Hayden
The Closer I Get |
Label :
Hardwood ; Universal Music Canada ; Outpost |
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The Closer I Get, le deuxième album du canadien Hayden, arrive après une intense période de maturation, de recherche et de grands changements de trois années. Cet album est d'abord le premier du chanteur à bénéficier d'une sortie internationale grâce à sa signature sur Geffen via Outpost Records, un des labels subsidiaires de la compagnie consacré à la musique indépendante, après qu'il ait notamment été approché par Vapor Records, le label de Neil Young. Assuré par un contrat qui laisserait rêveurs nombre de jeunes groupes et artistes actuels (on parle d'un million de dollars quand même, une des plus importantes sommes allouée à un artiste indé à l'époque), Hayden disposait d'une totale liberté créative, d'un contrôle artistique absolu sur sa musique. Pas rancunier, le Loner l'invita en 1996 à participer à son fameux concert de charité, le Bridge School Benefit, et la même année, Outpost ressortit Everything I Long For aux USA, son premier album vénéneux et étouffant publié un an auparavant au Canada et qui en avait marqué (traumatisé ?) plus d'un.
Mais le musicien, malgré cette période mouvementée et pleine d'expériences inédites qu'il vivait, ne s'était pas pour autant reposé et s'était attelé, au gré de ses quelques sorties suivantes, à creuser la voie ouverte par ce premier effort aussi remarquable que radical. Plusieurs singles ont donc vu le jour en 1996 et 1997 (Mild and Hazy, Lunar Landing Confirmed, Carry On Mentality), ainsi qu'un superbe EP (Moving Careful) et le chanteur a même participé à la BO du premier film en tant que réalisateur de Steve Buscemi, Trees Lounge, avec le très bon et très rock morceau du même nom qui, si mes souvenirs sont bons, illustre le générique final. Tous les titres que l'on retrouve sur ces parutions ont en commun avec leur prédécesseur ces paroles puissantes hantées par l'amour, qu'il soit heureux (rarement), perdu, troublant ou terrifiant (plus souvent), et ce folk-rock rageur, intense, habité, qui ne laisse guère filtrer la lumière, le confort ou l'apaisement, sauf en de rares occasions et en dépit d'une musique qui tend tout de même à plus de clarté dans la forme (sur Moving Careful particulièrement).
Et c'est bien ce processus qui se poursuit sur The Closer I Get. Si les paroles ne sont toujours pas, à l'évidence, très joyeuses ("Bullet" en est un bel exemple), la musique, elle, commence doucement à montrer les premiers signes d'une nouvelle direction pour Hayden. Le folk angoissé et cafardeux des débuts est toutefois toujours là ("Bullet", "Memphis", "I'll Tell Him Tonight"), comme le piano (la frémissante "Nights Like These", aux paroles bien déprimantes là encore) et cette voix hésitante, chancelante, ce chant aussi bien murmuré que grogné. Mais on retrouve également des morceaux qui respirent un peu plus qu'à l'accoutumée, teintées d'un certain classicisme rock de bon aloi, notamment avec "The Hazards of Sitting Beneath Palm Trees" et "Better Off Inside", deux petits tubes en puissance. Ce changement est notamment dû au son du disque, l'ensemble sonnant bien plus habillé et consistant que sur Everything I Long For, et ceci grâce à une production assurée par quelques pointures (Scott Litt, le producteur de longue date de R.E.M., Steve Fisk, dont la carte de visite est peuplée des meilleurs groupes grunge, John Hanlon, au CV bien prestigieux - Neil Young, les Beach Boys, Aretha Franklin, Cat Stevens... - et Daryl Smith, un producteur de Toronto). Les avantages d'une signature sur une major on va dire.
Avec cette profusion d'appuis de qualité et le soutien d'autres musiciens (il était le plus souvent seul pour enregistrer Everything I Long For), Hayden a davantage pu développer ses arrangements, là aussi plus fournis et diversifiés (saxophone, mellotron, violoncelle...), et rajouter de l'électricité dans ses compositions. Les deux instrumentaux "Waiting for a Chance to See Her" et "Instrumental with Mellotron" bénéficient donc également de cette veine plus claire, tout comme "The Closer I Get", l'idéale et délicate entrée en matière, et "Stride", un rien hypnotisante. Enfin, le barde canadien n'oublie pas de nous livrer quelques beaux trésors, la dépouillée "Between Us to Hold", parfaite de simplicité, et surtout les somptueuses "Two Doors" et "You Are All I Have", plus positives dans leurs paroles et qui synthétisent les aspirations qu'il déploie tout au long de ce remarquable The Closer I Get.
