Fiona Apple
Extraodinary Machine |
Label :
Clean Slate |
||||
Six années ont passées depuis la dernière oeuvre discographique de Fiona Apple. Ce Extraodinary Machine fut pourtant bouclé en mai 2003 avant que la maison de disques, non contente de l'accueil fait à When The Pawn, ne trouve tout simplement pas ces nouvelles compositions ... vendables.
N'arrivant pas à sortir son disque, la demoiselle décide alors de balancer la sueur de son front sur le net, pour montrer à ces messieurs-dames que ses morceaux forment bel et bien une ‘machine extraordinaire'. L'accueil des internauts est énorme ! Les ronds-de-cuir lui demandent de créer davantage de ‘hits', elle leur donne "Better Version Of Me" : le public l'ayant entendu est plus que jamais enthousiaste.
Ce ne sera qu'à force de téléchargements, pétitions et autres manifestations se mettant peu à peu en place, que les supers décideurs de-la-mort-qui-tue optent alors pour une reconsidération de l'album, sous un remaniement commercial de la tête aux pieds. C'est là qu'arrive le gros bouffon de l'histoire : Mike Elizondo. Ce péteux de la console s'est fait connaître par ses participations à de nombreux étrons du gratins du showbiz : 50 Cent, Eminem, Sheryl Crow, Gwen Stefani, Avril Lavigne ... Bref, les mines d'or des pharmaciens dans la vente d'aspirine.
Cette concession probable de l'artiste pour que son travail apparaisse enfin dans les bacs, ruine totalement ce qui -jusqu'ici- avait fait tout son charme : une musique jamais immédiate, jamais vraiment facile, mais toujours au bord de l'extase ; des arrangements autant accomplis qu'expérimentaux ; la création d'un univers personnel dans lequel l'auditeur se noie ... Ici, le ton est trop propre pour être du véritable Fiona Apple. Le travail de Jon Brion, toujours parfait, a été totalement bouleversé, et le produit commercial que forme Extraodinary Machine à sa sortie est tout simplement rebutant.
La version originale du titre éponyme semblait peindre la chanteuse entourée de la jungle d'arrangements classiques qui l'accompagne ; ces derniers sont ici repoussés pour laisser place à un mix du chant lamentable, tout le long de l'album, presque les dents dans le micro ... "Get Him Back" se fait carrément amputer d'une minute, les arrangements si finement tordus et transcendants, passent carrément à la trappe, il ne reste que la coquille d'un morceau simpliste.
"O' Sailor" est également amputé (exit l'intro, exit l'émotion procurée par les cordes, exit la fin), mais aussi accélérée, ce qui a pour conséquence d'ôter le côté massif du tempo original. Les arrangements se contentent quant à eux -et c'est là que le bas blesse sur cet opus-, de mimer la gloire du Tidal au 3 millions de copies vendues.
De toutes les versions de "Better Version Of Me" qui seront enregistrées pour convaincre la maison de disque, le choix se portera sur la plus courte, la plus banale (fini le côté tribal, fini le clavecin ou la guitare pour le thème), et surtout celle où le piano a le son le plus pourri qui soit. Le sort le plus épouvantable est réservé à "Used To Love Him" (ici nommé "Tymps (The Sick In The Head Song)"), tout bonnement anéanti : l'instrumentation organique, les parties sans chant et les cloches qui faisaient froid dans le dos, sont balayés par une boîte à rythmes et des arrangements si grossiers qu'on se demande si la chanteuse a eu son mot à dire sur l'affaire. C'est écoutable mais effrayant !
"Window" a presque fait les frais de la même horreur, toujours est-il que la musique et le chant décalé ont disparu sur le couplet, que la batterie semble être définitivement exilée sur ce disque (la participation de ?uestlove de The Roots n'y change pas grand-chose), et seulement les quelques secondes finales bordéliques sont marrantes.
Le métronome de "Oh Well" est lui aussi revu à la hausse, et le sang neuf que procurait cet instrument à vent sorti de nulle part est sous-exploité. "Red Red Red" est aussi bien lifté que n'importe quelle folledingue de la jet-set, au point d'en enlever toute son âme : l'instrumentation est agréable mais vulgairement basique par rapport à la surprise que proposait la première version tout à fait imprévisible.
"Not About Love", l'un des meilleurs titres du disque, est étonnamment plus tordu et énergique avec sa batterie brutale et efficace (bien qu'au détriment des cordes oubliées), et constitue judicieusement le premier single de cet album, qui en aura vu de toutes les couleurs avant de paraître à nos oreilles.
