Peter Kernel
"On a joué beaucoup de fois avec des trucs très noise, et on voulait changer un peu : parce qu'on a changé un peu nous-même" [vendredi 04 juillet 2014] |
Nous voilà à la Ferme Electrique, festival Parisien se tenant aux confins du RER E, la chaleur est étouffante, et cette interview de Peter Kernel a bien failli ne pas avoir lieu ! La veille encore, nous ne savions pas si le groupe allait pouvoir arriver à temps, ne serait-ce que pour faire ses balances, on pensait déjà devoir les harponner entre deux concerts, officieusement, pour négocier 5 petites minutes... Mais finalement alléluia ! Ils sont là, et ils ont le temps de m'accorder quasiment une demi-heure d'entretien tranquillement, en short et sandales, sur un banc à l'ombre et (presque!) au frais. C'est parti pour un jeu de question/réponse avec la force tranquille de 2015, un duo composé d'Aris Bassetti et Barbara Lehnhoff. Les Suisso-Canadiens ici présents tiennent à faire l'interview en français, force est de constater qu'ils se débrouillent !
Interview menée par Wazoo
Interview menée par Wazoo
Moi : Donc déjà est-ce que vous êtes contents d'être arrivés ? Visiblement ça a été assez compliqué pour venir ici. Vous aviez un autre show juste avant ?
Barbara Lehnhoff : Oui hier à Genève. C'était pas loin, à 5h de route, mais c'était trop chaud...
Aris Bassetti : Oui c'est ça, c'était juste trop chaud. Parce que sinon pour la distance c'est pas un problème.
Moi : Je comprends, on a eu les mêmes conditions hier...
Aris : Et puis hier on a dormi dans un lieu très très chaud...
Barbara : C'était un appartement très grand, au 6ème étage, sans fenêtres, super chaud, j'ai pris trois douches froides dans la nuit.
Moi : Vous avez eu le temps de visiter un peu la Ferme Electrique ?
Barbara & Aris : Oui !
Barbara : On a vu le truc qui donnait de l'eau. (rires)
Aris : C'est très joli.
Moi : Toute l'installation est bien chouette, et puis qui dirait non à un brumisateur géant ! Alors passons aux questions : moi la première que je vous ai vu c'était à Roubaix, quand vous êtes passés jouer en première partie de Chapelier Fou...
Aris (se souvient) : Ah oui okay !
Moi : … donc moi je vous connaissais pas du tout, j'avais juste lu le nom et je m'attendais à voir débarquer quelqu'un qui s'appellerait Peter, de son nom de famille Kernel. Je me suis rendu compte que non, d'où ma question aujourd'hui ; comment est-ce que vous arrivez avec vos noms de groupe ? Que ce soit Peter Kernel ou Camilla Sparksss, est-ce que ça vient de quelque part ou bien vous l'inventez de toute pièce ?
Barbara : On aime beaucoup avoir des personnages, avec des caractères.
Aris : Oui on aime pas tellement les noms de groupe qui veulent dire quelque chose de précis ; nous on voit ça plutôt comme quelque chose de très identitaire, aussi parce qu'on ne fait pas que de la musique, il y a les vidéos, les pochettes, les t-shirts, on veut tout sous le même nom, comme s'il n'y avait qu'une personne qui faisait tout ça. C'est juste pour cette raisons !
Moi : Du coup Camilla Sparksss, c'est une toute autre identité ?
Barbara : C'est comme une version électronique de Peter Kernel.
Aris : C'est la sœur, ou la fille... Mais c'est tout le temps nous deux, juste sous une autre forme.
Moi : Ah d'accord c'est vous deux... Je pensais que c'était le projet solo de Barbara, en fait vous êtes deux à travailler dessus.
Barbara : C'est juste qu'il (Aris) ne vient pas sur scène avec Camilla Sparksss. C'était un choix : on aime pas beaucoup les groupes électroniques avec un ordinateur sur scène ; il manque toujours un côté performance physique. Alors on a pensé qu'au lieu d'avoir lui avec un ordinateur sur scène ce serait mieux d'avoir une danseuse, un batteur... Puis au final la danseuse fait le travail du batteur aussi !
Moi : Oui j'ai pu voir Camilla Sparksss à L'Antre 2 (à Lille), vous gardez toujours la même danseuse d'ailleurs ?
Barbara : Non, on fait comme pour les batteurs avec Peter Kernel, ça tourne.
Moi : Vous changez pour la tournée ou le studio ?
Aris : La tournée. Hier on a joué avec un batteur, aujourd'hui on joue avec un autre, c'est un peu compliqué ! Parfois on doit les faire venir en avion, et ils ont pas le temps de faire toute une tournée. Pour c'est important de jouer parce qu'on vit de ça, de nos tournées, de notre musique, mais les batteurs ont beaucoup de choses à faire, ils ont pas le temps de faire une tournée.
Barbara : Quand même on se stabilise avec trois batteurs !
Aris : En ce moment surtout avec deux.
Barbara : Oui, donc c'est pas difficile de se préparer, ils connaissent déjà.
