Timber Timbre
Sincerely, Future Pollution |
Label :
City Slang |
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Au-delà du plaisir béat et impatient de la découverte, la première chose qui m'est venue à l'esprit lors de l'écoute du nouvel opus de Timber Timbre est : ce disque va diviser. Et, à peine sorti, les premiers retours sur cet album confirment mon impression. Je lis et j'entends, ici et là, les puristes adorateurs de la première heure s'offusquer pour des raisons diverses de la direction prise par Taylor Kirk, et d'un autre côté ceux qui s'en réjouissent, effrayés à l'idée que leur héros ne fasse éternellement le même disque.
Alors, essayons de nuancer tout cela, car pour ma part, bien que toujours sous le charme de ces trois albums qui ne prennent pas la poussière dans ma discothèque (Timber Timbre, Creep on Creepin on et Hot Dreams), j'apprécie aussi beaucoup les artistes capables de faire évoluer leur œuvre sans se renier.
Dès "Velvet Gloves & Spit" je sais qu'il s'est passé quelque chose, la voix de Kirk et cette mélancolie latente sont présentes mais il y a ces claviers inhabituels aux accents 80's qui métamorphosent cette ballade en un moment précieux. Ces claviers cheaps et datés vont nous accompagner tout au long de ce disque et représentent à eux seuls le véritable tournant de ces nouvelles compositions, à l'exception de "Grifting", drôle de morceau funky perdu au milieu de cet univers particulier propre à Timber Timbre. Car pour le reste il n'y a aucune déconvenue, le monde de Taylor Kirk a simplement pris des teintes et des couleurs différentes et reste reconnaissable et unique dès la première écoute, même si le nom des Tindersticks m'effleure l'esprit à l'écoute de l'instrumental "Skin Tone" et celui de Twin Shadows à l'écoute de "Moment". Ces impressions restent fugaces et ténues.
Alors pour ceux qui ne supporteraient pas la lumière diffuse de cet album, je conseille les lunettes de soleil puis remettre le disque sur la platine. Ils pourront alors profiter des paysages somptueux, certes parfois inquiétants sous un climat lourd (Sewer Blues) ou plus atmosphériques sur le titre éponyme. Ce qui surprend le plus (j'insiste là-dessus), c'est que ces claviers 80's qui tombent parfois en nappe (par exemple sur "Bleu Nuit") ne polluent pas le propos mais lui donnent une homogénéité évidente. Que ce soit sur un rythme chaloupé et nonchalant ("Western Questions") ou sur le final "Floating Cathedral", western moderne en forme de ballade.
En cherchant à pinailler un peu je dirais qu'un peu plus de mordant, plus de titres troubles et troublants auraient été les bienvenus. Mais bon, je sais aussi que cet album ne prendra pas la poussière sur mes étagères que les trois susnommés !
Alors, essayons de nuancer tout cela, car pour ma part, bien que toujours sous le charme de ces trois albums qui ne prennent pas la poussière dans ma discothèque (Timber Timbre, Creep on Creepin on et Hot Dreams), j'apprécie aussi beaucoup les artistes capables de faire évoluer leur œuvre sans se renier.
Dès "Velvet Gloves & Spit" je sais qu'il s'est passé quelque chose, la voix de Kirk et cette mélancolie latente sont présentes mais il y a ces claviers inhabituels aux accents 80's qui métamorphosent cette ballade en un moment précieux. Ces claviers cheaps et datés vont nous accompagner tout au long de ce disque et représentent à eux seuls le véritable tournant de ces nouvelles compositions, à l'exception de "Grifting", drôle de morceau funky perdu au milieu de cet univers particulier propre à Timber Timbre. Car pour le reste il n'y a aucune déconvenue, le monde de Taylor Kirk a simplement pris des teintes et des couleurs différentes et reste reconnaissable et unique dès la première écoute, même si le nom des Tindersticks m'effleure l'esprit à l'écoute de l'instrumental "Skin Tone" et celui de Twin Shadows à l'écoute de "Moment". Ces impressions restent fugaces et ténues.
Alors pour ceux qui ne supporteraient pas la lumière diffuse de cet album, je conseille les lunettes de soleil puis remettre le disque sur la platine. Ils pourront alors profiter des paysages somptueux, certes parfois inquiétants sous un climat lourd (Sewer Blues) ou plus atmosphériques sur le titre éponyme. Ce qui surprend le plus (j'insiste là-dessus), c'est que ces claviers 80's qui tombent parfois en nappe (par exemple sur "Bleu Nuit") ne polluent pas le propos mais lui donnent une homogénéité évidente. Que ce soit sur un rythme chaloupé et nonchalant ("Western Questions") ou sur le final "Floating Cathedral", western moderne en forme de ballade.
En cherchant à pinailler un peu je dirais qu'un peu plus de mordant, plus de titres troubles et troublants auraient été les bienvenus. Mais bon, je sais aussi que cet album ne prendra pas la poussière sur mes étagères que les trois susnommés !