D'un coté, nous avons donc une tentative de corruption commerciale, bien qu' :
- on ne peut pas faire de Fiona Apple une Norah Jones.
- on ne change pas une équipe qui gagne.
- on connaisse la véritable identité de l'album grâce au net (on ne peut donc pas lui mettre de bâtons dans les roues).
Bande de cons !!!
De l'autre, nous avons un excellent disque baroque où la chanteuse fait sonner son piano de façon bien rock'n'roll sur des grooves lunaires et une intention de se renouveler notable.
Mais qu'est-ce qu'elle a fait ? Ou peut-être, qu'est-ce qu'elle n'a pas fait ? Elle a probablement voulue amener la preuve par trois que son travail n'a pas à être contrôlé. Intéressant... mais qu'est-ce qu'elle attend pour se casser ?
Et surtout, qu'est-ce que je fais moi dans ce cas moi ? Bah je coupe la note en deux ...
N'arrivant pas à sortir son disque, la demoiselle décide alors de balancer la sueur de son front sur le net, pour montrer à ces messieurs-dames que ses morceaux forment bel et bien une ‘machine extraordinaire'. L'accueil des internauts est énorme ! Les ronds-de-cuir lui demandent de créer davantage de ‘hits', elle leur donne "Better Version Of Me" : le public l'ayant entendu est plus que jamais enthousiaste.
Ce ne sera qu'à force de téléchargements, pétitions et autres manifestations se mettant peu à peu en place, que les supers décideurs de-la-mort-qui-tue optent alors pour une reconsidération de l'album, sous un remaniement commercial de la tête aux pieds. C'est là qu'arrive le gros bouffon de l'histoire : Mike Elizondo. Ce péteux de la console s'est fait connaître par ses participations à de nombreux étrons du gratins du showbiz : 50 Cent, Eminem, Sheryl Crow, Gwen Stefani, Avril Lavigne ... Bref, les mines d'or des pharmaciens dans la vente d'aspirine.
Cette concession probable de l'artiste pour que son travail apparaisse enfin dans les bacs, ruine totalement ce qui -jusqu'ici- avait fait tout son charme : une musique jamais immédiate, jamais vraiment facile, mais toujours au bord de l'extase ; des arrangements autant accomplis qu'expérimentaux ; la création d'un univers personnel dans lequel l'auditeur se noie ... Ici, le ton est trop propre pour être du véritable Fiona Apple. Le travail de Jon Brion, toujours parfait, a été totalement bouleversé, et le produit commercial que forme Extraodinary Machine à sa sortie est tout simplement rebutant.
La version originale du titre éponyme semblait peindre la chanteuse entourée de la jungle d'arrangements classiques qui l'accompagne ; ces derniers sont ici repoussés pour laisser place à un mix du chant lamentable, tout le long de l'album, presque les dents dans le micro ... "Get Him Back" se fait carrément amputer d'une minute, les arrangements si finement tordus et transcendants, passent carrément à la trappe, il ne reste que la coquille d'un morceau simpliste.
"O' Sailor" est également amputé (exit l'intro, exit l'émotion procurée par les cordes, exit la fin), mais aussi accélérée, ce qui a pour conséquence d'ôter le côté massif du tempo original. Les arrangements se contentent quant à eux -et c'est là que le bas blesse sur cet opus-, de mimer la gloire du Tidal au 3 millions de copies vendues.
De toutes les versions de "Better Version Of Me" qui seront enregistrées pour convaincre la maison de disque, le choix se portera sur la plus courte, la plus banale (fini le côté tribal, fini le clavecin ou la guitare pour le thème), et surtout celle où le piano a le son le plus pourri qui soit. Le sort le plus épouvantable est réservé à "Used To Love Him" (ici nommé "Tymps (The Sick In The Head Song)"), tout bonnement anéanti : l'instrumentation organique, les parties sans chant et les cloches qui faisaient froid dans le dos, sont balayés par une boîte à rythmes et des arrangements si grossiers qu'on se demande si la chanteuse a eu son mot à dire sur l'affaire. C'est écoutable mais effrayant !
"Window" a presque fait les frais de la même horreur, toujours est-il que la musique et le chant décalé ont disparu sur le couplet, que la batterie semble être définitivement exilée sur ce disque (la participation de ?uestlove de The Roots n'y change pas grand-chose), et seulement les quelques secondes finales bordéliques sont marrantes.
