Hood
Cabled Linear Traction |
Label :
Slumberland |
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Les premiers enregistrements du groupe de Leeds sont la preuve que le shoegaze n'est pas pour rien dans la naissance du post-rock.
Hébergé au sein de la structure nord-américaine Slumberland Records, qui comprenait beaucoup de groupes shoegaze (Black Tambourine, Rocketship, Stereolab) mais aussi indie pop (Sleepyhead, Boyracer), alors que la région n'avait de yeux que pour Nirvana et consort, Hood s'essaye donc dans le rock en usant de saturations et d'un chant doux, tout en restant volontairement avec une sonorité lo-fi.
Que Hood se retrouve dans le post-rock plus tard n'est finalement par si anodin que ça. Notamment lorsqu'on sait que Flying Saucer Attack, groupe voisin et qui participa à la fameuse scène de Bristol, débuta également de la même manière. On sent également énormément l'influence de groupes comme Ride, certes, mais aussi Seefeel et Disco Inferno (pionnier en matière de post-rock) qui n'hésitaient pas à recourir au mur de sons saturés. De plus Hood n'a jamais caché sa filiation avec Bark Psychosis, qui possédaient eux aussi ce détachement dans le chant et la musique, qu'on retrouve parfois chez certains groupes shoegaze. Et on a toujours dénoté chez ce groupe anglais de Leeds, encore jeune et balbutiant, une envie de ne jamais se contenter de la facilité. Alors que les mélodies pourraient être évidentes, directes et franches, contentant tout un chacun, celles-ci se voient malaxées par des guitares distordues. Et ainsi redéfinir le rock : fracassé, tiraillé, déstructuré, écrabouillé, le rock reste toujours intact, savoureux et léger comme jamais.
Envolées de guitares saturées, voix douces et légères, nuage vaporeux, fièvre lo-fi qui se détache d'un canevas mélodieux, expérimentation sous fond de brouillage parasitaire noisy, ballade éthérée, on trouve toutes les déclinaisons d'une même humeur : douce mélancolie qui pousse à rechercher le calme au milieu du tumulte, à regarder les gens filer à cent à l'heure alors que dans sa tête, ça se traîne à l'allure d'un escargot, à se détacher des choses, et à se dire : "bon sang, mais qu'est-ce que je fous là ? Et qu'est-ce que je peux bien y faire ?". Un passéisme qui se meut en action "outrospective", dans le sens où le regard se porte non pas sur les choses, mais sur sa position vis-à-vis des choses. Et se persuader d'exister, d'être bien présent.
Et le plus troublant dans tout cela, c'est ce manque de vigueur dans l'application, comme si jouer des saturations n'était même pas si divertissant que ça. L'intérêt pour les membres de Hood n'est pas de montrer du talent, ou bien même afficher de la satisfaction, mais juste exposer leurs essais, leurs brouillons de musique, leurs mélanges mal fignolés de douceurs et de crispations, sans autre but que voir les choses se faire et se laisser entendre, toutes seules, sans forcer. Car c'est bien comme cela que Hood veut que sa musique soit perçue : sans chercher à trouver la trace éventuelle des concepteurs, des musiciens, qui pourraient alors trouver motif de gratitude à ce qu'il y ait de retour.
Derrière ces couches lourdes de guitares, il n'y a pas de retour. Encore timides, les musiciens de Hood se cachent derrière leurs instruments, estimant n'avoir rien d'autre à dire, que ce qui est contenu dans leur musique. Et dès lors, on se retrouve avec ces enregistrements dépouillés, presque nus et authentiques. La rencontre est brutale : ça sonne rêche, méchant, dur, râpeux, ce qui dénote avec les voix, qui ne semblent absolument pas concernées par ce qu'il se passe. Hood symbolise un certain laisser-aller, dans la mesure où il semblerait que ce soit la musique qui tienne les rênes et les musiciens qui regardent. Ce parti pris, cette tolérance vis-à-vis de leurs propres idées, les emmènera sur la route de nombreuses expérimentations, encore à l'état embryonnaire à ce stade. Pour l'instant, on n'a que du bruit.
