Silverchair

Young Modern

Young Modern

 Label :     Eleven 
 Sortie :    mardi 03 avril 2007 
 Format :  Album / CD   

On les croyait cachés au fin fond de leur pays natal, en train de jouer à Crocodile Dundee à l'abri des scènes et des flashs... Non, les revoilà quand on ne les attendait plus. Mais qu'a pu devenir Silverchair en cinq années d'absence et de remise en cause ?
Et bien les trois gamins qui avaient sortis leur premier disque à 15ans en ont aujourd'hui 27, et exhibent désormais fièrement biceps, tatouages et système pileux, comme pour faire valoir leur droit de vieillir. Car il faut bien l'avouer, le trio a toujours mué d'albums en albums, au grand damne des fans de Frogstomp et Freakshow ; et continu ici son bonhomme de chemin, au risque de décevoir davantage une partie de son public. Car méfiez-vous de l'apparence musclée et sombre des trois jeunes hommes, le contenu n'a pas la même couleur que le contenant... Enlevez les guitares agressives et la grandiloquence du dernier Diorama et ajoutez-y un travail d'orfèvrerie encore plus poussé, et Young Modern apparaît. A l'écoute du répertoire des australiens, on parlait jadis de grunge-metal hanté par Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, Helmet... il faudra désormais définitivement parler de pop-rock. On savait Daniel Johns quelque peu passionné par Sergent Pepper's..., mais ce cinquième album témoigne d'une obsession pour la pop psychédélique, la mélodie et la joie de vivre. Ici, il ne chante plus sur ses ‘rêves suicidaires' ou sur une ‘maladie d'émotion', qu'il se voit comme un ‘monstre' ou qu'il vit dans un ‘cimetière'... Maintenant, c'est l'amoureu salutaireu, les zozios et la paix à la surface de la Terre (‘wi or zeu weeuuurld !')... En découle une avalanche de chansons fraîches mais niaises ("Reflections Of A Sound", "Low", "Those Thieving...", "Insomnia"... arrggg !), paradoxalement construites d'airs immédiats trempés de manière névrotique dans des structures difficiles à retenir, ou du moins très changeantes. Si bien que malgré l'intelligence incontestable du songwriting ("If You Keep Losing Sleep"), on se perd facilement dans cette overdose de miel dangereuse pour les mélomanes diabétiques. Le single "Straight Lines" fait ainsi œuvre de salubrité publique en partant en éclaireur...
Hormis ce passage du rock couillu (même Diorama semblait plus ‘virile' et Johns chante plus aigue) à la pop sucrée, le problème récurrent de l'écriture de Johns, probablement percé à jour depuis la diversité de Neon Ballroom, est qu'il est un ‘faiseur' dans l'âme. Il ne peut s'empêcher de compliquer une chanson ou mélodie qui aurait été assurément plus efficace sous une plus simple forme. Si bien que le disque est de surcroît surproduit -faussement typé Beatles- et ultra arrangé (claviers et son electro, etc.), et confirmant avec sur bon nombre de plages l'imposante participation du Van Dyke Parks Orchestra que le groupe aime (probablement trop) les cordes. Il n'y aura guère que ce subtil rock-pop "Young Modern Station" ou le léger et folky "Waiting All Day" pour faire nous remuer la tête, ou l'exercice parodique rock revival "Mind Reader" sur lequel Johns joue à Iggy Pop et la gaudriole finale stylé Hawksley Workman "All Across The World" pour nous faire marrer...

La musique de Silverchair, autrefois rock, est devenue trop adulte pour qu'à son écoute y subsiste notre passion adolescente. C'est juste un bel album.


Pas mal   13/20
par X_YoB


 Moyenne 16.00/20 

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Posté le 18 avril 2007 à 14 h 10

