The Psychedelic Furs

C'est en voulant éviter les redites après deux albums considérés de bonne facture dans le milieu underground post-punk londonien que Richard Butler décide de faire appel au génie mais fantasque Todd Rundgren pour produire son troisième opus. Pari risqué mais admirablement réussi, tant la production a été un moyen de donner un style unique à la musique sombre et énergique du groupe. Enrichissant de manière opulente les arrangements, Todd Rundgren arrive pourtant à ne rien dénaturer du style de la bande aux frères Butler, toujours aussi froide et martiale.
Si bien que The Psychedelic Furs aura sans doute été bien plus subversif que ses contemporains et un des groupes qui aura le plus marqué. Avec Forever Now, le groupe accouche d'un chef-d'œuvre. Cet album suffira à expédier le groupe au Panthéon des grands artistes qui ont su capturer l'esprit d'une époque, l'encapsuler dans quelques titres imparables et qui ont réussi à mixer tous les styles sans en perdre l'énergie.
En effet, impossible de classer ce groupe. On retrouve de la froideur crépusculaire agrémentée de violons tristes ("Comes Down"), des titres post-punk sonique ("Forever Now"), un incroyable mur du son à base de claviers, boite à rythme, saxophones au cours d'un titre joué dans le rouge ("Goodbye"), une incursion de cuivres sur le groovy "Danger" ou une complainte glacée (le superbe "No Easy Street") où un solo cristallin vient s'effacer progressivement. Le résultat est stupéfiant et le délicat et somptueux "Love My Way" deviendra ainsi un hit intemporel.
Mais le groupe n'a jamais été aussi meilleur que dans le registre qui lui est le plus familier comme le démontre le furieux et destructeur "President Gas", aux guitares coupantes, à la basse très en avant, à l'ambiance cold-wave et au chant sulfureux, sans doute la chanson la plus décoiffante de ce groupe sublime.
Epoustouflant encore aujourd'hui.