Chris Cornell

Songbook

Songbook

 Label :     UMe 
 Sortie :    lundi 21 novembre 2011 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

La dizaine d'années qui a suivi la séparation de Soundgarden en avril 1997 a été très prolifique et occupée pour Chris Cornell : il s'est lancé dans une carrière solo (trois albums d'un niveau variable sortis entre 1999 et 2009), il a fondé et quitté un groupe à succès (Audioslave, trois albums d'un niveau discuté entre 2001 et 2007) et il a composé un très bon morceau, "You Know My Name", pour le générique de l'excellent Casino Royale (2006), le premier James Bond avec Daniel Craig. Durant cette période, il tourne à l'évidence beaucoup, que ce soit avec Audioslave ou en solo, et ne ménage donc pas sa voix, qui montre parfois d'évidents signes de faiblesse. Mais il est toujours là et bien actif. Et arrive ce qui devait arriver, la reformation de Soundgarden en 2010, avec grosses tournées et album (l'honorable King Animal en 2012) à la clé.

Cela ne l'empêche pas de poursuivre ses escapades en solitaire et, s'inspirant de concerts acoustiques donnés à Los Angeles en 2009 et 2010 (aux fameux Roxy et Troubadour notamment), il annonce le "Songbook Tour" en janvier 2011, une tournée sous ce format qui le voit parcourir les USA et le Canada de fin mars à début mai de cette même année, puis la Nouvelle-Zélande, l'Australie et de nouveau les States d'octobre à la mi-décembre. Ce "Songbook Tour" se poursuit en 2012 et 2013, principalement en Europe et aux USA (avec un concert au Trianon à Paris le 22 juin 2012), en alternance avec les propres tournées de Soundgarden. Le succès est au rendez-vous, les concerts affichent complets et sont chaleureusement accueillis un peu partout. Cornell semble revitalisé par le retour du groupe qui a fait sa gloire vingt ans plus tôt et la modestie du dispositif dont il s'entoure lors de ses prestations solos lui permet sans doute de se recentrer sur l'essentiel (la musique, sa voix) et de mettre un peu de distance avec la dernière décennie, une période de sa vie musicale que l'on peut difficilement qualifier de totalement aboutie, artistiquement parlant (enfin, c'est mon point de vue bien sûr). Le fait est qu'on le sent en paix, plein d'assurance et tout simplement heureux d'être là où il en est à ce moment précis de sa vie. Et Songbook, son premier disque live qui sort en novembre 2011, retranscrit parfaitement cela.

Compilant des morceaux tirés de concerts du mois d'avril précédent uniquement, la première partie de la tournée donc, l'album nous fait entendre un Chris Cornell qui revisite son répertoire personnel et celui des groupes auxquels il a participé (Soundgarden, Temple of the Dog, Audioslave) et reprend des artistes qui l'ont marqué (John Lennon, Led Zeppelin). Il glisse également un inédit, "Cleaning My Gun", joué depuis des années en live acoustique mais jamais publié en format physique, et un titre studio plutôt pas mal à la fin, "The Keeper", issu de la BO du film Machine Gun Preacher, lui aussi sorti en 2011. Les morceaux issus de ses albums les plus récents à l'époque (Carry On en 2007 et Scream en 2009) sont plus appréciables en format acoustique, ils se révèlent un peu mieux débarrassés de leur production discutable et on en vient presque à les aimer sincèrement au vu de la passion et de l'engagement que met Chris dans ses interprétations, malgré une voix pas toujours optimale (sur "Ground Zero" notamment). Les reprises d'Audioslave sont tout aussi ferventes ("Wide Awake", "Doesn't Remind Me"), le public est au diapason et l'on comprend définitivement les comparaisons vocales faites entre Cornell et Robert Plant lorsqu'il reprend "Thank You". Mais les meilleurs moments sont quand même ceux où il revient à la source de son parcours, quand il marchait sur l'eau niveau composition. "Call Me A Dog", "All Night Thing" ou "Fell On Black Days" ont toujours un impact sidérant, une profondeur étourdissante, même avec sa voix éraillée.

Vous l'aurez compris, il y en a pour tous les goûts sur Songbook. Mais ce qu'il faut surtout retenir à mon sens, c'est l'immense générosité de Chris Cornell, son ardeur sans borne pour son art, la musique, les chansons qu'il aimait. Tout cela se ressent tellement tout au long de cet album que les quelques imperfections constatées çà et là semblent bien dérisoires. Les émotions qu'il transmet sont si fortes et puissantes que l'on ne peut que s'incliner. Et c'est bien la meilleure façon de se souvenir de lui.


Très bon   16/20
par Poukram


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
445 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Selon vous, quel intérêt les side-projects offrent-ils au rock indé ?