Peter Kernel
Paris [Point Ephémère] - mercredi 25 février 2015 |
J'étais en retard, comme d'habitude. Depuis ma banlieue, j'avais compté une heure pour me rendre au Point Ephémère ; il m'aura fallu 20 minutes de plus. Heureusement pour moi, Peter Kernel étaient la tête d'affiche, je ne risquais pas de rater grand chose. Mes contacts sur place, de leur côté, étaient occupé à se mettre bien en grignotant un bout autour d'une mauvaise bière au moment où je suis arrivé. Ce fut l'occasion de constater, le temps de se poser un chouia, que le Condor noir est à des lieues de l'image de grincheux blasé monomaniaque qu'on serait prompt à lui coller sur le dos (enfin il aime quand même J. Mascis, mais sait faire la part des choses), que McNulty, s'il n'est certes pas flic, sait défendre la veuve et l'orphelin et les groupes underground opprimés tels que les trop obscurs Noir Désir ou Pearl Jam, et que Pop cache derrière un sourire permanent une personnalité de créancier retors.
Mais passons sur ces présentations, car il est temps d'aller aborder ce qu'il reste de la première partie : Robbing Millions (prononcer Robin Williams). Et je vous préviens d'office, les mots qui vont suivre n'auront aucune légitimité sortant de ma bouche car ce seront ceux d'un vieux con, purement et simplement. Tout commençait pourtant plutôt pas mal... Guitares lourdes, lumières jaunes aveuglantes qui tâchent de nous plonger dans la torpeur, et en somme une bonne énergie. Quelque chose d'honnête en somme. Avant que ça ne devienne honnêtement louche. Ils semblent terriblement jeunes déjà ces p'tits gars, plus que moi et je ne suis pas bien vieux. Ce n'est pas un problème en soi hein, c'est juste que ça commence à se faire sentir très vite lorsque les bonshommes cherchent à mettre le public on faïeure ; " Allez et maintenant tapez des mains avec nous ! " ou " Celle là on veut que vous la chantiez avec nous ! ". Le temps de me frotter les yeux pour m'assurer que je suis bien à un concert d'indie-rock et pas à la tournée reformation de Manau, et voilà que les p'tits bouts repartent de plus belle. Plus le set progresse, plus il semble évident que le chanteur se prend pour Ian Curtis dans la gestuelle ; convulsion sur convulsion, on regrettera qu'ils n'aient pas poussé la référence jusqu'à s'inspirer aussi de la musique (les mauvaises langues diront " jusqu'à se pendre à la fin, au moins pendant ce temps là on se serait écouté The Idiot ", mais je ne mange pas de ce pain là). En effet, plus ça allait, moins ça allait ; en s'approchant de la fin, les Robbing Millions semblent avoir décidé de faire sauter toutes les barrières et montrer leur vrai visage à une audience subjuguée – pas nécessairement pour les bonnes raisons. Et le groupe d'éteindre toutes les lumières pour sortir ce qui ressemblait à une petit boule disco multicolore, de la secouer dans tous les sens pour donner un effet de... euh, au pif night-club ? Comme pour se mettre au diapason de leur décorum, la musique devient elle aussi absolument kitsch. Les dernières traces d'indie ont disparu, ne reste qu'une chose étrange qui plonge de plus en plus profondément vers un truc psyché-cosmico-mes-couilles très peu inspiré et basé sur par grand chose. M'enfin, côté vieux con mis à part, derrière ses terribles fautes de goût, le groupe a ce qu'on pourrait appeler un " potentiel "... Il a du moins l'audace de faire ce qu'il veut, et des musiciens pas manchots. Il lui reste à faire l'économie de tics et gimmicks insupportables et à choisir une véritable direction plutôt que de donner dans le tout et n'importe quoi en pensant que ça peut marcher du moment qu'on gesticule suffisamment.