Moi : Je me demandais comment est-ce ça se passait chez vous la composition d'un morceau ? J'ai l'impression qu'au départ c'est toujours quelque chose d'un peu ridicule ; c'est un « hey hey ! », c'est un gimmick de batterie (boum tchoukouloum boum), ou un riff de guitare rigolo... Et au final ça se construit en quelque chose de beaucoup plus lourd, de beaucoup plus intense : est-ce que vous partez d'un petit truc de départ pour construire dessus ? Comment vous faites ?
Aris : Oui, on a peut-être des petites, comment on dit...
Barbara : Des petites idées ?
Aris : Voilà on a des petites idées, de quelques secondes, et puis à un moment on se dit : « bon maintenant on va travailler sur ces idées » ; on fait de l'improvisation et on construit un peu plus les choses, on fait des sons avec la voix, des « héééeu hééé », des choses comme ça, on se dit ah oui ! C'est le bon mot ! Les mots ont les met à la fin en fait, on travaille surtout sur la musique. Pour nous la batterie est très importante aussi, on veut vraiment faire une batterie pas trop... enfin assez simple – on cherche toujours à faire de la musique très simple, mais pas « qui-se-ressemble » simple – mais pour nous c'est pas simple parce qu'on est pas des bons musiciens !
Barbara : Et puis des fois quand on écrit c'est très compliqué, il y a beaucoup de choses ; on arrive pendant 6 mois à rajouter des choses, et des choses, et des choses, et 4 mois à enlever ce qui sert à rien !
Moi : Par exemple pour Thrill Addict quelle était votre approche pour la batterie, vous avez changé quelque chose ?
Aris : Hmm c'était un peu différent parce que c'était la première fois qu'on faisait tout exclusivement nous deux, sans batteur : on a utilisé des boîtes à rythme, des choses comme ça, et à la fin on a appelé le batteur, on lui a dit : « tu fais comme-ça, comme-ci comme-ça ».
Barbara : Il a recréé beaucoup de choses à la place des boîtes à rythme.
Aris : Mais en général on cherche à tout gérer nous-même.
Barabara : Oui on a un peu un problème avec ça...
Moi : Vous êtes des control-freaks ?
Barbara : Des control-freaks voilà ! (rires)
Moi : Justement ! Par rapport à White Death Black Heart, j'ai trouvé que Thrill Addict était plus « focused », plus intense et bien moins éclaté. C'est comme ça que je le ressens en tout cas, c'est quelque chose dont vous avez conscience, une direction assumée ?
Aris : White Death Black Heart on l'a enregistré sans penser à rien, on a juste écrit les chansons, on a enregistré... Et on ne voulait pas le publier sur le label : c'était pour nous. Et puis il y a African Tapes (ndlr : leur label de l'époque) qui a écouté l'album, qui a dit « ah ok, on fait ça !... » Mais on voulait pas faire quelque chose de... je sais pas, ça s'est passé comme ça et c'était bien pour nous. Thrill Addict c'était un peu plus, comment dire ; on avait joué beaucoup White Death Black Heart en tournée, on voulait faire des choses un peu plus calme, un peu plus...
Barbara : C'est là qu'on a vraiment pris conscience de ce qu'on voulait faire ; on savait déjà qu'on voulait faire des choses plus calmes.
Aris : Oui, on a joué beaucoup de fois avec des trucs très noise, et on voulait changer un peu : parce qu'on a changé un peu nous-même.
Moi : Il y a quand même 4 ans entre White Death Black Heart et Thrill Addict.
Aris : Voilà, tu changes, la musique change, peut-être que le prochain album sera reggae, je sais pas ! (rires) Mais pour nous c'est important de vraiment faire ce qu'on aime au moment où on joue, sinon ce serait vraiment ennuyeux de faire tout le temps la même chose.
Moi : Vous disiez que vous ne vouliez pas publier White Death... au début, est-ce que ça signifie que vous trouvez Thrill Addict plus complet, ressemble plus à ce que vous aimez ou bien est-ce que c'est juste différent ?
Aris : Oui, on avait la conscience que quelque chose avait commencé avec White Death Black Heart, AfricanTapes nous a beaucoup aidé là dessus, à faire connaître notre musique, mais on a décidé de sortir nous-même Thrill Addict ; on voulait pas de label. On cherche de façon générale à ne pas avoir trop de gens entre nous et le public. Alors ça veut dire aussi ne pas devenir grand, comme groupe, parce que si tu n'as pas tel ou tel manager c'est vraiment difficile... mais on peut vraiment avoir le contact avec le public et faire ce qu'on veut. On voulait faire Thrill Addict comme ça, et on l'a fait comme ça !
Moi : On the Camper Records, c'est le label que vous avez créé ?
Barbara : Oui, on a sept groupes.
Aris : On a d'autres groupes dedans oui, mais on a créé le label pour réaliser les choses qu'on aime : notre musique mais aussi les choses qu'on aime dans notre région : c'est une petite partie de la Suisse. C'est très petit, il n'y a personne qui s'intéresse à cette région alors on s'est dit que ce serait bien d'aider des groupes qu'on aime ! On les connait tous personnellement.
Moi : Ça doit être plus facile à gérer comme ça, c'est pas comme si vous aviez des groupes à droite à gauche, loin de vous !
