Far
Water & Solutions |
Label :
Immortal |
||||
Cela faisait un moment que tout le monde s'en doutait et le Tin Cans With Strings To You, bien qu'imparfait, prévalait beaucoup de chose pour ce petit quatuor de Sacramento. De la discographie de Far, c'est bien Water & Solutions qui restera véritablement dans les mémoires. Un disque qui malgré son avance aura su trouver un public qui n'était pas conquis d'avance, monopolisé par la tendance néo de l'époque, Korn et ses 'INNA BEUUUU RRRATA...' au sommet. Ironiquement, après l'écoute de cet album, on ne cherche plus où des groupes tels que Deftones ou Thursday ont trouvé la voie à prendre sur leur sacro-saint White Pony ou leurs intentions d'ensemble: la matrice est là.
Ce qui fait avant tout son charme, c'est que cet album est fragile. Une oeuvre mélodique bancale aux guitares acérées allant droit au but, n'éprouvant aucunement l'auditeur et décidée à persévérer dans la simplicité. La pièce à conviction la plus plausible étant la tension palpable de l'haletant hit "Mother Mary", qui dit en 2 minutes 15 ce que Placebo n'est pour l'instant pas (et probablement jamais) parvenu à atteindre en plusieurs albums. C'est la plume de songwriter léger du chanteur Jonah Matranga qui saupoudre les coups de disto d'un idéal emo, loin des règles désormais établies aujourd'hui. Il le démontrera d'ailleurs bien assez par la suite par ses projets suivants dont son Onelinedrawing en solo...
Mais le bonhomme n'est pas seul maître à bord, il ne fait pas l'électricité, ni le métronome. Ce sont bien ces quatre garçons ordinaires qui firent du peu de talent qu'ils avaient un objet marquant de diversité pourtant cohérente et homogène. La capacité à enchaîner un "The System" lumineusement rageur avec un transcendant "Nestle", à mêler un riff typique d'Helmet à un chant dodelinant accompagné de son discours amer d'amour sur "Wear It So Well", ou à faire totalement passer des clins d'œil non déguisés dissous sans honte : On devine que le titre éponyme "Water & Solution" reprend le hululement éloigné du "Where Is My Mind" des Pixies. Le principal est que le groupe y trouve son compte, son identité de rock dramatique, donnant naissance au titre le plus estimé par les adhérents de Far: la danse sinueuse de "Bury White".
Malgré la férocité de nombreux plans, gravite également dans une nostalgie grunge des titres mi-Veruca Salt mi-Smashing Pumpkins à l'image de l'aérien "Not Really Here" et plus particulièrement "In 2 Again", petite plongée moderne dans la première moitié des années 90, chauffée de cordes et de cadences trip-hop. Une douce ambiance s'étalant au fur et à mesure des 3 derniers titres et jusqu'à la fin du disque, prenant de ce biais le risque définitif d'être saisi comme un album sensible, le ternaire de "Man Overboard" le fait vite comprendre...
On note aussi en second plan que l'ASCAP des crédits comporte entre autres l'appellation 'I Miss Kurt'. C'est toujours bon de ne pas oublier ceux qui ont eu une âme musicale, et si la comparaison serait sacrilège pour la plupart, nulle doute que Water & Solutions s'est terriblement bien forgé, production aidant. La lourde patte poilue de Dave Sardy parvient alors d'un son parfait à montrer les incisives d'un groupe ici bien plus timide que sur son Tin Cans.... La puissance tirée du taf pour son Barkmarket veille au grain.
Il serait trop orgueilleux de citer cette petite parenthèse rock comme un pionnier, comme une vision avant-gardiste de la musique d'aujourd'hui, mais tout y est si spontané qu'on ne peut hésiter à l'apprécier à sa juste valeur.
Ce qui fait avant tout son charme, c'est que cet album est fragile. Une oeuvre mélodique bancale aux guitares acérées allant droit au but, n'éprouvant aucunement l'auditeur et décidée à persévérer dans la simplicité. La pièce à conviction la plus plausible étant la tension palpable de l'haletant hit "Mother Mary", qui dit en 2 minutes 15 ce que Placebo n'est pour l'instant pas (et probablement jamais) parvenu à atteindre en plusieurs albums. C'est la plume de songwriter léger du chanteur Jonah Matranga qui saupoudre les coups de disto d'un idéal emo, loin des règles désormais établies aujourd'hui. Il le démontrera d'ailleurs bien assez par la suite par ses projets suivants dont son Onelinedrawing en solo...
