My Morning Jacket

En voilà un bien mignon de gros nounours, qui rappelle malgré lui à quel point la taxidermie peut parfois nous apparaître sympathique. Mais gare, paraît-il que ce monstre poilu bougerait encore !
En 3 mots bien ajustés, My Morning Jacket résume l'essence de ce troisième album : It Still Moves, où le fruit d'un travail d'une qualité bien estimable et surtout inattendue. Toujours ambitieux et téméraires, les gars du My Morning Jacket se retrouvent au début du siècle face à un point de non retour. Après deux albums pas autant salué par la critique qu'ils l'auraient voulu, le groupe commence à se poser les bonnes questions, et à réaliser qu'il est peut être le moment opportun de frapper un grand coup : un tournant quitte ou double en quelque sorte. C'est approximativement dans ce contexte que ce disque pointe sa truffe, qui miraculeusement se retrouve très vite affublé du titre du véritable dépaysement musical rock de ce début de siècle. Derrière leurs looks d'hommes des cavernes et leur son rock ‘n' roll bien soigné façon rock & blues, la tribu Jim James mise ici dans le jonglage et la prestidigitation des perceptions sonores. Entre rêve éveillé par ses quelques compositions aériennes appuyées par un potentiel vocal anesthésique, laissant d'ailleurs imaginer pour Jim James une très grande carrière de marchand de sable, et secousses sismiques quasi-téléphonées voire mises en scènes avec une dérision digne des pires scénarios du match de catch, It Still Moves fait renaître avec un peu plus de contenu (mais toujours sans prétention) un peu du rêve américain rock ‘n' roll des années 60. Un disque par ailleurs d'une qualité telle que l'on pouvait mal imaginer ces gars-là éternellement coincés dans leur Kentucky natal. Tournant parfaitement négocié, place maintenant à la roue libre...