Robert Wyatt
Shleep |
Label :
Hannibal |
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Un dessin d'homme dormant sur un colombe géante en plein vol, tel est le visuel que nous propose Robert Wyatt pour son Shleep de 1997 : un visuel apaisant pour un disque moins sombre qu'à l'accoutumée... un visuel hors du temps, comme dans un bon disque de Wyatt... Oui, un bon disque de Wyatt, car je ne vais pas laisser traîner le suspense bien longtemps. Shleep est tout simplement une petite merveille, un des albums les plus aboutis de l'artiste, et c'est dire.
J'ai commencé ma chronique en vous parlant du visuel de ce disque parce que je crois que jamais dans la carrière de Robert Wyatt, la jaquette d'un album n'avait aussi bien illustré sa musique. On pourrait d'ailleurs commenter Shleep uniquement en s'y référant, décrivant point par point ce qui s'offre à nos yeux.
Commençons par le ciel : bleu avec, on l'imagine, un soleil resplendissant à son zénith. Un bleu immaculé, symbole de la beauté de Shleep, traduite sans aucun doute par les premières pièces pop du disque comme "Heaps Of Sheeps" ou "Maryan", dans la plus pure tradition Wyatt, mais dans ses meilleures heures. On trouve ici des mélodies simples et réjouissantes, qui s'écoutent comme on traverserait un océan de ciel bleu.
Quelques rares nuages apparaissent tout de même en toile de fond, comme pour affirmer que tout n'est jamais parfait, rappeler en toute lucidité qu'après l'été vient l'automne, puis l'hiver. Cette touche d'ombre qui caractérise l'ensemble de l'oeuvre de Wyatt se retrouve un peu partout sur le disque, pour pondérer les élans de bonheur et d'apaisement qu'il génère au fur et à mesure de l'écoute, mais sans un titre phare comme il nous en avait offert par le passé. "September The Ninth" serait peut-être le titre le plus sombre de Shleep, mais on est encore loin des élans névrotiques de Ruth Is Stranger Than Richard par exemple. Mais si "September The Ninth" doit être la représentation des nuages de Shleep, on ne fera référence qu'au ton et aux ambiances, car niveau qualité, toujours point d'ombre au tableau...
Mais revenons à la quiétude dont on parlait un peu plus haut, cette quiétude symbolisée par notre homme, roux barbu, en sommeil sur le dos d'une blanche colombe qui plane pour ne pas le réveiller. Dans "Out Of Season", cette image est traduite en musique. Sur un ton lent, avec une musique volant au dessus des mélodies avec nappes et bruits d'ambiance, on se croirait écouter Wyatt en rêves endormis. Et encore une fois, c'est magnifique.
On ne s'est pas encore vraiment attardé sur la colombe d'ailleurs. Ce n'est pourtant pas innocent si Wyatt a choisi d'illustrer Shleep du symbole ultime de paix. Bon, je ne veux pas faire de psychologie foireuse ici, j'en serais totalement incapable, mais je peux vous faire part de mon sentiment. Pour moi, la colombe fait référence à une paix intérieure que Wyatt aurait trouvé. En effet, on a l'impression tout au long de l'écoute du disque que Wyatt est plus que jamais en phase avec lui-même, avec ses démons intérieurs totalement de côté pour quelques minutes de grâce. Je choisirais "A Sunday In Madrid" pour illustrer cela et insister sur la sincérité et la pureté que Wyatt y affiche. Nous tenons là un des titres les plus beaux de Shleep. La voix traîne certes en longueur, parle, récite ses mots dans une ambiance dépouillée de quelques notes de piano. Nous tenons là toutes les caractéristiques du titre qui n'a pas grand chose à raconter, me direz-vous... Pas faux, pourtant, on se plaît à se faire ensorceler par le pouvoir musical de l'artiste. Une sensation de légèreté qui fait du bien aux oreilles. Plus loin dans le titre, quand le piano vient assez brutalement rompre la mélodie, c'est simplement pour nous annoncer que le vol de la colombe traverse désormais les espaces urbains dessinés sous la forme d'un village en bas à gauche de la jaquette.
Et à Wyatt de s'adapter à ce nouvel environnement, avec un nouveau monument nommé "Blues In Bob Minor", avec une voix posée et récitante, à la manière urbaine, sur une rythmique énorme coupée de solis de guitare aboutis. Chef-d'oeuvre.
L'album se terminera enfin avec l'image globale de Shleep. Wyatt s'est rendormi, la colombe fend la bise avec quiétude en traversant un petit nuage qui rappelle à la réalité sans créer de turbulence. La minute trente de "The Whole Point Of No Return" ne marquera personne mais clôtera parfaitement l'ambiance de Shleep.
