Public Image Limited
Plastic Box |
Label :
Virgin |
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Dès 1978, Johnny Rotten, (re)devenu John Lydon, a dynamité le punk, qu'il avait lui-même inventé (enfin... on va dire ça pour faire simple), en ralentissant le rythme et en y ajoutant des éléments krautrock, dub ou pop. Et surtout, le cynique leader crée sur les cendres encore fumantes des Sex Pistols, avec Public Image Limited, un monstre sombre et froid, loin de l'enthousiasme juvénile et pseudo-rebelle des keupons.
Dans la première mouture du groupe (le premier du post-punk ?), après un break à la Jamaïque, Lydon recrute Jah Wobble à la basse, venu du reggae, Keith Levene (ex-The Clash) à la guitare, et le Canadien Jim Walker à la batterie – les drogues faisant office de cinquième membre.
Pour le troisième album, le très étrange et inquiétant Flowers of Romance, est recruté le batteur Martin Atkins (Killing Joke, Ministry), bien meilleur que son prédécesseur, Leven se concentrant alors sur les synthés. Wobble, bien qu'il soit crédité, a quitté le groupe pour aller jouer avec des membres de Can.
PIL se dirige ensuite vers une musique plus pop, accessible voire dansante. Le cinquième opus, Album/Cassette /Compact Disc, est même produit par Bill Laswell, avec des solos de Steve Vai (!).
En 1986, Lydon recrute le guitariste John McGeoch (Magazine, Siouxsie And The Banshees), le multi-instrumentiste world music Lu Edmunds (guitariste de The Damned), le bassiste Allan Dias, et le batteur Bruce Smith (The Slits). Ils enregistrent trois albums, assez médiocres.
Le groupe se dissout en 1992, John Lydon s'égarant ensuite dans divers projets, et allant jusqu'à participer à une série d'émissions de télé-réalité anglaise... ce qui n'est finalement pas si éloigné du rôle qu'il jouait avec les Sex Pistols.
Le titre de cette copieuse compilation (4 CD, 63 morceaux), Plastic Box, clin d'œil à Metal Box, second album de PIL, montre que ce n'est qu'un produit anonyme sans valeur, pour Lydon, la musique n'étant qu'un bien de consommation courante. Chaque album est assez bien représenté, et la compilation comprend quelques inédits ou du moins versions rares (notamment des BBC Sessions).
Le premier CD est le plus intéressant. Il est composé de morceaux des deux premiers albums. On commence fort avec un "Public Image" tendu et rageur, avec chant narquois et paranoïaque, guitare tranchante (le son unique de Levene influencera The Edge de U2 et Geordie Walker de Killing Joke) et grosse basse. Du très bon post-punk. Ce premier single de PIL serait une diatribe contre Malcom McLaren, manager des Pistols. "Theme" voit Lydon parler plus que chanter, avec une basse plus dub et une guitare plus sale que jamais. Un morceau lourd et dissonant. "Religion I" : des spoken words déclamés par Lydon fustigeant l'hypocrisie du christianisme, que "Religion II" met en musique, avec notamment un piano désaccordé. Le remix de "Death Disco" (premier album) n'est pas inintéressant, la basse est presque disco, la guitare distordue et tournoyante. Sur "Memories", la basse est magnifique, de même que les guitares, au son clair et onirique, presque hispanique. Un des meilleurs morceaux du groupe, avec des paroles où Lydon est à l'apogée de son cynisme (‘You make me feel ashamed/At acting attitudes/Remember ridicule/It should be clear by now/clear by now/Your words are useless/Full of excuses/False confidence/Someone has used you well').
Le second CD est presque aussi bon, constitué de morceaux du deuxième et troisième albums. Il est introduit par le très dub "Another", avec un synthé fantomatique. Y figure le chef-d'œuvre du groupe : "Albatross", sa basse d'une profondeur extrême, sa guitare au son de couteau rouillé, son chant glacial et distancié, très différent des glapissements auxquels il nous avait habitués. Le morceau, lancinant, ne semble jamais vouloir s'arrêter. Sur "Socialist", instrumental, la batterie est assez tribale, annonçant le jeu de Martin Atkins et me rappelant celle de "No Tears" de Tuxedomoon, et la guitare est remplacée par un bidouillage au synthé. "The Suit" est un dub déprimé, façon mauvais trip ou lendemain de cuite. Sur "Flowers Of Romance", le chant de Lydon, toujours aussi sardonique, est accompagné de roulements de batterie et autres percussions, et d'un synthé au son de violon. "Four Enclosed Wals" montre un Johnny tout aussi maladif, mais la batterie est plus rock – mais avec un son et un jeu très originaux. "Phenagen", extraite du même album, s'en distingue par un piano inquiétant, une guitare étrange et des percussions répétitives. Les morceaux suivants, de l'opus en question, sont dans la même veine, angoissante, expérimentale et tribale.
