Tame Impala
The Slow Rush |
Label :
Fiction Records |
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C'est le philosophe qui le dit : quand c'est l'heure, c'est l'heure. Quand ce n'est plus l'heure, ce n'est plus l'heure. Pour Tame Impala, Currents était à l'heure. Le timing était absolument parfait. Les gros tubes étaient au rendez-vous, le succès aussi. Kevin Parker était partout : en tête d'affiche de festivals, chez Rihanna, en une des magazines, chez Lady Gaga. Et comme chacun le sait il est compliqué de faire l'album d'après. Remarque d'autant plus vraie quand on est un perfectionniste obsessionnel comme l'est visiblement Parker. Au printemps 2019, la machine médiatique s'est mise en branle. Un intrigant premier single astucieusement appelé "Patience" est sorti et... ensuite plus rien. Visiblement en panique Parker a voulu tout refaire et tout repenser ("Patience" a entre deux disparu du disque...) puis finalement The Slow Rush est sorti au moment où le monde était occupé à se confiner. La mauvaise langue en nous écrira que cela a permis d'éviter un rejet massif car l'album n'est pas la machine à tubes qu'est Currents. Mais notre bonne foi se doit de rétorquer que The Slow Rush a probablement d'autres ambitions. Premièrement, cet album est extrêmement massif : Currents respirait, allait dans des extrêmes, jouait de petites transitions là où The Slow Rush est semblable à un bloc compact dont les subtilités se distillent comme le temps dans un sablier. Musicalement comme émotionnellement. L'album de prime abord semble long -il l'est- et Kevin Parker a eu beau déclamer que son objectif était d'aller vers une pop de plus en plus pure, si le son synthétique de l'album confirme cette tendance, rien ou peu semble mélodiquement évident, immédiat ou facile même si tout a un goût sucré. Le psychédélisme est délaissé pour des délicieuses rythmiques funk et le message de nouveau départ qui animait Currents fait place à une réflexion plus posée voire sombre d'un bilan doux amer imposé par le retour de Saturne. C'est tourné vers des émotions plus contenues que Parker oriente son quatrième album : la perte du père, le temps qui passe, la solitude, le moment présent. Et comme ces bons films qui prennent leur temps pour créer un décor, présenter des enjeux et jouer de finesse, The Slow Rush se révèle doucement mais jamais vraiment facilement, chaque écoute bonifie le tout, que ce soit l'ambition de "Posthumous Forgiveness" ou de l'énorme chanson de fin "One More Hour", les moments contemplatifs de milieu d'album ("Tomorrow's Dust", "On Track") ou les accroches mélodiques ("Instant Destiny", "Is It True", "Lost In Yesterday"). Telle une immense cathédrale aux détails surabondants, The Slow Rush est un très bel album dont le principal défaut est d'être intimidant et pas forcément adapté à toutes les humeurs.
Bon 15/20 | par Granpa |
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