C'est donc au tour de Peter Kernel de faire son entrée. J'étais fin prêt ; Thrill Addict dûment écouté sur le trajet, refrains bien en tête, tout est là pour que je prenne mon pied. Il n'y a pas de twist pour renverser cette énonciation ; prise de pied il y a eu, mon amour pour le groupe s'en est trouvé confirmé et renforcé. Faut dire aussi qu'humainement, Aris et Barbara se posent là dans le genre adorables. Capable en quelques mots d'un français hésitant de partager leur complicité mutuelle avec le public. Ils auraient même pu me dire " Allez maintenant public, tape des mains, wouh ! " que je l'aurais fait, c'est vous dire. Mais ils ne l'ont même pas fait, tellement qu'ils sont cools. Quoi qu'il en soit, s'il y a bien une chose qui m'aura frappé durant ce concert, à ajouter aux qualités du duo, c'est à quel point leurs morceaux tirent leur force d'une grande économie de moyens. À l'opposé absolu des Robbing Millions dont les compos ne tenaient pas en place pour finir nulle part, on pourrait résumer la plupart des chansons du groupe à deux ou trois éléments, rien de plus. Une saillie rythmique joueuse, un motif de guitare à 4 notes, un cri répété comme un slogan et vous avez " High Fever " sur un plateau d'argent. Ce n'est qu'un exemple, mais il s'applique un peu partout chez eux. Le résultat, déjà épatant sur disque selon moi, est encore plus contagieux sur scène, alors qu'on se voit offrir la possibilité de scander avec eux ces refrains qui s'impriment dans notre mémoire avec une facilité déconcertante. Ces " Faya-ya-ya-ya-ya yayaya ", " It's gonna be great... tell your girl that it's gonna be good", "You know I miss it when we had work ! ", " You go on ! And on and on ! ", " You're like a God or something ? You're like a God or sommmh... " et autres " It's not about... being the best... at anything ! " qu'on peut aisément apprendre sur le moment. C'est bien la preuve qu'il ne suffit pas de grand chose pour qu'un morceau soit bon ; une direction pleinement établie, un motif accrocheur et c'est parti bobonne. Tout cela pour vous dire que oui, j'ai clairement kiffé ma deuxième expérience live de Peter Kernel, d'autant plus que j'étais préparé cette fois, bien accompagné et libéré des emmerdeuses qui m'avaient sorti du trip à Lille.
Ces deux là je les aime d'amour (l'aurais-je déjà mentionné quelque part?), il faudrait une année sacrément fournie en tuerie pour que je m'arrête d'écouter régulièrement cet essai transformé qu'est Thrill Addict. Il ne restait plus, pour clore tout cela et se quitter bons amis, que d'aller s'offrir à prix avantageux ce qui est très vite devenu mon disque de chevet, dédicacé en bonne et due forme par un duo rendu pâle par une tournée visiblement éprouvante. Grâce à l'audace et à l'éternel sourire du Pop, on aura même l'occasion d'échanger quelques mots avec Aris, lui poser une ou deux questions de forme, se marrer un instant avant de leur tirer notre chapeau une dernière fois. Après moult discussions, il est très clairement apparu que mes dédicaces étaient les mieux réalisées et les plus harmonieusement réparties sur le disque, bien plus que – au hasard – celui de Pop, qui s'est consolé avec un sticker. Après quelques chamailleries qui auront eu pour principale conséquence le licenciement d'un batteur Xsilencieux émérite pour une boîte à rythme, il est temps de se quitter.
D'après ce que j'ai cru comprendre, le prochain épisode se passera à Lille, en mai, lorsqu'un petit groupe amateur de Seattle, présentés apparemment comme " la rencontre idéale entre le rock boueux et la pop mielleuse "... attendez voir... ah oui, Mudhoney c'est ça !
Mais passons sur ces présentations, car il est temps d'aller aborder ce qu'il reste de la première partie : Robbing Millions (prononcer Robin Williams). Et je vous préviens d'office, les mots qui vont suivre n'auront aucune légitimité sortant de ma bouche car ce seront ceux d'un vieux con, purement et simplement. Tout commençait pourtant plutôt pas mal... Guitares lourdes, lumières jaunes aveuglantes qui tâchent de nous plonger dans la torpeur, et en somme une bonne énergie. Quelque chose d'honnête en somme. Avant que ça ne devienne honnêtement louche. Ils semblent terriblement jeunes déjà ces p'tits gars, plus que moi et je ne suis pas bien vieux. Ce n'est pas un problème en soi hein, c'est juste que ça commence à se faire sentir très vite lorsque les bonshommes cherchent à mettre le public on faïeure ; " Allez et maintenant tapez des mains avec nous ! " ou " Celle là on veut que vous la chantiez avec nous ! ". Le temps de me frotter les yeux pour m'assurer que je suis bien à un concert d'indie-rock et pas à la tournée reformation de Manau, et voilà que les p'tits bouts repartent de plus belle. Plus le set progresse, plus il semble évident que le chanteur se prend pour Ian Curtis dans la gestuelle ; convulsion sur convulsion, on regrettera qu'ils n'aient pas poussé la référence jusqu'à s'inspirer aussi de la musique (les mauvaises langues diront " jusqu'à se pendre à la fin, au moins pendant ce temps là on se serait écouté The Idiot ", mais je ne mange pas de ce pain là). En effet, plus ça allait, moins ça allait ; en s'approchant de la fin, les Robbing Millions semblent avoir décidé de faire sauter toutes les barrières et montrer leur vrai visage à une audience subjuguée – pas nécessairement pour les bonnes raisons. Et le groupe d'éteindre toutes les lumières pour sortir ce qui ressemblait à une petit boule disco multicolore, de la secouer dans tous les sens pour donner un effet de... euh, au pif night-club ? Comme pour se mettre au diapason de leur décorum, la musique devient elle aussi absolument kitsch. Les dernières traces d'indie ont disparu, ne reste qu'une chose étrange qui plonge de plus en plus profondément vers un truc psyché-cosmico-mes-couilles très peu inspiré et basé sur par grand chose. M'enfin, côté vieux con mis à part, derrière ses terribles fautes de goût, le groupe a ce qu'on pourrait appeler un " potentiel "... Il a du moins l'audace de faire ce qu'il veut, et des musiciens pas manchots. Il lui reste à faire l'économie de tics et gimmicks insupportables et à choisir une véritable direction plutôt que de donner dans le tout et n'importe quoi en pensant que ça peut marcher du moment qu'on gesticule suffisamment.
