Fiona Apple

Fetch The Bolt Cutters

Fetch The Bolt Cutters

 Label :     Epic 
 Sortie :    vendredi 17 avril 2020 
 Format :  Album / CD   

Fiona Apple / Fetch The Bolt Cutters
Scène I Acte I Action ! ça tourne !
Du premier titre, où elle rappelle ne vouloir qu'être aimée, au harcèlement scolaire du deuxième, Fiona nous prévient que la suite ne sera pas simple, comme d'hab, elle parle d'elle de sa vie de ses fêlures, Fiona c'est le CHP comme si vous y étiez...
Dans "Under The Table", elle parle d'un repas familial comme on en a tous connu : Enfant elle avait fait un effort vestimentaire. Une robe noire un peu passée, les cheveux remontés sur la tête en un chignon décoiffé, retenu d'une baguette pour riz cantonais, calligraphiée d'un "chez oncle Chen" flamboyant et des chaussures de randonnées poussiéreuses. Elle avait ajouté un maquillage outrancier pour discothèque, œil de biche, gloss provocant, on aurait juré une gamine ayant emprunté une toilette dans la penderie de sa mère... Elle parlait mal, trop fort, dans ce repas mondain, choquant cette vieille bourgeoisie aux certitudes aussi étriquées que leurs robes et smokings.
Et peu importe que ses parents lui donnent des coups de pieds sous la table, elle n'allait pas se taire.
Dans "Relay" elle s'en prend à un ex... (il fait pas bon la quitter Fiona, "Je te méprise pour avoir fait de ta vie une putain de brochure de propagande".
Sur "Ladies", après une rupture elle reçoit sa remplaçante..."Faites-moi plaisir, je vous donne cette robe, elle vous ira mieux qu'à moi, elle appartenait à l'ex de mon ex."
Fiona c'est aussi des trauma qui ne la quittent pas comme Christine Angot et puis maintenant y'a MeToo, c'est peut-être plus facile pour elle.
"For Her" : Elle s'adresse à un prédateur, un de plus... Bonjour, bonjour, vous vous souvenez, vous m'avez violé dans le lit où votre fille est née.
Des paroles sans ambiguïtés, faut juste aimer la psychanalyse.
Du piano, jazzy, genre Monk, des percussions diverses, casseroles, moquettes, murs et os de son chien décédé, un disque fait à et avec sa maison, où elle vit recluse.
Fetch The Bolt Cutters (amenez les coupe boulons) ... Tiré d'une phrase de Gillian Anderson dans une série policière, lorsqu'elle découvre une victime enfermée dans une pièce où elle fut torturée.
Cara Delevingne et ses chiens Leo et Alphie font les chœurs sur ce morceau.
Elle a eu 10/10 sur Pitchfork, d'accord Kayne West aussi... Après, c'est vous qui voyez


Parfait   17/20
par Ainhoa


 Moyenne 16.50/20 

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Posté le 28 octobre 2022 à 10 h 57

C'est toujours facile d'arriver après la bataille et réécrire l'histoire, on ne va donc pas s'en priver. Et non on ne va pas écrire que Fetch The Bolt Cutters est mauvais. C'est un excellent album. Nulle trace de "ce n'est pas si bien que ça" ne devraient non plus être à distinguer si tant est qu'on parvienne à articuler subtilement ce qu'on pense. Peut-être qu'un flashback s'impose, la discographie de Fiona Apple en une phrase par album : le premier nous semble mal dégrossi, pas si bien que ça (héhé), trop pathos, trop porté aux nues, trop arrimé sur les fameuses angoisses adolescentes. When the Pawn Hits the Conflicts He Thinks Like a King What He Knows Throws the Blows When He Goes to the Fight and He'll Win the Whole Thing 'Fore He Enters the Ring There's No Body to Batter When Your Mind Is Your Might So When You Go Solo, You Hold Your Own Hand and Remember That Depth Is the Greatest of Heights and If You Know Where You Stand, Then You Know Where to Land and If You Fall It Won't Matter, Cuz You'll Know That You're Right vaut mieux que son titre, c'est celui de la concision, de l'équilibre, de l'artiste qui réalise son superbe potentiel. Extraordinary Machine est son album de rupture dont la production a mal vieilli mais avec certaines de ses meilleures chansons à bord. The Idler Wheel -on vous épargne le doublé de la blague du titre à rallonge- est son In Utero, on a vraiment eu peur pour elle à ce moment. Et Fetch The Bolt Cutters alors ? Il est la réponse au précédent.

The Idler Wheel connait son sommet d'intensité au milieu de l'album, la tornade "Left Alone" quand Fiona pose la question suivante au milieu d'un tourment très audible : "comment pourrais-je demander à quelqu'un de m'aimer alors je supplie qu'on me laisse seule ?" avant le champ de ruines de "Werewolf". En 2020 la première chanson de Fetch The Bolt Cutters répond simplement dès le titre : "I Want You To Love Me". Elle exprime ses réponses trouvées, sa sérénité face au fait que ce qui nous arrive ne fait que nous mener où nous sommes, le tout sur un joli arpège de piano mais à la fin tout s'emballe et dès "Shameika" il semble clair qu'une Fiona en paix est une Fiona qui a des choses à dire et pour reprendre des mots d'une de ses anciennes chansons, elle a retrouvé sa voix de Stentor. Opportunément les médias woke ont annoncé un album MeToo, il n'en est rien. C'est la voix de quelqu'un qui soudainement assume tout et le dit ("For Her"), s'étonne d'avoir l'impression qu'on lui refuse ce droit ("Under The Table" magnifique description d'un repas où on doit se contenter de faire bonne impression), qui fait les choses par amour et se prend un mur en pleine tronche ("Rack Of His") mais sympathise néanmoins avec l'ennemie ("Newspaper", "Ladies"). Le tout basé avant tout sur des percussions et des harmonies vocales et exception faite des deux premières chansons son piano marque de fabrique est très peu présent donnant à l'album une sensation d'originalité folle sans pour autant donner l'impression que Fiona cherche la sacro-sainte évolution artistique. Et donc oui, le monde entier s'est pâmé à juste titre devant ce disque à sa sortie, rappelons-le en avril 2020 son arrivée était comme un incroyable moment réconfortant, le fameux 10/10 de Pitchfork etc à tel point qu'on s'est mis à chercher en vain quelque part quelqu'un qui en dirait du mal de cet album tout de même un tout petit peu trop long pour son propre bien sur lequel Fiona tente trois fois de refaire le coup du mantra répété ad nauseum qui avait si bien fonctionné sur "Hot Knife" en 2012 sans vraiment parvenir à reproduire la même sensation hypnotique...

Avec deux ans et demi de recul... est ce son "officiel" meilleur album ? La balance pencherait toujours pour When The Pawn.... Est-ce celui qu'on préfère ? Difficile d'égaler The Idler Wheel... Son sens du songwriting est-il en feu ? Il y a 4 ou 5 perfections sur Extraordinary Machine... Son plus célèbre ? Tidal reste le plus célébré... Alors quand un excellent album aussi porté aux nues par tous que l'est Fetch The Bolt Cutters nous fait au final écrire ce dernier paragraphe on se dit que c'est le meilleur album de Fiona Apple pour donner envie de se replonger dans les précédents.
Très bon   16/20







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