Aris : Oui oui c'est pour ça ! C'est vraiment important pour nous de connaître les gens avec qui on travaille.
Moi : D'après vous, le fait de ne pas avoir d'intermédiaires entre vous et le public vous empêcherait de devenir « grands », mais pourtant depuis Thrill Addict il me semble que vous avez eu un grand gain de popularité ! Beaucoup de gens s'intéressent à vous, vous avez cette impression là aussi ?
Aris : Oui, on était bien impressionné !
Barbara : On s'y attendait pas... c'est allé si vite !
Aris : Quand on a ouvert les pre-orders pour Thrill Addict, on a reçu beaucoup beaucoup de commandes, on était « Woah ! » C'était très cool !
Barbara : On avait un peu peur aussi, parce que l'album était très différent du précédent, et on a ouvert les pre-orders sans le faire écouter avant. On s'est dit que les gens n'allaient peut-être pas aimer après White Death Black Heart. Mais c'est allé très, avec les radios aussi.
Aris : On a cherché à faire les choses autrement... Parce que okay, tu dois faire la promotion, tu travailles avec des agences, mais on a essayé pour cet album de beaucoup faire la promotion nous-même. Pour chaque pre-order, les gens qui avaient acheté un CD recevaient trois petits CD en plus avec 4 chansons, qu'ils pouvaient donner à des amis pour les inviter au concert ! Pour nous c'est très important que les gens viennent au concert et s'amusent.
Barbara : Et que les gens se sentent proches du groupe. Parce qu'après ça on a eu beaucoup de gens qui sont venus au concert pour nous dire « Ah oui j'ai reçu le petit CD ! » et ils se disent qu'ils ont aidé à faire venir des gens, je pense que c'est bon d'avoir ce genre de contact direct avec les gens. Ça passe aussi par des gens qui nous écrivent des choses étranges ! (rires) Comme l'autre jour un garçon nous a écrit qu'il était joueur de poker, il nous disait qu'il jouait tout le temps avec notre sticker sur la casquette, et que ça lui portait beaucoup de chance : donc il demandait si on pouvait lui envoyer d'autres stickers ! Je crois que c'est pas avec tous les groupes que les gens se sentent suffisamment proches pour écrire des choses comme ça !
Aris : Ça je sais pas, mais c'était très joli oui ! On lui a renvoyé une enveloppe remplie de stickers ! On aime ce genre de choses là, quand il y a quelque chose qui se passe ; c'est là que tu comprends pourquoi tu fais ça...
Moi : Pour l'instant, cette popularité dont vous bénéficiez, vous n'en voyez que les effets positifs ? Pas d'effet pervers à l'horizon ? (Wazoo de mauvaise augure...)
Aris : Mais non ! Bon parfois quelqu'un essaie de « monter sur la machine », de profiter de nous. Mais on est très attentifs pour les tenir à l'écart, on veut tout faire nous-même. Alors on dit non non non ! (il secoue l'index en conséquence) Et ça passe bien.
Barbara : Parfois on se dit qu'on a des occasions plus grosses, mais je crois que...
Aris : Ce serait la fin.
Barbara : … c'est peut-être trop gros pour l'instant.
Aris : On est pas intéressé par ça ; on s'en fout de devenir fameux.
Barbara : C'est mieux pour nous je crois d'être un groupe avec une fan-base très solide, qu'un groupe très grand pour le moment, et puis quand les publishing décident de lancer un autre groupe y a plus personne qui rappelle.
Moi : Vous disiez que vous ne viviez que de ça, depuis quand vous l'avez décidé ? Vous y arrivez sans soucis ?
Barbara : C'est depuis 2012, qu'on fait seulement ça. Je travaillais dans la télévision avant, comme réalisatrice. Depuis 5 années déjà je prenais mes vacances pour aller en tournée, et puis on a eu l'opportunité de faire plus de tournées alors que je n'avais plus de vacances, alors j'ai arrêté le travail. Et Aris était déjà indépendant depuis des années.
Aris : Oui, j'étais graphiste. Pour moi en étant graphiste j'ai compris que je ne gagnais pas d'argent dans tous les cas, donc je préférais être musicien plutôt ! C'était très facile de choisir ! (rires)
Barbara : Ça fonctionne parce qu'on fait tout nous-même.
Moi : Pour les vidéos aussi, vous faites tout ?
Barbara : Parfois on a des amis qui nous aident, pour les lumières etc...
Aris : Bien sûr, on doit remercier nos amis qui aident beaucoup !
Barbara : On a toujours des amis avec nous en tournée pour faire le merchandising et tout ça.
Moi : Votre manager est aussi un ami à vous ?
Aris : Oui aussi, on a comme une grande famille autour de nous.
Barbara : Ils nous connaissent très bien et ils savent très bien comment ça fonctionne !
Aris : Et c'est aussi plus cool tout simplement de tourner avec des amis plutôt qu'avec un manager qu'on connait pas !
Moi : Alors vous êtes Suisse et Canadien, comment ça s'est passé vous vous êtes rencontré en Italie ?
Barbara : En Suisse italienne en fait.