Oui, mais quel bruit : doux, savoureux, tranquille, reposant, évasif, sortant des sentiers battus, sorte d'éphèbe noisy.
Hébergé au sein de la structure nord-américaine Slumberland Records, qui comprenait beaucoup de groupes shoegaze (Black Tambourine, Rocketship, Stereolab) mais aussi indie pop (Sleepyhead, Boyracer), alors que la région n'avait de yeux que pour Nirvana et consort, Hood s'essaye donc dans le rock en usant de saturations et d'un chant doux, tout en restant volontairement avec une sonorité lo-fi.
Que Hood se retrouve dans le post-rock plus tard n'est finalement par si anodin que ça. Notamment lorsqu'on sait que Flying Saucer Attack, groupe voisin et qui participa à la fameuse scène de Bristol, débuta également de la même manière. On sent également énormément l'influence de groupes comme Ride, certes, mais aussi Seefeel et Disco Inferno (pionnier en matière de post-rock) qui n'hésitaient pas à recourir au mur de sons saturés. De plus Hood n'a jamais caché sa filiation avec Bark Psychosis, qui possédaient eux aussi ce détachement dans le chant et la musique, qu'on retrouve parfois chez certains groupes shoegaze. Et on a toujours dénoté chez ce groupe anglais de Leeds, encore jeune et balbutiant, une envie de ne jamais se contenter de la facilité. Alors que les mélodies pourraient être évidentes, directes et franches, contentant tout un chacun, celles-ci se voient malaxées par des guitares distordues. Et ainsi redéfinir le rock : fracassé, tiraillé, déstructuré, écrabouillé, le rock reste toujours intact, savoureux et léger comme jamais.
Envolées de guitares saturées, voix douces et légères, nuage vaporeux, fièvre lo-fi qui se détache d'un canevas mélodieux, expérimentation sous fond de brouillage parasitaire noisy, ballade éthérée, on trouve toutes les déclinaisons d'une même humeur : douce mélancolie qui pousse à rechercher le calme au milieu du tumulte, à regarder les gens filer à cent à l'heure alors que dans sa tête, ça se traîne à l'allure d'un escargot, à se détacher des choses, et à se dire : "bon sang, mais qu'est-ce que je fous là ? Et qu'est-ce que je peux bien y faire ?". Un passéisme qui se meut en action "outrospective", dans le sens où le regard se porte non pas sur les choses, mais sur sa position vis-à-vis des choses. Et se persuader d'exister, d'être bien présent.
Et le plus troublant dans tout cela, c'est ce manque de vigueur dans l'application, comme si jouer des saturations n'était même pas si divertissant que ça. L'intérêt pour les membres de Hood n'est pas de montrer du talent, ou bien même afficher de la satisfaction, mais juste exposer leurs essais, leurs brouillons de musique, leurs mélanges mal fignolés de douceurs et de crispations, sans autre but que voir les choses se faire et se laisser entendre, toutes seules, sans forcer. Car c'est bien comme cela que Hood veut que sa musique soit perçue : sans chercher à trouver la trace éventuelle des concepteurs, des musiciens, qui pourraient alors trouver motif de gratitude à ce qu'il y ait de retour.
Derrière ces couches lourdes de guitares, il n'y a pas de retour. Encore timides, les musiciens de Hood se cachent derrière leurs instruments, estimant n'avoir rien d'autre à dire, que ce qui est contenu dans leur musique. Et dès lors, on se retrouve avec ces enregistrements dépouillés, presque nus et authentiques. La rencontre est brutale : ça sonne rêche, méchant, dur, râpeux, ce qui dénote avec les voix, qui ne semblent absolument pas concernées par ce qu'il se passe. Hood symbolise un certain laisser-aller, dans la mesure où il semblerait que ce soit la musique qui tienne les rênes et les musiciens qui regardent. Ce parti pris, cette tolérance vis-à-vis de leurs propres idées, les emmènera sur la route de nombreuses expérimentations, encore à l'état embryonnaire à ce stade. Pour l'instant, on n'a que du bruit.
Oui, mais quel bruit : doux, savoureux, tranquille, reposant, évasif, sortant des sentiers battus, sorte d'éphèbe noisy.
Bon 15/20 | par Vic |
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