Le troisième CD est beaucoup moins bon. La plupart des morceaux proviennent des albums This Is What You Want...This Is What You Get (1983) et Album/Cassette /Compact Disc (1986). L'hymne cynique "This Is Not A Love Song", single de 1983, sans doute mon morceau préféré de la troisième période de PIL, et sur lequel j'ai beaucoup dansé dans ma jeunesse, est ici présenté non dans sa version originale mais sous forme de remix. Un remix immonde, avec un synthé imitant les cuivres plus que cheap et kitsch. Sa face B, "Blue Water" est une tentative ratée pour refaire du Flowers of Romance. Les autres morceaux sont pops, dansants, voire disco-funks. Merci, sans façon. La présence du génial guitariste John Mc Geoch sur le deuxième album sus-cité ne suffit pas à sauver le groupe du naufrage, car il n'utilise qu'assez peu ses talents, on le sent ailleurs. Retenons cependant "The Pardon", qui aurait presque pu figurer sur Flowers of Romance, de même que "1981", qui n'est d'ailleurs autre que l'année de sortie de cet album, ou "The Order Of Death", introduit par ses ‘This Is What You Want, This Is What You Get' répétitifs, avec une assez belle partie de guitare de McGeoch, l'énergique et très rock "F.F.F." (avec tout de même des guitares assez heavy), le single "Rise", et son fameux ‘I could be wrong I could be right' schizophrénique. Bref, les titres de Album/Cassette /Compact Discsont bien meilleurs que ceux de This Is What You Want...This Is What You Get, sans doute grâce à McGeoch, mais ces derniers ont le bon goût d'être très peu nombreux.
Le quatrième CD est pire, c'en est même désolant, voire assez pitoyable. Il correspond aux albums Happy? (1987) 9 (1989) et That What Is Not (1992). Je ne m'étendrai pas sur le sujet, préférant vous épargner les détails.
Une compilation riche mais extrêmement hétérogène, avec beaucoup à jeter, cependant intéressante pour avoir un ample aperçu de toutes les périodes de PIL. Vous l'aurez compris, mieux vaut acheter les albums First Issue (1978) – connu également sous le nom de Public Image – et, surtout, Metal Box (1979) (aussi appelé Second Edition), mais aussi, dans un autre registre, Flowers of Romance (1981). Toutefois, l'intérêt de cette compilation réside aussi dans ses versions et titres rares, tel ce "Home Is Where The Heart Is", face B du single Flowers of Romance, avec une basse wobble-esque jouée par Levene, même s'il n'est pas du même niveau que l'album.
Dans la première mouture du groupe (le premier du post-punk ?), après un break à la Jamaïque, Lydon recrute Jah Wobble à la basse, venu du reggae, Keith Levene (ex-The Clash) à la guitare, et le Canadien Jim Walker à la batterie – les drogues faisant office de cinquième membre.
Pour le troisième album, le très étrange et inquiétant Flowers of Romance, est recruté le batteur Martin Atkins (Killing Joke, Ministry), bien meilleur que son prédécesseur, Leven se concentrant alors sur les synthés. Wobble, bien qu'il soit crédité, a quitté le groupe pour aller jouer avec des membres de Can.
PIL se dirige ensuite vers une musique plus pop, accessible voire dansante. Le cinquième opus, Album/Cassette /Compact Disc, est même produit par Bill Laswell, avec des solos de Steve Vai (!).
En 1986, Lydon recrute le guitariste John McGeoch (Magazine, Siouxsie And The Banshees), le multi-instrumentiste world music Lu Edmunds (guitariste de The Damned), le bassiste Allan Dias, et le batteur Bruce Smith (The Slits). Ils enregistrent trois albums, assez médiocres.
Le groupe se dissout en 1992, John Lydon s'égarant ensuite dans divers projets, et allant jusqu'à participer à une série d'émissions de télé-réalité anglaise... ce qui n'est finalement pas si éloigné du rôle qu'il jouait avec les Sex Pistols.
Le titre de cette copieuse compilation (4 CD, 63 morceaux), Plastic Box, clin d'œil à Metal Box, second album de PIL, montre que ce n'est qu'un produit anonyme sans valeur, pour Lydon, la musique n'étant qu'un bien de consommation courante. Chaque album est assez bien représenté, et la compilation comprend quelques inédits ou du moins versions rares (notamment des BBC Sessions).