Aris : Elle a commencé l'école en communication visuelle, et j'étais assistant là.
Moi : Vous vous êtes tout de suite aimé ? (les deux se marrent)
Barbara : Les trois premières années de l'école j'ai détesté Aris, parce qu'il était vraiment le pire assistant que tu peux avoir dans une école de création, parce que quand tu fais des vidéos tu as toujours besoin des caméras, des lumières, etc, besoin d'un assistant qui donne le matériel, qui aide... Et chaque fois que j'allais chercher le matériel, il le cachait ! Ou il disait « oh non, la caméra n'est pas là » mais je savais qu'elle était là. Il voulait jamais travailler. Et la dernière année de l'école j'ai coupé mes cheveux. Et il a dit « ah ! »
Aris : Là j'ai compris : ah c'est pas mal ! (rires)
Moi : Comment le groupe est né alors ?
Aris : À ce point là, quand elle a coupé ses cheveux, je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne à la connaître mieux. Alors je me suis improvisé joueur de basse, professeur de basse. J'ai commencé à lui enseigner la basse (mime l'apprentissage assidu de l'instrument). On se voyait de plus en plus et à la fin... héhé !
Barbara : J'étais en train de finir le diplôme, et il fallait que je fasse une vidéo, je voulais en faire aussi la bande sonore. C'est pour ça que je voulais apprendre à jouer !
Aris : À la fin on a vu qu'on avait écrit des choses, que c'était assez bien, on a essayé de jouer live et les gens étaient là : « ouais c'est pas mal ! ». On a commencé comme ça.
Moi : Et ça reste ce que vous préférez les live ? Pour les fois où je vous ai vu, vous avez l'air de vous éclater sur scène...
Barbara : Oui s'il n'y avait pas la scène on ne ferait pas de musique.
Aris : Si c'est juste pour faire des albums je ne suis pas intéressé...
Barbara : En fait on fait les albums juste pour aller en tournée !
Aris : Non c'est bien aussi de prendre le moment d'écrire, mais pour moi c'est un peu trop traumatique !
Moi : Pour en revenir à vos textes, comme ça arrive après dans le processus de composition, est-ce que ce que vous y mettez a de l'importance pour vous ? Ou peu importe tant que ça sonne bien ?
Aris : Un peu des deux ! On aime beaucoup utiliser nos voix comme des instruments, mais en même temps on cherche à dire ces choses qui nous aident à exorciser nos problèmes, on parle de ça, de ce qui ne marche pas.
Moi : Il y a des thèmes de chansons qui vous sont arrivés comme ça, de façon un peu absurde ?
Aris : On écrit sur des choses qu'on voit, qui se passent entre nous... et puis oui il y a peut-être des chansons qu'on a écrit parce qu'on était là à improviser, avec la voix notamment (s'exécute à titre d'exemple) et il y avait un son qui restait, qui a fait un mot, et avec ce mot on a commencé à en écrire d'autres derrière !
Moi : Je vois que vous vous débrouillez bien en français, est-ce qu'il y a moyen qu'on vous entende un jour chanter dans cette langue ?
Aris : J'aimerais bien !
Moi : Ou en italien d'ailleurs, puisque vous aimez ça aussi !
Aris : On parle italien tous les deux oui, mais... l'italien c'est un peu trop dramatique. Alors je sais pas... mais le français ce serait bien ! J'ai déjà parlé de ça à Barbara, pour qu'on le travailler ! J'aimerais aussi enregistrer quelque chose dans le dialecte Suisse-Italien.
Moi : Il y a une grande différence entre les deux langues ?
Aris : Les dialectes sont très différents, c'est beaucoup plus proche du français en fait, il y a des mots qui sont pris du français.
Moi : Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous parlez de l'Italien qui est trop « dramatique » ?
Aris : Cette mélodie dans la langue, ces mots très longs... (il parodie un chant italien)
Barbara : Tu chantes déjà un peu comme ça en Anglais ! (rires) Tu déploies des mélodies un peu trop italiennes !
Aris : Mais je ne dis pas que l'italien c'est mal, juste que c'est un peu trop dramatique pour nous.
Moi : L'anglais c'est venu pour quelle raison, ça sonne mieux ?
Aris : Ouais, parce que Barbara parle anglais, elle écrit les textes donc c'était assez naturel au final.
Moi : Est-ce que vous pensez refaire un jour un projet d'album qui serait lié à un projet vidéo, comme sur Il pomeriggio non si sa mai bene cosa fare ?
Barbara : Oui, peut-être, on sait pas encore trop.
Moi : Vous vous y êtes pris comment à l'époque, la bande son d'abord et la vidéo ensuite, ou l'inverse ?
Aris : On a fait la bande sonore avant le film, c'était une sorte de test, honnêtement c'était pas mal ! Mais on aime surtout écrire des chansons, on s'est rendu compte de ça, des chansons qu'on peut chanter, qui deviennent une bande sonore en soi.
Barbara : On aime aussi faire des petits projets plus légers, plus faciles, plus improvisés.
Aris : Mais on sait jamais ! On change d'idées tout le temps de toute façon...
Moi : Vous travaillez sur un nouveau projet pour Camilla Sparksss ?