C'est donc au tour de Peter Kernel de faire son entrée. J'étais fin prêt ; Thrill Addict dûment écouté sur le trajet, refrains bien en tête, tout est là pour que je prenne mon pied. Il n'y a pas de twist pour renverser cette énonciation ; prise de pied il y a eu, mon amour pour le groupe s'en est trouvé confirmé et renforcé. Faut dire aussi qu'humainement, Aris et Barbara se posent là dans le genre adorables. Capable en quelques mots d'un français hésitant de partager leur complicité mutuelle avec le public. Ils auraient même pu me dire " Allez maintenant public, tape des mains, wouh ! " que je l'aurais fait, c'est vous dire. Mais ils ne l'ont même pas fait, tellement qu'ils sont cools. Quoi qu'il en soit, s'il y a bien une chose qui m'aura frappé durant ce concert, à ajouter aux qualités du duo, c'est à quel point leurs morceaux tirent leur force d'une grande économie de moyens. À l'opposé absolu des Robbing Millions dont les compos ne tenaient pas en place pour finir nulle part, on pourrait résumer la plupart des chansons du groupe à deux ou trois éléments, rien de plus. Une saillie rythmique joueuse, un motif de guitare à 4 notes, un cri répété comme un slogan et vous avez " High Fever " sur un plateau d'argent. Ce n'est qu'un exemple, mais il s'applique un peu partout chez eux. Le résultat, déjà épatant sur disque selon moi, est encore plus contagieux sur scène, alors qu'on se voit offrir la possibilité de scander avec eux ces refrains qui s'impriment dans notre mémoire avec une facilité déconcertante. Ces " Faya-ya-ya-ya-ya yayaya ", " It's gonna be great... tell your girl that it's gonna be good", "You know I miss it when we had work ! ", " You go on ! And on and on ! ", " You're like a God or something ? You're like a God or sommmh... " et autres " It's not about... being the best... at anything ! " qu'on peut aisément apprendre sur le moment. C'est bien la preuve qu'il ne suffit pas de grand chose pour qu'un morceau soit bon ; une direction pleinement établie, un motif accrocheur et c'est parti bobonne. Tout cela pour vous dire que oui, j'ai clairement kiffé ma deuxième expérience live de Peter Kernel, d'autant plus que j'étais préparé cette fois, bien accompagné et libéré des emmerdeuses qui m'avaient sorti du trip à Lille.
Ces deux là je les aime d'amour (l'aurais-je déjà mentionné quelque part?), il faudrait une année sacrément fournie en tuerie pour que je m'arrête d'écouter régulièrement cet essai transformé qu'est Thrill Addict. Il ne restait plus, pour clore tout cela et se quitter bons amis, que d'aller s'offrir à prix avantageux ce qui est très vite devenu mon disque de chevet, dédicacé en bonne et due forme par un duo rendu pâle par une tournée visiblement éprouvante. Grâce à l'audace et à l'éternel sourire du Pop, on aura même l'occasion d'échanger quelques mots avec Aris, lui poser une ou deux questions de forme, se marrer un instant avant de leur tirer notre chapeau une dernière fois. Après moult discussions, il est très clairement apparu que mes dédicaces étaient les mieux réalisées et les plus harmonieusement réparties sur le disque, bien plus que – au hasard – celui de Pop, qui s'est consolé avec un sticker. Après quelques chamailleries qui auront eu pour principale conséquence le licenciement d'un batteur Xsilencieux émérite pour une boîte à rythme, il est temps de se quitter.
D'après ce que j'ai cru comprendre, le prochain épisode se passera à Lille, en mai, lorsqu'un petit groupe amateur de Seattle, présentés apparemment comme " la rencontre idéale entre le rock boueux et la pop mielleuse "... attendez voir... ah oui, Mudhoney c'est ça !
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
Photo par Wazoo
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