Enfin le nouvel album de Silverchair !! Je n'y croyais plus !! 5 ans sans album ! Mais je rassure tout le monde, ça valait le coup !! 10 titres sur 11 de pur bonheur !!
En effet le single "Straight Lines" découvert avant l'album m'avait un peu laissé sur ma faim, un morceau un peu electro mais du mauvais electro !! Mais le reste de l'album est tout simplement géniale. "Young Modern Station" ouvre le bal avec son intro de distorsion puis arrive en troisième chanson ("Straight Lines" étant la deuxième), "If You Keep Losing Sleep" avec son intro au tambour avec son air de cirque. Puis s'enchaîne "Reflection Of A Sound" sorte de ballade où le talent de chanteur de Daniel Johns me laisse bouche bée.
Ensuite une chanson de 7 min 26 avec une longue intro (Silverchair étant habitué à faire des chansons courtes mais efficaces). Deux chansons plus tard, vient le tour de "Mind Reader" au ton rock n' roll bien accentué. Suit ensuite "Low" tout droit sortit des années 80 et digne d'un tube de l'été !!! Un peut chiant me direz vous mais cette chanson là a quelque chose que les années 80 n'avait pas (de l'originalité peut être !!!). L'album se termine avec "All Across The World" qui est certainement la suite de "Across The Night" mais en mieux, c'est à dire sans l'orgue au début de la chanson.

Bref cet album est encore différent de tous les autres, comme d'habitude avec Silverchair !!!
Parfait   17/20



Posté le 02 mai 2007 à 14 h 50

Cinq ans après le fabuleux Diorama et divers side projects (Tambalane pour Ben Gillies et The Dissociatives pour Daniel Johns), Silverchair est enfin de retour.
Ce nouvel album marque, comme à chaque fois, une nouvelle évolution dans la discographie du trio australien. En effet, plus que jamais, le groupe (et surtout son leader) ne s'est pas soucié le moins du monde des éventuelles attentes du label ou des fans. Une démarche suffisamment rare pour être soulignée. Ce 5e opus est donc un condensé pop-rock de 45 minutes en marge des productions actuelles.
Si certains reprochaient à Diorama de manquer de simplicité, ils se féliciteront peut-être de retrouver sur Young Modern certains titres plus directs comme les ballades "Waiting All Day" et "Reflections Of A Sound". Deux très bons titres peut-être un peu trop portés par le chant de Daniel Johns et pas vraiment par le reste. A l'opposé, certains titres auraient gagné à être plus directs et rentre dedans comme "The Man That Knew Too Much" ou "Mind Reader". Dans l'ensemble les titres sont tout de même plus courts et directs que sur l'opus précédent. On notera à nouveau la présence de Van Dyke Park (cette fois à la tête de l'orchestre symphonique de Prague) sur trois titres, dont l'épique "If You Keep Losing Sleep", complètement barré et dont les parties orchestrales font penser à "Fantasia". Un titre assez atypique complètement à part sur le disque. On retrouve également la patte de Van Dyke Park sur "All Across The World" et le triptyque "Those Thieving Birds Part 1/ Strange Behaviour/ Those Thieving Birds Part 2". Deux titres exceptionnels, qui rappellent un peu l'ère Diorama et qui nous montrent à quel point Daniel Johns peut être parfois inspiré.
La plupart des titres de ce disque sont de très bonnes factures comme le "Young Modern Station" d'ouverture, a vrai dire la plupart sont même des singles potentiels mais il est vrai que les morceaux auxquels Van Dyke Park à participé semble au dessus du reste.
Ce Young Modern est donc une oeuvre sans concessions, les partis pris sont tranchés (y compris au niveau de la production et du mix) et cet album, plus que jamais, divisera. A chacun de choisir son camp ! De mon côté, même si je n'adule pas autant cet opus que le précédent, j'y adhère presque totalement malgré quelques rares déceptions ("Low" et son intro digne de Laurent Voulzy est assez dur à encaisser !). Un album de haut niveau, qui paraît un peu moins ambitieux que Diorama, mais néanmoins très réussi...
Parfait   17/20



Posté le 22 mai 2007 à 13 h 42

Young Modern, on l'avait attendu (je l'avais attendu) après des Neon Ballroom et Diorama très prometteurs au niveau de leurs orientations musicales; on l'avait espéré (je l'avais espéré), avec un Van Dyke Parks présent dès l'écriture des morceaux: on l'avait aussi redouté (je l'avais redouté), perdu dans les méandres popeux pompeux de Daniel Johns.

Il est là, et on ne s'était pas trompé sur les attentes. Bien sûr, Young Modern apparaît très différent de se qu'on s'attendait ... Comme Diorama à l'époque ... Mais tout ce qu'on espérait et redoutait est présent: le côté "prise de risque", avec des titres surprenants comme le magnifique et gargantuesque "If You Keep Losing Sleep", le meilleur titre de l'album pour moi, le côté travaillé, comme sur le single "Straight Lines", mais aussi la pop pompeuse qui prend tout le coeur de l'album, de la piste 5 à la piste 9, même si de bonnes choses restent présentes.