Barbara : Oui, on est en train d'y penser.
Aris : On a des idées, des choses pour Peter Kernel aussi, faut juste comprendre quand vient le temps de faire plutôt ça ou ça...
Moi : C'est pas trop complexe de devoir séparer votre pensée en « ça c'est pour Camilla Sparksss » et « ça c'est pour Peter Kernel » ?
Aris : Ouais !
Barbara : On doit essayer la version Peter Kernel et la version Camilla Sparksss pour beaucoup de chansons !
Aris : Toutes les chansons en fait, à chaque fois !
Moi : Et bien merci d'avoir répondu à mes questions, je vous laisse profiter de l'ombre avant ce soir !
Barbara Lehnhoff : Oui hier à Genève. C'était pas loin, à 5h de route, mais c'était trop chaud...
Aris Bassetti : Oui c'est ça, c'était juste trop chaud. Parce que sinon pour la distance c'est pas un problème.
Moi : Je comprends, on a eu les mêmes conditions hier...
Aris : Et puis hier on a dormi dans un lieu très très chaud...
Barbara : C'était un appartement très grand, au 6ème étage, sans fenêtres, super chaud, j'ai pris trois douches froides dans la nuit.
Moi : Vous avez eu le temps de visiter un peu la Ferme Electrique ?
Barbara & Aris : Oui !
Barbara : On a vu le truc qui donnait de l'eau. (rires)
Aris : C'est très joli.
Moi : Toute l'installation est bien chouette, et puis qui dirait non à un brumisateur géant ! Alors passons aux questions : moi la première que je vous ai vu c'était à Roubaix, quand vous êtes passés jouer en première partie de Chapelier Fou...
Aris (se souvient) : Ah oui okay !
Moi : … donc moi je vous connaissais pas du tout, j'avais juste lu le nom et je m'attendais à voir débarquer quelqu'un qui s'appellerait Peter, de son nom de famille Kernel. Je me suis rendu compte que non, d'où ma question aujourd'hui ; comment est-ce que vous arrivez avec vos noms de groupe ? Que ce soit Peter Kernel ou Camilla Sparksss, est-ce que ça vient de quelque part ou bien vous l'inventez de toute pièce ?
Barbara : On aime beaucoup avoir des personnages, avec des caractères.
Aris : Oui on aime pas tellement les noms de groupe qui veulent dire quelque chose de précis ; nous on voit ça plutôt comme quelque chose de très identitaire, aussi parce qu'on ne fait pas que de la musique, il y a les vidéos, les pochettes, les t-shirts, on veut tout sous le même nom, comme s'il n'y avait qu'une personne qui faisait tout ça. C'est juste pour cette raisons !
Moi : Du coup Camilla Sparksss, c'est une toute autre identité ?
Barbara : C'est comme une version électronique de Peter Kernel.
Aris : C'est la sœur, ou la fille... Mais c'est tout le temps nous deux, juste sous une autre forme.
Moi : Ah d'accord c'est vous deux... Je pensais que c'était le projet solo de Barbara, en fait vous êtes deux à travailler dessus.
Barbara : C'est juste qu'il (Aris) ne vient pas sur scène avec Camilla Sparksss. C'était un choix : on aime pas beaucoup les groupes électroniques avec un ordinateur sur scène ; il manque toujours un côté performance physique. Alors on a pensé qu'au lieu d'avoir lui avec un ordinateur sur scène ce serait mieux d'avoir une danseuse, un batteur... Puis au final la danseuse fait le travail du batteur aussi !
Moi : Oui j'ai pu voir Camilla Sparksss à L'Antre 2 (à Lille), vous gardez toujours la même danseuse d'ailleurs ?
Barbara : Non, on fait comme pour les batteurs avec Peter Kernel, ça tourne.
Moi : Vous changez pour la tournée ou le studio ?
Aris : La tournée. Hier on a joué avec un batteur, aujourd'hui on joue avec un autre, c'est un peu compliqué ! Parfois on doit les faire venir en avion, et ils ont pas le temps de faire toute une tournée. Pour c'est important de jouer parce qu'on vit de ça, de nos tournées, de notre musique, mais les batteurs ont beaucoup de choses à faire, ils ont pas le temps de faire une tournée.
Barbara : Quand même on se stabilise avec trois batteurs !
Aris : En ce moment surtout avec deux.
Barbara : Oui, donc c'est pas difficile de se préparer, ils connaissent déjà.
Moi : Je me demandais comment est-ce ça se passait chez vous la composition d'un morceau ? J'ai l'impression qu'au départ c'est toujours quelque chose d'un peu ridicule ; c'est un « hey hey ! », c'est un gimmick de batterie (boum tchoukouloum boum), ou un riff de guitare rigolo... Et au final ça se construit en quelque chose de beaucoup plus lourd, de beaucoup plus intense : est-ce que vous partez d'un petit truc de départ pour construire dessus ? Comment vous faites ?
Aris : Oui, on a peut-être des petites, comment on dit...
Barbara : Des petites idées ?
