James Chance
Buy |
Label :
ZE |
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Il y a de ces groupes, de ces artistes qui n'obtiennent pour cause d'avant-garde justement bien trop en avance, une reconnaissance tardive. Trop tardive. La no-wave par la force des choses en a accouché pas mal de ces gens-là. Mais si parmi ce mouvement new-yorkais il y en a un seul à retenir et à congratuler tous les jours pour son oeuvre (avec Lydia Lunch bien sûr), ce serait évidemment James Chance. Né James Siegfried, le co-fondateur des Teenage Jesus & The Jerks monte son propre groupe en 1978 qui l'appelle dans un premier temps The Contortions.
Ce premier album, s'intitulant au choix Buy The Contortions ou simplement Buy, est une pièce essentielle de la no-wave. On y retrouve tous les éléments caractéristiques de cette scène: un son rêche, aggressif et qui envoie valser toute idée de couplet/refrain aux calendes grecques... Inaudible pour un fan des Smiths, Buy est aussi nourri par les deux grosses mamelles musicales de James Chance: le free jazz et le funk.
C'est que le garçon âgé de 24 ans était monté à New-York à la base pour intégrer la scène free-jazz en tant que saxophoniste. Pas étonnant donc de retrouver du Pharoah Sanders ou du Ornette Coleman dans sa musique. Comme tous les groupes no-wave, on fait beaucoup de bruits histoire de choquer le bourgeois mais avec les Contortions on garde en tête certaines notions techniques... Pas virtuoses pour autant. Ce n'est pas le but de toute façon. Non le but c'est bien de faire danser le péquenot pour peu qu'il soit réceptif à une telle frénésie. Et là on en vient à la deuxième mamelle nourricière: le funk. James Brown. Mais un James Brown qui a dépassé son quota de speed, coke et autres drogues spasmodiques. Rythmes ultra-syncopés, dérangés qui donnent au final quelques 'tubes'. Notamment et surtout ce truc indescriptible que nous envieront les autres peuples de l'univers lorsque l'on aura établi le contact: "Contort Yourself". On avait pas vu pareille chose aussi jouissive, aussi dangeureuse pour les cardiaques depuis... "Sex Machine". "Design To Kill", "I Don't Want To Be Happy", "Throw Me Away"... autant de mots d'ordres funk qui claquent façon massue plus que coup de fouet. Mais on danse... difficilement, mais on danse quand même. Plus free funk que no-wave donc.
Et le punk dans tout ça où est-il ? Le punk lui, outre la démarche sans concession du groupe et la colère nihliste du chanteur qui produit nombre d'éructements martiaux sur cet album, elle est aussi dans la personnalitié très conflictuelle du leader des Contortions. C'est que pas mal de concerts du groupe finissaient en pugilat. James Chance & The Contortions souffraient du même syndrome que Suicide. A la différence près que le duo synthétique était confronté à un public de boeufs hostiles qui ne comprenaient rien à leur musique. Les Contortions eux faisaient face à un public de boeufs... passifs. C'est pire... James Chance n'hésitait donc pas à faire quelques remontrances véhémentes à ce qu'il considérait comme un public de merde (et il avait bien raison). D'ailleurs depuis les différentes rééditions CD et les bonus lives (superbe rééedition 2004), on peut l'entendre en faire quelques unes juste avant de balancer "Jailhouse Rock" (qui au passage est totalement irreconnaissable).
Alors même si idéalement Buy s'écoute cocaïné jusqu'au yeux, il demeure hautement recommandable pour un cotisant enthousiaste de la ligue anti-drogue si celui-ci est un mélomane curieux. Disque pionner, fondateur qui influença aussi bien les Red Hot que John Zorn, Buy est, selon le langage courant du début du XXIème siècle, une vraie tuerie. Achetez-le.
Ce premier album, s'intitulant au choix Buy The Contortions ou simplement Buy, est une pièce essentielle de la no-wave. On y retrouve tous les éléments caractéristiques de cette scène: un son rêche, aggressif et qui envoie valser toute idée de couplet/refrain aux calendes grecques... Inaudible pour un fan des Smiths, Buy est aussi nourri par les deux grosses mamelles musicales de James Chance: le free jazz et le funk.
C'est que le garçon âgé de 24 ans était monté à New-York à la base pour intégrer la scène free-jazz en tant que saxophoniste. Pas étonnant donc de retrouver du Pharoah Sanders ou du Ornette Coleman dans sa musique. Comme tous les groupes no-wave, on fait beaucoup de bruits histoire de choquer le bourgeois mais avec les Contortions on garde en tête certaines notions techniques... Pas virtuoses pour autant. Ce n'est pas le but de toute façon. Non le but c'est bien de faire danser le péquenot pour peu qu'il soit réceptif à une telle frénésie. Et là on en vient à la deuxième mamelle nourricière: le funk. James Brown. Mais un James Brown qui a dépassé son quota de speed, coke et autres drogues spasmodiques. Rythmes ultra-syncopés, dérangés qui donnent au final quelques 'tubes'. Notamment et surtout ce truc indescriptible que nous envieront les autres peuples de l'univers lorsque l'on aura établi le contact: "Contort Yourself". On avait pas vu pareille chose aussi jouissive, aussi dangeureuse pour les cardiaques depuis... "Sex Machine". "Design To Kill", "I Don't Want To Be Happy", "Throw Me Away"... autant de mots d'ordres funk qui claquent façon massue plus que coup de fouet. Mais on danse... difficilement, mais on danse quand même. Plus free funk que no-wave donc.
Et le punk dans tout ça où est-il ? Le punk lui, outre la démarche sans concession du groupe et la colère nihliste du chanteur qui produit nombre d'éructements martiaux sur cet album, elle est aussi dans la personnalitié très conflictuelle du leader des Contortions. C'est que pas mal de concerts du groupe finissaient en pugilat. James Chance & The Contortions souffraient du même syndrome que Suicide. A la différence près que le duo synthétique était confronté à un public de boeufs hostiles qui ne comprenaient rien à leur musique. Les Contortions eux faisaient face à un public de boeufs... passifs. C'est pire... James Chance n'hésitait donc pas à faire quelques remontrances véhémentes à ce qu'il considérait comme un public de merde (et il avait bien raison). D'ailleurs depuis les différentes rééditions CD et les bonus lives (superbe rééedition 2004), on peut l'entendre en faire quelques unes juste avant de balancer "Jailhouse Rock" (qui au passage est totalement irreconnaissable).
Alors même si idéalement Buy s'écoute cocaïné jusqu'au yeux, il demeure hautement recommandable pour un cotisant enthousiaste de la ligue anti-drogue si celui-ci est un mélomane curieux. Disque pionner, fondateur qui influença aussi bien les Red Hot que John Zorn, Buy est, selon le langage courant du début du XXIème siècle, une vraie tuerie. Achetez-le.
Excellent ! 18/20 | par Sirius |
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