Le premier CD est le plus intéressant. Il est composé de morceaux des deux premiers albums. On commence fort avec un "Public Image" tendu et rageur, avec chant narquois et paranoïaque, guitare tranchante (le son unique de Levene influencera The Edge de U2 et Geordie Walker de Killing Joke) et grosse basse. Du très bon post-punk. Ce premier single de PIL serait une diatribe contre Malcom McLaren, manager des Pistols. "Theme" voit Lydon parler plus que chanter, avec une basse plus dub et une guitare plus sale que jamais. Un morceau lourd et dissonant. "Religion I" : des spoken words déclamés par Lydon fustigeant l'hypocrisie du christianisme, que "Religion II" met en musique, avec notamment un piano désaccordé. Le remix de "Death Disco" (premier album) n'est pas inintéressant, la basse est presque disco, la guitare distordue et tournoyante. Sur "Memories", la basse est magnifique, de même que les guitares, au son clair et onirique, presque hispanique. Un des meilleurs morceaux du groupe, avec des paroles où Lydon est à l'apogée de son cynisme (‘You make me feel ashamed/At acting attitudes/Remember ridicule/It should be clear by now/clear by now/Your words are useless/Full of excuses/False confidence/Someone has used you well').
Le second CD est presque aussi bon, constitué de morceaux du deuxième et troisième albums. Il est introduit par le très dub "Another", avec un synthé fantomatique. Y figure le chef-d'œuvre du groupe : "Albatross", sa basse d'une profondeur extrême, sa guitare au son de couteau rouillé, son chant glacial et distancié, très différent des glapissements auxquels il nous avait habitués. Le morceau, lancinant, ne semble jamais vouloir s'arrêter. Sur "Socialist", instrumental, la batterie est assez tribale, annonçant le jeu de Martin Atkins et me rappelant celle de "No Tears" de Tuxedomoon, et la guitare est remplacée par un bidouillage au synthé. "The Suit" est un dub déprimé, façon mauvais trip ou lendemain de cuite. Sur "Flowers Of Romance", le chant de Lydon, toujours aussi sardonique, est accompagné de roulements de batterie et autres percussions, et d'un synthé au son de violon. "Four Enclosed Wals" montre un Johnny tout aussi maladif, mais la batterie est plus rock – mais avec un son et un jeu très originaux. "Phenagen", extraite du même album, s'en distingue par un piano inquiétant, une guitare étrange et des percussions répétitives. Les morceaux suivants, de l'opus en question, sont dans la même veine, angoissante, expérimentale et tribale.
Le troisième CD est beaucoup moins bon. La plupart des morceaux proviennent des albums This Is What You Want...This Is What You Get (1983) et Album/Cassette /Compact Disc (1986). L'hymne cynique "This Is Not A Love Song", single de 1983, sans doute mon morceau préféré de la troisième période de PIL, et sur lequel j'ai beaucoup dansé dans ma jeunesse, est ici présenté non dans sa version originale mais sous forme de remix. Un remix immonde, avec un synthé imitant les cuivres plus que cheap et kitsch. Sa face B, "Blue Water" est une tentative ratée pour refaire du Flowers of Romance. Les autres morceaux sont pops, dansants, voire disco-funks. Merci, sans façon. La présence du génial guitariste John Mc Geoch sur le deuxième album sus-cité ne suffit pas à sauver le groupe du naufrage, car il n'utilise qu'assez peu ses talents, on le sent ailleurs. Retenons cependant "The Pardon", qui aurait presque pu figurer sur Flowers of Romance, de même que "1981", qui n'est d'ailleurs autre que l'année de sortie de cet album, ou "The Order Of Death", introduit par ses ‘This Is What You Want, This Is What You Get' répétitifs, avec une assez belle partie de guitare de McGeoch, l'énergique et très rock "F.F.F." (avec tout de même des guitares assez heavy), le single "Rise", et son fameux ‘I could be wrong I could be right' schizophrénique. Bref, les titres de Album/Cassette /Compact Discsont bien meilleurs que ceux de This Is What You Want...This Is What You Get, sans doute grâce à McGeoch, mais ces derniers ont le bon goût d'être très peu nombreux.
Le quatrième CD est pire, c'en est même désolant, voire assez pitoyable. Il correspond aux albums Happy? (1987) 9 (1989) et That What Is Not (1992). Je ne m'étendrai pas sur le sujet, préférant vous épargner les détails.
Une compilation riche mais extrêmement hétérogène, avec beaucoup à jeter, cependant intéressante pour avoir un ample aperçu de toutes les périodes de PIL. Vous l'aurez compris, mieux vaut acheter les albums First Issue (1978) – connu également sous le nom de Public Image – et, surtout, Metal Box (1979) (aussi appelé Second Edition), mais aussi, dans un autre registre, Flowers of Romance (1981). Toutefois, l'intérêt de cette compilation réside aussi dans ses versions et titres rares, tel ce "Home Is Where The Heart Is", face B du single Flowers of Romance, avec une basse wobble-esque jouée par Levene, même s'il n'est pas du même niveau que l'album.
Bon 15/20 | par Gaylord |
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