Aris : Voilà on a des petites idées, de quelques secondes, et puis à un moment on se dit : « bon maintenant on va travailler sur ces idées » ; on fait de l'improvisation et on construit un peu plus les choses, on fait des sons avec la voix, des « héééeu hééé », des choses comme ça, on se dit ah oui ! C'est le bon mot ! Les mots ont les met à la fin en fait, on travaille surtout sur la musique. Pour nous la batterie est très importante aussi, on veut vraiment faire une batterie pas trop... enfin assez simple – on cherche toujours à faire de la musique très simple, mais pas « qui-se-ressemble » simple – mais pour nous c'est pas simple parce qu'on est pas des bons musiciens !
Barbara : Et puis des fois quand on écrit c'est très compliqué, il y a beaucoup de choses ; on arrive pendant 6 mois à rajouter des choses, et des choses, et des choses, et 4 mois à enlever ce qui sert à rien !
Moi : Par exemple pour Thrill Addict quelle était votre approche pour la batterie, vous avez changé quelque chose ?
Aris : Hmm c'était un peu différent parce que c'était la première fois qu'on faisait tout exclusivement nous deux, sans batteur : on a utilisé des boîtes à rythme, des choses comme ça, et à la fin on a appelé le batteur, on lui a dit : « tu fais comme-ça, comme-ci comme-ça ».
Barbara : Il a recréé beaucoup de choses à la place des boîtes à rythme.
Aris : Mais en général on cherche à tout gérer nous-même.
Barabara : Oui on a un peu un problème avec ça...
Moi : Vous êtes des control-freaks ?
Barbara : Des control-freaks voilà ! (rires)
Moi : Justement ! Par rapport à White Death Black Heart, j'ai trouvé que Thrill Addict était plus « focused », plus intense et bien moins éclaté. C'est comme ça que je le ressens en tout cas, c'est quelque chose dont vous avez conscience, une direction assumée ?
Aris : White Death Black Heart on l'a enregistré sans penser à rien, on a juste écrit les chansons, on a enregistré... Et on ne voulait pas le publier sur le label : c'était pour nous. Et puis il y a African Tapes (ndlr : leur label de l'époque) qui a écouté l'album, qui a dit « ah ok, on fait ça !... » Mais on voulait pas faire quelque chose de... je sais pas, ça s'est passé comme ça et c'était bien pour nous. Thrill Addict c'était un peu plus, comment dire ; on avait joué beaucoup White Death Black Heart en tournée, on voulait faire des choses un peu plus calme, un peu plus...
Barbara : C'est là qu'on a vraiment pris conscience de ce qu'on voulait faire ; on savait déjà qu'on voulait faire des choses plus calmes.
Aris : Oui, on a joué beaucoup de fois avec des trucs très noise, et on voulait changer un peu : parce qu'on a changé un peu nous-même.
Moi : Il y a quand même 4 ans entre White Death Black Heart et Thrill Addict.
Aris : Voilà, tu changes, la musique change, peut-être que le prochain album sera reggae, je sais pas ! (rires) Mais pour nous c'est important de vraiment faire ce qu'on aime au moment où on joue, sinon ce serait vraiment ennuyeux de faire tout le temps la même chose.
Moi : Vous disiez que vous ne vouliez pas publier White Death... au début, est-ce que ça signifie que vous trouvez Thrill Addict plus complet, ressemble plus à ce que vous aimez ou bien est-ce que c'est juste différent ?
Aris : Oui, on avait la conscience que quelque chose avait commencé avec White Death Black Heart, AfricanTapes nous a beaucoup aidé là dessus, à faire connaître notre musique, mais on a décidé de sortir nous-même Thrill Addict ; on voulait pas de label. On cherche de façon générale à ne pas avoir trop de gens entre nous et le public. Alors ça veut dire aussi ne pas devenir grand, comme groupe, parce que si tu n'as pas tel ou tel manager c'est vraiment difficile... mais on peut vraiment avoir le contact avec le public et faire ce qu'on veut. On voulait faire Thrill Addict comme ça, et on l'a fait comme ça !
Moi : On the Camper Records, c'est le label que vous avez créé ?
Barbara : Oui, on a sept groupes.
Aris : On a d'autres groupes dedans oui, mais on a créé le label pour réaliser les choses qu'on aime : notre musique mais aussi les choses qu'on aime dans notre région : c'est une petite partie de la Suisse. C'est très petit, il n'y a personne qui s'intéresse à cette région alors on s'est dit que ce serait bien d'aider des groupes qu'on aime ! On les connait tous personnellement.
Moi : Ça doit être plus facile à gérer comme ça, c'est pas comme si vous aviez des groupes à droite à gauche, loin de vous !
Aris : Oui oui c'est pour ça ! C'est vraiment important pour nous de connaître les gens avec qui on travaille.
Moi : D'après vous, le fait de ne pas avoir d'intermédiaires entre vous et le public vous empêcherait de devenir « grands », mais pourtant depuis Thrill Addict il me semble que vous avez eu un grand gain de popularité ! Beaucoup de gens s'intéressent à vous, vous avez cette impression là aussi ?
Aris : Oui, on était bien impressionné !
Barbara : On s'y attendait pas... c'est allé si vite !
Aris : Quand on a ouvert les pre-orders pour Thrill Addict, on a reçu beaucoup beaucoup de commandes, on était « Woah ! » C'était très cool !
