The B-52's

Paris [L'Olympia] - vendredi 05 juillet 2019

C'est en mars que l'annonce d'une soi-disant "Tournée d'Adieux Européenne" du groupe américain The B-52's m'avait fait tomber de ma chaise. Cette tournée comprenant deux passages en France dont un à l'Olympia et l'autre au festival Les Déferlantes d'Argelès sur Mer.

C'est au prix assez élevé de 56 balles que je me suis décidé pour une place ASSISE au "grenier" de l'Olympia, au fond du parterre, sous le balcon. On note déjà la stupidité des promoteurs, qui ne réfléchissent pas et collent des places assises pour le concert d'un groupe qu'on nomme comme "the greatest party band in the world". Bon au moins, ça permet de finalement revoir les B-52's onze ans après leur dernier passage français, en 2008 pendant le "Funplex Tour".

Me concernant, je suis arrivé à Paris tranquillement dans l'après-midi précédant le concert, quitte à me promener dans les environs de la salle sous une chaleur intenable. Finalement, après un frugal repas, j'entre vers 19h20 pour me rendre compte que, clairement, du haut de mes 22 ans, je sors du lot puisque la moyenne d'âge tourne autour des 50 ans révolus. Je suis tout de même heureux de constater qu'il y a quelques autres "jeunes" dans la salle, et qu'on a tous des places bien pourries. Je suis rentré tôt dans la salle, et je rencontre très vite mes compagnons d'infortune, nous qui sommes relégués tout au fond de la salle, juste à côté de la porte du bar.

Alors que démarre la première partie, Trapdoor Social (groupe sympathique quoique poussif, avec un son immonde empli de larsens qui n'arrangeait rien), un coup se fomentait parmi les spectateurs du "grenier". Ainsi, dés que l'entracte a commencé, nous nous sommes fondus en petit comité devant la scène, pile devant l'endroit ou Kate Pierson joue. Le videur, qui n'a pas pipé mot pendant l'entièreté de l'entracte, commence à s'agiter alors que les lumières s'éteignent et que l'Olympia au grand complet commence à applaudir et à crier. Il nous demande de rejoindre nos places, mais finalement se retrouve coincé quand une masse de fans se lève et pousse pour arriver debout devant la scène. Ça, c'est de l'esprit d'équipe ! Petite pensée à ceux qui ont payé les 350€ des pass "VIP" réservé au premier rang, ainsi qu'aux promoteurs : preuve que même avec un "mauvais" billet on peut toujours s'en sortir à bon compte...

Le concert commence sur un petit diaporama de photos du groupe, sur fond de "Legal Tender" et de "Debbie", puis le backing band des B-52's entre sur scène : Tracy Wormsworth à la basse, Sterling Campbell (ex batteur live de Bowie) à la batterie, Greg Suran à la guitare et Ken Maiuri aux claviers. Si évidemment il ne fallait pas s'attendre à retrouver Ricky Wilson sur scène, l'absence de Keith Strickland, quatrième membre "officiel" du groupe se fait sentir. Ce dernier à préféré prendre sa retraite de la scène en 2013, pour cause de fatigue et de problèmes de santé. Le backing band entame aussitôt l'intro de "Private Idaho" à pleine balle pendant que Kate Pierson, Fred Schneider et Cindy Wilson arrivent sur scène. C'est un moment plus qu'émouvant de finalement voir à 3 mètres de soi des gens qu'on suit et qu'on aime depuis ses 7 ans. Une fois ma larme versée, impossible de tenir en place. Un couple de punks à ma droite et un fan de Dead Kennedys à ma gauche commencent à sérieusement pogoter, et ça ne fait que commencer !

Le groupe enquille tubes sur tubes, avec une setlist pépère qui ne les voit prendre aucun risque et jouer la carte des "morceaux que tout le monde connaît" (et au passage jouer exactement la même chose dans le même ordre depuis les dates allemandes). Du coup ils enchainent sur une version bien funky de "Mesopotamia". C'est assez fou de se dire que Kate Pierson et Fred Schneider ont dépassé les 70 ans et se démènent comme des diables sur scène pour mettre le feu, faire chanter et danser le public. L'âge ne les a pas gâtés physiquement, mais ils sont bien là, et comptent bien nous le montrer. Cindy, plus discrète, à gauche de la scène, à plus de soucis à tenir sa voix. Elle est un petit peu plus jeune que les deux autres, mais visiblement c'est elle qui a subi le plus le passage du temps. Cela étant dit, elle se transforme en déesse vivante quand elle se met à chanter "Give Me Back My Man" juste après. Le groupe enchaine avec "Lava" (qui connaît quelques problèmes de son), puis avec "Channel Z" qui est selon moi l'unique temps mort du concert : son mauvais, tempo réduit par rapport à la version originale et public qui ne semble pas reconnaitre le morceau. Heureusement le groupe balance ensuite le seul extrait de Funplex de la soirée, la chanson-titre de leur dernier album en date qui remet un peu les pendules à l'heure.