Silverchair poursuit son évolution dans le mainstream intello, là où la pop se mêle à l'orchestral contemporain, là où les refrains mièvres côtoient directement les mélodies dissonantes, là où l'auditeur pas assez attentif accroche et perd le disque en route à chaque seconde.

Restent des talents incroyables de songwriter pour Daniel Johns, qui se dévoilent grandissant au fur et à mesure de sa discrographie. S'il faut de plus en plus d'écoutes pour vraiment apprécier le contenu de ses titres, ils deviennent désormais obsédants à terme. Le single "Straight Lines" qui m'avait laissé froid lors de nombreux mois qui ont précédé la sortie du disque est en train de prendre une véritable dimension dans ma tête, avec sa structure en crescendo efficace et sa fausse simplicité touchante. Le clip, dévoilant un chanteur qui donnerait envie aux hommes hétéros de devenir gays ou simplement femmes tant son charisme est fascinant, favorise également cette prise de conscience. "Low" est à peu près dans le même registre, simple, dépouillée mais très travaillée, elle touche juste. ""If You Keep Losing Sleep", quant à elle, c'est tout simplement un monument: grandiloquente à outrance, c'est un circus féérique à elle toute seule. Elle entre dans la tête, elle n'en sort plus: phénoménal !!

On tient donc là un album qui possède de tels moments de grâce qu'il devient indispensable, malgré les défauts gigantesques qui le caractérisent.
Bon   15/20



Posté le 01 octobre 2008 à 18 h 12

Après 5 ans d'un silence toutefois interrompu par les élucubrations Electro-Lo-Fi de Daniel Johns au sein des Dissociatives, et celles plus anecdotiques de Ben Gilles chez les popeux de Tambalane, Silverchair se fend en ce premier tiers 2007 d'un retour qui s'est à ce point fait attendre, que le disque n'a finalement pas trouvé de distributeur pour le continent Européen. Un petit paradoxe pour une formation qui cumule près de 7 millions d'albums vendus dans le monde, mais qui ne trouve aujourd'hui plus grâce chez les majors du disque. Une semi-surprise seulement, puisque le trio - qui n'en est d'ailleurs plus vraiment un depuis Neon Ballroom - n'a depuis quelques années plus le profil de la grosse formation mainstream, mais plus volontiers celui du groupe audacieux qui n'en fera qu'à sa tête.
Ce cinquième LP confirmera à ce titre leur potentiel versatile et déroutant, en empruntant bien des directions stylistiques différentes. La cohérence limpide de l'ensemble ne s'en révèle d'ailleurs que plus remarquable encore. Silverchair fait chauffer le bois d'entrée, via un "Young Modern Station" à la frappe précise et percutante, mais il s'agit déjà d'une fausse piste, ou plus exactement d'une infime part d'un tout composite. La suite vous baladera en effet d'un killer-single lyrique enthousiasmant en la personne de "Straight Lines", à des merveilles de pop-songs détendues ("Reflections Of A Sound", "Waiting All Day"), en passant par des pièces orchestrales ambitieuses en diable, notamment à travers le fastueux triptyque "Those Thieving birds".
Tour à tour puissant, groovy, mélodieux ou majestueux, Silverchair est un groupe libéré qui n'a définitivement plus peur de rien. L'insolente réussite avec lequel il touche à l'excellence dans chacun de ces domaines ne saurait suffire à réconcilier des fans éparpillés par ces métamorphoses répétées, mais Johns et ses potes s'en fichent éperdument, et croyez-bien qu'on les en félicite.
Plus "dansant" que ses aînés, Young Modern bénéficie cependant d'une production, en accord avec l'aspect moderniste du disque, qui peut apparaître froide par endroits. On pourra notamment discuter du bien-fondé de cette batterie au son volontairement artificiel, ou de la légitimité de ces claviers étouffants sur des titres qui manquent peut-être du coup un poil de pêche. Entre autres possibles points de discorde. Ce qui est certain, c'est qu'il émerge de ces choix une identité forte, et aux points, Silverchair remporte une énième fois une éclatante victoire. Celle d'un groupe passionnant, et qui confirme via cet album d'une densité rare qu'il n'est donc définitivement pas comme les autres.
Excellent !   18/20







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