Mais le bonhomme n'est pas seul maître à bord, il ne fait pas l'électricité, ni le métronome. Ce sont bien ces quatre garçons ordinaires qui firent du peu de talent qu'ils avaient un objet marquant de diversité pourtant cohérente et homogène. La capacité à enchaîner un "The System" lumineusement rageur avec un transcendant "Nestle", à mêler un riff typique d'Helmet à un chant dodelinant accompagné de son discours amer d'amour sur "Wear It So Well", ou à faire totalement passer des clins d'œil non déguisés dissous sans honte : On devine que le titre éponyme "Water & Solution" reprend le hululement éloigné du "Where Is My Mind" des Pixies. Le principal est que le groupe y trouve son compte, son identité de rock dramatique, donnant naissance au titre le plus estimé par les adhérents de Far: la danse sinueuse de "Bury White".
Malgré la férocité de nombreux plans, gravite également dans une nostalgie grunge des titres mi-Veruca Salt mi-Smashing Pumpkins à l'image de l'aérien "Not Really Here" et plus particulièrement "In 2 Again", petite plongée moderne dans la première moitié des années 90, chauffée de cordes et de cadences trip-hop. Une douce ambiance s'étalant au fur et à mesure des 3 derniers titres et jusqu'à la fin du disque, prenant de ce biais le risque définitif d'être saisi comme un album sensible, le ternaire de "Man Overboard" le fait vite comprendre...
On note aussi en second plan que l'ASCAP des crédits comporte entre autres l'appellation 'I Miss Kurt'. C'est toujours bon de ne pas oublier ceux qui ont eu une âme musicale, et si la comparaison serait sacrilège pour la plupart, nulle doute que Water & Solutions s'est terriblement bien forgé, production aidant. La lourde patte poilue de Dave Sardy parvient alors d'un son parfait à montrer les incisives d'un groupe ici bien plus timide que sur son Tin Cans.... La puissance tirée du taf pour son Barkmarket veille au grain.
Il serait trop orgueilleux de citer cette petite parenthèse rock comme un pionnier, comme une vision avant-gardiste de la musique d'aujourd'hui, mais tout y est si spontané qu'on ne peut hésiter à l'apprécier à sa juste valeur.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_YoB |
Posté le 24 octobre 2006 à 13 h 03 |
À tous les fans de Kurt, de Deftones, de Weezer, réveillez-vous, cet album est pour vous !!
Water & Solutions est un énorme album. De L'eau et des solutions quoi !! Cet album coule de source du début jusqu'à la fin. On est pris par la vague californienne Far...
Pour la production c'est Dave Sardy, pour l'inspiration, ce sont les groupes cités au dessus, et pour la mélodie, c'est tout simplement exceptionnel.
Méconnu en France, ce groupe est pourtant très proche de la bande à Chino Moreno. Vu en 1998 à la Boule Noire avec Incubus et One Minute Silence en première partie, l'album de Far est une vraie réussite tant en live qu'en studio, un plein d'emocore comme savaient le faire Jawbox, Quicksand et Sunny Day Real Estate.
Là où le premier album de Far se cherchait encore et tournait peut-être un peu trop du coté du neo-metal californien, ce deuxième album est malheureusement le dernier du groupe mais de loin le plus accessible, le plus abouti, et, allez, disons-le, le plus phénoménal.
Nos quatre compères ont de l'énergie à revendre et dès le premier titre "Bury White", on accroche. Les titres s'enchaînent très bien, "Really Here", "Water & Solutions", "Mother Mary" et on est sous le charme direct jusqu'au dernier titre "Waiting For Sunday".
Au passage notons le très nirvanesque "Wear It So Well" et le très portisheadien "Another Way Out".
Bref, il y en a pour tous les goûts mais on reste toujours dans une ligne emocore grandiose.
A tous ceux qui aiment quand la Californie, Sacramento pour être précis, allie l'émotion à l'énergie, cet album est pour vous.
Tout simplement excellent.
Water & Solutions est un énorme album. De L'eau et des solutions quoi !! Cet album coule de source du début jusqu'à la fin. On est pris par la vague californienne Far...
Pour la production c'est Dave Sardy, pour l'inspiration, ce sont les groupes cités au dessus, et pour la mélodie, c'est tout simplement exceptionnel.
Méconnu en France, ce groupe est pourtant très proche de la bande à Chino Moreno. Vu en 1998 à la Boule Noire avec Incubus et One Minute Silence en première partie, l'album de Far est une vraie réussite tant en live qu'en studio, un plein d'emocore comme savaient le faire Jawbox, Quicksand et Sunny Day Real Estate.
Là où le premier album de Far se cherchait encore et tournait peut-être un peu trop du coté du neo-metal californien, ce deuxième album est malheureusement le dernier du groupe mais de loin le plus accessible, le plus abouti, et, allez, disons-le, le plus phénoménal.