Fred quitte ensuite la scène et permet aux deux filles de s'embarquer dans une très belle version de "Legal Tender", unique extrait de Whammy! qu'on entendra ce soir, et même si les voix et les petites danses sont parfaites, le synthé-basse et la boite à rythme inhérente au morceau me manquent. Les deux filles enchainent toutes les deux avec une version explosive de "52 Girls" qui voit le public parisien devenir fou et sauter partout, du moins sur les premiers rangs. "Roam" arrive ensuite dans une version assez longue, pendant laquelle Greg Suran nous montre toute l'étendue de son jeu de guitare.

Finalement, après nous avoir souhaité une "happy pride" (le groupe étant très impliqué dans la défense des droits LGBTQ), Fred est de retour avec les filles pour faire définitivement fondre le public avec une version explosive de "Party Out Of Bounds", puis de "Cosmic Thing" qui reste selon moi le meilleur moment de la soirée. S'ensuit une version rallongée et très rock de "Dance This Mess Around" (où je vois mes voisins rajeunir encore plus et pogoter comme jamais), qui verra Cindy chanter au top de sa forme. Puis finalement, après nous avoir introduit tout le groupe, Fred nous annonce qu'ils vont jouer leur grand classique, "Shaque D'Amour". N'étant pas un inconditionnel de ce morceau, j'en profite pour respirer un peu, et profiter du fait que le groupe s'est amusé à coller une partie du "Lowrider" de War entre deux refrains de leur tube le plus connu. Après ça, le groupe quitte la scène une première fois.

L'Olympia hurle au grand complet, et se voit récompensé avec l'intro de "Planet Claire". Finalement nos trois chanteurs reviennent sur scène, et s'embarquent dans une version assez lente de leur tout premier succès. La voix de Kate à ce volume file des frissons, mais ayant entendu leurs versions funky des années 80, cette version semble tomber un peu à plat. Heureusement le groupe revient à l'assaut directement avec "6060-842" extrait du premier album, qui remet tout le monde d'accord avant de faire danser tout le monde sur le grand finale de "Rock Lobster". C'est assez impressionnant de voir Greg Suran imiter Ricky Wilson, surtout qu'il joue sur la même guitare (une Mosrite qui n'a que cinq cordes au lieu des six) et qu'il partage le même goût vestimentaire pour les pantalons slims et les chemises extravagantes. Finalement, après une heure et vingt minutes de show, le groupe quitte la scène en nous remerciant, et en nous rappelant qu'en fait, ce n'est pas leur "Farewell Tour" et que ce n'était qu'un argument de vente avancé par le promoteur seul... Décidément ce dernier a vraiment tout fait pour se faire du fric sur le dos du groupe...

En attendant, vu l'âge avancé des trois membres originaux restant, j'ai un peu de mal à croire que j'aurais l'opportunité de les revoir dans un futur proche. Le concert s'étant terminé, j'ai réussi à grappiller la setlist de Kate grâce à l'aide de mon ami Olivier, un concert-trotter infatigable qui aura d'ailleurs filmé tout le concert. Ce sera un beau souvenir supplémentaire, faute d'avoir pu rencontrer le groupe à l'issue du concert (le RER m'appelait)...

De manière générale, si ce n'est pas le meilleur concert du monde que j'ai vécu là, c'était bien évidemment un moment charnière de ma vie de mélomane, étant donné que je suit le groupe depuis mes 7/8 ans. Les voir sur scène après tout ce temps restera souvenir impérissable. Étant fan hardcore du groupe, j'aurais adoré entendre des morceaux "rares" comme "Cake", "Devil In My Car" ou "Dry County" (ils n'ont d'ailleurs joués aucun extrait de Bouncing Off The Satellites ni de Good Stuff) mais le simple fait d'avoir eu la chance de les voir sur scène reste au final l'essentiel. Me concernant, ne reste plus que Devo et j'aurais eu la chance de voir tous mes héros sur scène... C'est fou !


Parfait   17/20
par EmixaM


  Setlist :

Private Idaho
Mesopotamia
Give Me Back My Man
Lava
Channel Z
Funplex
Legal Tender
52 Girls
Roam
Party Out Of Bounds
Cosmic Thing
Dance This Mess Around
Love Shack
----------
Planet Claire
6060-842
Rock Lobster


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