Songs : Ohia

Que ce passe-t-il lorsque Jason Molina reprend ses bonnes vieilles habitudes et enregistre ce deuxième album de l'année chez lui ? La réponse, plus de libertés (non ??!!) et d'envies de varier les arrangements. Tant qu'à être chez soi, autant faire comme chez soi et il aurait bien tort de se priver.

Protection Spells se détache donc un peu des autres productions et permet au songwriter de briller davantage dans la création musicale ; n'ayant plus à faire ses preuves côté écriture. "Trouble Will Find You" dévoile donc ces intentions et ce de manière plutôt convaincante avec ses guitares aux abois et planantes, triturées presque psyché tout comme "The Moon Undoes It All" entre deux eaux au piano timide et aux sonorités pincées indoues. Le côté intimiste de la chose ravive le lo-fi passé qui s'était dissipé peu à peu avec une production toujours meilleure et donne envie au compositeur d'accompagner l'essentiel de ses lignes guitares par quelques rythmiques simples à la batterie lorsqu'il ne s'agit pas d'un combo piano/violon inattendu sur "On One Red Star" tanguant à souhait. Le triste mais remarquable "The World At The End Of The World" et "Mighty Like Love, Mighty Like Sorrow" sont les exceptions qui confirment la règle de cet album et persistent dans le folk rock minimaliste des débuts, l'un électrique, l'autre acoustique, mais ont cependant l'avantage de nous laisser seul avec la simple et magnifique présence vocale de l'américain. Une entrevue que l'on n'oublie pas.

Limité à 500 copies, essentiellement écoulés le long de la tournée de Songs : Ohia, Protection Spells étoffe un peu plus le répertoire de Molina, et repousse les limites de son rock déprimé. Peu connu du grand public, ce LP aurait mérité d'être réédité lorsqu'on voit sa qualité proche de Lionness pourtant beaucoup plus minimaliste.