Yeah Yeah Yeahs

Ce disque, paru peu de temps avant leur premier LP, est en fait une compilation des deux précédents maxis. Intention agréable lorsque l'on constate que les deux EPs fusionnent à merveille, donnant presque l'impression d'un unique essai ; et quand on se dit que beaucoup serait peut-être passé à côté du rachitique second disque paru chez Touch & Go (3 titres, dont un remix).

On retrouve déjà ce parfum de sexualité crasseuse et sensuelle, souvent rapprochée du Blues Explosion ("Graveyard") et de PJ Harvey (le chant sur "Miles Away"). Un je-ne-sais-quoi hermaphrodite, invitant filles et garçons (le boiteux "Bang") à un rock enthousiaste et jubilatoire. La voix effeuille et jouie, la guitare enlasse, et la batterie imprime le mouvement des reins ...
"Mystery Girl" rend d'ailleurs hommage à ce rock n'roll sexy dans son maquillage bluesy : sans surprise mais très sympathique, tandis que "Art Star" est un autre titre brillant de fantaisie, tirant sur le grindcore pour mieux revenir sur les facéties de petite garce de la chanteuse. "Machine" est un avant-goût de l'empreinte tubesque de leurs compos bruitistes, et le calme trompeur de "Our Time" laisse présager des comptines du futur disque.
Enfin, le remix spatial de "Maps" n'est pas totalement dénué d'interêt puisque affranchi de la version originale, bien qu'on retrouve là davantage une boucle curieuse qu'un réel lifting expérimental.

Il est probable que certains voient finalement en ce semi album un essai plus attractif que leur Fever To Tell, parce que moins produit, plus direct, sale et ténébreux.