Nos quatre compères ont de l'énergie à revendre et dès le premier titre "Bury White", on accroche. Les titres s'enchaînent très bien, "Really Here", "Water & Solutions", "Mother Mary" et on est sous le charme direct jusqu'au dernier titre "Waiting For Sunday".
Au passage notons le très nirvanesque "Wear It So Well" et le très portisheadien "Another Way Out".
Bref, il y en a pour tous les goûts mais on reste toujours dans une ligne emocore grandiose.
A tous ceux qui aiment quand la Californie, Sacramento pour être précis, allie l'émotion à l'énergie, cet album est pour vous.
Tout simplement excellent.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 21 avril 2009 à 18 h 52 |
Far aura connu pendant les années 90 ce que l'on peut appeler un succès d'estime. Dissolu à la fin de cette décennie, les membres se sont éparpillés sur divers projets, rarement passionnants, à l'image des insipides Revolution Smile du guitariste Shaun Lopez. En 2008 cependant, Far annonce une reformation (un phénomène décidément en vogue) avec dates de tournée à la clé. En attendant de savoir où tout cela mènera, revenons sur Water & Solutions, sorti 10 ans plus tôt.
S'il faut bien admettre que cet album sonne 1000 fois entendu aujourd'hui, il faut pourtant le resituer dans son contexte. En 1998, l'émo n'existe pas réellement et Far, s'il peut être étiqueté ainsi, est donc quelque peu précurseur dans son domaine (aux côtés de quelques autres formations comme les excellents Sunny Day Real Estate).
Water & Solutions, pour faire simple, est un croisement presque idéal entre Weezer (pour le côté "pas vraiment triste mais fout le cafard tout de même"- phénomène aussi appelé "syndrome de Pinkerton"-, les mélodies et enfin le chant, souvent proche de celui de Rivers Cuomo) et Deftones (pour la rythmique, les riffs acérés et les envolées "émo" à la Chino Moreno). Du coup, même si l'album est agréable, il a la fâcheuse tendance à nous ramener presque constamment à ces deux formations.
Cependant, difficile de rester de marbre devant l'efficacité de "Bury White" (si c'est un jeu de mots, il est bien pourri), "I Like It" ou encore "Man Overboard". On se rend également compte de l'influence du groupe sur la scène "émo" qui fit fureur quelques années plus tard: "The System" par exemple, aurait très bien pu être dans le répertoire d'autres combos comme Taking Back Sunday.
Objectivement, il semble très exagéré de qualifier d'exceptionnel ce disque (voire les deux chroniques précédentes). Cependant, il fait partie de ces nombreux albums des 90's qui vous fera dire "putain, que c'était bon !". En tout cas, c'est suffisamment bien fichu pour pardonner la présence trop palpable des influences du groupe.
Water & Solutions fait partie des bons disques de 1998, et a du reste plutôt bien vieilli mais il semble aujourd'hui noyé dans la masse d'albums dans le même ton faite par des groupes (souvent) plus récents et parfois aussi inspirés.
S'il faut bien admettre que cet album sonne 1000 fois entendu aujourd'hui, il faut pourtant le resituer dans son contexte. En 1998, l'émo n'existe pas réellement et Far, s'il peut être étiqueté ainsi, est donc quelque peu précurseur dans son domaine (aux côtés de quelques autres formations comme les excellents Sunny Day Real Estate).
Water & Solutions, pour faire simple, est un croisement presque idéal entre Weezer (pour le côté "pas vraiment triste mais fout le cafard tout de même"- phénomène aussi appelé "syndrome de Pinkerton"-, les mélodies et enfin le chant, souvent proche de celui de Rivers Cuomo) et Deftones (pour la rythmique, les riffs acérés et les envolées "émo" à la Chino Moreno). Du coup, même si l'album est agréable, il a la fâcheuse tendance à nous ramener presque constamment à ces deux formations.
Cependant, difficile de rester de marbre devant l'efficacité de "Bury White" (si c'est un jeu de mots, il est bien pourri), "I Like It" ou encore "Man Overboard". On se rend également compte de l'influence du groupe sur la scène "émo" qui fit fureur quelques années plus tard: "The System" par exemple, aurait très bien pu être dans le répertoire d'autres combos comme Taking Back Sunday.
Objectivement, il semble très exagéré de qualifier d'exceptionnel ce disque (voire les deux chroniques précédentes). Cependant, il fait partie de ces nombreux albums des 90's qui vous fera dire "putain, que c'était bon !". En tout cas, c'est suffisamment bien fichu pour pardonner la présence trop palpable des influences du groupe.
Water & Solutions fait partie des bons disques de 1998, et a du reste plutôt bien vieilli mais il semble aujourd'hui noyé dans la masse d'albums dans le même ton faite par des groupes (souvent) plus récents et parfois aussi inspirés.
Bon 15/20
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