rock? En l'interprétant avec leurs tripes, les Portobello ont montré que la prise de risque valait bien le coup, et ont ainsi réussi, tout en se forgeant une forte identité musicale, à nous rappeler ces oubliées de l'Histoire.

Le dernier morceau est à un peu à part dans l'histoire du groupe, puisqu'il contient leur seul texte en français (très probablement), une traduction émouvante d'un extrait de l'autobiographie de Leyla Zana, première femme kurde élue députée au Parlement turc, ayant été emprisonnée pendant 15 ans et torturée pour avoir cherché à faire reconnaître son peuple. Ce texte de courage et de révolte est lu par la chanteuse de Cornu, à la voix tremblante d'émotion.

Le petit brûlot qu'est Horma constitue en grand pas en avant dans la discographie des Portobello Bones et témoigne de la formidable recherche mélodique autant que de l'engagement sans concessions de cette perle de l'underground français.


Parfait   17/20
par Sam lowry


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