Bad Brains

Saviez vous que c'est Madonna, via son label Maverick, qui aida les Bad Brains à se relever en 1995? S'ensuivit alors une reformation lucrative et pathétique (comme l'album "God Of Love"), finalement sabotée par la personnalité de son chanteur. La morue péroxydée aux millions de dollars, mécène des punks...

C'est pourtant vrai, et l'incompréhension est encore plus totale à l'écoute de ces fameuses Omega Sessions de 1980, quinze (trop) brèves minutes où le groupe dévoile une énergie épileptique et fièvreuse, voguant à milles lieues des charts de la madonne.
Pour leur première incartade dans un studio 24 pistes, les rastas décident de graver quelques uns de leurs plus grands morceaux priapiques et expiatoires dont "I Against I", "At The Movies"et "Attitude" tous devenus des classiques.

Fidèle à l'éthique hardcore, H.R met l'Amérique à genoux, se déchire la gorge, gesticule avec une folie inédite pour un adepte de la ganja, tandis que derrière, parfaitement maîtres de leur art, Dr Know, Darryl et Earl le hissent aux sommets sans difficultés. Le groupe est carré comme jamais, les Bad Brains sont à une sorte d'apogée artistique qui perdurera un temps avant les problèmes de labels, de finances, d'egos etc...

Piste après piste: appel à la révolte, à l'envie pressante d'en découdre. La frustration devient ici arme politique...
Le son évidemment fait la part belle aux rugosités du jeu des musiciens, tout semble d'une spontanéité désarmante; on se rêve au CBGB, les amplis soufflent, la chaleur est insupportable, on marchent avec bonheur sur les pieds de son voisin de fosse et on en redemande.
Et puis enfin moment de grâce avec "I Luv I Jah", qui nous ramène en vol direct à Kingston et nous fait prendre conscience du talent monstrueux de ces quatres blacks sortis de nulle part pour donner une leçon aux yuppies.
Le hardcore avait trouvé en eux (et Black Flag) ses plus grands prophètes...