Hayden

The Place Where We Lived

The Place Where We Lived

 Label :     Hardwood 
 Sortie :    vendredi 15 mai 2009 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Sixième album de Hayden, The Place Where We Lived arrive seize mois seulement après le précédent, le superbe In Field and Town, qui remonte à janvier 2008. Il voit le Canadien prendre un virage délibérément country, qu'il mêle à son mélange habituel de folk, de pop et de rock. Ce disque marque la fin d'un cycle, puisqu'il est le dernier en date à être sorti sur Hardwood Records, le label que le chanteur a lui-même créé en 1994 pour publier sa musique, et d'autres groupes ensuite, ses deux derniers albums en date, Us Alone (2013) et Hey Love (2015), ayant paru chez Arts & Crafts. Autre fin de cycle, celui, infernal bien souvent, de la promotion, car notre reclus favori ne donna ni concert ni interview pour défendre sa nouvelle œuvre, si bien que The Place Where We Lived fut ignoré par beaucoup (encore plus que d'habitude s'entend), à tort évidemment.

Suivant la ligne claire qu'il explorait et enrichissait alors depuis quelques disques, Hayden apparaît ici relâché comme jamais. Il dégage une chaleur enveloppante et semble habité par une confiance rarement constatée sur ses opus passés. Il évoque les relations et les sentiments humains avec une acuité toujours aussi remarquable et, l'âge aidant probablement, il se révèle, en certaines occasions, bien moins frontal qu'auparavant et réussit à prendre une hauteur salutaire face à tous les problèmes complexes que la vie lui et nous impose.

Il n'y a qu'à écouter la délicatesse avec laquelle il se remémore un amour éteint dans "The Place Where We Lived" ou son espoir d'en voir un autre ne pas sombrer définitivement dans "Message From London". Hayden est ensuite rejoint sur "Disappear" par les excellents Cuff The Duke, groupe originaire d'Oshawa dans l'Ontario, qui l'accompagna sur scène (aussi bien en première partie qu'en tant que backing-band) de 2004, et la tournée consacrée à Elk Lake Serenade, à 2008, ainsi que sur disque, puisqu'ils ont également contribué à In Field and Town. Les guitares tranchantes de Wayne Petti et Dale Murray dominent ce morceau bien punchy où notre murmurant Canadien regrette d'en avoir trop dit. Car avec lui, les tourments de l'âme les plus tragiques restent omniprésents et le rattrapent malgré tout, comme le prouvent le dépouillé "Living Grows On You", où il prend conscience que le temps, inéluctablement, lui est compté, et le très beau "When The Night Came And Took Us", qui traite d'une séparation pour une fois pas trop douloureuse, que les cuivres et le piano soulignent avec élégance et sobriété.

La rupture est aussi le thème de "Let's Break Up", mais celle-ci se déroule en de bien plus mauvais termes que la précédente (avec "If you're going to leave me / Don't be teasing / You need to take a stand / If you're going to mess up / Then give me a heads up / I need to make some plans" en guise de refrain), mais le ton particulièrement enjoué et sautillant de ce morceau, à l'image de son solo de guitare ciselé par Dale Murray, lui confère davantage un aspect libératoire que troublé. Le joli et court instrumental "The Valley", où s'entend la fantomatique pedal steel du même Murray, laisse vite la place à "Dilapidated Heart", le grand moment de l'album, qui voit les instruments se joindre les uns aux autres dans une belle progression, riff lancinant à l'appui et éclairs de guitare striant le tout. Hayden nous offre deux merveilleuses douceurs pour finir, "Never Lonely" et "Let It Last", et nous fait comprendre que tout ne va pas si mal finalement, si l'on sait se saisir et apprécier les instants lumineux qui passent sur notre chemin, au gré de notre existence.

The Place Where We Lived est un album à écouter bien au chaud, près du feu devant sa fenêtre en regardant la neige de la pochette tomber au dehors. En trente minutes chrono, Hayden aborde un peu toutes les formes qu'il développe depuis ses débuts (ballades grinçantes, bons mid-tempos, morceaux plus rock, instrumental) et continue de sonder les affres de l'âme humaine avec une rare perspicacité. Un talent comme le sien gagnerait à être plus connu, j'espère juste qu'il nous préviendra si jamais il sort un nouveau disque !


Parfait   17/20
par Poukram


  En écoute :
https://hayden4.bandcamp.com/album/the-place-where-we-lived


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