Malheureusement pour lui (ou pas !), le succès ne fut pas au rendez-vous, malgré des tournées réussies en Amérique du Nord et quelques fans acharnés mais hélas trop peu nombreux. Et pour ne rien arranger, Outpost fut dissous en 1999 en raison du déclin commercial du rock alternatif en cette fin de XXe siècle et Hayden se retrouva sans label pour le distribuer, remercié dans le même temps par Geffen, qui ne savait sans doute pas trop quoi faire de lui et de sa musique. Mais quand on connaît la suite de la carrière du Canadien, on peut se dire que ce n'est pas plus mal qu'il se soit un peu éloigné du monde attirant mais inconséquent des majors.
Mais le musicien, malgré cette période mouvementée et pleine d'expériences inédites qu'il vivait, ne s'était pas pour autant reposé et s'était attelé, au gré de ses quelques sorties suivantes, à creuser la voie ouverte par ce premier effort aussi remarquable que radical. Plusieurs singles ont donc vu le jour en 1996 et 1997 (Mild and Hazy, Lunar Landing Confirmed, Carry On Mentality), ainsi qu'un superbe EP (Moving Careful) et le chanteur a même participé à la BO du premier film en tant que réalisateur de Steve Buscemi, Trees Lounge, avec le très bon et très rock morceau du même nom qui, si mes souvenirs sont bons, illustre le générique final. Tous les titres que l'on retrouve sur ces parutions ont en commun avec leur prédécesseur ces paroles puissantes hantées par l'amour, qu'il soit heureux (rarement), perdu, troublant ou terrifiant (plus souvent), et ce folk-rock rageur, intense, habité, qui ne laisse guère filtrer la lumière, le confort ou l'apaisement, sauf en de rares occasions et en dépit d'une musique qui tend tout de même à plus de clarté dans la forme (sur Moving Careful particulièrement).
Et c'est bien ce processus qui se poursuit sur The Closer I Get. Si les paroles ne sont toujours pas, à l'évidence, très joyeuses ("Bullet" en est un bel exemple), la musique, elle, commence doucement à montrer les premiers signes d'une nouvelle direction pour Hayden. Le folk angoissé et cafardeux des débuts est toutefois toujours là ("Bullet", "Memphis", "I'll Tell Him Tonight"), comme le piano (la frémissante "Nights Like These", aux paroles bien déprimantes là encore) et cette voix hésitante, chancelante, ce chant aussi bien murmuré que grogné. Mais on retrouve également des morceaux qui respirent un peu plus qu'à l'accoutumée, teintées d'un certain classicisme rock de bon aloi, notamment avec "The Hazards of Sitting Beneath Palm Trees" et "Better Off Inside", deux petits tubes en puissance. Ce changement est notamment dû au son du disque, l'ensemble sonnant bien plus habillé et consistant que sur Everything I Long For, et ceci grâce à une production assurée par quelques pointures (Scott Litt, le producteur de longue date de R.E.M., Steve Fisk, dont la carte de visite est peuplée des meilleurs groupes grunge, John Hanlon, au CV bien prestigieux - Neil Young, les Beach Boys, Aretha Franklin, Cat Stevens... - et Daryl Smith, un producteur de Toronto). Les avantages d'une signature sur une major on va dire.
Avec cette profusion d'appuis de qualité et le soutien d'autres musiciens (il était le plus souvent seul pour enregistrer Everything I Long For), Hayden a davantage pu développer ses arrangements, là aussi plus fournis et diversifiés (saxophone, mellotron, violoncelle...), et rajouter de l'électricité dans ses compositions. Les deux instrumentaux "Waiting for a Chance to See Her" et "Instrumental with Mellotron" bénéficient donc également de cette veine plus claire, tout comme "The Closer I Get", l'idéale et délicate entrée en matière, et "Stride", un rien hypnotisante. Enfin, le barde canadien n'oublie pas de nous livrer quelques beaux trésors, la dépouillée "Between Us to Hold", parfaite de simplicité, et surtout les somptueuses "Two Doors" et "You Are All I Have", plus positives dans leurs paroles et qui synthétisent les aspirations qu'il déploie tout au long de ce remarquable The Closer I Get.
Malheureusement pour lui (ou pas !), le succès ne fut pas au rendez-vous, malgré des tournées réussies en Amérique du Nord et quelques fans acharnés mais hélas trop peu nombreux. Et pour ne rien arranger, Outpost fut dissous en 1999 en raison du déclin commercial du rock alternatif en cette fin de XXe siècle et Hayden se retrouva sans label pour le distribuer, remercié dans le même temps par Geffen, qui ne savait sans doute pas trop quoi faire de lui et de sa musique. Mais quand on connaît la suite de la carrière du Canadien, on peut se dire que ce n'est pas plus mal qu'il se soit un peu éloigné du monde attirant mais inconséquent des majors.
Excellent ! 18/20 | par Poukram |
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