Barbara : On avait un peu peur aussi, parce que l'album était très différent du précédent, et on a ouvert les pre-orders sans le faire écouter avant. On s'est dit que les gens n'allaient peut-être pas aimer après White Death Black Heart. Mais c'est allé très, avec les radios aussi.
Aris : On a cherché à faire les choses autrement... Parce que okay, tu dois faire la promotion, tu travailles avec des agences, mais on a essayé pour cet album de beaucoup faire la promotion nous-même. Pour chaque pre-order, les gens qui avaient acheté un CD recevaient trois petits CD en plus avec 4 chansons, qu'ils pouvaient donner à des amis pour les inviter au concert ! Pour nous c'est très important que les gens viennent au concert et s'amusent.
Barbara : Et que les gens se sentent proches du groupe. Parce qu'après ça on a eu beaucoup de gens qui sont venus au concert pour nous dire « Ah oui j'ai reçu le petit CD ! » et ils se disent qu'ils ont aidé à faire venir des gens, je pense que c'est bon d'avoir ce genre de contact direct avec les gens. Ça passe aussi par des gens qui nous écrivent des choses étranges ! (rires) Comme l'autre jour un garçon nous a écrit qu'il était joueur de poker, il nous disait qu'il jouait tout le temps avec notre sticker sur la casquette, et que ça lui portait beaucoup de chance : donc il demandait si on pouvait lui envoyer d'autres stickers ! Je crois que c'est pas avec tous les groupes que les gens se sentent suffisamment proches pour écrire des choses comme ça !
Aris : Ça je sais pas, mais c'était très joli oui ! On lui a renvoyé une enveloppe remplie de stickers ! On aime ce genre de choses là, quand il y a quelque chose qui se passe ; c'est là que tu comprends pourquoi tu fais ça...
Moi : Pour l'instant, cette popularité dont vous bénéficiez, vous n'en voyez que les effets positifs ? Pas d'effet pervers à l'horizon ? (Wazoo de mauvaise augure...)
Aris : Mais non ! Bon parfois quelqu'un essaie de « monter sur la machine », de profiter de nous. Mais on est très attentifs pour les tenir à l'écart, on veut tout faire nous-même. Alors on dit non non non ! (il secoue l'index en conséquence) Et ça passe bien.
Barbara : Parfois on se dit qu'on a des occasions plus grosses, mais je crois que...
Aris : Ce serait la fin.
Barbara : … c'est peut-être trop gros pour l'instant.
Aris : On est pas intéressé par ça ; on s'en fout de devenir fameux.
Barbara : C'est mieux pour nous je crois d'être un groupe avec une fan-base très solide, qu'un groupe très grand pour le moment, et puis quand les publishing décident de lancer un autre groupe y a plus personne qui rappelle.
Moi : Vous disiez que vous ne viviez que de ça, depuis quand vous l'avez décidé ? Vous y arrivez sans soucis ?
Barbara : C'est depuis 2012, qu'on fait seulement ça. Je travaillais dans la télévision avant, comme réalisatrice. Depuis 5 années déjà je prenais mes vacances pour aller en tournée, et puis on a eu l'opportunité de faire plus de tournées alors que je n'avais plus de vacances, alors j'ai arrêté le travail. Et Aris était déjà indépendant depuis des années.
Aris : Oui, j'étais graphiste. Pour moi en étant graphiste j'ai compris que je ne gagnais pas d'argent dans tous les cas, donc je préférais être musicien plutôt ! C'était très facile de choisir ! (rires)
Barbara : Ça fonctionne parce qu'on fait tout nous-même.
Moi : Pour les vidéos aussi, vous faites tout ?
Barbara : Parfois on a des amis qui nous aident, pour les lumières etc...
Aris : Bien sûr, on doit remercier nos amis qui aident beaucoup !
Barbara : On a toujours des amis avec nous en tournée pour faire le merchandising et tout ça.
Moi : Votre manager est aussi un ami à vous ?
Aris : Oui aussi, on a comme une grande famille autour de nous.
Barbara : Ils nous connaissent très bien et ils savent très bien comment ça fonctionne !
Aris : Et c'est aussi plus cool tout simplement de tourner avec des amis plutôt qu'avec un manager qu'on connait pas !
Moi : Alors vous êtes Suisse et Canadien, comment ça s'est passé vous vous êtes rencontré en Italie ?
Barbara : En Suisse italienne en fait.
Aris : Elle a commencé l'école en communication visuelle, et j'étais assistant là.
Moi : Vous vous êtes tout de suite aimé ? (les deux se marrent)
Barbara : Les trois premières années de l'école j'ai détesté Aris, parce qu'il était vraiment le pire assistant que tu peux avoir dans une école de création, parce que quand tu fais des vidéos tu as toujours besoin des caméras, des lumières, etc, besoin d'un assistant qui donne le matériel, qui aide... Et chaque fois que j'allais chercher le matériel, il le cachait ! Ou il disait « oh non, la caméra n'est pas là » mais je savais qu'elle était là. Il voulait jamais travailler. Et la dernière année de l'école j'ai coupé mes cheveux. Et il a dit « ah ! »
Aris : Là j'ai compris : ah c'est pas mal ! (rires)
Moi : Comment le groupe est né alors ?