Le métronome de "Oh Well" est lui aussi revu à la hausse, et le sang neuf que procurait cet instrument à vent sorti de nulle part est sous-exploité. "Red Red Red" est aussi bien lifté que n'importe quelle folledingue de la jet-set, au point d'en enlever toute son âme : l'instrumentation est agréable mais vulgairement basique par rapport à la surprise que proposait la première version tout à fait imprévisible.
"Not About Love", l'un des meilleurs titres du disque, est étonnamment plus tordu et énergique avec sa batterie brutale et efficace (bien qu'au détriment des cordes oubliées), et constitue judicieusement le premier single de cet album, qui en aura vu de toutes les couleurs avant de paraître à nos oreilles.
D'un coté, nous avons donc une tentative de corruption commerciale, bien qu' :
- on ne peut pas faire de Fiona Apple une Norah Jones.
- on ne change pas une équipe qui gagne.
- on connaisse la véritable identité de l'album grâce au net (on ne peut donc pas lui mettre de bâtons dans les roues).
Bande de cons !!!
De l'autre, nous avons un excellent disque baroque où la chanteuse fait sonner son piano de façon bien rock'n'roll sur des grooves lunaires et une intention de se renouveler notable.
Mais qu'est-ce qu'elle a fait ? Ou peut-être, qu'est-ce qu'elle n'a pas fait ? Elle a probablement voulue amener la preuve par trois que son travail n'a pas à être contrôlé. Intéressant... mais qu'est-ce qu'elle attend pour se casser ?
Et surtout, qu'est-ce que je fais moi dans ce cas moi ? Bah je coupe la note en deux ...
Moyen 10/20 | par X_YoB |
A noter donc que la version commercialisée de l'album (-disponible en édition limitée avec un DVD-) n'est pas celle traînant sur le net depuis des mois : les arrangements, le mix et la tracklist étant différents ...
...en d'autres termes : Téléchargez-le, ça leur fera les pieds et justifiera le talent de l'artiste.
...en d'autres termes : Téléchargez-le, ça leur fera les pieds et justifiera le talent de l'artiste.
Posté le 28 avril 2006 à 10 h 57 |
Très attendu, cet Extraodinary Machine a surtout fait parler de lui par ses versions pirates et ses pétitions de fans pour libérer la belle Fiona Apple de la prison de sa maison de disque.
Le disque suit la progression logique du travail de Fiona Apple vers une expérimentation pop par le prisme du jazz. Autrement dit un travail fascinant porté par l'une des voix les plus incroyables de la musique américaine. Mais Apple n'est pas qu'une voix doublée d'une très bonne pianiste, elle a surtout un talent de composition qui lui permet d'aller un peu où bon lui semble. Apple décide ici d'utiliser le duo piano/percussion pour dynamiter des chansons qui auraient pu être trop sage. Le résultat est bluffant et nécessite plusieurs écoutes attentives. La perfection est parfois atteinte comme avec le brillant "O'Sailor", chanson parfaite. Extraodinary Machine apporte autant de confirmations que de très belles promesses pour l'avenir. Mais, il est clair que, suivant ce chemin, elle risque de perdre quelques uns de ses 'fans' historiques.
Ceux qui ont eu la chance de voir Fiona Apple sur scène savent de plus que, malgré tout ce qu'on peut dire aujourd'hui sur d'éphémères sirènes rock oeuvrant dans des groupes plus ou moins bons, la seule, la vraie et l'unique c'est Fiona Apple.
Le disque suit la progression logique du travail de Fiona Apple vers une expérimentation pop par le prisme du jazz. Autrement dit un travail fascinant porté par l'une des voix les plus incroyables de la musique américaine. Mais Apple n'est pas qu'une voix doublée d'une très bonne pianiste, elle a surtout un talent de composition qui lui permet d'aller un peu où bon lui semble. Apple décide ici d'utiliser le duo piano/percussion pour dynamiter des chansons qui auraient pu être trop sage. Le résultat est bluffant et nécessite plusieurs écoutes attentives. La perfection est parfois atteinte comme avec le brillant "O'Sailor", chanson parfaite. Extraodinary Machine apporte autant de confirmations que de très belles promesses pour l'avenir. Mais, il est clair que, suivant ce chemin, elle risque de perdre quelques uns de ses 'fans' historiques.
Ceux qui ont eu la chance de voir Fiona Apple sur scène savent de plus que, malgré tout ce qu'on peut dire aujourd'hui sur d'éphémères sirènes rock oeuvrant dans des groupes plus ou moins bons, la seule, la vraie et l'unique c'est Fiona Apple.
Parfait 17/20
Posté le 23 octobre 2006 à 12 h 35 |
Ca y est ça se corse...
