Diapsiquir
180° |
Label :
Necrocosm |
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Chez Diapsiquir, il y a le goût de la langue française, le sens aigu du choix des mots, l'art consommé de la punchline qui tape dans le mille, qui fait mal. Un raccourci hâtif pourrait comparer cet art au Hip-Hop mais aucun rappeur, aussi critique soit-il, n'est aujourd'hui en mesure de rivaliser avec la plume de Toxik Harmstn, sa façon unique de se jouer des sons, des rythmes, des métriques. Son phrasé est unique, de même que les thématiques abordées.
Si je fais un focus sur les textes, c'est bien parce que Diapsiquir est avant tout un groupe à chansons. Cela a toujours été plus ou moins le cas mais, par le passé, l'orientation Black Métal avait tendance à occulter la finesse de l'écriture, abreuvée de fiel et de javel, de drogue et de foutre. Alors que, depuis Virus STN mais surtout A.N.T.I., la musique s'est adaptée au propos. Elle est devenue l'incarnation d'une virée en zone urbaine, loin des beaux quartiers. Une exploration des caves, de la banlieue ("Mon nom est banlieusard Y'a ton Paris à ma fenêtre Ça m'a rendu revanchard"). Et si je fais une lecture au premier degré des paroles, j'y vois une évolution spirituelle telle qu'en ont connu Paul Claudel, Huysmans, voire Léon Bloy pour l'extrémisme des propos et cette nouvelle foi bâtie sur les affres du passé ("Le père, le fils, le saint esprit et moi on n'est pas de taille contre ces années de haine, de peur, de baise"). Si le chemin vers la rédemption est encore long ("On restera qu'une bande de connards, jusqu'à ce que la mort nous sépare"), il reste que c'est le sentiment de vide et de perdition qui prédomine, cette zone d'ombre entre le détachement des errances et l'attente d'autre chose, informe, non explicitement formulée.
180° est finalement pile "dans l'air du temps". Le zapping permanent des thèmes musicaux reflète un certain rejet de l'effort de concentration, de l'abandon des hiérarchies, un collage à la fois génial et grotesque où Michel Berger découvrirait l'auto-tune, cette déconstruction assumée amenant à repenser les fondements même de la composition. Et c'est là où Diapsiquir fait très fort. L'éclatement des limites, loin d'aboutir dans la poubelle des fœtus avortés, donne naissance à un objet singulier qui, pour moi, pourrait revêtir dans l'histoire de la chanson française la même importance que Histoire de Melody Nelson. Pour le reste, l'album défie l'analyse.
Si je fais un focus sur les textes, c'est bien parce que Diapsiquir est avant tout un groupe à chansons. Cela a toujours été plus ou moins le cas mais, par le passé, l'orientation Black Métal avait tendance à occulter la finesse de l'écriture, abreuvée de fiel et de javel, de drogue et de foutre. Alors que, depuis Virus STN mais surtout A.N.T.I., la musique s'est adaptée au propos. Elle est devenue l'incarnation d'une virée en zone urbaine, loin des beaux quartiers. Une exploration des caves, de la banlieue ("Mon nom est banlieusard Y'a ton Paris à ma fenêtre Ça m'a rendu revanchard"). Et si je fais une lecture au premier degré des paroles, j'y vois une évolution spirituelle telle qu'en ont connu Paul Claudel, Huysmans, voire Léon Bloy pour l'extrémisme des propos et cette nouvelle foi bâtie sur les affres du passé ("Le père, le fils, le saint esprit et moi on n'est pas de taille contre ces années de haine, de peur, de baise"). Si le chemin vers la rédemption est encore long ("On restera qu'une bande de connards, jusqu'à ce que la mort nous sépare"), il reste que c'est le sentiment de vide et de perdition qui prédomine, cette zone d'ombre entre le détachement des errances et l'attente d'autre chose, informe, non explicitement formulée.
180° est finalement pile "dans l'air du temps". Le zapping permanent des thèmes musicaux reflète un certain rejet de l'effort de concentration, de l'abandon des hiérarchies, un collage à la fois génial et grotesque où Michel Berger découvrirait l'auto-tune, cette déconstruction assumée amenant à repenser les fondements même de la composition. Et c'est là où Diapsiquir fait très fort. L'éclatement des limites, loin d'aboutir dans la poubelle des fœtus avortés, donne naissance à un objet singulier qui, pour moi, pourrait revêtir dans l'histoire de la chanson française la même importance que Histoire de Melody Nelson. Pour le reste, l'album défie l'analyse.
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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