Bad Brains

Album de la reformation du line up originel des Bad Brains, Build A Nation bénéficie de la production de leur fan numero uno, Adam Yauch des Beastie Boys. Pas de métallisation du son des rastaquouères, MCA laisse les musiciens simplement brancher les instruments et envoyer le bois, participant ici et là en tant que percussionniste sur les titres reggae. Classiquement, ça concasse les nerfs avec les titres hardcore et ça fait chalouper le bassin sur les titres enfumés. Autant le dire tout de suite : ce sont ces derniers qui en imposent le plus. Est ce l'âge et l'expérience qui leur ont donné cette patine et ce groove divin ? Est-ce Jah qui s'est invité dans le studio new yorkais et leur a donné les clés de Zion, les laissant s'amuser avec les percussions et les cuivres qui épaississent ce sublime son ? Toujours est il que le reggae proposé par les Brains sur cet opus reste concis, maitrisé, chaud et mélodique : un délice ! Non pas que les morceaux hardcore ne valent pas le détour, loin de là...Le problème se situe plus chez H.R. Le chanteur autrefois doté d'une gorge élastique est aujourd'hui incapable de se mettre au niveau des autres musiciens, sa voix mixée en arrière ayant même parfois du mal à se frayer un chemin et à appliquer une mélodie correcte...Un petit coup d'œil sur le livret fournit un début d'explication: HR a enregistré les voix à Los Angeles, les Bad Brains sacrifiant à cette façon de faire qui consiste à s'envoyer les bandes et à ne pas se côtoyer dans le même studio. Yauch s'est donc débrouillé et a appliqué de l'écho à tout crin sur les parties vocales et tenté de fondre le tout : le résultat, en l'occurrence, laisse à désirer... Dommage car les autres zicos tiennent une forme olympique : la batterie sèche de Earl Hudson et surtout la puissance des riffs de DR. Know rappellent l'influence des Bad Brains sur un Faith No More. "Jah People Make The World Go Round" et " Let There Be Angels" sont ainsi à classer au rayon boucherie rasta core de premier choix.

Malgré le bémol concernant notre ami H.R, il serait dommage de se priver de cet album qui assure l'essentiel : tout d'abord, cela fait plaisir de retrouver les Bad Brains à ce niveau, ensuite Build A Nation raidit la nuque, laisse du sang sur les murs et invite à sortir les feuilles à rouler. Un programme réjouissant en ces temps troublés