Ministry
The Last Sucker |
Label :
13th Planet |
||||
En baisse de régime certaine depuis le départ de Paul Barker, Ministry tire sa révérence (pour l'instant) avec The Last Sucker. Al Jourgensen a en effet décidé de splitter son groupe mythique en clôturant sa trilogie anti-Bush. Cette décision aurait été plus louable si elle avait été prise au départ du bassiste fondateur. Car depuis Houses Of The Molé, Ministry n'est plus que l'ombre de lui-même et ressemble plutôt à un de ses ersatz que sa musique visionnaire a engrangé par dizaines.
The Last Sucker clôt cette trilogie en exploitant la même veine que ses deux prédécesseurs Houses Of The Molé et Rio Grande Blood: des morceaux charpentés autour de riffs basiques et sans intérêt, des samples barbares, des solos aussi énervants que vains et une voix hurlée. Al Jourgensen ne fait pas dans la finesse, il est énervé par l'administration Bush et recrache ses frustrations dans sa musique.
On a compris, la perte de la musique si hypnotique et malsaine des débuts est irréversible mais si un minium d'effort était fait pour composer ces morceaux viscéraux, ça serait louable. Au contraire, on a l'impression que seules les paroles ont été changées. Ministry s'auto plagie de manière assez ostentatoire : même riffs, même samples, mêmes rythmes... "The Dick Song" refourgue même des passages entiers du déjà pas folichon "Lies, Lies, Lies" de l'album précédent, mais en pire : samples plats et clichés, structure basique, lignes de chants inexistantes... Et c'est ce sentiment de déjà vu qui persiste tout au long de l'album. Aucun morceau ne décolle véritablement, le tout sonne creux et plat. Sans la voix reconnaissable d'Al Jourgensen, cet album se mêlerait facilement à la masse de groupes electro-metal qui pullulent depuis le succès de Rammstein.
Ministry en profite au passage pour massacrer le "Roadhouse Blues" des Doors. Reprise complètement inutile qui n'apporte rien du tout. Quel est l'intérêt de reprendre ce morceau en hurlant sur fond de double pédale ? Ministry se vautre dans des clichés métal, c'est triste...
Même le traditionnel morceau de fin d'album, pourtant encore potable sur les derniers albums, est ici complètement pathétique et vide. Pourtant ce "End Of Days" divisé en deux parties accusant quasiment le quart d'heure laissait augurer un adieu du groupe en apothéose. Malheureusement ce morceau est dans la stricte lignée qualitative du reste de The Last Sucker. Adieu les morceaux lents, prenants, malsains tels "Leper", "Grace" ou même "Worm" ou "Khyber Pass". Le riff répété de "End Of Days (part 2)" est assez pertinent : triste et pessimiste comme il faut mais tourne dans le vide. Jamais la voix où les samples viennent étoffer cette ambiance. Au contraire ces derniers sont encore une fois rabâchés et hors sujet : des choeurs féminins guimauves et des samples de Bush. Al Jourgensen passe définitivement à côté d'une sortie magistrale...
C'est triste de voir un groupe si emblématique et auparavant systématiquement original se fourvoyer dans tant de facilité. Al Jourgensen aurait vraiment dû splitter Ministry après le départ de Paul Barker afin d'en laisser une trace respectable. Il aurait très bien pu sortir cette trilogie sous un autre nom et ne pas entacher celui de Ministry. Le groupe tire sa révérence après trois albums à peine dignes de son nom...
The Last Sucker clôt cette trilogie en exploitant la même veine que ses deux prédécesseurs Houses Of The Molé et Rio Grande Blood: des morceaux charpentés autour de riffs basiques et sans intérêt, des samples barbares, des solos aussi énervants que vains et une voix hurlée. Al Jourgensen ne fait pas dans la finesse, il est énervé par l'administration Bush et recrache ses frustrations dans sa musique.
On a compris, la perte de la musique si hypnotique et malsaine des débuts est irréversible mais si un minium d'effort était fait pour composer ces morceaux viscéraux, ça serait louable. Au contraire, on a l'impression que seules les paroles ont été changées. Ministry s'auto plagie de manière assez ostentatoire : même riffs, même samples, mêmes rythmes... "The Dick Song" refourgue même des passages entiers du déjà pas folichon "Lies, Lies, Lies" de l'album précédent, mais en pire : samples plats et clichés, structure basique, lignes de chants inexistantes... Et c'est ce sentiment de déjà vu qui persiste tout au long de l'album. Aucun morceau ne décolle véritablement, le tout sonne creux et plat. Sans la voix reconnaissable d'Al Jourgensen, cet album se mêlerait facilement à la masse de groupes electro-metal qui pullulent depuis le succès de Rammstein.
Ministry en profite au passage pour massacrer le "Roadhouse Blues" des Doors. Reprise complètement inutile qui n'apporte rien du tout. Quel est l'intérêt de reprendre ce morceau en hurlant sur fond de double pédale ? Ministry se vautre dans des clichés métal, c'est triste...