Aris : À ce point là, quand elle a coupé ses cheveux, je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne à la connaître mieux. Alors je me suis improvisé joueur de basse, professeur de basse. J'ai commencé à lui enseigner la basse (mime l'apprentissage assidu de l'instrument). On se voyait de plus en plus et à la fin... héhé !
Barbara : J'étais en train de finir le diplôme, et il fallait que je fasse une vidéo, je voulais en faire aussi la bande sonore. C'est pour ça que je voulais apprendre à jouer !
Aris : À la fin on a vu qu'on avait écrit des choses, que c'était assez bien, on a essayé de jouer live et les gens étaient là : « ouais c'est pas mal ! ». On a commencé comme ça.
Moi : Et ça reste ce que vous préférez les live ? Pour les fois où je vous ai vu, vous avez l'air de vous éclater sur scène...
Barbara : Oui s'il n'y avait pas la scène on ne ferait pas de musique.
Aris : Si c'est juste pour faire des albums je ne suis pas intéressé...
Barbara : En fait on fait les albums juste pour aller en tournée !
Aris : Non c'est bien aussi de prendre le moment d'écrire, mais pour moi c'est un peu trop traumatique !
Moi : Pour en revenir à vos textes, comme ça arrive après dans le processus de composition, est-ce que ce que vous y mettez a de l'importance pour vous ? Ou peu importe tant que ça sonne bien ?
Aris : Un peu des deux ! On aime beaucoup utiliser nos voix comme des instruments, mais en même temps on cherche à dire ces choses qui nous aident à exorciser nos problèmes, on parle de ça, de ce qui ne marche pas.
Moi : Il y a des thèmes de chansons qui vous sont arrivés comme ça, de façon un peu absurde ?
Aris : On écrit sur des choses qu'on voit, qui se passent entre nous... et puis oui il y a peut-être des chansons qu'on a écrit parce qu'on était là à improviser, avec la voix notamment (s'exécute à titre d'exemple) et il y avait un son qui restait, qui a fait un mot, et avec ce mot on a commencé à en écrire d'autres derrière !
Moi : Je vois que vous vous débrouillez bien en français, est-ce qu'il y a moyen qu'on vous entende un jour chanter dans cette langue ?
Aris : J'aimerais bien !
Moi : Ou en italien d'ailleurs, puisque vous aimez ça aussi !
Aris : On parle italien tous les deux oui, mais... l'italien c'est un peu trop dramatique. Alors je sais pas... mais le français ce serait bien ! J'ai déjà parlé de ça à Barbara, pour qu'on le travailler ! J'aimerais aussi enregistrer quelque chose dans le dialecte Suisse-Italien.
Moi : Il y a une grande différence entre les deux langues ?
Aris : Les dialectes sont très différents, c'est beaucoup plus proche du français en fait, il y a des mots qui sont pris du français.
Moi : Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous parlez de l'Italien qui est trop « dramatique » ?
Aris : Cette mélodie dans la langue, ces mots très longs... (il parodie un chant italien)
Barbara : Tu chantes déjà un peu comme ça en Anglais ! (rires) Tu déploies des mélodies un peu trop italiennes !
Aris : Mais je ne dis pas que l'italien c'est mal, juste que c'est un peu trop dramatique pour nous.
Moi : L'anglais c'est venu pour quelle raison, ça sonne mieux ?
Aris : Ouais, parce que Barbara parle anglais, elle écrit les textes donc c'était assez naturel au final.
Moi : Est-ce que vous pensez refaire un jour un projet d'album qui serait lié à un projet vidéo, comme sur Il pomeriggio non si sa mai bene cosa fare ?
Barbara : Oui, peut-être, on sait pas encore trop.
Moi : Vous vous y êtes pris comment à l'époque, la bande son d'abord et la vidéo ensuite, ou l'inverse ?
Aris : On a fait la bande sonore avant le film, c'était une sorte de test, honnêtement c'était pas mal ! Mais on aime surtout écrire des chansons, on s'est rendu compte de ça, des chansons qu'on peut chanter, qui deviennent une bande sonore en soi.
Barbara : On aime aussi faire des petits projets plus légers, plus faciles, plus improvisés.
Aris : Mais on sait jamais ! On change d'idées tout le temps de toute façon...
Moi : Vous travaillez sur un nouveau projet pour Camilla Sparksss ?
Barbara : Oui, on est en train d'y penser.
Aris : On a des idées, des choses pour Peter Kernel aussi, faut juste comprendre quand vient le temps de faire plutôt ça ou ça...
Moi : C'est pas trop complexe de devoir séparer votre pensée en « ça c'est pour Camilla Sparksss » et « ça c'est pour Peter Kernel » ?
Aris : Ouais !
Barbara : On doit essayer la version Peter Kernel et la version Camilla Sparksss pour beaucoup de chansons !
Aris : Toutes les chansons en fait, à chaque fois !
Moi : Et bien merci d'avoir répondu à mes questions, je vous laisse profiter de l'ombre avant ce soir !
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