Gun Club
Lucky Jim |
Label :
Triple X |
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En 1993, le Gun Club n'intéresse plus grand monde. Il n'y a guère qu'en Europe et notamment aux Pays-Bas où est enregistré cet album, que le groupe de Jeffrey Lee Pierce suscite encore une certaine excitation, toute mesurée. Lucky Jim, réalisé sans le guitariste Kid Congo Powers, s'avérera être le dernier album du Gun Club.
De retour de différents voyages en Asie (continent qui le fascinait à la fin de sa vie), Jeffrey Lee Pierce composa les 11 chansons de Lucky Jim dans un état d'esprit oscillant entre nostalgie et regrets, le tout enrobé d'une profonde dépression. Si Pastoral Hide And Seek comportait déjà quelques grands moments de déprime, Lucky Jim est l'album de la complète désolation: 'It was foolish to be alive It was foolish in a foolish time' ("Idiot Waltz"). Et à moins de s'appeler Townes Van Zandt ou Ian Curtis, on réussit rarement à rendre un tel pathos engendré magnifique. Lucky Jim est sans doute de ce fait le seul album non indispensable du groupe.
Bien sûr, si Lucky Jim a ses moments creux un peu trop profonds pour prétendre s'aligner sur le reste de la discographie (parfaite) du Gun Club, il possède aussi ses moments de gloires. Des rocks furieux aux solos décharnées qui rappelle que Jeffrey Lee Pierce redécouvrait à cette époque Jimi Hendrix ("A House Is Not A Home", "Ride") mais surtout de belles ballades plaintives faites pour chialer ("Lucky Jim", "Kamata Hollywood City"). En l'absence de Kid Congo Powers, Jeffrey assure guitare rythmique et guitare lead. Lui qui penchait de plus en plus sur scène vers le guitar hero, s'en donne à coeur joie sur Lucky Jim. Et bien que ses idoles guitaristiques soient Tom Verlaine et le Voodoo Child, son meilleur fait d'arme le rapproche de 'Dieu': "Anger Blues" est un long blues lancinant dans la plus pure tradition claptonienne, quand celui-ci déprimait avec les Derek & The Dominos. Très belle conclusion pour cet album malade.
Un album de fin de règne presque parfait en la circonstance. La flamboyance ne pouvait être de la partie avec un Jeffrey Lee Pierce aussi faible, que ce soit mentalement ou physiquement. Sur ce plan-là, il ne cessera d'aller de mal en pis. Malgré un traitement médical très lourd, de nouveaux projets enthousiastes (son autobiographie Go Tell The Mountain achevée, il s'intéressait de plus en plus au hip-hop, avait repris contact avec Kid Congo Powers...), Jeffrey Lee Pierce mourra 3 ans plus tard des suites d'une hémorragie cérébrale. Ses fans et proches organiseront une cérémonie bouddhiste en sa mémoire à Los Angeles. Rebaptisé pour l'occasion Shaku Chi Ken: 'le disciple de Bouddha qui possède la vision et la sagesse'. Mouai... pas sûr pour la sagesse... En tout cas on attend toujours ici bas qu'il se réincarne...
De retour de différents voyages en Asie (continent qui le fascinait à la fin de sa vie), Jeffrey Lee Pierce composa les 11 chansons de Lucky Jim dans un état d'esprit oscillant entre nostalgie et regrets, le tout enrobé d'une profonde dépression. Si Pastoral Hide And Seek comportait déjà quelques grands moments de déprime, Lucky Jim est l'album de la complète désolation: 'It was foolish to be alive It was foolish in a foolish time' ("Idiot Waltz"). Et à moins de s'appeler Townes Van Zandt ou Ian Curtis, on réussit rarement à rendre un tel pathos engendré magnifique. Lucky Jim est sans doute de ce fait le seul album non indispensable du groupe.
Bien sûr, si Lucky Jim a ses moments creux un peu trop profonds pour prétendre s'aligner sur le reste de la discographie (parfaite) du Gun Club, il possède aussi ses moments de gloires. Des rocks furieux aux solos décharnées qui rappelle que Jeffrey Lee Pierce redécouvrait à cette époque Jimi Hendrix ("A House Is Not A Home", "Ride") mais surtout de belles ballades plaintives faites pour chialer ("Lucky Jim", "Kamata Hollywood City"). En l'absence de Kid Congo Powers, Jeffrey assure guitare rythmique et guitare lead. Lui qui penchait de plus en plus sur scène vers le guitar hero, s'en donne à coeur joie sur Lucky Jim. Et bien que ses idoles guitaristiques soient Tom Verlaine et le Voodoo Child, son meilleur fait d'arme le rapproche de 'Dieu': "Anger Blues" est un long blues lancinant dans la plus pure tradition claptonienne, quand celui-ci déprimait avec les Derek & The Dominos. Très belle conclusion pour cet album malade.
Un album de fin de règne presque parfait en la circonstance. La flamboyance ne pouvait être de la partie avec un Jeffrey Lee Pierce aussi faible, que ce soit mentalement ou physiquement. Sur ce plan-là, il ne cessera d'aller de mal en pis. Malgré un traitement médical très lourd, de nouveaux projets enthousiastes (son autobiographie Go Tell The Mountain achevée, il s'intéressait de plus en plus au hip-hop, avait repris contact avec Kid Congo Powers...), Jeffrey Lee Pierce mourra 3 ans plus tard des suites d'une hémorragie cérébrale. Ses fans et proches organiseront une cérémonie bouddhiste en sa mémoire à Los Angeles. Rebaptisé pour l'occasion Shaku Chi Ken: 'le disciple de Bouddha qui possède la vision et la sagesse'. Mouai... pas sûr pour la sagesse... En tout cas on attend toujours ici bas qu'il se réincarne...