Même le traditionnel morceau de fin d'album, pourtant encore potable sur les derniers albums, est ici complètement pathétique et vide. Pourtant ce "End Of Days" divisé en deux parties accusant quasiment le quart d'heure laissait augurer un adieu du groupe en apothéose. Malheureusement ce morceau est dans la stricte lignée qualitative du reste de The Last Sucker. Adieu les morceaux lents, prenants, malsains tels "Leper", "Grace" ou même "Worm" ou "Khyber Pass". Le riff répété de "End Of Days (part 2)" est assez pertinent : triste et pessimiste comme il faut mais tourne dans le vide. Jamais la voix où les samples viennent étoffer cette ambiance. Au contraire ces derniers sont encore une fois rabâchés et hors sujet : des choeurs féminins guimauves et des samples de Bush. Al Jourgensen passe définitivement à côté d'une sortie magistrale...
C'est triste de voir un groupe si emblématique et auparavant systématiquement original se fourvoyer dans tant de facilité. Al Jourgensen aurait vraiment dû splitter Ministry après le départ de Paul Barker afin d'en laisser une trace respectable. Il aurait très bien pu sortir cette trilogie sous un autre nom et ne pas entacher celui de Ministry. Le groupe tire sa révérence après trois albums à peine dignes de son nom...
Insipide 7/20 | par Abe-sapien |
Posté le 31 juillet 2008 à 00 h 34 |
Rendons à César ce qui lui appartient. Si les deux premiers albums de la trilogie anti-Bush (Houses Of The Molé, Rio Grande Blood) peuvent souffrir parfois d'un son un peu commun en regard du travail qu'a exécuté Ministry depuis 20 ans en matière de métal industriel (et en particulier sur l'intouchable Filth Pig), The Last Sucker, lui, constitue le pont parfait entre la rage speed et dégueulée de ses deux aînés avec le son froid et synthétique propre à l'indus.
C'en est d'autant plus admirable qu'on voit rarement des artistes durcir leur propos avec l'âge : mais Jourgensen ne mange visiblement pas de ce pain là... L'arrêt (très) tardif des drogues conjugué au double mandat Bush, c'est le cocktail détonant qui a muté le métal industriel lourd et ambiant délivré depuis le milieu des nineties par le groupe, en un brûlot purement cathartique. Ainsi, The Last Sucker est certainement le plus radical des albums de Ministry, tant au niveau du chant, des paroles que de la musique.
Pas de batterie, uniquement des programmations encadrant follement des riffs barbares et incroyablement malsains sur la première partie ("Let's Go", qui ouvre l'ensemble de manière magistrale, comme "Life Is Good", "Watch Yourself" ou "The Dick Song", sont des monuments de furie froide) ; la face B de l'album étant plus variée, moins féroce, laissant la place à des titres presque rock'n roll ("Die In A Crash", "End Of Days Pt 1", et bien sûr la reprise survoltée de "Roadhouse Blues") ou presque pop ("End Of Days Pt 2" et ses choeurs féminins). Presque, parce que ça dépote quand même sacrément dans les deux cas !
The Last Sucker brille enfin et surtout par son efficacité, Jourgensen et son équipe (dont les membres ont été en général recrutés dans les groupes signés sur son label 13th Planet) ayant ce talent incroyable pour renouveler encore et encore des riffs pourtant évidents, mais terriblement entraînants.
Il ne faut pas chercher dans The Last Sucker ce qu'on ne peut y trouver ; en particulier de l'innovation ou une ambiance pesante. Ce dernier effort de Jourgensen sous le nom de Ministry symbolise plutôt la totale liberté artistique d'un homme dont la désintoxication a réveillé la partie la plus violente de soi, la révolte, avant quelque peu canalisée par la drogue et/ou le bassiste Paul Barker. Une renaissance tardive, brutale et éphémère, mais qui laissera des traces !
C'en est d'autant plus admirable qu'on voit rarement des artistes durcir leur propos avec l'âge : mais Jourgensen ne mange visiblement pas de ce pain là... L'arrêt (très) tardif des drogues conjugué au double mandat Bush, c'est le cocktail détonant qui a muté le métal industriel lourd et ambiant délivré depuis le milieu des nineties par le groupe, en un brûlot purement cathartique. Ainsi, The Last Sucker est certainement le plus radical des albums de Ministry, tant au niveau du chant, des paroles que de la musique.
Pas de batterie, uniquement des programmations encadrant follement des riffs barbares et incroyablement malsains sur la première partie ("Let's Go", qui ouvre l'ensemble de manière magistrale, comme "Life Is Good", "Watch Yourself" ou "The Dick Song", sont des monuments de furie froide) ; la face B de l'album étant plus variée, moins féroce, laissant la place à des titres presque rock'n roll ("Die In A Crash", "End Of Days Pt 1", et bien sûr la reprise survoltée de "Roadhouse Blues") ou presque pop ("End Of Days Pt 2" et ses choeurs féminins). Presque, parce que ça dépote quand même sacrément dans les deux cas !
The Last Sucker brille enfin et surtout par son efficacité, Jourgensen et son équipe (dont les membres ont été en général recrutés dans les groupes signés sur son label 13th Planet) ayant ce talent incroyable pour renouveler encore et encore des riffs pourtant évidents, mais terriblement entraînants.
Il ne faut pas chercher dans The Last Sucker ce qu'on ne peut y trouver ; en particulier de l'innovation ou une ambiance pesante. Ce dernier effort de Jourgensen sous le nom de Ministry symbolise plutôt la totale liberté artistique d'un homme dont la désintoxication a réveillé la partie la plus violente de soi, la révolte, avant quelque peu canalisée par la drogue et/ou le bassiste Paul Barker. Une renaissance tardive, brutale et éphémère, mais qui laissera des traces !
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