Il est bizarre quand même ce dernier album... Ou plutôt ce dernier mix, 'officiel' comme on dit. Il laisse transparaître une grave crise identitaire.
C'est 'Fiona au pays des Pussy Cat Dolls', ou 'Fiona Apple et les sept Neptunes' ? Quoi ? J'ai dû me tromper de bouquin, sauter une page ou un chapitre. Je l'avais pourtant laissée là hier soir, bien au chaud, derrière mon marque page, sûr de la retrouver le lendemain. Mais je l'ai perdue. Dans mon livre préféré. Putain.
Je m'inquiète, tente de l'excuser, mais j'accuse le coup. Un clip de M. Pokora passe à la télé. 'Bonjour tristesse' comme dirait l'autre.
Au téléphone, un ami tire pour moi l'affaire au clair. Il existe une autre version: Saine, vraie, débarrassée de tout ces sons disco-dance. Ouf !
"Please Please Please" devient un hymne, "Red Red Red" prend tout son sens, "Waltz" me tire des larmes tout comme "O'Sailor", réellement une de ses plus belles chansons.
Fiona n'a jamais semblée aussi sûre d'elle, aussi forte dans son interprétation. Ce dernier opus est une affirmation de son univers, une avancée prodigieuse et non un fade retour sur ses oeuvres passées.
Scandale: on a voulu faire 'Tidal, le retour'.
Il faut bien qu'elles se sustentent convenablement nos chers majors après tout. Comprenez les: elles savent ce qui est bon pour nous, pour avoir formé notre culture dans des châteaux de la région parisienne.
Bon, on va arrêter d'être cynique, cet album revu et corrigé renferme tout de même (malgré les arrangements sans saveurs) les plus grandes compositions de la new-yorkaise. Rien de dégueulasse. Les couleurs ont juste un peu bavées après lavage. Il faut s'y faire.
Le meilleur conseil que l'on puisse donner étant, bien sur, de se procurer l'oeuvre originale (un peu comme pour la première trilogie Star Wars), car ici la qualité est au rendez vous, mais l'emballage est un peu pourrave.
A l'avenir, interdisons l'accès des consoles à certains pros du tunning musical.
Allez c'est pas grave, 18 quand même. Juste parce que c'est son album ultime.
Il est bizarre quand même ce dernier album... Ou plutôt ce dernier mix, 'officiel' comme on dit. Il laisse transparaître une grave crise identitaire.
C'est 'Fiona au pays des Pussy Cat Dolls', ou 'Fiona Apple et les sept Neptunes' ? Quoi ? J'ai dû me tromper de bouquin, sauter une page ou un chapitre. Je l'avais pourtant laissée là hier soir, bien au chaud, derrière mon marque page, sûr de la retrouver le lendemain. Mais je l'ai perdue. Dans mon livre préféré. Putain.
Je m'inquiète, tente de l'excuser, mais j'accuse le coup. Un clip de M. Pokora passe à la télé. 'Bonjour tristesse' comme dirait l'autre.
Au téléphone, un ami tire pour moi l'affaire au clair. Il existe une autre version: Saine, vraie, débarrassée de tout ces sons disco-dance. Ouf !
"Please Please Please" devient un hymne, "Red Red Red" prend tout son sens, "Waltz" me tire des larmes tout comme "O'Sailor", réellement une de ses plus belles chansons.
Fiona n'a jamais semblée aussi sûre d'elle, aussi forte dans son interprétation. Ce dernier opus est une affirmation de son univers, une avancée prodigieuse et non un fade retour sur ses oeuvres passées.
Scandale: on a voulu faire 'Tidal, le retour'.
Il faut bien qu'elles se sustentent convenablement nos chers majors après tout. Comprenez les: elles savent ce qui est bon pour nous, pour avoir formé notre culture dans des châteaux de la région parisienne.
Bon, on va arrêter d'être cynique, cet album revu et corrigé renferme tout de même (malgré les arrangements sans saveurs) les plus grandes compositions de la new-yorkaise. Rien de dégueulasse. Les couleurs ont juste un peu bavées après lavage. Il faut s'y faire.
Le meilleur conseil que l'on puisse donner étant, bien sur, de se procurer l'oeuvre originale (un peu comme pour la première trilogie Star Wars), car ici la qualité est au rendez vous, mais l'emballage est un peu pourrave.
A l'avenir, interdisons l'accès des consoles à certains pros du tunning musical.
Allez c'est pas grave, 18 quand même. Juste parce que c'est son album ultime.
Excellent ! 18/20
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