Au niveau musical, les influences de Wyatt sont toujours présentes : beaucoup de pop, beaucoup de jazz, un peu de rock et d'expérimental. Ce qui me paraît dingue, c'est que plus de vingt ans après Rock Bottom, la sauce prenne toujours aussi bien. Pour moi, Wyatt est l'auteur de la musique la plus envoûtante qu'il existe, une sorte de magicien noir de la beauté musicale, qui inonde encore ce disque de tout son talent. Enorme.
J'ai commencé ma chronique en vous parlant du visuel de ce disque parce que je crois que jamais dans la carrière de Robert Wyatt, la jaquette d'un album n'avait aussi bien illustré sa musique. On pourrait d'ailleurs commenter Shleep uniquement en s'y référant, décrivant point par point ce qui s'offre à nos yeux.
Commençons par le ciel : bleu avec, on l'imagine, un soleil resplendissant à son zénith. Un bleu immaculé, symbole de la beauté de Shleep, traduite sans aucun doute par les premières pièces pop du disque comme "Heaps Of Sheeps" ou "Maryan", dans la plus pure tradition Wyatt, mais dans ses meilleures heures. On trouve ici des mélodies simples et réjouissantes, qui s'écoutent comme on traverserait un océan de ciel bleu.
Quelques rares nuages apparaissent tout de même en toile de fond, comme pour affirmer que tout n'est jamais parfait, rappeler en toute lucidité qu'après l'été vient l'automne, puis l'hiver. Cette touche d'ombre qui caractérise l'ensemble de l'oeuvre de Wyatt se retrouve un peu partout sur le disque, pour pondérer les élans de bonheur et d'apaisement qu'il génère au fur et à mesure de l'écoute, mais sans un titre phare comme il nous en avait offert par le passé. "September The Ninth" serait peut-être le titre le plus sombre de Shleep, mais on est encore loin des élans névrotiques de Ruth Is Stranger Than Richard par exemple. Mais si "September The Ninth" doit être la représentation des nuages de Shleep, on ne fera référence qu'au ton et aux ambiances, car niveau qualité, toujours point d'ombre au tableau...
Mais revenons à la quiétude dont on parlait un peu plus haut, cette quiétude symbolisée par notre homme, roux barbu, en sommeil sur le dos d'une blanche colombe qui plane pour ne pas le réveiller. Dans "Out Of Season", cette image est traduite en musique. Sur un ton lent, avec une musique volant au dessus des mélodies avec nappes et bruits d'ambiance, on se croirait écouter Wyatt en rêves endormis. Et encore une fois, c'est magnifique.
On ne s'est pas encore vraiment attardé sur la colombe d'ailleurs. Ce n'est pourtant pas innocent si Wyatt a choisi d'illustrer Shleep du symbole ultime de paix. Bon, je ne veux pas faire de psychologie foireuse ici, j'en serais totalement incapable, mais je peux vous faire part de mon sentiment. Pour moi, la colombe fait référence à une paix intérieure que Wyatt aurait trouvé. En effet, on a l'impression tout au long de l'écoute du disque que Wyatt est plus que jamais en phase avec lui-même, avec ses démons intérieurs totalement de côté pour quelques minutes de grâce. Je choisirais "A Sunday In Madrid" pour illustrer cela et insister sur la sincérité et la pureté que Wyatt y affiche. Nous tenons là un des titres les plus beaux de Shleep. La voix traîne certes en longueur, parle, récite ses mots dans une ambiance dépouillée de quelques notes de piano. Nous tenons là toutes les caractéristiques du titre qui n'a pas grand chose à raconter, me direz-vous... Pas faux, pourtant, on se plaît à se faire ensorceler par le pouvoir musical de l'artiste. Une sensation de légèreté qui fait du bien aux oreilles. Plus loin dans le titre, quand le piano vient assez brutalement rompre la mélodie, c'est simplement pour nous annoncer que le vol de la colombe traverse désormais les espaces urbains dessinés sous la forme d'un village en bas à gauche de la jaquette.
Et à Wyatt de s'adapter à ce nouvel environnement, avec un nouveau monument nommé "Blues In Bob Minor", avec une voix posée et récitante, à la manière urbaine, sur une rythmique énorme coupée de solis de guitare aboutis. Chef-d'oeuvre.
L'album se terminera enfin avec l'image globale de Shleep. Wyatt s'est rendormi, la colombe fend la bise avec quiétude en traversant un petit nuage qui rappelle à la réalité sans créer de turbulence. La minute trente de "The Whole Point Of No Return" ne marquera personne mais clôtera parfaitement l'ambiance de Shleep.
Au niveau musical, les influences de Wyatt sont toujours présentes : beaucoup de pop, beaucoup de jazz, un peu de rock et d'expérimental. Ce qui me paraît dingue, c'est que plus de vingt ans après Rock Bottom, la sauce prenne toujours aussi bien. Pour moi, Wyatt est l'auteur de la musique la plus envoûtante qu'il existe, une sorte de magicien noir de la beauté musicale, qui inonde encore ce disque de tout son talent. Enorme.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Sinoc |
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