Gwenifer Raymond

You Never Were Much Of A Dancer

You Never Were Much Of A Dancer

 Label :     Tompkins Square 
 Sortie :    vendredi 29 juin 2018 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Les bons disques de guitare de 2018 #2

Là-bas, à Brighton, dans les terres brumeuses d'Outre-Manche, se cache une nana qui sait tout faire. Avec ses doigts en acier, et le souvenir marqué au fer rouge de son premier contact avec Nirvana à l'âge de 8 ans, Gwenifer Raymond s'intéresse depuis toute petite à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une guitare. Ex-punk transfigurée par la découverte du blues du Delta (Skip James & Mississippi John Hurt) et la musique des Appalaches (Roscoe Holcomb et son banjo), elle finit par s'en aller jusqu'au Pays de Galles pour traquer un bluesman qui ferait d'elle sa disciple. De là découle naturellement la découverte de John Fahey et ses congénères primitivistes, et le forgeage d'un style ayant éprouvé toutes les techniques de 6 cordes (ou 5, car Gwen est aussi une virtuose du banjo), du fingerpicking au bottleneck en passant sans doute par le tapping aussi, histoire de frimer un peu.

Munie de ce savoir gigantesque (sans doute pas non plus étranger à l'ère d'Internet, qui permet d'avoir accès à une quantité faramineuse d'informations), mademoiselle Raymond nous montre sur You Never Were Much of a Dancer tout ce qu'elle est capable d'exécuter et d'écrire, mais non sans se limiter à un simple étalage technique : la dame y met de l'âme. Enfin l'âme c'est bien beau, mais ça n'est qu'un mot ; comment le constate-t-on ? Dure question : un peu par-ci, un peu par-là. Dans cette fièvre qui conduit le banjo de " Bleeding Finger Blues " qui se meut encore plus vivement qu'un Macron traversant la rue, dans la chape de plomb qui s'abat sur l'air de " Dance of the Everlasting Faint ", dans cette menace taquine qui porte " Sack 'em Up ", dans l'effervescence joyeuse de " Oh! Command Me Lord! " ou dans l'hommage taquin "Requiem for John Fahey ".

Finalement, le garant de la réussite de ce disque, qui certes se pose un peu trop comme un catalogue, c'est que lorsque j'écoute ce qui est sans l'ombre d'un doute l'œuvre virtuose d'une technique rigoureuse, je ne pense pas aux doigts qui s'affairent, je pense aux paysages qui prennent forme. Maintenant qu'elle nous a présenté un CV en béton armé, le pire que je souhaite à Gwenifer Raymond c'est qu'elle vienne nous proposer une œuvre mature, pensée comme une seule et même bête. Et quelle beau bestiau ce sera !


Bon   15/20
par X_Wazoo


  Ecoutable sur https://tompkinssquare.bandcamp.com/album/you-neve ... f-a-dancer


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