Pas mal 13/20 | par Sirius |
Posté le 17 juillet 2008 à 16 h 55 |
Avec Lucky Jim, Jeffrey Lee Pierce enregistre son disque le plus abouti. Oublié de beaucoup (Hollande et France mis à part: la Cigale etc), il sait sa fin proche.
Véritable laboratoire d'essai pour substances diverses, son corps tient debout par miracle, mais c'est pour peu de temps.
Le temps du back to basics, loin du post-punk très daté qu'il a produit avec les différentes moutures du Gun Club.
Lucky Jim, ce sont de longues (pour la plupart) chansons, très mélodiques, avec pas mal de déprime en effet: le poète maudit sans doute? Le groupe dernière mouture est très soudé, une des meilleures sections rythmiques jamais écoutée.
Clapton? Quelle blague. Pierce vole 100 kilomètres au-dessus du Valiumesque Clapton, qui n'a plus rien enregistré de convenable depuis "Layla".
Musique désespérée peut-être, l'analogie avec Ian Curtis n'est pas impertinente. Ils étaient bipolaires tous les deux, d'ailleurs. Mais enfin, les analogies s'arrêtent là, sauf peut-être la brutalité de l'expression sonore. Trop différents, les GB et les USA!
Amusant que ce soient les Pays-Bas qui aient été fidèles jusqu'au bout à JLP! De là à en arriver à Amsterdam capitale des bonnes choses de l'esprit, il n'y a qu'un pas...
Bref, chef-d'oeuvre, dommage que le disque ne soit plus dispo depuis longtemps. On attend le remaster. Réservé aux avertis, tout de même...
Véritable laboratoire d'essai pour substances diverses, son corps tient debout par miracle, mais c'est pour peu de temps.
Le temps du back to basics, loin du post-punk très daté qu'il a produit avec les différentes moutures du Gun Club.
Lucky Jim, ce sont de longues (pour la plupart) chansons, très mélodiques, avec pas mal de déprime en effet: le poète maudit sans doute? Le groupe dernière mouture est très soudé, une des meilleures sections rythmiques jamais écoutée.
Clapton? Quelle blague. Pierce vole 100 kilomètres au-dessus du Valiumesque Clapton, qui n'a plus rien enregistré de convenable depuis "Layla".
Musique désespérée peut-être, l'analogie avec Ian Curtis n'est pas impertinente. Ils étaient bipolaires tous les deux, d'ailleurs. Mais enfin, les analogies s'arrêtent là, sauf peut-être la brutalité de l'expression sonore. Trop différents, les GB et les USA!
Amusant que ce soient les Pays-Bas qui aient été fidèles jusqu'au bout à JLP! De là à en arriver à Amsterdam capitale des bonnes choses de l'esprit, il n'y a qu'un pas...
Bref, chef-d'oeuvre, dommage que le disque ne soit plus dispo depuis longtemps. On attend le remaster. Réservé aux avertis, tout de même...
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 01 août 2019 à 01 h 14 |
Lucky Jim dernier album du Gun Club. On ne va pas se mentir ; un des meilleurs groupes de l'époque, mais de quelle époque ? La mienne, la nôtre, la vôtre. Pas certain que le Gun Club intéresse les gamins d'aujourd'hui nourris à PNL et autres autotunés des familles...Mais bon, on est en 1993, Jeffrey Lee Pierce est déjà en bout de course et plus grand monde ne se soucie de lui. Même son guitariste fétiche s'est barré...Kid Congo Power s'est fait la malle et le Gun Club est en lambeaux. Qu'a cela ne tienne, Jeffrey, qui n'a plus rien a perdre, assurera le lead guitar sur un album, qui s'apparente plus à celui de la dernière chance qu'à autre chose.
Et là, Jeffrey Lee Pierce, qui n'en est pas à son premier miracle de son vivant, réussit l'impensable. Ce dernier effort studio (même s'il l'ignore alors) est une claque magistrale. On le sent faire corps avec sa guitare. Toute la mélancolie du bonhomme n'a jamais été aussi bien et profondément exprimée que sur cet album. Il y met toutes ses dernières énergies (surtout en milieu d'album), et puis conclut ce dernier acte de bravoure avec un morceau fabuleux "Anger Blues" : comme si soudainement Eric Clapton avait appris à injecter de l'émotion dans ses propres morceaux. Superbe conclusion pour un ultime disque. Un superbe chant du cygne.
Peu de temps après Jeffrey s'en ira. Un gâchis énorme résultant de trop de souffrance.
Et là, Jeffrey Lee Pierce, qui n'en est pas à son premier miracle de son vivant, réussit l'impensable. Ce dernier effort studio (même s'il l'ignore alors) est une claque magistrale. On le sent faire corps avec sa guitare. Toute la mélancolie du bonhomme n'a jamais été aussi bien et profondément exprimée que sur cet album. Il y met toutes ses dernières énergies (surtout en milieu d'album), et puis conclut ce dernier acte de bravoure avec un morceau fabuleux "Anger Blues" : comme si soudainement Eric Clapton avait appris à injecter de l'émotion dans ses propres morceaux. Superbe conclusion pour un ultime disque. Un superbe chant du cygne.
Peu de temps après Jeffrey s'en ira. Un gâchis énorme résultant de trop de souffrance.
Excellent ! 18/20
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