Lali Puna

Il y a chez Lali Puna cette force que j'ai toujours admirée, transparente, invisible mais dont la présence est indéniable dans les propos et la musique du groupe. Une lucidité impressionnante au regard blasé, qui pourrait parfois être perçue comme de l'indifférence, mais qui renvoie surtout à une certaine impuissance de l'individu face au monde actuel et ses multiples plaies. Pessimisme constant caché derrière ces mélodies étouffées et la voix de Valerie Trebeljahr qui semble elle-même être à des lieues de son auditoire, comme ci ses messages étaient de toutes façons peine perdue. "Left Handed" est à l'image de ce sentiment mitigé de faiblesse et de conscience renforcé par des guitares déréglées et saccadées, condamnées à ne pouvoir délivrer leurs riffs en intégralité alors que la voix radiophonique éloignée de la chanteuse nous rappelle avec une sérénité déconcertante ‘We've been let down / Equally'. Et lorsque le morceau s'achève, il redémarre en version dub comme pour remuer le couteau dans la plaie et faire perdurer cette impression de désespoir et de langueur, cyclique et froid. L'alarmisme de Left Handed n'est définitivement pas contrasté, loin de là mais plutôt assumé et réfléchi, et s'il n'est pas à son sommet, ce qu'il nous reste alors de mieux à faire est de s'assoupir et rêver sur un ultime "Together In Electric Dreams"...