Excellent ! 18/20 | par Hpl |
Posté le 02 mai 2017 à 15 h 30 |
Diable ! Les singles menant à la sortie de Sincerely, Future Pollution lancèrent les premiers signaux d'alarme. Timber Timbre, synthétique ? Timber Timbre, nostalgique 80's ? Oh, pourquoi pas après tout. On ne peut pas dire que les ténébreux canadiens aient jamais versé dans un style très moderne, préférant chercher comment subvertir le rockabilly et les heures sombres de la folk et de la country pour mieux en révéler la perversité, comme un Lynch d'humeur mesquine. Et lorsqu'ils invitent le plus "contemporain" des saxophonistes sur le précédent Hot Dreams, c'est pour lui faire jouer une excellente partition bien nostalgique des eighties, justement. Alors je ne vois pas, en théorie du moins, le problème de changer de décennie. Timber Timbre a-t-il donc vendu son âme à Satan ? Non. Et c'est bien le problème.
Ce qui m'a toujours attiré chez le groupe, au delà d'un quelconque lien à tel ou tel genre, c'est ce sentiment de malaise enfoui sous les intonations caverneuses du chant légèrement réverbéré de Taylor Kirk et les instrumentations trainantes laissant planer une menace sourde. Voilà ce qui, avec bien sûr la classe absolue du songwriting, ce qui me fascine chez eux. Et voilà ce que je peine tant à retrouver sur ce Sincerely, Future Pollution.
Je suis un grand amateur de synthés devant l'Eternel, mais l'utilisation qu'en font les Canadiens​ me semble tout du moins paresseuse ; des nappes de fond dans lesquelles ils se laissent flotter (exemple à l'appui), et au sein de laquelle leur identité, loin de trouver un nouveau souffle, se ramollit à vue d'œil. Il s'agit toujours de Timber Timbre, pas de doute, mais une version édulcorée, presque inoffensive, comme si le groupe s'était laissé en partie bouffer par cette qui décennie qui a eu la réputation d'affadir nombre d'artistes autrefois inspirés. Niveau songwriting, il faudra se contenter de quelques perles auxquelles ce virage stylistique profite ("Sewer Blues" et "Western Questions", excellent duo qui offre une respiration bienvenue au coeur du disque) et d'autres morceaux pas dégueux sur le papier mais qui s'avèrent plombés par leur traitement ("Velvet Gloves & Spit" et "Floating Cathedrals"). Et on s'efforcera d'oublier l'échec cuisant de "Grifting", tentative de Timber Timbre d'interpréter un funk aussi ringard que désincarné... gênant. Mention spéciale tout de même au solo de guitare Van-Halen-esque de "Moment", qui montre que le groupe a malgré tout conservé un certain sens de l'humour.
Les grands perdants de ce disque restent finalement les instrumentaux, "Skin Tone" et "Bleu Nuit", qui pâtissent des sonorités fadasses et des envies du groupe de montrer toute la palette qu'ils sont capables, sans pour autant aboutir à une composition qui tient la route une fois dénuée de la voix de Taylor Kirk (quoiqu'une épaisse pâte vocale vocodée accompagne "Bleu Nuit", même si ça ne suffit pas à faire monter la sauce). En fin de compte, et puisqu'on parle d'instrumentaux, lorsqu'il s'agissait de mettre l'accent sur les synthés le duo Last Ex, constitué de la section rythmique de Timber Timbre, s'en sortait bien mieux.
Ce qui m'a toujours attiré chez le groupe, au delà d'un quelconque lien à tel ou tel genre, c'est ce sentiment de malaise enfoui sous les intonations caverneuses du chant légèrement réverbéré de Taylor Kirk et les instrumentations trainantes laissant planer une menace sourde. Voilà ce qui, avec bien sûr la classe absolue du songwriting, ce qui me fascine chez eux. Et voilà ce que je peine tant à retrouver sur ce Sincerely, Future Pollution.
Je suis un grand amateur de synthés devant l'Eternel, mais l'utilisation qu'en font les Canadiens​ me semble tout du moins paresseuse ; des nappes de fond dans lesquelles ils se laissent flotter (exemple à l'appui), et au sein de laquelle leur identité, loin de trouver un nouveau souffle, se ramollit à vue d'œil. Il s'agit toujours de Timber Timbre, pas de doute, mais une version édulcorée, presque inoffensive, comme si le groupe s'était laissé en partie bouffer par cette qui décennie qui a eu la réputation d'affadir nombre d'artistes autrefois inspirés. Niveau songwriting, il faudra se contenter de quelques perles auxquelles ce virage stylistique profite ("Sewer Blues" et "Western Questions", excellent duo qui offre une respiration bienvenue au coeur du disque) et d'autres morceaux pas dégueux sur le papier mais qui s'avèrent plombés par leur traitement ("Velvet Gloves & Spit" et "Floating Cathedrals"). Et on s'efforcera d'oublier l'échec cuisant de "Grifting", tentative de Timber Timbre d'interpréter un funk aussi ringard que désincarné... gênant. Mention spéciale tout de même au solo de guitare Van-Halen-esque de "Moment", qui montre que le groupe a malgré tout conservé un certain sens de l'humour.
Les grands perdants de ce disque restent finalement les instrumentaux, "Skin Tone" et "Bleu Nuit", qui pâtissent des sonorités fadasses et des envies du groupe de montrer toute la palette qu'ils sont capables, sans pour autant aboutir à une composition qui tient la route une fois dénuée de la voix de Taylor Kirk (quoiqu'une épaisse pâte vocale vocodée accompagne "Bleu Nuit", même si ça ne suffit pas à faire monter la sauce). En fin de compte, et puisqu'on parle d'instrumentaux, lorsqu'il s'agissait de mettre l'accent sur les synthés le duo Last Ex, constitué de la section rythmique de Timber Timbre, s'en sortait bien mieux.
Passable 11/20
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